Petite surprise pour les parents que nous sommes

Fin septembre, Candice est sollicitée pour intervenir lors d’une conférence organisée par la faculté. Elle doit présenter sa spécialité aux étudiants de 1ère année et répondre à leurs questions.

Nous sommes surpris qu’elle accepte et surtout, qu’elle ose parler ainsi en public.

Pas possible. On nous l’a changée !!!

Là encore, nous aurions voulu voir « ça ». Mais nous sommes alors ravis de constater que notre fille commence enfin à prendre de l’assurance.

Hélas, nous verrons très vite qu’elle n’en a pas encore suffisamment ou qu’elle est toujours « trop gentille »…ou les deux. Car dans le cas contraire, elle n’aurait pas eu de scrupule à envoyer "bouler" les 2 C--- qui vont lui causer tant de tracas (et même lui "pourrir la vie" pour être plus directe) durant tout le semestre.

  Projets de groupe et mauvaise expérience

Comme vous l’aurez lu dans le programme de ce semestre, 2 projets doivent être menés à terme : un en programmation et un projet, très important, en électricité.


Pour le premier, Candice travaille avec des amis qu’elle connaît bien et tout se passe pour le mieux. Mais pour le projet Design/électricité, ce qui semblait bien commencer ne se passe finalement pas bien du tout.

Les deux garçons du groupe se connaissent bien. L’un d’eux est plus âgé. Les deux travaillent ou ont déjà travaillé dans le domaine concerné par ce projet.
Candice quant à elle ne connaissait aucun des deux. Elle avait juste entendu dire qu’ils étaient des étudiants sérieux et compétents en électricité.

Le projet démarre… Très vite ça se gâte.

Que leur a fait Candice ? Elle n’en sait rien.

Mais le fait est qu’ils la déstabiliseront totalement.

Au fil du semestre :
   - Ils « oublieront » de la convoquer aux réunions du groupe pour prétendre ensuite qu’elle était absente. Ou encore ils décideront d’une réunion à laquelle ils ne viendront pas, contraignant Candice à se lever aux aurores, à les attendre pour rien pendant des heures, et se retrouver finalement seule pour travailler.
   - Ils lui confieront les tâches sur lesquelles elle est le moins compétente (spécialité qu’ils exerçaient dans leur emploi notamment), refusant de l’aider lorsqu’elle les sollicitera, et « se » réserveront les domaines où elle excelle.
   - Les critiques acerbes et vexatoires seront de plus en plus fréquentes.

  Et surtout, ils feront "courir le bruit" qu’elle n’est pas sérieuse, ne se sent pas concernée par le projet, et "ne fiche rien".

Gloups ! Connaissant notre fille, difficile d’y croire.

Heureusement ceux qui la connaissent et entendent « ces bruits de couloir » n’y croiront pas davantage. Mais les autres …

D’autant que, si Candice toujours trop réservée n’est pas « connue » des autres étudiants de ces spécialités, le plus âgé des deux (et le plus virulent) a su, par son bagout, asseoir sa réputation. Ses propos calomnieux auront donc d’autant plus de poids.

 

Ils travaillent sur ce projet depuis le début du semestre.
La dynamique de groupe est inexistante et les relations vont de mal en pis.

Candice est très perturbée par cette mésentente, cette mise en quarantaine et ces critiques permanentes.

Elle est d’autant plus inquiète que (curieusement) pour ce genre de projet, une partie de la note tient compte de l’appréciation donnée par les autres membres du groupe de travail.

Ses amis et nous-mêmes tentons de la rasséréner.

Malgré le comportement inadmissible de ces « 2 mecs » (ainsi que Candice les appelle désormais, même si « les 2 cons » leur siérait davantage) elle refuse d’en parler à un professeur.

La situation s’envenime de semaine en semaine.

Fin septembre, la présentation finale approche.

Candice travaille de plus en plus sur ce projet, plus seule que jamais (parfois en double puisqu’elle n’est au courant de rien ou presque), et parfois même des nuits entières afin de leur prouver qu’elle contribue largement à ce projet.

Mais rien ne change.

Elle est de plus en plus rejetée par ses 2 collègues qui en même temps profitent de son travail. Quant au « bruit » disant que Candice ne fait rien, il circule au gré des courants d’air.

Rien de plus rapide et dévastateur que la médisance !

Notons que l’année suivante (au moment où je rédige ces lignes, soit année 2014), le bruit circulera toujours, engendrant de nouvelles perturbations pour le moral et le travail de notre Kiwi, prouvant aussi qu’il y a toujours pire dans la vie : le "C--"  dont il est question ici faisant figure d’ange comparé à celui de l’année suivante. Et le fait est que nous en sommes actuellement (second semestre 2014) à prier pour qu’elle ne craque pas - Affaire à suivre en 3ème année.

Tout en devant subir ce conflit, Candice doit se préparer pour les derniers tests...

Mois d’octobre – Dernière série de tests

Semaine du 7 octobre : la saturation est totale.

Il reste 3 semaines de cours, avec un test par semaine et les projets à "boucler". Ensuite, ce sera la période des révisions pour les examens.

Pendant le même temps, Candice doit chercher un logement au Chili pour sa période de stage, ce qui au loin n’est pas du tout simple.
Elle est également très sollicitée par des étudiants en informatique qui, voyant approcher les examens, lui demandent son aide. Aide que, par loyauté, elle ne daigne refuser - « je ne peux pas les laisser tomber maintenant ! ».

Les journées sont de plus en plus longues. Certains jours, Candice travaille 13 heures d’affilées sans une seule coupure.

Qui a dit que notre fille était flemmarde ?
Pardon ma puce, tes parents sont de mauvaises langues !!!

Elle est aussi de plus en plus perturbée par ce projet de groupe et les remarques désobligeantes qui lui sont faites à la moindre occasion.

Cette fois encore, elle ne parvient plus à se concentrer. Elle dort de moins en moins. Et surtout son moral et sa confiance en elle (qui n’avait pas besoin de "ça") déclinent au fil des jours.

Tests d’octobre

Jeudi 10 octobre : test en électromagnétisme - Commentaire : « Je n’ai pas eu le temps de me relire, mais je m’estime heureuse, beaucoup n’ont même pas pu finir. D’autant que c’est ma matière la plus faible. »

Jeudi 17 octobre :  Design/électricité (test sur le projet) - Pas de commentaire, excepté des schémas de circuit et de régulateur et des explications pour son Papa chéri sur les « power supply, current input, current zero crossing, voltage, microcontrôleur... ».

Je ne sais pas vous, mais moi je n’ai pas tout compris !!!.

Lundi 21 octobre

La semaine la plus difficile commence 

Lundi matin : série d’exercices en ligne - Commentaire : « Tout juste »
Lundi soir : test de Computer System - Commentaire (à inscrire dans les annales car rare !) : « J’ai réussi »

Mais ce n’est pas pour autant terminé.

Pour le lendemain, notre fille nous annonce encore « une journée infernale » :

-  9 h : tutorat pour une nouvelle élève en programmation Java
- 11 h : labo de Compsys
- 12 h : tutorat pour son élève en espagnol
- 13 h : meeting avec le groupe - « ...enfin j'espère, car aucune réponse à mes SMS… évidemment ! Et je suppose que le meeting va durer tard le soir car on a l'interview mercredi après-midi. » 

Mercredi 23 et jeudi 24 octobre

Dernière présentation et entretiens pour le projet de groupe

Rappelons que le projet tient lieu d’examen et que, pour ce genre de projet (important), le but est de mettre les futurs ingénieurs en situation d’emploi.

Au risque de me répéter, l’université d’Auckland a décidé l’an dernier de renforcer plus encore la formation pratique des ingénieurs, ceci afin de mieux répondre à la demande des entreprises, mais aussi d’augmenter encore sa réputation de  « meilleure université » du pays et monter l’échelle du classement mondial (83ème tout cursus confondu en 2012 – 32ème pour le département de psychologie. On imagine qu'elle vise les meilleures places pour l’ingénierie).

Ces projets sont donc des rapports d’étude tels que les demanderait à ses ingénieurs une Société lambda.

Déroulement et notation de ce projet

La présentation finale de ce projet et les entretiens (collectifs et individuels) qui suivent représenteront 40% de la note finale du semestre pour le cours concerné. L’autre partie de la note étant composée de 20% pour chaque test et 20% pour le premier entretien (cf. août).

Des bonus seront accordés :
Ce projet concernant les spécialités électricité/électronique et computer system, 45 groupes se présenteront.
Sur ces 45 groupes, les 5 meilleurs obtiendront un bonus de 1 point.
Ces 5 groupes devront alors présenter de nouveau leur projet, mais cette fois devant les membres d’une Société d’Auckland qui les interrogeront pendant 20 minutes chacun et désigneront LE meilleur projet. Le groupe ainsi sélectionné bénéficiera d’1 point supplémentaire, ainsi que probablement d’une certaine notoriété bien méritée.


Mercredi 23 octobre - Candice et son groupe présentent leur projet.

 

Jeudi soir, tous les groupes sont passés.

Comme l’avaient présagé - et clamé modestement (?) dans les couloirs de la faculté - « les 2 mecs » (cf. plus haut) leur projet fait partie des 5 meilleurs.
Ils doivent donc se préparer pour la présentation devant les membres de l’entreprise choisie, présentation qui se fera également en présence de tous les étudiants de ces spécialités.

Cette présentation aura lieu vendredi matin.

Adieu donc la grasse matinée tant espérée de vendredi !

Dénouement et anecdote :

 

    L’orgueil est un vilain défaut !          

Dès qu’ils apprennent qu’ils font partie des 5 premiers, les « 2 mecs » (et surtout le plus teigneux) sont persuadés d’être sélectionnés par l’entreprise ce vendredi matin.
Lors de l’entretien mené par les cadres de la Société et devant 130 étudiants, ils ne font preuve d’aucune discrétion quant à leur savoir, leur expérience et leurs compétences.

Candice, ayant une fâcheuse tendance à l’excès inverse, s’en trouve très gênée. Elle sait aussi que se vanter comme ils le font d’avoir déjà exercer dans ce domaine ne les servira pas.

Et bien sûr, à aucun moment le duo n’évoque Candice, oubliant presque qu’elle fait partie du groupe.

A l’issue de cet entretien, ils sont plus que jamais persuadés qu’ILS sont LES meilleurs.

Résultat

La note globale de ce projet sera excellente. Mais parmi les 5 meilleurs groupes, les membres de la société ont choisi un autre projet (Candice apprendra bien plus tard que le manque d’esprit de groupe a joué pour beaucoup dans ce "non-choix". Or ces travaux ayant surtout pour but d’apprendre à travailler en équipe, ce ne fut que justice.)

Les « 2 mecs » feront pour une fois profil bas dans les couloirs de la Faculté.

Candice aurait évidement été heureuse que leur projet soit choisi. Mais néanmoins très satisfaite du résultat, elle est ravie que « ces deux là » aient pu prendre une petite leçon d’humilité.

Notre fille n’en oubliera pas moins cette fâcheuse expérience et ne sera que plus inquiète encore lorsqu’il s’agira de trouver des gens pour travailler en groupe.

Quant à nous, en parlant d’humilité, nous remarquons lors de cette mise en page l’ordre des noms sur la présentation de ce projet (cf. photo 1ère page du rapport ci-dessus). 
Même à l’ère de l’égalité des sexes, ce point semble très éloquent. Et il est certain que ces 2 jeunes hommes ne méritent pas le nom de Gentlemen. 

Dans le même temps…

   Le  projet en programmation système est également en cours.

Avec ce groupe tout se passe très bien heureusement.

Ce projet est à déposer via Internet dimanche soir au plus tard. Candice et ses amis continuent donc de travailler sur code et diagrammes de ce programme.

Ils travaillent toute la journée du jeudi à l’université et quittent la salle informatique lors de la fermeture, soit minuit. Mais ils n’ont pas terminé.
Arrivée chez elle, alors qu’elle n’a dormi que 2 heures la veille et qu’elle doit être à la faculté le lendemain 9 heures pour présenter l’autre projet devant l’entreprise, Candice se demande si elle doit aller dormir ou si elle continue de travailler sur le code du programme.

La question nous est posée par mail.
Nous la supplions d’aller dormir, très inquiets pour sa santé.
Car elle n’a même plus la force de nous parler.

Une fois n’est pas coutume, notre fille écoute les conseils de ses parents !

Ce qui en l’occurrence ne nous rassure pas forcément.

Candice et ses amis travailleront encore le vendredi, après la présentation de l’autre projet…puis le samedi… Pendant 3 jours, ils "feront la fermeture" de la salle informatique.

Finalement, le concierge devrait leur confier les clés et prendre des vacances !   

Samedi, le code ne fonctionne toujours pas. Retour à la faculté dimanche. Et cette fois "il faut que ça marche !".

Dimanche soir…le code est bon, tout fonctionne : on envoie.

C’est la quille alors ?… Non, pas encore !

Pas encore en effet, car le lundi matin, début de la période de révisions, les étudiants apprennent que pour ce projet programmation, il y aura aussi une présentation orale avec entretiens individuels - « pour vérifier que tous ont travaillé et maîtrisent donc le sujet » leur dit-on.
Cette présentation aura lieu mercredi 6 novembre, avant l’examen – Gloups !

Courant novembre

Résultats des tests d’octobre

Les résultats de cette dernière série de tests contredisent encore une fois ses premières impressions :

- elle excelle dans sa matière la plus faible,
- elle obtient A- dans la plus forte,
- et elle connaît son premier C+  (Ouche !)

 « C’est un mauvais semestre », conclut-elle déjà.

Oups ! Notre fille perd de nouveau confiance. A nous de jouer ! 

Chéri, sors la cape et l’épée. . .         
                        
      Je prends le masque !  

Mais non, les autres résultats étaient très bons et le semestre n’est pas terminé, il reste les examens.

Par contre, il faut que tu dormes, sinon tu risques effectivement de tout louper !

Quelques jours plus tard, elle reçoit les résultats d’un autre projet, individuel celui-là, en programmation : concevoir un programme pour une « maison intelligente » (domaine qui passionne Candice et dans lequel elle aimerait travailler plus tard).

La note ne peut être meilleure.
Elle redonne un peu d’espoir à notre fille qui en a tant besoin ces jours-ci.


Or il lui faut tenir bon, car la période d’examens approche à grands pas . . .


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