C’est l’automne en Argentine

Nous sommes en effet en automne, même si seul le calendrier l’indique. Car, si les soirées sont froides, pendant la journée la température est toujours chaude et nous portons toujours shorts et débardeurs.

Comble de tout, le soir, malgré la fraîcheur, les moustiques sont toujours là.

Et comme s’ils voulaient se mettre à l’abri du froid, ils arrivent de plus en plus tôt !

Hoy, es feriado !

Lors de notre dernière arrivée, les douanes ne nous ont accordé que 3 mois,  devra donc quitter l’Argentine avant le 18 avril.

Cette fois, nous envisageons de partir plus longtemps qu’un simple week-end, afin de « changer d’air ».
Nous passerons par Nueva Palmira, puis remonterons le Rio Negro (Uruguay) et ferons escale dans l’un des ports le long de ce Rio (Soriano ou encore Puerto Mercedes).

S’il nous est possible d’y poursuivre nos travaux, nous aimerions séjourner dans l’un de ces ports jusqu’à fin juin.  Mais ne sachant s’il est possible d’y trouver du matériel, nous préférons pourvoir que surseoir.

Rémy et moi avons fait des plans, pris des mesures et dressé une liste de tout ce dont nous avons besoin.
Vis, boulons, charnières, colle… Peu à peu, la cabine se remplit de manière inversement proportionnelle à notre porte monnaie.

Il nous reste à commander le contreplaqué et l’isolant, et acheter de la peinture car le pot est vide et nous voulons profiter du week-end pour poursuivre ce qui est commencé.

Mais moustique ou pas moustique, nous avons besoin de matériel pour poursuivre les travaux en vue de notre départ imminent pour l’Uruguay.

Mais où allons-nous mettre tout ça ?

Tout ce qui gênait a été relégué dans la cabine de Candice qui, désormais, est pleine à craquer. Nous pourrons donc mettre les rouleaux et les 6 énormes plaques d’isolant moteur dans l’autre cabine.

Quant au contreplaqué, nous devons prévoir la place pour entreposer 7 plaques de différentes épaisseurs mais toutes de 2m40 sur 1m22. Il a été décidé qu’elles prendraient place sur le roof, rangé à cet effet, en espérant qu’il ne pleuve pas trop durant les semaines à venir.

Quant au transport, cette fois, nous ferons appel à un « Flete », système très usité dans un pays où peu de gens ont les moyens de posséder une voiture.
Le Flete est l’équivalent de la Remis, à la différence que la Remis transporte des passagers, alors que le Flete (camionnette ou pick-up) permet de transporter du matériel, des meubles ou tout autre objet encombrant.
Pour les deux, le prix est fixé au kilomètre.

La place est faite pour chaque chose. Nous pouvons passer nos commandes.

Quelques kilomètres à vélo pour nous rendre chez un fournisseur qui devrait avoir ce qu’il nous faut, cela ne nous fait plus peur. Nos mollets sont bien rodés.

Nous sommes le jeudi 24 mars.

Hier nous étions bloqués par la pluie (les routes étant immédiatement inondées à la moindre goutte), mais aujourd’hui il fait beau.

Nous prenons la lancha et arrivons  sur le ponton de l’autre côté du Rio où nous croisons Claudia et Claudio, nos amis du Club Parque Nautico.

Mais que faites vous là, on n’est pas samedi aujourd’hui ?

Non, mais c’est férié aujourd’hui !

Quoi ? Encore !!!!!!!

Oui, et puis demain, vendredi, tout le monde fait le pont !

Bouou !

(Pour être sincère, « Bou » n’est pas exactement ce qui nous est venu à l’esprit sur l’instant. Nous avons plutôt pesté contre l’Argentine en des termes que je n’oserai répéter ici... quoique... Non pas cette fois !!!).

Heureusement, pour les provisions alimentaires, il y a les Chinois qui, eux, ne chôment jamais.

De retour sur le bateau, nous regardons le calendrier.

En effet, après les 2 jours fériés pour le Carnaval, le 9 mars dernier, soient à peine 15 jours, on remet ça.

Cette fois, c’est le « Jour National de la mémoire pour la Vérité et la Justice ».

Il suffisait d’y penser !

Mais il est vrai que nous sommes dans une année électorale. Et cette chère Cristina fait tout ce qu’elle peut pour être réélue.

De fait, afin de ne pas nous laisser piéger une autre fois, nous parcourons aussi le mois d’avril.

Gagné !

Le 2 avril, soit dans un peu plus d’une semaine, ce sera encore férié :
« Le jour des Malouines ».

Mais bien sûr !

Là, il faut dire que nous comprenons les Argentins. Ils l’ont tellement "en travers de la gorge" cette possession anglaise, il leur faut bien un jour par an pour la digérer (!!!).
Des manifestations sont même prévues.
Et, alors que ce sont les Argentins qui ont attaqué en vain les Anglais pour récupérer cette île, les banderoles, déjà prêtes, proclament :

« Dites aux Anglais que nous ne pardonnons pas et n’oublions pas ! »

Si c’est pas gentil, tout ça ?!?

Nous poursuivons la lecture du calendrier.

Une quinzaine de jours plus tard, un autre férié pour fêter Vendredi Saint. Et comme si cela ne suffisait pas, le jeudi sera également férié.
Pour notre part, nous serons en Uruguay et ce sera pire. Car les Uruguayens ne travaillent jamais pendant toute la semaine Sainte.

Puis viendra le 1er mai. Certes, le 1er est un dimanche. Mais ici, lorsqu’un férié correspond à un samedi ou un dimanche, on le déplace. Le vendredi 29 avril sera donc férié.

Génial !

Et pour nos achats, on fait comment ?... !

En l’occurrence, nous devrons pour l’instant attendre lundi pour faire notre commande de matériaux et acheter notre peinture.

Nous sommes furieux mais ne resterons pas pour autant inactif.
Car, en ce moment, avec ou sans peinture, on trouve toujours de quoi faire sur .

Quelques jours plus tard . . .


Rémy passe la journée à aller et venir.


Le matin

Il descend de la lancha le sac à dos lesté de 4 ou 5 litres de peinture, solvant et autres accessoires et précédé d’un énorme rouleau d’isolant pour le carré ainsi que 6 plaques d’isolation phonique pour le moteur dont je ne parviens même pas à porter une seule.

L’après midi – Rebelote !

Cette fois, c’est le contreplaqué. Par chance notre voisin est parti quelques heures. Ramon avance la navette sur tribord et nous pouvons ainsi faire glisser directement les plaques du toit de la lancha sur le roof.

Pour faire référence à la blague de l’indien :
Avec tout ce bois, nous avons de quoi passer l’hiver au chaud !


Voici la blague pour ceux qui ne la connaissent pas :

Un indien se promène dans la forêt et croise des hommes blancs coupant du bois. L’un d’eux l’interpelle :
    - Dis l’indien, il va faire froid cet hiver ?
    - Oui, répond l’indien.

L’homme décide alors de couper davantage de bois et prévient ses voisins qui doublent eux aussi leurs efforts.


Pendant ce temps, l’indien poursuit son chemin et croise d’autres hommes coupant du bois. Quand l’un d’eux lui pose la même question, il confirme que l’hiver va être très froid.

L’information circule alors de maison en maison et les hommes coupent encore et toujours plus de bois.

Plusieurs heures plus tard, de nouveau un homme lui demande :
    - Dis l’indien, il va faire froid cet hiver ?
    - L’indien répond très sûr de lui : Oui, très, très froid !
    - Mais dis-moi l’indien, comment le sais-tu ?
   - Quand homme blanc coupe du bois, hiver froid. Mais quand homme blanc coupe beaucoup de bois, hiver très, très froid !

Le soir…

Le Capitaine n’a pas coupé du bois. Pourtant… il est mort !!!

Asado à Piratas


Dimanche 27 mars

Karine et Hervé, que nous avons rencontrés une première fois, récemment, à Colonia. voyagent sur Youga.
Arrivés en Argentine quelques jours plus tard - et alors que nous sommes à Tigre depuis août 2009 - nous avons grâce à eux, passé notre première soirée en ville afin de faire plus ample connaissance.

Nous avons immédiatement sympathisé avec ce couple charmant et drôle et avions décidé de nous revoir.

Après près de 2 mois à naviguer d’un port à l’autre, personne ne voulant les accepter plus d’une semaine ou 2, Karine et Hervé ont enfin trouvé une place pour Youga.

Pour fêter l’évènement… Asado !

 

Parenthèse ou médisance  : Vade retro Satanas !

Les places sont de plus en plus chères dans ce pays, au sens propre comme au sens figuré et cela nous conforte dans notre sentiment que nous ne sommes pas forcément les bienvenus en Argentine.

En effet, entre les critiques acerbes envoyées sur des Blogs de voyageurs naviguant dans la région, les nouvelles contraintes imposées aux équipages souhaitant débarquer à Ushuaia, la durée de séjour autorisée par les douanes réduite à 3 mois alors que les textes n’ont pas changé, et la grande difficulté de trouver une place dans un port, il semblerait que tous fassent en sorte que les étrangers restent le moins longtemps possible en Argentine.

Un qualificatif nous vient même de plus en plus souvent à l’esprit concernant cette population. Mais ne voulant pas « cracher  dans la soupe », nous éviterons d’aller plus loin dans nos propos pour l’instant. Comprendra donc qui veut !

D’autant qu’en ce qui nous concerne, nous estimons avoir beaucoup de chance d’avoir une place dans ce club Parque Nautico qui, désormais est plein. Les tarifs, s’ils augmentent régulièrement en fonction de l’inflation, restent tout à fait raisonnables comparés aux autres club. Et les propriétaires nous prouvent fréquemment que nous y sommes les bienvenus. Merci mille fois à eux !

Et puisqu’on parle d’inflation, sachez qu’elle est de 30% par an, ce qui est assez considérable. Pour exemple, le prix de la viande est passé de 20 à 40 pesos le kilo en 1 an et demi.

Mais pour une fois que nous avons l’occasion de nous distraire,

revenons à notre Asado !

Un barbecue ? (en français !).

Voici plus d’un an que nous n’avons pas participé à cet évènement fondamental de la vie d’un Argentin.

De plus, nous nous sentons parfois un peu seuls dans notre petit club. Cela nous fera le plus grand bien de voir du monde.

C’est donc sans hésiter et avec grand plaisir que nous acceptons.

En ce dimanche matin, nous cherchons parmi le bazar ambiant quelque affaire correcte à nous mettre sur le dos afin de rejoindre nos amis installés dans le club municipal de Piratas (ou Pirata ?) , à San Isidro, dans la banlieue de Buenos Aires.

Une fois n’est pas coutume. Nous décidons de prendre le Tren de la Costa.

Ce train, appelé aussi train touristique, coûte 10 pesos aux autochtones et 16 pesos aux étrangers, contre 0,80 pesos le train de banlieue.
Mais la gare du Tren de la Costa offre l’avantage d’être plus près de notre club et nous déposera également bien plus près de Piratas. Or nous sommes un peu fatigués.

Il est midi. Nous savons que l’asado commence souvent tard dans l’après midi et Rémy a une petite fringale.

Voici pour moi l’occasion de vous montrer à quoi ressemble un hot-dog argentin, appelé « pancho » et dont les Argentins sont très fiers, comme de beaucoup d’autres choses d’ailleurs (la mauvaise langue a encore frappé !!!).

Il s’agit d’un pain brioché, au goût plus ou moins sucré, froid, garni d’une saucisse genre saucisse de Strasbourg en plus fade, accompagnée de Ketchup ou de cette sauce jaunâtre déjà évoquée dans ce site et appelée honteusement moutarde.

Mais quand on a faim, on mange ce qui se présente.

N’est-ce pas mon Capitaine ?... !

Nous descendons à San Isidro, parcourons ses rues ombragées et arrivons à Piratas.

Chaque invité dépose un énorme morceau de viande sur la table. Les bouteilles sortent des sacs à provision. Karine nous présente aux autres convives …

Nous sommes 7 Français.

Voici, aussi charmants l’un que l’autre, Karine, qui se cache derrière ses lunettes de soleil mais que l’on reconnaît toujours à son perpétuel sourire.
Et Hervé qui tient rarement en place s’il n’est pas sur son voilier.

Sous leurs chapeaux respectifs, voici l’équipage de Lela, les très sympathiques Cathy et Titou.

Et, toujours en grande discussion, voici Joël, qui navigue sur Bigoudi.

Les autres sont Argentins comme Alejandro et son épouse, Oscar et Veronica accompagnés de leur sage petite fille Emilie, ou encore Daniel, très loquace– ça doit être le prénom ! – et tout aussi sympathique – qu’est-ce que je vous disais. Tout est dans le prénom !!! -  et dont nous recevrons ensuite des e-mails des plus amicaux.

A savoir que ce sera la première fois qu’un Argentin, après avoir promis de nous écrire… tient sa promesse. Daniel est probablement d’ailleurs un être exceptionnel puisqu’il aime l’Uruguay et les Uruguayens !!!

Oscar

Son épouse Veronica et leur petite fille Emilie (je crois ?!).

Daniel, un cœur à prendre.

La parilla fume. Saucisses, bœuf et poulet grillent doucement au dessus de la braise.

Julio, occupant l’un des nombreux bateaux de Piratas, semble être le préposé à la parilla et c’est un expert semble-t-il.

Le très sympathique Julio aime aussi boire un petit coup de temps en temps.

Et lorsqu’il quitte la parilla, il s’avère un excellent danseur de tango qui se soucie plus du rythme de la musique que du protocole.

Musique Maestro !

...Julio est passionné et se régale à nous faire danser sur le bitume.

Qu’aurais-je aimé avoir un tel partenaire lors de nos cours !

 

Vous n’aurez pas de photo, car Rémy est très occupé à blaguer à droite et à gauche.

Normal ! Après le corps, il faut bien muscler la langue de temps à autre !!!

La viande est délicieuse. Le vin coule à flot…

Au fil des heures, entre rire et bonne humeur, nous découvrons des gens simples et très chaleureux.

Nous rentrerons encore plus fatigués que le matin. Nous ne serons pas très efficaces le lendemain. Mais nous sommes ravis d’avoir accepté de nous joindre à eux.

Ce club est sans aucune prétention.

De nombreux bateaux sont en travaux et ressemblent étrangement à .

Pour d’autres, la rouille dégouline même sur la coque ou a envahit le pont.

Nous avons l’impression que règne ici une vraie convivialité.

Aussi avons-nous presque envie de venir nous installer, nous aussi, à Piratas…

Un de ces jours… pourquoi pas !

En attendant, nous tenons à remercier une fois encore Karine et Hervé de nous avoir conviés à cette journée particulièrement agréable qui nous a permis, l’espace de quelques heures, d’oublier nos travaux et de rompre notre solitude pas toujours volontaire.

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Nous sommes un peu las de pédaler dans toutes les rues de Tigre, de San Fernando ou San Isidro (banlieue de Buenos Aires) et de revenir toujours plus chargés. Aussi rêvons-nous parfois de posséder un véhicule.
Mais l’expérience d’amis ayant acheté une voiture d’occasion chez un garagiste et ayant eu les pires déboires et beaucoup de frais nous avait quelque peu refroidis.

Mais ce désir d’investir revient chaque fois que nous voyons un bidon sur le toit d’une voiture, signe qu’elle est à vendre, comme celle-ci :

Nous sommes le vendredi 1er avril.

Aujourd’hui, c’est chose faite.

Nous avons craqué. Disons plutôt que Rémy a craqué.

Parti de bon matin, toujours à bord de son joli vélo rouge, il rentre à l’heure du déjeuner, le visage rayonnant, et m’annonce :

Danièle, ça y est, j’ai acheté une voiture. Viens-la voir !

Je suis ravie à l’idée de ne plus avoir à transporter sur le dos ou à bout de bras les courses ou les tuyaux, gaines, tasseaux…

Très excitée, j’appelle la lancha et nous traversons le Rio.

Arrivés de l’autre côté, sur le parking, je cherche un véhicule qui pourrait ressembler de près ou de loin à un véhicule utilitaire…

Rien ! Nada !

Rémy sourit, me prend la main, et m’entraîne vers notre nouvelle voiture.

Viens par ici…regarde…comment tu la trouves ?

Lorsque je découvre notre nouvel attelage, magnifique au demeurant, j’imagine déjà la taille du coffre.

Oui, je sais, ça sera parfois un peu juste.

Mais j’ai toujours rêvé d’avoir cette voiture !

Elle est belle ! Tu ne trouves pas ?

Et notre Capitaine de me lancer un sourire radieux.

Oui Chéri, elle est magnifique ta voiture !

Excuse-moi, il faut que je retourne à mes peintures et j’ai le repas sur le feu !

Et oui, c’est comme ça quand on aime son Capitaine.

Mais tout de même…   Gloups !!!

21 mars
 

 

 


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