Tupiza est une petite bourgade plantée à  2950 mètres d’altitude, au milieu des montagnes rouges et des cactus.

Ici, on se sent loin de tout. Et, à première vue, nul besoin de séjourner longtemps dans cette ville pour en faire le tour.

Pour nous, qui prenons toujours les chemins de traverse, il était logique de venir nous perdre ici. Même si les guides décrivent cette ville comme « une bourgade sans charme », hormis pour les marcheurs ou les cavaliers qui souhaiteraient profiter de la quebrada.

Que faisons nous ici alors ?

Explication :

Pour l’excursion la plus réputée de la Bolivie, la plupart des voyageurs partent d’Uyuni. Mais ceux-ci arrivent en avion à Lima (Pérou) ou La Paz (Bolivie).

Cliquez sur la carte pour agrandir

Tupiza sera donc notre point de départ vers

le désert Andin et l’incontournable Salar d’Uyuni.

A Tupiza, les gérants des hôtels sont avant tout agents touristiques et proposent à leurs clients cette excursion.
Elle dure 4 jours et il est indispensable, sous peine de n’en jamais revenir, d’être accompagné d’un guide.
Le forfait comprend donc la location d’un 4x4, avec un chauffeur qui fera office de guide et une cuisinière qui assurera la pitance des voyageurs.

Le tarif, tout à fait abordable certes, est prévu pour un maximum de 5 personnes. Ainsi, au risque de devoir assumer la totalité des frais, nous espérons trouver d’autres voyageurs - « sympas si possible, respectueux de la population locale surtout !» -  désireux de faire cette excursion avec nous.

Et ce au plus vite.

Car à priori, le seul intérêt de ce "bled paumé", est le départ vers cette grande aventure.

Et pourtant !

Contre toute attente, nous aurons un coup de foudre pour  Tupiza.

Dès la descente du bus, des jeunes filles – vite réprimandées par les responsables de la gare - viennent alpaguer le client pour les diriger vers l’un des hôtels qui se succèdent dans la rue principale de Tupiza.

Après la visite express d’un premier établissement dont la façade, neuve, ne laisse rien supposer de l’état délabré des lits,…

Hôtel « El Lascar » -  Ça ne s’invente pas !

… nous portons nos bagages dans une bâtisse de 2 étages, minable vue de l’extérieur, mais dont les trois uniques chambres s’avèrent très confortables, lumineuses et pleines de charme.

Et nous sommes protégés contre le mauvais œil !

Quant aux tarifs, ils sont imbattables – 30 bolos par personne, soient 3 euros, petit déjeuner inclus.

A ce prix, nous n’allons plus quitter la Bolivie !

Paul et Barbara, sympathiques et discrets, sont nos voisins. Nous les apprécions davantage d’heure en heure et envisageons de leur proposer de nous accompagner pour l’excursion dans le Salar.

Nous souhaitons partir dès demain matin. Malgré un départ un peu précipité à leur goût, Paul et Barbara sont heureux de partager l’excursion avec nous.

Le séjour est réservé – Départ prévu demain à 8 heures.

Nous décidons d’une petite visite rapide de la ville et nous coucherons de bonne heure afin d’être en pleine forme pour ce départ matinal.

18 heures – Il fait déjà nuit.

Dans l’après midi, les rues de Tupiza sont désertes. Mais dès le soir, il semble que tous les habitants de la ville se soient donnés rendez-vous.

Les boutiques sont ouvertes, les vendeurs envahissent les trottoirs avec leurs marchandises, la place s’anime, et les odeurs de viande grillée aiguisent les appétits.

Immédiatement séduits, nous regrettons notre précipitation à vouloir partir dès l’aube du lendemain.

Nous cherchons Paul et Barbara qui savourent autant que nous cette chaude ambiance populaire.

Nous sommes tous d’accord pour tenter de repousser d’un jour notre excursion et nous précipitons à l’agence.

Nous faisons alors la connaissance de notre chauffeur et de notre cuisinière.

Pour Sergio et Ema, qui en une soirée devaient faire le plein de vivres pour 7 personnes et préparer le véhicule, ce report semble être un cadeau.
Et, alors que nous voulions nous excuser pour ce contretemps, le soulagement se lit sur leurs visages.

Affaire conclue ! Nous partirons samedi.

Vendredi 30 avril

6 heures du matin – Le soleil emplit la chambre.

Il est tôt, mais Rémy et moi sommes en pleine forme.

Nous laissons dormir notre petit loir et, à pas de loup, quittons la chambre et partons à la découverte de Tupiza.

La ville s’éveille doucement.

Il fait très beau et nous savourons le silence en même temps que la pureté de l’air.

El Mercado

Cependant, lorsque nous arrivons au marché, c’est déjà l’effervescence.

Dehors, hommes et femmes sont déjà installés devant leurs marchandises et nous trouvons ces petits pains feuilletés dont nous raffolons.

A l’intérieur, les femmes achètent les légumes ou le poisson séché pour les repas du jour.

La version la plus courante du cabas bolivien

Elle peut aussi faire office de porte-bébé.

Elle aura encore bien d’autres usages surprenants.

Mais sa version la plus gênante est lorsqu’elle tient lieu de sac de voyage, dans les bus boliviens où le nombre de personnes ne dépend nullement du nombre de places mais de la file d’attente qui, toute, doit rentrer coûte que coûte !!!

Nous prenons l’escalier et découvrons l’étage du Mercado.

Dans cette grande et belle salle, des tables font face à des box.

Dans chacun d’eux, une femme prépare de la pâte à beignet et sert du café et des jus chauds ou froids, tels que la Chicha (boisson un peu alcoolisée à base de maïs très prisée des boliviens), la Garapiña et autres boissons indéterminées comme ce jus comportant du citron et de la cannelle, mais dont nous n’avons pas compris l’origine de la couleur violette.

Ayant encore le ventre vide, nous nous installons et commandons un grand café.

Assis à la même table, des hommes mangent avec appétit d’énormes beignets, saupoudrés de sucre glace.

« Mmmm ! Ça sent bon. C’est quoi ? »

« Sopaïpilla. C’est très bon », nous dit l’un d’eux.

Et, alors que notre gros beignet nous est servi par une femme plantureuse, ravie que nous goûtions sa spécialité, l’homme précise :

« Il faut mettre ça dessus. C’est encore meilleur ! »

Joignant le geste à la parole, il saupoudre largement le Sopaipilla du sucre glace qui trône sur toutes les tables.

En effet, ces beignets de la taille d’une grande assiette sont un régal.
Surtout avec du sucre glace !

Nos voisins de table, voyant que nous nous régalons, nous incitent à goûter le pastel. C’est la même chose, mais fourré au fromage. Et l'on y met aussi du sucre glace.

Heu ! Merci, c’est très gentil. Mais nous avons le ventre plein !

Le temps passant, il est un peu plus de 8 heures.

Pour les Boliviens, qui commencent probablement à travailler dès le lever du jour, c’est l’heure de la « sopa ».

Et pour la soupe, c’est toujours à l’étage du Mercado, mais côté gauche.

Cette fois, devant chaque box, nous découvrons de grands faitouts mijotant sur des réchauds à gaz.

Sur notre passage, les femmes lèvent les couvercles. Il suffit de choisir.

« Guiso de fideos » (plat de pâtes avec viandes et légumes), « Picante de Pollo o de carne » (poulet ou boeuf sauce piquante) et bien d’autres encore.

Sans oublier la « papa » (et non « patata »), la pomme de terre, sucrée ou salée, le plus souvent cuite dans la soupe ou avec le ragoût.

A savoir : Rappelons que, grâce à la pomme de terre et à Parmentier qui l’introduisit en France au 18ème siècle, nous devons à la Bolivie d’avoir échappé plusieurs fois à la famine dans les siècles derniers.
La pomme de terre est cultivée en Bolivie depuis 6000 avant J.C..
Il en existerait de 100 à 300 espèces, selon les sources.

Pour manger, il suffit de demander et de s’installer.

En quelques minutes, une assiette débordante et bien chaude est servie, toujours accompagnée d’un franc sourire.

C’est bon.

       C’est propre (ce ne sera pas le cas dans tous les Mercado où nous irons !).

                    Et c’est très convivial.

C’est décidé, ce midi, nous viendrons manger ici !

Nous qui aimons l’authenticité, c’est l’endroit idéal.

De plus, ces femmes seront ravies que l’on fasse honneur à leur cuisine.

Et pour 40 bolos (4 euros pour 3), nous nous en mettrons "plein la lampe" - gentillesse en sus !

Dommage que si peu de touristes profitent de cette atmosphère si agréable.
Nous n’y rencontrerons qu’un petit groupe de Rastas, ainsi que nos nouveaux amis, Paul et Barbara, appréciant autant que nous de baigner dans la vie locale.

Ce sera d’ailleurs pour nous le signe que nous avons probablement bien choisi nos futurs équipiers.

Nous rentrons à l’hôtel afin que Candice vienne profiter de l’air pur et poursuive avec nous la visite de cette ville qui nous plait de plus en plus.

Avec la fête du 1er mai comme cerise sur la gâteau . . . . . .

Porte d'entrée

Cette pièce d’étoffe rectangulaire aux couleurs des Andes s'appelle « el ahuayo » (cf.Bolivie-présentation).

 

 

 

 


(Accueil du site)