L’archipel des Chonos, nom du peuple indien originaire de la région,
comprend 40 îles et plus de 130 000 habitants.

Des bacs permettant d’aller d’une île à l’autre circulent toute la journée.

Chiloé est de loin la plus grande de ces îles (180 km de long – 50 km de large). Elle est la 2ème île du continent par ses dimensions après la Terre de Feu.


Les Chonos furent les premiers habitants de l’archipel. Puis les Mapuches envahirent le nord.
Les Espagnols prirent possession des lieux après une épidémie de petite vérole qui décima presque toute la population locale, suivie d’une épidémie de rougeole.

Pendant les guerres d’indépendance, Chiloé fut une place forte pour les Espagnols. Notamment la ville fortifiée d’Ancud, au nord de l’île, dont témoignent encore quelques remparts, tours et canons.

Après la création de Puerto Montt (sur le continent) puis la construction de la première route principale qui traverse l’île dans les années 1950, Chiloé vit accroître son importance commerciale.

Il y avait également à Chiloé une ligne de chemin de fer. Mais depuis le tremblement de terre de 1960, celle-ci est quelque part dans la mer.

La pêche est la principale activité de l’archipel.

L’élevage de saumon et coquillages prend une ampleur considérable.


La collecte d'algues permet aussi la survie de nombreuse familles.

Nous verrons aussi quantité de pêcheurs et leurs familles travaillant durement à cette collecte.
Une fois ramassées, dans l’eau ou sur la plage à marée basse selon la variété, ces algues sont étalées sur le sol et vont sécher au soleil.

 

Ces algues seront ensuite vendues pour servir  à la fabrication de gélatine et de produits cosmétiques.

Le tourisme augmente également depuis 1990.

Dans les villes, les propriétaires sont nombreux à proposer des « Cabãnas ».

Hélas, ces appartements à louer commencent à envahir la côte et nous osons espérer qu’ils ne viendront pas un jour dénaturer totalement le paysage.

Mais en ce mois de décembre, les touristes ne sont pas nombreux et c’est « tant mieux » !

Côté météo, Chiloé a la réputation d’être souvent sous la pluie.

Les températures varient entre 10°C l’hiver et 25°C l’été.

Si le temps reste doux, la pluie oblige en effet assez souvent à enfiler les cirés.

Pourtant, après 2 séjours dans l’archipel, nous avons pu profiter de journées magnifiques. Quant à la bruine, assez fréquente il est vrai, celle-ci n’ôte rien à la beauté des paysages et les collines n’en sont que plus verdoyantes.

Et après vérification et pour faire taire les mauvaises langues s’il en est, nous apprenons qu’il pleut en moyenne 150 jours par an à Chiloé.
C’est moins qu’au Pays Basque où il pleut 180 jours pas an, et bien moins que la Bretagne qui vit 210 jours pas an sous l’eau.

Et après tout, Chiloé ne serait pas ce qu’elle est s’il n’y pleuvait pas !

L’architecture sur ces îles des Chonos est très particulière.

Ne disposant pas d’acier, les maisons et les églises ont été entièrement construites en bois.

On raconte que les Chonos auraient brûlé deux fois l’église de Isla Llingua pour récupérer les rares clous disponibles dans les îles.


Cette architecture demeure, intacte, les clous en plus, et participe au charme des lieux.

Les murs sont couverts de tuiles de bois de formes et de couleurs très diverses qui illuminent le paysage de Chiloé quelque soit le temps.

(Maisons sur Isla Quinchao)

Ces constructions ont une autre particularité.

Elles sont posées sur des plots, autrefois en bois, désormais souvent en béton.

Certaines sont bâties au bord de l’eau, sur pilotis. On les appelle les Palafitos (cf Castro).

Plage de Curaco de Velez

Ce système permet de s’adapter au terrain vallonné. Mais il permet surtout et très efficacement de parer les secousses sismiques qui font presque partie du quotidien des Chiliens.

Les églises sont, quant à elles, des œuvres d’art.

En voici une, mais ce n'est pas la plus jolie et vous devrez lire les pages suivantes pour les découvrir.

Eglise de Fuerte Ahui

Leur forme est tout à fait spécifique à l’archipel.

Toutes construites sur le même plan, de forme rectangulaire, avec une tour, des toits inclinés et des bardeaux ou des tuiles de bois, elles sont superbes et 16 d’entre elles sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO.

La mythologie chilote

Les habitants de Chiloé - les Chilotes -  longtemps à l’écart des routes commerciales, ont gardé une forte identité régionale et une culture propre.

Cette population est d’une grande fidélité à la religion catholique. Ses 150 magnifiques églises en bois très particulières, ses nombreuses chapelles et ses nombreux autels en témoignent.

Mais les croyances traditionnelles sont toujours bien vivantes et il est impossible de visiter Chiloé sans évoquer la légende sur la création des ces îles.

Légende

 


Cai-Cai Vilú, dieu serpent des eaux – le méchant - lutta contre Ten-Ten Vilú, dieu serpent de la terre – le gentil – pour régner sur le territoire.

Après plusieurs destructions provoquées par Cai-Cai (l’océan déchaîné), Ten-Ten gagne la lutte.

Mais Cai-Cai parvient à ensevelir assez de terre sous les eaux pour séparer définitivement Chiloé du continent.

*

Parmi les personnages de la mythologie chilote, les Brujos, guerriers investis des pouvoirs de la magie noire et cherchant à corrompre les habitants, sont les figures centrales.

D’autres figures préviennent des dangers ou guettent ceux qui se détournent du droit chemin.

El Caleuche, la Fiura, el Trauco, Invunche, Pincoya, la Viuda, la Voladora, el Cuchivilu … les unes incarnent la fertilité ou la richesse, d’autres incitent à la débauche ou sont capables de tuer.



Certaines croyances demeurent comme celles qui entourent les fêtes de la St Jean.

Avant ce jour, des pommes de terre sont jetées par hasard sous le lit. Le 21 juin à minuit, on regarde sous le lit.
Une pomme de terre entièrement pelée annonce la pauvreté. Une à demi pelée annonce des hauts et des bas. Une pomme de terre intacte promet richesse et abondance.


Le lendemain matin, ce sont les souliers que l’on jette devant la porte. S’ils tombent la pointe vers l’extérieur, c’est le signe d’un grand voyage. Si c’est le contraire, on restera chez soi toute l’année.

Bien des coutumes ont également rythmé la vie de ces îliens.

Parmi elles, el Medan permettait de se procurer un objet ou un animal qui venait à manquer. La famille organisait alors un grand bal avec l’aide des parents et voisins. A cette occasion, les invités devaient apporter l’objet ou l’animal demandé. Cette coutume permettait de limiter, par exemple, les conséquences d’une mauvaise récolte.

 La Minga est toujours d’actualité.Cela consiste à œuvrer en commun lorsque le travail est trop important ou difficile.

Ces coutumes ont-elles disparu ? Certaines oui, d’autres comme "la minga" se perpétuent.

Quoiqu’il en soit, il est certain qu’elles ont laissé leur marque.

Car à Chiloé, la solidarité n’est pas une notion d’un autre temps.

« Minga » ou un curieux déménagement

Si je vous montre cette première page d’un journal local, ce n’est pas pour que vous admiriez la photo de cette jeune femme certes ravissante, mais pour un article illustré par la petite photo en bas à droite.

Il s’agit d’un déménagement sur Chiloé.

A Chiloé, lorsque l'on déménage, on ne se contente pas toujours de transporter meubles et cartons dans un camion.

Il arrive  parfois que l’on parte avec sa maison.

Ce genre de déménagement, s’il était autrefois fréquent, est désormais très rare. Mais il est encore possible de voir une maison circuler sur les routes ou sur l’eau, allant d’un vallon à l’autre ou d’une rive à l’autre.

Alors que nous serons sur cette île, nous découvrirons en lisant le journal local du 29 décembre 2009 - hélas trop tard pour y assister - qu’un tel déménagement vient d’avoir lieu à Ancud.



Lors de ces déménagements, la famille  est aidée par tous les voisins et amis.

Pour les remercier, elle offre le Curanto, spécialité de l’archipel.

Un plat original et succulent.

Ce plat composé de viande, saucisses, coquillages et de 3 variétés de pommes de terre est cuit directement sur des pierres chauffées à près de 350 degrés, le tout recouvert d’un lit de feuilles très spécifiques.

Vous savez presque tout sur les us et coutumes de l’archipel des Chonos.

Nous sommes le 6 décembre. Nous quittons Puerto Montt.

Nous avons 3 jours pour visiter Chiloé et certaines de ses petites voisines
qui sauront tant nous émouvoir . . .


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