Les paragraphes qui suivent, en bleu, appartiennent désormais au passé.

Si vous êtes arrivés sur cette page, vous avez probablement pu découvrir cette merveilleue baie d'Ilha Grande.

Toutefois, nous les laissons en ligne puisque cette fâcheuse aventure fait partie de notre voyage.

A ce stade de notre voyage, vous devriez découvrir la superbe baie d’Ilha Grande, puis notre descente sur Florianópolis où nous avons passé quelques jours très agréables en compagnie, entre autre, de notre copine Aline et de nos amis Maryse et Christian sur Goyave.

Et bien, sachez d’ores et déjà qu’il n’en sera rien !

Les superbes mouillages au cœur des nombreuses îles d’Ilha Grande, la visite de la jolie ville historique de Paraty et son carnaval auquel nous avons largement participé…


Toutes ces pages sont prêtes.

Pardon, toutes ces pages étaient prêtes.

Elles attendaient sagement sur mon ordinateur d’être envoyées sur le site. Mais le sort en a décidé autrement.

En effet, notre informaticien préféré – enfin, jusqu’à ce jour de mars 2009 ! – ayant décidé d’améliorer certaines choses en utilisant un certain programme, ce dernier a « bugué ».

Tentant ensuite de récupérer les informations dudit disque, le programme a également « bugué ».

En clair, l’ordinateur est planté de chez planté !!!

Perdues donc les pages du site. Perdues les photos. Perdus  tous les documents administratifs. Perdus les cours et devoirs de Candice qu’il nous faudra télécharger de nouveau.

               Bref ! Perdues toutes les données conservées - et hélas non sauvegardées - sur ce PC.

Quelque peu démoralisée suite à cet incident et n’ayant pas le courage pour l’instant de refaire tout ce « boulot », nous passerons à la suite.

Je vous propose donc de vivre avec nous notre arrivée en Uruguay.

Arrivée dont nous nous souviendrons !!!

Nous sommes donc le vendredi 27 mars 2009.

Après quelques bonnes soirées avec nos amis, nous les laissons profiter encore quelques heures de ce beau mouillage dans la baie d’Armação.

ne pouvant rivaliser avec Goyave, nous quittons Florianópolis les premiers.


Il est 10 heures 30.

Direction La Paloma, en Uruguay.

Les premiers jours de navigation se passent au mieux.

Il fait très beau.    

Génois tangonné, voiles en ciseaux, un petit vent arrière nous pousse à plus de 5 nœuds vers le sud.

Ajoutons à cela une belle petite dorade pour le repas du premier soir, une autre pour celui du lendemain.


Tout va pour le mieux !


 

. . .

Hélas, après 3 jours à ce rythme, la météo annonce un changement.

Un fort coup de vent de sud-ouest est annoncé. Nous devons nous mettre à l’abri au plus vite.

Moteur à 1800 tours - vitesse maximale pour préserver jusqu’en Argentine notre vieux moteur qui fume de plus en plus - nous fonçons vers le long chenal de Rio Grande do Sul où nous savons que la digue nous protégera.

Mardi 31 mars.

6 heures du matin, nous jetons l’ancre derrière la grande digue à l’entrée du chenal.

Cette fois, la météo n’a pas menti.

Une heure plus tard une épaisse brume ôte toute visibilité. Puis le vent se lève et forcit d’heure en heure.

Anecdote : Comment un skipper désœuvré occupe son temps ?... !

Nous passerons 3 jours dans ce mouillage glauque mais bien protégé, avec pour seule vue la digue et les cargos qui entrent ou sortent de ce grand port commercial.

C’est là toutefois que nous verrons nos premiers Lions de Mer nager autour du bateau.

C’est là aussi, hélas, que Rémy décidera d’utiliser un programme permettant de "partitionner" le disque de mon ordinateur afin d’en améliorer l’accès.

C’est là, enfin, que le second aura des envies de meurtre !!!

Jeudi 2 avril – 11 heures 30

Un bon vent d’est nous réveille. C’est le moment de partir.

Nous avançons de nouveau à 5 nœuds, sous voiles, rafraîchis par un petit vent frisquet sous un beau soleil automnal.
La couette sort de sa housse et après près de deux ans à supporter les chaleurs tropicales, nous apprécions.

Vendredi 3 avril.

 

Nous passons la frontière Uruguayenne.


17 heures.


Le vent a faibli.

Nous avançons toujours sous voiles – 3 nœuds - mais manquons d’énergie.

Nous devons donc allumer le moteur . . .

Et c’est là que les ennuis recommencent…puissance 1000 !!!

Impossible de démarrer.

Ouverture du compartiment moteur – De l’eau de mer jaillit par le joint du collecteur d’échappement.

Le démarreur ne veut rien savoir.

Rémy tente jusqu’à vider les batteries . . . Rien à faire !

Depuis notre départ, j’ai toujours appréhendé ce genre de panne.
 Nous y sommes !

Il nous reste 55 milles à parcourir jusqu’à La Paloma, premier port en Uruguay.

Nous ne devons compter que sur le vent et espérons que le port dispose d’un zodiac pour nous faire entrer.
Par chance, Goyave est arrivé à La Paloma. Nous savons pouvoir compter sur Christian et Maryse.

Ce n'est là qu'une broutille, mais notons, dans la série des enquiquinements, que depuis notre départ de Florianópolis, notre déssalinisateur est également hors service. Deux boulons de 8 mm de diamètre ayant cassé net.

Nous nous armons de patience et poursuivons notre route, tous feux éteints afin d’économiser l’énergie pour le pilote automatique, la VHF et la BLU (radio marine).

Le vent nous pousse sans encombre jusqu’en Uruguay. Nous craignons même d’arriver avant le lever du jour. Peut-être devrons-nous ralentir l’allure.

Samedi 4 avril - 4 heures du matin.

Dans 2 heures, nous devrions atteindre La Paloma.

Je prends mon quart - Rémy va dormir.

Une demi-heure plus tard, un orage arrive.

Debout Capitaine !

Nous subissons 3 orages successifs et ne cessons de manœuvrer les voiles.

Rémy prend la barre afin d’aborder les vagues le mieux possible.

Chaque fois le vent forcit rapidement, puis faiblit.

6 heures du matin.

Le port de La Paloma est à l’ouest.
Nous sommes en face, à 10 milles à l’est - Un peu plus de 2 heures.

Nous tirons un bord. Le bateau s’arrête. Impossible de tourner. Il n’y a plus de vent.
Nous dérivons vers l’est.

Puis le vent tourne de nouveau. Une petite brise nous pousse vers la côte.

Mais le vent nous pousse trop au nord.
Nous devons repartir vers le large.

Avec 3 heures de sommeil chacun, nous ne cessons de tirer des bords.

Va-t-on y passer la journée ?

Rémy a "les yeux au fond des trous" et les courbatures se font sentir à force d’enrouler et dérouler le génois.

7 heures - Nous sommes à 9 milles de La Paloma . . .

8 heures - Nous sommes à 11 milles de La Paloma . . .

De nouveau poussés vers le large.

Cette fois le vent forcit toujours. Le ciel est de plus en plus noir. La houle grossit.

Soudain le génois se détache de l’enrouleur et s’envole.

La point d'amure a lâché.

Ses 61 m2  se gonflent tel un énorme cerf-volant en haut du mât.

Impossible de le faire descendre.

Le bateau se met à gîter brutalement.

Tout tombe à bord. vibre terriblement.

Les écoutes sont toujours en place. L’une d’elles cogne partout. Elle emporte nos feux.
Une partie de la trinquette ainsi frappée se déroule, se gonfle et bat au risque de se déchirer.
Un hauban (câble retenant le mât) vibre sous les coups.

Rémy est de plus en plus inquiet.
Le mât va-t-il tenir ?

Le couteau à la main, nous hésitons à couper l’écoute, puis nous décidons.
Longtemps, notre gros génois tient bon. Puis il commence à se déchirer pour éclater enfin.

Dépités, nous observons les lambeaux de notre meilleure voile s’envoler. . .

 

Lorsque le vent se calme un peu, harnachés sur le pont, nous parvenons enfin à descendre le point de drisse (fixation du génois en tête de mat) et remontons ce qu’il reste de notre voile à bord.

Nous venons de découvrir le Pampero.

Le Pampero est un vent de sud-ouest, très brutal et violent venant de la Pampa (région de l’Argentine) et soufflant sur toute la région du Rio de la Plata.
Contrairement aux tornades africaines, on ne voit rien venir.

Les Pamperos n’ont lieu qu’en été, nous a-t-on dit. L’hiver, il peut y avoir des Pamperiño.

Et bien, si ceci est un Pamperiño, qu'est-ce que ça doit
être un Pampero !

Si seulement il avait attendu 2 heures de plus !

D’après les relevés obtenus auprès de la Capitainerie du port, nous avons subi un force 8. Soient 40 nœuds hors rafales.

*

Pour continuer, il nous reste la grand-voile hissée avec 3 ris (soit le minimum de surface possible) et la trinquette.

Le vent est moins violent mais toujours fort et la houle grossit.
Nous poursuivons nos tentatives d’approche du port.

13 heures 30 – Un autre Pampero.

Rémy prend la barre et oriente le bateau dans le sens du vent.

Nous repartons vers le nord. Mais cette fois, nous parvenons à nous rapprocher de la côte.

Nous sommes à 14 milles de La Paloma.

Anecdote : La goutte qui fait déborder le vase !!!

Dans la salle de bain, le hublot est resté légèrement ouvert.
Il se trouve désormais coincé par l’annexe qui a glissé sur le pont. Impossible de le fermer.

          Douchés, vague après vague, dans le cockpit…



et transis tant de fatigue que de froid...                 

...Rémy et moi enfilons des vêtements chauds et secs.

Puis je me rends au "petit coin".

Tandis que je vaque à mes occupations (!) une vague se fracasse sur le pont et entre par le hublot, me gratifiant d’une énorme douche d’eau de mer.

Là, ç’en est trop !

Je craque.

Toute la tension accumulée durant la nuit explose.

Mais je me demande aussi comment Rémy, déployant tant de forces avec si peu de sommeil, tient encore le coup.
  
       Pour ma part, je n’en peux plus.

15 heures.

Nous tirons notre énième bord vers la côte.
Le vent est fort.
Nous ne sommes qu’à 3 milles de la plage. Si près du but.

Mais La Paloma est à l’ouest.
Nous devons de nouveau tirer un bord vers le large. Nous repartons vers l’est.
. . .

La nuit suivante, Rémy se lève toutes les heures pour tirer des bords.

La côte…le large…la côte…le large…

Puis le vent se calme enfin. . .  
 

Puis le vent faiblit. . .   

                                     Puis le vent faiblit encore. . .

  Puis nous n’avons plus de vent. . .

Comment « pas de vent » peut-il s’avérer aussi dangereux que « trop de vent » ?

Dimanche 5 avril.

De bon matin, Rémy me réveille.
Tout semble bien calme.

Pourtant notre Capitaine semble quelque peu stressé.

Il m’apprend qu’il a gonflé l’annexe et l’a mise à l’eau. Mais il ne peut descendre seul le moteur. Il y a beaucoup trop de houle.

Je mets le nez dehors.

Nous sommes devant la plage du Cap Polonio, à 26 milles au nord de La Paloma.

Nous venons en fait de raser les rochers du phare et continuons de dériver vers la côte.

Il faut faire vite !

Avec ses dunes de sable et ses petites maisons sur les rochers, le coin est charmant au demeurant.

Des amis Québécois, rencontrés à Ilha Grande, nous avaient vivement conseillé de visiter le site.

Chers Pierre et Lucette, voilà qui est fait !
Nous aurions juste préféré les voir d’un peu plus loin. Ou alors, les pieds sur terre  !!!

L’opération « moteur » s’avère en effet délicate.
    Un Lion de Mer vient batifoler à 2 mètres de Rémy, se grattant le ventre comme pour nous narguer.
        Dommage ! Nous n’avons pas le temps de profiter du spectacle.

Il est 7 heures du matin.

Rémy pousse avec le Zodiac.

Mais à une vitesse de 1 nœud, notre petit « 5 chevaux » parvient tout juste à compenser la vitesse du courant.

Impossible aussi de jeter l’ancre. Les fonds sont à plus de 15 mètres et remontent très rapidement sur la plage.

Notons que, pour achever s’il en était besoin le moral de l’équipage, en sortant quelque peu brutalement tout ce qui empêchait l’accès au réservoir de notre hors-bord, nous avons cassé le capteur de barre.

Le pilote automatique ne peut donc plus fonctionner.

Encore une broutille !?!


En contact avec nos amis de Goyave depuis le début de nos péripéties, nous leur envoyons un message urgent.

Il faut nous sortir de là !
Nous allons sur les cailloux.
Et il le faut dès aujourd’hui, absolument.
Car pour demain, un nouveau front froid est annoncé.

Aucune envie de remettre ça ! Nous n’en aurions plus la force.

Nous sommes épuisés.


Rémy pousse depuis 3 heures.

Parfois, notre moteur hors-bord fait un bruit bizarre. Il vit peut-être ses dernières heures.

. . . Pendant ce temps, Christian et Maryse s’occupent de tout.

La réponse nous parvient enfin :  l’armée se déplace (!)

En effet, le port de La Paloma est un port militaire. Nous apprendrons par la suite que nous étions repérés depuis notre arrivée dans la zone contrôlée par radar.

10 heures.

La Prefectura de La Paloma nous contacte par VHF.

Rémy est toujours dans l’annexe.
Je suis à la barre et la langue locale est l’espagnol.

Et moi, l’espagnol, j'ai oublié le peu que j'en connaissais !

Notre petit mousse prend les choses en main.

Le remorqueur de l’armée est en route. Les militaires nous contactent à leur tour et s’inquiètent de notre santé.

Ils seront là dans 2 heures environ.

Après 4 heures à pousser et tirer, nous pouvons enfin souffler un peu  et nous remplir un peu l’estomac.

Puis nous reprenons. Car nous dérivons toujours . . .

Midi.

Plus de carburant pour le moteur hors-bord.
Heureusement le remorqueur est en vue. Ils seront là dans ½ heure.

12 heures 30.

Le remorqueur est enfin là.

Les militaires nous proposent de monter à bord du remorqueur.

Avons-nous l’air si déconfits ?

Le voyage devant durer plusieurs heures, nous préférons rester à bord.

Il fait très beau mais la houle est forte - Séquence rodéo pour remonter l’annexe et le moteur.

L’amarre de remorquage est lancée.

Nous démarrons - Ou plutôt nous décollons.

Nous filons vers La Paloma à une vitesse de plus de 7 nœuds.

Les militaires nous appellent régulièrement par VHF pour savoir si tout va bien.

Arrivée triomphale en Uruguay.

Discrétion assurée !


16 heures 30.


Nous arrivons au port de La Paloma.


Nouveau stress pour le second.

Nous sommes devant la digue du port. Le remorqueur ralentit et lâche l'aussière de remorquage.

Je suppose qu’un zodiac vient prendre la relève pour l’entrée dans le port.

Que nenni !

Il se positionnent à couple, fixent les amarres, vérifient les défenses.

  
 

Nous voici prêts pour notre entrée.

17 heures.

Le convoi fait son entrée dans le port de La Paloma - Uruguay.

Il y a du monde sur le quai - Nos amis, fidèles,  sont là.

Sont également présents Katy et Jean-Marie, naviguant sur Orange Bleue, rencontrés brièvement à Ilha Grande, et partis comme nous et le même jour de Rio Grande do Sul, mais arrivés, eux, à bon port bien avant nous.

Le remorqueur nous amène près du quai.

Il nous faut attraper la lourde bouée sur l’arrière et lancer les amarres.

La bouée est trop loin. Rémy et Candice tirent de toutes leurs forces avec la gaffe (perche munie d’un crochet).

Impossible… la gaffe termine dans l’eau.

Un petit voilier est au mouillage juste derrière nous. Un jeune homme en descend et arrive à la rame dans son petit bateau gonflable jaune vif .

C’est Hernan, un argentin remontant vers le Brésil, qui vient nous aider à accrocher cette fichue bouée.

Tandis que Rémy se charge de la bouée à l’arrière, il faut encore amarrer l’avant.

Les militaires, conscients que nous déployons là nos dernières forces, et que les miennes s’amenuisent au fil des secondes, sont montés à bord et se chargent des manœuvres sur le pont avec Rémy et Candice.

Car Rémy continue de pousser, tirer, wincher. . .

Allez ! « Soka tira ! » s’exclame-t-il.

 (Soka Tira – prononcer Choka Tira en roulant le "r" – étant le tir à la corde dont les concours sont très réputés au Pays Basque)

Où trouve-t-il encore de l’energie ?
Comment tient-il encore le coup ?
Je ne sais pas !

Mais les gémissements émis au moindre mouvement les jours suivants témoigneront de son état.


La bouée est trop près du quai. Impossible de se positionner perpendiculairement. L’étrave de cogne sur le quai, puis sur un petit chalutier qui vient pousser nos filières.

         

Nous ne pouvons rester là.

Il y a une place devant le ponton, de l’autre côté du quai. Mais impossible d’y entrer avec le remorqueur.

Le remorqueur nous lâche.

Christian et Jean-Marie décident de nous faire pivoter le long du bateau de pêche pour contourner le quai.

Pitié ! Plus de manœuvre. Nous n’en pouvons plus !

Mais nous ne nous occuperons de rien.

Christian prend la situation en mains. Il monte à bord et se charge des manœuvres sur le pont.
Jean-Marie tient les amarres depuis le quai. Maryse les récupère de l’autre côté. Quant à Katy - qui pense n’avoir rien fait et pourtant ! – continue de me réconforter de son si généreux sourire.

Et tire à l’avant . . . et lâche à l’arrière. . .

prend place devant le ponton, à côté d’Orange Bleue et de Goyave.
  
  
Christian a déployé une énergie considérable à tirer des dizaines de mètres de cordage.
     

Puis, en un éclair, il range tout sur le pont.

Plus rien ne traîne à part notre génois en lambeaux.
     

Puis Maryse nous emmène prendre une bonne douche chaude à la marina.

Mais la sollicitude de nos amis n’a pas fini de nous émouvoir.

En effet, sur Goyave, une Caïpirinha dont je rêve depuis des heures,
un excellent repas et du bon pain français nous attendent . . .

*
Hernan . . . 
  Jean-Marie, Katy . . .

. . . merci beaucoup ! 

 

Maryse et Christian, merci mille fois.

Vous ne pouvez savoir le cadeau que vous nous avez fait d’être « là » !


 

Merci, très sincèrement, à tous.


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