Dimanche 21 septembre 2008.


En route, nous croisons un jeune homme ramant dans sa pirogue, ou plutôt dans sa piscine.

Dans la pirogue de Bakarri, l’eau jaillit abondamment par un trou que notre ami ne semble pas décidé à réparer pour le moment.

 

Nous lui proposons de le remorquer. Cela tombe bien, Bakarri est de Sipo.

Tout en discutant, Bakarri se penche toutes les 3 minutes pour écoper.

Il répond à toutes les questions que nous lui posons, même si nous nous rendrons vite compte qu’il ne les comprend pas toutes (!?!)

Mais Bakarri est un gentil garçon… vraiment très gentil :

« Ah ! Je suis content d’avoir de nouveaux amis !...
Hein ? Vous êtes des amis ? J’ai de nouveaux amis !... Hein mes amis !... »

 Nous arrivons devant le charmant village de Sipo.

Près de la plage, nous apercevons de petites cases rondes, en paille.

A droite, ce sont les Sérères, nous explique Bakarri. A gauche, les Mandingues dont il fait partie. Et derrière vivent les Diolas.

Sur la plage, nous retrouvons Cyprien, rencontré à Kachouane.

Bakarri et Cyprien nous offrent la visite guidée, suivis par les enfants du village qui se chargeront volontiers de nos poubelles, largement triées avant d’être brûlées.
  

Boite de conserve, bout de fil, bouteille, pot de yaourt et autre objet inutile pour nous, privilégiés que nous sommes, faisant toujours le bonheur de quelqu’un ici. 

Sipo est un village multiethnique et nous visiterons chaque quartier, sans exception.

Les campements alentours ont coutume d’emmener ici les touristes.

L’art Bambara est donc mis en valeur et sur des étals sont exposés sculptures, bijoux, coquillages ou pièces de tissus avec le magnifique travail du batik (cf. Ziguinchor)

 

 

 

 

 

 

 

Nous nous arrêtons devant un petit groupe d’hommes assis sur un tapis, attendant le thé.
C’est le chef du village qui nous invite à nous asseoir.

Nous allons ensuite saluer Fatou Mané, la grand-mère de Bakarri.

  

Fatou est très célèbre dans la région car elle est la reine de Sipo.
Et Sipo est le seul village à avoir une reine.

En fait, Fatou n’a de reine que le titre. Elle n’a aucun pouvoir.
Toutefois, elle assiste les femmes lors des accouchements et connaît les remèdes par les plantes.

Quoiqu’il en soit, Fatou ne se prend pas du tout au sérieux.

Elle nous accueille en nous faisant la bise et nous invite à partager son repas si nous le voulons.

C’est une vieille femme très gaie et pleine d’humour et nous resterions bien plus longtemps en sa compagnie si nos guides ne semblaient si pressés de poursuivre la visite.

  Ici, vivent les Sérères

Là, les Mandingues. 

Le quartier des Mandingues se distingue par un sens rare de la décoration.

           

Un portail ouvrant sur une allée fleurie. Ces petits avant-toits fleuris eux aussi. Cet abri dans la cour sous lequel la famille se réunit sur des lits et chaises en bois et palmier tressé.

Cette concession est charmante.

Il nous a rarement été donné de constater, dans ce pays, un tel goût pour l’extérieur de l’habitat.

Après la saison des pluies, ces coquilles d’huitres en train de sécher seront fixées sur les racines des palétuviers.
Sur elles viendront s’accrocher les nouvelles huitres.
Ce travail est exclusivement féminin. Par conséquent, nos deux amis sont incapables de nous en expliquer le procédé.

Nous allons ensuite saluer les Diolas, quartier où vit Cyprien.

La famille Diata est originaire de M’Lomp.

Nous sommes heureux de rencontrer Delphine et Madeleine. Madeleine n’est autre que la tante de Modou, notre jeune ami de Kachouane et la superbe Delphine est sa cousine.

  
 

C’est ainsi, au fil des rencontres dans ce pays, que l’on saisit mieux comment tout se sait aussi vite à des kilomètres à la ronde.

Restent les Bambara, des Maliens, qui vivent au bout du village.

Nous les saluerons de loin car nos guides rebroussent chemin sans autre explication.

Toutes ces ethnies semblent vivre dans une parfaite harmonie et si la grande majorité des habitants est musulmane, ici, cela ne se voit guère.
Les uns fument, d’autres boivent, d’autres encore mangent un bol de riz.


Bakarri et Cyprien nous montrent ensuite l’ancienne école, un abri de paille où les enfants ont la chance d’avoir tables, bancs et chaises offertes par un français très apprécié à Sipo.

  
  
   L’école et son indispensable cloche.

 

La nouvelle école, un bâtiment en ciment financé par un autre français, comprenant 2 classes et un bureau, n’attend que les finitions.
Elle devrait ouvrir ses portes à la prochaine rentrée, début octobre.

Nous repassons par le centre du village et Bakarri nous indique la mosquée :

Il est certain qu’ici, la foi n’a nul besoin de faste.

Nous terminons par le jardin.

En cette saison, rien ne pousse si ce ne sont les haricots verts, plantés ici en grande quantité. Bakarri m’explique qu’ils sont consommés principalement dans un morceau de pain, écrasés avec du manioc, du piment et des épices.

Il me fait timidement remarquer de petits tas marron posés sur le sol, et de préciser :
      « C’est l’engrais à la Sénégalaise ».


Ce qui nous frappe le plus en visitant ce village, c’est la végétation.

   

Incroyable de découvrir un paysage si verdoyant.
La campagne sénégalaise est vraiment méconnaissable en saison des pluies.

Justement… l’orage menace.
Nous rentrons à bord.
Demain, nous poursuivrons notre avancée sur le Bandiala.

Bakarri nous accompagne jusqu’à la plage :

« Au revoir mon ami ! A demain !  Tu me donneras une adresse pour qu’on s’écrive ! »

Le lendemain matin, nous attendons notre jeune ami sur la plage.

Bakarri a proposé d’aller en calèche nous chercher le tapalapa (pain traditionnel) dans le village voisin.

Après quelques minutes, Rémy revient à grands coups de rame.
Je devine à ses gestes, puis à ses sourcils froncés, qu’il n’est pas content.

Avions-nous oublié que la parole sénégalaise ne valait que ce qu’elle valait et combien leur imagination en matière d'excuses pouvait être fertile ?

Nous n’obtiendrons que 2 pains sur 6 :
      « Y-avait pas de farine… Et pour la pirogue  (pourquoi la pirogue, seul Allah le sait !),  y-avait pas d’essence… »

Quant à notre monnaie :
        « Y-en-avait pas non plus ! »

Bakarri reste sur la plage tandis que Rémy rallie le bord :

       « Et…mon ami,…attend…  Attend mon ami… Rémy… !?! »


Bref !

Après une nuit encore bien agitée - Chaleur étouffante sans une once de vent et toujours ces satanés moustiques « bzzzzzz » … Vivement l’hiver ! - nous levons l’ancre pour notre dernière escale dans la région du Saloum.

                                                                              
                                                                       Direction le petit village de Woudierin. . .


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