San Sebastian de La Gomera...Suite

Août 2007

De retour de notre visite de l’île, une surprise nous attend.

Nous avons de nouveaux voisins. Il s’agit de nos amis Liliane et Jacques sur Karkaïla.

Nous ne profiterons hélas pas longtemps de cette agréable mitoyenneté. Le port en ayant décidé autrement.


En effet, quelques jours plus tard, il nous est gentiment proposé de déménager.

Le port s’est quelque peu vidé. Il faut remplir les places et libérer le ponton visiteurs.

Liliane et Jacques, appréciant autant que nous les manœuvres de port, nous quittent donc et se retrouveront coincés entre un catamaran et un ponton.

Rémy profite de la manœuvre pour monter à bord du superbe Karkaïla.

Chéri…Reviens… !!!

Nous leur souhaitons bon courage pour la sortie !?!

Quant à nous, n’ayant aucune envie de démonter notre joli taud et ranger tout le "bazar" trônant comme de coutume sur le pont. Encore moins d’interrompre « nos vernis » en cours sur le ponton. Nous tentons de prétexter quelque problème moteur.

Nada !

Les marinero de San Sebastian trouvent toujours une solution à vos problèmes.
Nous avons 10 minutes pour nous préparer. Un zodiac viendra nous aider à reculer.

Candice se lève en râlant.  Cet emplacement face à l’école de voile et à quelques mètres de la petite plage lui plaisait beaucoup.

Bien plus qu’une place au port, cernés par tant d’autres voiliers.

Mais nous n’avons pas le choix !

Entre pavillons allemands et équipages anglais majoritaires dans ce port et pas toujours très aimables, nous sommes heureux de nous retrouver juste en face d’Arlequin.

Un avantage toutefois, nous bougeons moins…Quoique !

La canicule n’ayant fait qu’une brève apparition, le vent souffle de nouveau sur San Sebastian. Et les courants de marée sont si forts que, parfois, nous sommes contraints de nous cramponner aux haubans si nous voulons tenir debout sur le pont.
Quant aux « passages » dans la salle de bain, cela s’avère alors aussi périlleux qu’en mer par gros temps.

J’avoue que nous aspirons parfois à un départ rapide, tant ce vent incessant est fatigant.

Nous sommes bien tristes également car nous avons perdu un voisin peu ordinaire.

Il s’agit de Luis.

Luis occupe un petit voilier bien délabré, amarré contre le mur du paseo, au fond du port.
Installés dans notre cockpit, notre regard ne pouvait que se porter sur cette embarcation.
 
Mais surtout Luis, personnage atypique et véritable gomero, s’installe chaque soir dans son cockpit ou sur le mur et joue du tam-tam, rythmant nos soirées de manière fort agréable.

Mais le tam-tam n’est pas le seul violon d’Ingres de Luis.

Luis « parle » aussi le silbo.

Vous ne connaissez pas le silbo ?

Le Silbo est pourtant un langage, mais un langage sifflé.

Ce sigle représente la position des mains lorsque l’on émet les sons du silbo.

Ce langage est unique au monde et permet de transmettre à très longue portée, dans un milieu accidenté, le langage parlé au moyen de sifflements.

Avec le Silbo, un vrai dialogue peut s’instaurer.

Vous pouvez appeler vos amis par leur prénom et tenir toute une conversation, uniquement au moyen de ces sifflements magnifiques.

Le silbo est enseigné à San Sebastian et l’on entend parfois des gens discuter ainsi d’un bout à l’autre du port.
Luis, comme bien d’autres, le parle. Et lorsque, dans le carré, nous entendions ces chants d’oiseau – alors que les oiseaux sont si rares aux Canaries - nous sortions écouter cet enchantement.

Sur notre nouveau ponton, les petites bricoles reprennent.
  • Énième tentative de réparation de notre moteur hors-bord qui ne tenait pas le ralenti.

Quelques bonnes suées et quelques clés de 13 tombées à l’eau plus tard… 
…Il ne démarre plus !?!

  • Branchement de notre cher pilote de barre, en attendant des jours meilleurs pour les essais en mer.
Et une foultitude d’autres petits travaux si divers et si variés ( ?!)

Ah, j’oubliais.
Notre Capitaine, malgré ces petits soucis quotidiens, est un homme heureux.

Il a trouvé sa gargoulette !

Vous ne savez pas ce qu’est une gargoulette ?

Et bien, c’est normal puisque, quelques peu similaire aux gargoulettes des pêcheurs de poulpes tunisiens, c’est le nom que nous avons donné à cette drôle de cruche à eau !

La voici :  

La gargoulette…pas la cruche !!!

Bon, je suis d’accord, ça nous fait un "bazar" de plus dans le cockpit !

Mais ce "bazar" devrait nous éviter d’ouvrir sans cesse notre vieux « frigo » qui consomme la plus grande partie de notre énergie, si chère à obtenir au mouillage, nous permettant ainsi d’abreuver notre cher Capitaine au gosier toujours sec (d’eau !).

Car il va de soi que tout le monde connaît le principe de la gargoulette ?…

…Oui ?

…Et bien, moi, je ne connaissais pas !

Son heureux propriétaire va donc nous expliquer :

La gargoulette est poreuse. Une fois remplie, l’eau infiltre la poterie et s’évapore à l’extérieur. En s’évaporant, l’eau (infiltrée dans la poterie) capte la chaleur de l’eau restée à l’intérieur rafraîchissant ainsi cette dernière.

Aaaah… qu’il explique bien mon Capitaine !

Et qu’est-ce qu’il est content.

Introuvable tant au Maroc qu’en Tunisie, voici 2 ans qu’il la cherchait sa gargoulette, notre pauvre Capitaine !

 

Samedi 11 août.

Notre séjour sur La Gomera touche à sa fin.

Ayant fixé notre départ au week-end prochain - selon la météo bien sûr – nous profitons de la compagnie de nos amis.

Un concert pop-rock, offert sur la place de San Sebastian, est prétexte à une petite sortie…au calme ( ?!).
Celle-ci se terminera sur Karkaïla où les décibels offensaient encore très largement nos vieilles oreilles sensibles.

Au gré de nos promenades dans les ruelles, nous poursuivons également notre découverte de cette ville.
 

Nous profitons des portes de l’église grandes ouvertes pour entrer admirer ses nombreux autels abritant des statues vêtues de grands manteaux de velours comme dans toutes les églises canariennes, et surtout ce magnifique travail du bois.
Les plafonds, les portes et les grilles protégeant ce somptueux lit sculpté où repose le Christ, révèlent un grand talent artisanal.

 
 

Traversant l’office du tourisme, nous entrons dans un joli petit jardin.

Au cœur de ce jardin, un puits très célèbre.

Lorsque Christoph Colomb partit chercher la route des Indes, sa dernière escale eut lieu aux Canaries.
C’est à La Gomera que, durant 20 jours, il prépara ses bateaux, entendit la messe pour la dernière fois et pu emplir ses cales de vivres.

 

Et c’est dans ce puits qu’il fit provision d’eau avant d’affronter l’océan.

Sur ce panneau l’on peut lire qu’arrivé aux Antilles, Christoph Colomb réalisa que les indiens avaient le même aspect et la même couleur que les canariens. De stature moyenne pour les gomeros, et « ni nègre, ni blanc » mais plutôt « basané ».

Ces caractéristiques sont celles des Guanches (cf. Les Canaries) et l’on peut observer que la population de La Gomera, plus que celles des autres îles canariennes, correspond tout à fait à cette description.

Je ne sais si c’est tout ce que retint Christoph Colomb de son séjour à La Gomera.

En ce qui nous concerne, nous en retiendrons, outre la beauté de l’île et la quiétude que nous y avons trouvée – ici, nul ne se presse et cela devient vite contagieux ! - la gentillesse de sa population.

Le temps des départs.

Grâce à Jacques, toujours de bon conseil, Rémy résout notre problème de winch. Un démontage et nettoyage complets et ce dernier tourne comme une toupie.

Karkaïla s’apprêtant à quitter le port, rendez-vous est pris au mouillage pour un dernier point sur notre régulateur d’allure et nous serons prêts nous aussi.

Grand moment !

Il est dans le voyage de grands moments qui, s’ils semblent anodins à qui les entend, demeurent inoubliables à qui les vit.

Lors de ce dernier apéritif sur Karkaïla, nous avons vécu un de ces grands moments. Il ne peut donc que figurer sur ce site.

Alors que nous rejoignons nos pénates, Liliane et Jacques nous offrent un petit concert.
S’installant derrière leurs filières, Jacques toujours stoïque alors que Liliane s’étouffe de rire, nos deux amis entonnent pour nous, avec une énergie et une foi inébranlables, un chant pas très catholique.

Hélas, l’appareil photos se trouvait du mauvais côté.
 

Durant de longues minutes – nos 2 compères connaissant tous les couplets - nous pleurons de rire tant à les voir qu’à les entendre.
Cette fin de soirée aurait mérité photos et film, mais elle restera inscrite à jamais dans nos mémoires.

Chers et adorables Liliane et Jacques, ne changez surtout rien !

…Tirelu…Tirelou… !!!

Dimanche 19 août.

Cette semaine, la météo annonce une bonne houle et sans vent. Conditions désagréables pour notre route vers Dakhla. Mais Karkaïla nous attend au mouillage de Playa Santiago.

Nous quittons donc le port de San Sebastian, précédés de JOZ III.

Encore un départ difficile dans ce port étroit et très venté où n’en fait, une fois de plus, qu’à sa tête.

Après une petite marche arrière pour nous dégager de notre ponton, nous pensions partir en marche avant.
Ce sera en marche arrière puis demi-tour inattendu dans "un mouchoir de poche" entre les 2 pontons, au milieu de tous les voiliers.

Je pare l’arrière. Rémy se concentre sur la barre. Et c’est grâce à la force et à l’efficacité de Candice, perchée sur notre delphinière, les pieds prêts à pousser, que nous éviterons quelques accrochages d’étraves.

Le temps de faire le plein de gaz oil, nous faisons nos adieux à la terre ferme et à nos chers amis Nicole et Alain d’Arlequin qui risquent de s’ennuyer un peu.

Au sortir du port, un petit coup de venturi pour changer. Mais cette fois, les cuves pleines, nous sommes bien lestés.

Ciel…mon brushing !

A peine 1 heure plus tard, nous jetons l’ancre au
mouillage près de Playa Santago.

Le temps d’une petite collation et d’une petite sieste et…
Qui va là sous ce grand sombrero ?     
C’est notre ami Jacques, à la godille, chantonnant comme à son habitude.

Les compétences et la gentillesse de Jacques étant inépuisables, nous allons profiter une dernière fois de ses connaissances.

Petite mise au pont sur le montage et le fonctionnement de notre régulateur d’allure.

 
 
 

Si Jacques s’esclaffe ainsi (à droite), c’est qu’il vient de tester notre barre franche, réalisant quelle force il fallait déployer pour parvenir à la tourner.

Et quand je le dis, personne ne me croit… !!!
Il ne nous cache pas, alors, son scepticisme quant au fonctionnement de notre régulateur.

Lundi matin.

Une certaine agitation anime ce mouillage.

Après quelques rapides adieux, Jacques et Liliane nous quittent. A notre grand regret, nous n’avons pu les convaincre de faire escale au Sénégal.

Peu après, Michel et Marie-Noëlle prennent leur suite.

Pour Karkaïla et Joz III, cap sur le Cap Vert.

Au revoir les amis. Bon voyage et à un de ces jours…

A peine ont-ils tourné les talons qu’un autre voilier nous aborde.
  Mais c'est Arlequin !
Heueueu…pour l’apéro c’est trop tard !!!

Joz III revient alors. Les 2 voiliers nous tournent autour histoire de papoter une dernière fois.

 

Quant à Arlequin, ils nous apportent le pain frais et viennent passer cette dernière journée avec nous.

Salut nos doryphores préférés. On ne vous oubliera pas !!!

Mardi 21 août.
C’est au tour de de lever l’ancre.


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