Toujours  à  Porto Santo!
Le port se vide toujours.
Après Xiloa, c'est Blue Spirit et leurs 2 adorables bambins (14 mois et 4 ans, quel courage!) qui nous quitte.
Voici Nils, l'aîné.

N'est-ce pas une merveille cet enfant?
Benoit et Carolien, les heureux parents :
Peut-être les reverrons-nous à Funchal ou dans un autre port de Madère, ou encore aux Canaries puisque d'ici, TOUS vont aux Canaries!

Pour nous, pas question de départ.

Tout d'abord nous devons nous "occuper" de notre problème de PILOTE!

     Ne pouvant plus rien pour le boîtier de commande, Rémy fait une plongée en apnée dans la cabine arrière pour ausculter l'unité centrale du pilote.
    Il veut tester la centrale. Si tout fonctionne à ce niveau, il brancherait une télécommande qui remplacerait le boîtier flambé.

     Quelques heures et quelques litres de transpiration plus tard, conclusions de l'électronicien du bord :
Impossible de brancher une télécommande - Un problème sur la centrale fait que ce système ne fonctionnerait que dans un sens.

Vous nous voyez faire notre tour du monde en n'allant toujours que sur tribord?

Quoique!   Un nouveau défi, pourquoi pas?!

     Rémy doit également installer notre belle éolienne ainsi que son régulateur, resserrer les drosses de la barre qui se détendent, faire une autre plongée dans le moteur afin d'effectuer la vidange, mais aussi tenter d'arrêter une fuite d'huile.
Cette liste n'étant pas exhaustive puisque je ne cite là que les travaux "essentiels"!

Il doit aussi réparer les vélos qui, descendus du pont, s'avèrent inutilisables. Tout est grippé et les chambres à air sont H.S.!

Or ici, les vélos, ça peut servir.
     La ville est à 25 minutes de marche. A vide, ce n'est rien, mais les sacs pleins sous une température de 30°C, c'est une autre affaire!
Et si nous rejoignons Kundalini à Quinta do Lorde, la première boulangerie sera à 4 km!

     Quant à moi, entre un "Chérie, tu peux me passer la clé de 12…" et un "Chérie, tu peux me tenir cette pince...", je me lance dans la couture afin de confectionner au plus vite un rideau pour nos "nouveaux" WC. Ceux-ci se trouvant dans la coursive (couloir), sans porte!
Il me faut aussi vider tous les fonds, inondés d'eau de mer durant notre fameuse traversée. Une chance que l'huile se soit cantonnée au coffre moteur!

Coincés sur le voilier par cette masse de boulot, alors que le temps magnifique et cette île n'incitent qu'à la paresse et aux ballades, le moral est en baisse.

Finalement, le rythme "boulot-dodo", c'était bien plus cool!

Trêve… ou grève!

Aujourd'hui, c'est dimanche alors STOP!
D'un accord tacite, nous décidons de ne toucher ni clé, ni câble, ni pince, ni serpillère.

Y-en a marre de bosser! Ce sera jour férié pour la trousse à outil!

Un petit tour en ville, histoire de mettre la nouvelle page du site en ligne, nous fera le plus grand bien.

Heueueu! Chéri… les vélos?!

C'est ainsi que la trousse à outil se vit, malgré tout, sortie de l'atelier!

Pilote... suite
     Rémy se creusant toujours les méninges afin de trouver une solution pour remplacer "feu notre pilote" (4 jours de traversée pour Agadir, puis les Canaries, ça va en faire des heures à barrer!) a pris une décision :
     A défaut d'un pilote "in board", nous aurons un pilote de cockpit. Système moins performant, surtout par gros temps, installé directement sur la barre à roue, mais bien moins coûteux.
Nous profitons donc du WIFI pour rechercher le fournisseur le moins cher (U.S. oblige) et attendrons sa livraison à Porto Santo.
Découverte d'un talent à Porto Santo!
Le lundi 25 est un grand jour.
L'artiste se met à l'œuvre!

Je repousse! Je repousse! Mais il faudra bien s'y mettre un jour. Ce sera donc aujourd'hui!

Je sors les crayons de couleur de Candice et prépare un croquis sur papier: La mer, le ciel, le soleil et un voilier, ça s'impose.
Mais comment on dessine un voilier?

Me voyant transpirer, Rémy me suggère de faire un dessin stylisé.

     T'as qu'à l'faire toi, le dessin stylisé!

Le croquis est terminé. Je dois me lancer. Pour le voilier, on verra bien.

       J'vais pas y passer 4 jours!

Inventaire de la peinture disponible à bord (antifouling, peinture de la coque et autres restes de nos travaux):
       Alors… on a un peu de bleu, 1 litre de jaune, un fond de blanc… bien sec, un peu de vert, une drôle de pâte rougeasse marronasse, idem pour l'orange et un vernis noir… Bof, pas terrible le vernis noir mais il faudra faire avec!
Quant aux pinceaux, le plus fin fait 1 cm de large, alors pour l'écriture faudra pas être trop exigeant!

Me voilà partie avec mon matériel.

Je salue mes voisins terminant leur chef d'œuvre, des dizaines de beaux tubes d'acrylique et de beaux pinceaux à leurs pieds.

Heueu! Finalement, j'me d'mande si j'vais y aller?!
… Comment, pardon?
Si je vais peindre moi aussi?…Vouououiii!
Ah, vous êtes peintres. C'est vraiment superbe!

Pensant en mon for intérieur… très intérieur,... et tentant de reprendre courage mes 15 énormes pots à la main :

        C'est beau mais c'est vraiment pas juste!
Quelques heures plus tard, Rémy vient m'encourager, ou peut-être a-t-il simplement faim?!
Ça va mon chou? J'arrive, j'ai bientôt fini!

Un couple d'anglais s'arrête, regarde mon chef d'œuvre et me dit gentiment :

"C'est là que nous allons!"

"… A ces mots le corbeau ne se sent plus de joie!" (ou quelque chose comme ça?!)

Finalement, le plus dur aura été le petit croquis sur papier!   Quant au résultat :

Ouais! On dirait un cadeau de fête des mères d'un gamin de maternelle. Mais bon...
...L'important c'est-y-pas l'effort?

Bein! C'est pas tout ça, mais maintenant, il faut écrire… Avec mes brosses à cirer les parquets, ça va être chaud!
Ah, la famille Charo. Qu'est-ce qu'elle me fait pas faire, alors!

Tout compte fait, c'est pas si mal !? J'vais p't'être m'installer finalement!

Alors! T'es content Matias? Tu l'as, notre dessin juste à côté du vôtre!!!
Ceci dit, j'ai bien failli ajouter Monica sur votre drapeau chilien.
Elle vous a quand même supportés, vous et la mer, pendant plusieurs mois!
Vous auriez pu y penser tout d'même!
Une chance pour vous que Rémy n'ait pas voulu.

Quoique... Mmmm... ça m'titille au bout des doigts chaque fois qu'je passe devant.
Mais...... Nous n'sommes pas encore partis!!!

Les jours passent et nous sommes toujours à Porto Santo!

Au fait. Rassure-toi Monica.

Je n'y toucherai pas à ce joli drapeau chilien. Nul besoin puisqu'en lui seul il chante ta présence.

On vous embrasse très, très fort. Vous nous manquez beaucoup trop!

Et le boulot alors!

N'allez pas croire qu'on s'amuse. Malgré ces divertissements, le travail avance.

De toute manière, il n'y a plus un français au port. Il ne reste d'ailleurs que très peu de bateaux. Une famille norvégienne, bien aimable, vient d'arriver, avec laquelle nous échangeons quelques politesses en anglais. Beaucoup de Danois. Les autres sont portugais.

Et pour les discussions, le portugais... ce n'est pas facile.

Je ne sais pas qui a dit que cette langue ressemblait beaucoup à l'espagnol (hein, maman?!), mais alors...à part «quiero» et «nada», je n'ai encore pas reconnu un seul mot.
Ses consonances feraient plutôt penser au russe!

«En écoutant bien, on comprend un peu» dit Candice

Et bien, moi, je n'y comprends RIEN!

Impossible de perdre son temps à papoter sur les pontons!!!

Le travail avance donc à grand pas!

Après avoir installé le régulateur de l'éolienne, Rémy a trouvé sur le ponton un établi idéal pour scier et meuler.


Pour s'enfiler dans le coffre moteur, sa taille est un handicap. Mais là...!

Les pâles sont montées, du moins en bonne voie.

Mais non, il ne joue pas au mécano!

Le mât de l'éolienne est bientôt fixé...

... C'est bon, ça tient et c'est du solide. Pas question de la voir de nouveau attirée par les profondeurs!
(c
f. page Carloforte2)

C'est bon j'ai dit. Tu peux descendre!

Côté second, ça bosse aussi.

Puisque le pont est transformé en chantier, j'en profite.

Nettoyage des coulures de rouille en lieu et place des vélos et vernissage des fargues. Les peintures datant de Mathusalem, j'ai du pain sur la planche.

AH! On a repeint le bateau il y a 6 mois?

Non, vous devez vous tromper!

C'est parti pour la gym.

Question musculation, cela va me faire le plus grand bien. Parce que sur un bateau, ce qui travaille le plus, ce serait plutôt les bras, voyez-vous!

Puis je m'attaque à la cuisine qui de blanche est passée au crème caca d'oie, tandis que mon cher et tendre réalise enfin son rêve :

     Fixer les panneaux solaires sur un support orientable.

Enfin, lorsque je dis SON rêve.

Disons plutôt qu'il rêve, chaque fois que nous sommes au mouillage (autant dire très souvent) de ne plus entendre notre charmante adolescente râler chaque soir lorsque, demandant si elle peut regarder un film ou faire un jeu sur l'ordinateur, le contrôleur de batterie lui jette un «Non» systématique.


Avec cette belle éolienne et ces 2 panneaux solaires (merci encore Philippe!) orientables, nous devrions avoir la paix!

Entre temps, quelques allers retours vite faits en ville, histoire de se dégourdir les jambes, pour les courses (on mange, tout d'même!) et consulter notre boite aux lettres virtuelle.

Et ça, c'est Rémy qui s'y colle. C'est de sa faute, il lui manque toujours un boulon!!!

...Les jours passent et se ressemblent.

Chaque soir, l'instant où l'on se glisse sous les draps est un vrai bonheur.

Et le bonheur est d'une simplicité effarante!!!

Nous sommes le 29 septembre... déjà!

Aujourd'hui, nous attendons le retour de Candice. Le ferry de Funchal n'arrive que vers 22 heures. Nous avons donc l'après midi devant nous.

Et quel après midi!

Désireux de nous détendre, nous enfourchons nos vélos rouillés, espérant qu'ils ne s'effondrent pas en cours de route, et partons retrouver la civilisation.

Nous allons à la poste voir ce qu'il en est du paquet «rapide» attendu depuis 15 jours (les fameux cours du CNED), puis nous installons dans la zone Wifi afin de consulter nos nouveaux messages, tout heureux comme chaque fois, d'avoir des nouvelles de nos amis.

Bon! Les nouvelles sont bonnes :

  • Aucune nouvelle de notre Colissimo, ni à Porto Santo, ni au centre de tri de Lisbonne,
  • Un petit malin se sert de notre carte bancaire pour «jouer» sur internet des sommes faramineuses,
  • Notre nouveau pilote est «retenu» par les douanes à Porto,

Et comme ceci ne suffit pas,

  • Les impôts nous cherchent des noises.


Et bien, ça, c'est ce qu'on peut appeler une journée détente!

Je vous passe les détails de cet après midi extraordinaire, des multiples coups de téléphone donnés et de mon état nerveux.

Finie la cure de désintoxication tabagique! A moi les nuits blanches!

Allez, je vais quand même vous raconter une petite anecdote, histoire de ne pas trop vous apitoyer:

Anecdote : Rémy et moi nous relayons à la cabine téléphonique. Moi sur des charbons ardents, lui toujours «zen».

Seul problème, oh, vraiment tout petit comparé au reste : Les cabines sont plafonnées à «vue de nez» (l'expression semble adéquate) à 1m78 et le fil du combiné trop court pour le soustraire complètement de son enclos.

C'est donc bancale ou ratatiné sur lui-même qu'il passera quelques heures dans cet endroit si confortable?!

Seules petites éclaircies de cette sombre journée:

     Malgré des raisons que nous aurions aimé éviter, j'ai pu entendre la voix de mes parents ainsi que celles de mes amis Karlos et Ixabel (Ixabel, ton rire m'a réchauffé le coeur. Merci)

      Nous apprenons que nos amis Romain et Pascale seront à Agadir en même temps que nous.

     Et notre fille adorée est de nouveau parmi nous. Le récit enthousiaste de sa semaine avec son amie nous distrait et nous sommes ravis pour elle.

Nous allons pouvoir reprendre notre rôle de précepteur. Ça nous changera les idées!

. . .

Nous sommes à Porto Santo depuis 2 semaines et demi !

Rémy s'est enfin «plongé» dans la vidange moteur, repoussée à son extrême limite et l'on comprend pourquoi:

     Les cours de Candice ne sont toujours pas arrivés à Lisbonne.

     Après maints appels et mails (et notre Monsieur Zen qui perd patience), le pilote est toujours à Porto. Peut-être l'aurons-nous à Funchal mais rien n'est moins sûr (merci UPS qui justifie ainsi le montant exorbitant des frais de port express?!).

     Et aucun signe de notre nouvelle carte bancaire qui devait nous parvenir sous 2 jours.

Nous sommes mercredi et demain tout sera fermé car nous serons le 5 octobre :

Fête de la république!

Candice souhaitant que nous «décompressions», nous allons enfin visiter cette île.

Visite de Porto Santo

Comme nous sommes peut-être fainéants, mais surtout fatigués, nous prenons le bus touristique faisant le tour de l'île en 2 heures. Je rappelle que Porto mesure 11 km sur 6km, ça devrait donc aller!

«En voiture M'sieurs - Dames !»

Non, nous ne sommes pas sous les Bob!
Nous sommes avec les jeunes, au fond... c'est à dire seuls!

Immédiatement, un constat s'impose. Après les murs de 2 mètres de haut de quelques résidences secondaires, la côte est prise d'assaut par les chaines hôtelières de luxe.

Venez vite! Dans quelques années, vous ne verrez plus la côte depuis la route!

Nous commençons par l'Ilhéu de Baixo.

Nous pouvons constater que les cartes ont raison. Il vaut mieux ne pas passer entre l'île et ce rocher!

Nous sommes à l'extrémité sud-ouest de l'île. La route ne va pas plus loin. Il nous faut faire demi-tour, direction le centre de l'île, vers Pico do Castelo.

Où que nous soyons, nous pouvons admirer ce pic (437 m, le plus haut étant Pico do Facho 517 m) se dressant en Seigneur sur Porto Santo.

Oh! Les voilà mes vaches!!!

La vue sur la mer est également omniprésente et en bon guide touristique qui se respecte, notre chauffeur (renfrogné et totalement muet?!) nous entraîne admirer... quel point de vue? ...La mer bien sûr.

Mais comment pourrait-on se lasser d'un tel spectacle.

Nous sommes à Fonte da Areia et le petit rocher au loin se nomme tout simplement Ilhéu da Fonte da Areia.

Nous montons ensuite des rues étroites, au coeur de la vie de Porto Santo, distrayant des maçons qui nous saluent à grands cris.

Ces artisans ont pourtant de quoi faire.

Même dans la campagne, les constructions sont récentes, d'autres sont en cours et les routes flambant neuves, prêtes à les accueillir. Si n'étaient quelques rares maisons anciennes, nous pourrions nous demander si cette île était habitée avant l'invasion touristique.

Il y a un aéroport assurant la liaison avec Madère (en plus du Ferry) et de beaux bâtiments publics. Tout ceci aux frais du contribuable européen alors que cette île n'est pas ce que nous pourrions qualifier une «région défavorisée»?! Bref.

Nous arrivons au pied du Pico do Castelo. Le Pic en lui même est plus beau vu d'en bas. Par contre nous avons ici une très belle vue sur la côte sud.

Au fond, l'île de Madeira

Allez, une petite photo souvenir avant de repartir.

Et nous redescendons...

Un autre petit arrêt pour admirer le port, vu d'en haut.

Oh! Mais c'est nous là!!!

Puis nous remontons...

Forcément, nous sommes sur une île volcanique donc des montées et des descentes, il n'y a que cela.

Cette fois nous allons voir les moulins de l'île. Il n'y en a que 3, les voici :

Et la visite se termine par... devinez...

LE PORT... mais cette fois vu d'en bas...Ouah!!!

Si nous n'avions emmené les vélos, nous aurions pu descendre ici. Dommage!

Bon, il faut dire qu'à part la côte, superbe, il n'y a pas grand chose à voir sur cette île, très mignone au demeurant. Il faut bien occuper les 2 heures.

Profitant de notre présence en ville, nous irons même voir la maison présumée de Cristovão Colombo (vous savez, celle dont parle le guide, «nichée derrière l'église»).
Et bien, ça ne vaut même pas la photo. La maison est tellement bien restaurée qu'elle est neuve et il est 17h30, heure de fermeture hors saison. Alors que nous lisons la pancarte, on nous ferme la porte au nez.

Tant pis pour Christophe Colomb.

Vendredi 6 octobre.

Nous quittons ce port où l'enchantement des premiers jours ne laissera place, hélas, qu'à de mauvais souvenirs.

Et, le jour du départ, afin que nous n'ayons aucun regret, la marina refuse de nous accorder la remise de 10% octroyée au delà de 8 jours (il fallait payer d'avance... sans carte visa, génial!) et le chantier nous facture le double du prix convenu pour les soudures sur notre portique.

«Obrigada» Santo Porto!

. . .

Nous sommes à 30 milles du port de Quinta do Lorde.

Dans 6 heures, nous retrouverons nos amis de Kundalini, et dans quelques jours nous parviendrons peut-être à visiter l'île de Madeira.


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