Avant de commencer cette visite, voici tout d'abord quelques informations d'ordre général glanées çà et là dans les guides:

Politique : Madère est une région autonome rattachée au Portugal. Depuis 1978, le même président étant élu à 70% des voix, ses détracteurs l'apparente à une dictature toute démocratie gardée.

Depuis quelques années, les problèmes de pauvreté ont laissé place à des «problèmes de pays riche» (pollution, déstructuration du paysage, grand réseau routier ne s'intégrant pas forcément dans le paysage...).

Météo : De latitude subtropicale, Madère jouit d'un climat tempéré de type océanique. Mais l'archipel bénéficie aussi de l'influence des Alizés (vents réguliers du nord et du nord-est) chargés d'humidité. Le contraste est donc bien marqué entre les deux côtes (3 à 4 degrés d'écart).

En fonction de l'altitude, on observe 3 zones climatiques sur l'île : Un climat subtropical en dessous de 300 m, méditerranéen entre 300 et 750 m et au delà, une zone tempérée à tendance froide.

Il fait donc presque toujours beau sur la côte sud mais la côte nord est souvent dans les nuages et les pluies sont fréquentes. L'intérieur est, lui, souvent plongé dans le brouillard.

Principales ressources :

     L'agriculture occupe une faible part de la production de l'île. La banane a pris le relai de la canne à sucre autrefois plantée massivement, mais connait un ralentissement suite à la baisse des cours.

     L'île produit également des fruits et notamment des fruits tropicaux (mangues, goyaves, fruits de la passion) mais peu de viande. Nous croiserons bien quelques vaches sur les plateaux, mais un «campones» n'en possède souvent qu'une, rarement deux.

     Cette agriculture produit beaucoup de légumes (chou, carotte, pomme de terre, salade, igname, patate douce,...) d'un rendement maximum grâce à l'utilisation des engrais modernes, et leur taille est parfois démesurée.

Il faut savoir que la campagne nourrit plus du tiers des madériens entassés dans la capitale (Funchal).

     La pêche restée tout à fait traditionnelle, apporte sa petite part.

     L'industrie est peu développée.

Ce sont en fait les cultures tropicales et la vigne qui dominent l'économie locale.

     Tourisme : L'avenir de Madère est intimement lié au tourisme dont la part dans l'économie locale est très importante.

Le tourisme de cure du 18ème siècle a fait place à un tourisme de grand luxe. Durant notre visite, nous pourrons en effet constater la présence de nombreux et très luxueux hôtels dénués de tout caractère et d'authenticité. Il y a également un Aquaparc et un immense parc d'attractions.

Comme à Porto Santo, nous pourrons constater la présence de nombreux édifices publics et d'hôpitaux ultra modernes, ainsi que quantités de terrains de football qui feraient pâlir nos jeunes de certaines banlieues et d'ailleurs, dans la moindre petite ville de Madère.

Tout ceci est «payé» par l'Union européenne.
Mais lorsque l'on apprend que 11% du budget national du Portugal relève des fonds européens, on comprend mieux (?!)

     Quant à la flore, grande richesse de cette «île aux fleurs», elle est en effet très importante et se développe sans soin, à l'état sauvage.

Mais je vous laisse juger de sa magnificence, malgré une visite bien brève, en une saison qui n'est pas la plus favorable pour visiter Madère.


Nous commençons par la route de Maroços,

en direction de Porto da Cruz, au nord-est de Madère.

La première impression est sensationnelle. Du vert,... du vert,... et du vert.

Quelle bouffée d'oxygène!

Et les odeurs... Ah, si vous pouviez sentir ces odeurs.

Il a plu toute la nuit et, alors que nous appréhendions un temps maussade pour cette journée de visite, c'est par une journée magnifique que nous pouvons nous emplir les narines d'odeurs fortes d'humus se dégageant, grâce à cette pluie, de cette végétation tropicale.

Des centaines d'hortensias forment une haie d'honneur le long des routes, hélas fanés pour la plupart.

Toutes ces plantes grasses, ces eucalyptus, toutes ces espèces d'arbres, de plantes...

Feuilles d'igname

Dragonnier
Aloès cou de cygne

Et ces fougères...

 

     Madère est réputée pour en receler un très grand nombre d'espèces inconnues dans toute l'Europe, visibles notamment aux Antilles.
Or justement, ces odeurs transportent ma mémoire aux Antilles, montant par exemple la côte de St Claude en Guadeloupe, pour ceux qui auraient la chance de connaître.

     Nous sortons de ce paradis terrestre, traversons un petit village et nous attardons pour écouter les chants portugais que des femmes rythment de leurs mains, en attendant le bus, ou observer discrètement ces deux autochtones en grande discussion.

Sur la route de Faial à Santana, des vignes envahissent jardins et coteaux, quelques plantations de canne à sucre, des bananiers.

Et des fleurs... tant de fleurs... alors même que la saison arrive à son terme (la meilleure saison étant avril-mai pour assister à la célèbre et probablement superbe fête des fleurs).

Des hortensias, des fuchsias, des hibiscus, des bougainvilliers, des oiseaux de Paradis , des sortes d'aloès et tant d'autres dont nous ignorons les noms.

 

Oiseau de paradis (Strelitzia Reginae)
... mes préférées.

Ces 2 espèces poussent à l'état sauvage, le long des routes.

Petit pique-nique en compagnie de lézards effrontés, prêts à vous grimper dessus pour obtenir quelques miettes de votre déjeuner.

Santana est «La ville» des chaumières triangulaires, véritables maisons de Blanche Neige, certaines restaurées avec goût trônant en première page des dépliants touristiques.

D'autres sont plus rustiques mais plus typiques et toujours habitées.

Après Ilha, nous atteignons le plateau d'Archada do Marques. Petit détour conseillé par les guides afin de voir ces fameuses «cahutes pointant leurs toits dorés vers le soleil».

A São Jorge, nous découvrons ce que sont les «poios», ces terrasses cultivables gagnées par l'homme sur des versants entiers.

A peine avons-nous quitté São Jorge pour descendre sur Ponta Delgada, que nous sommes encore les témoins honteux de la bêtise humaine avec cet hôtel incongru construit sur la falaise.

Des «pots de yaourts les uns sur les autres» fait observer Rémy.

Ce complexe hôtelier est l'un des nombreux hôtels de luxe de l'île. Nous en verrons dans chaque coin perdu de l'île et si vous souhaitez séjourner à Madère, faites des économies car nous n'avons vu qu'un hôtel 3 étoiles. Les 4 et 5 étoiles étant beaucoup plus fréquents. Sinon, vous avez les Palaces!!!

Sur la route de Ponta Degalda :

Puis nous traversons l'île
du nord au sud,
de São Vicente vers Ribeira Brava.

Nous sommes à 1000 m d'altitude, la montagne est noyée sous les nuages.

Eglise de Ribeira Brava

Après Ribeira Brava, les «poios» sont de plus en plus nombreux, ainsi que les immenses bananeraies entourant les maisons et les fameux «levadas», canaux d'irrigation à flanc de montagne.

   "Levada"

Madère est l'endroit idéal pour les randonneurs. Ceux-ci peuvent traverser l'île par de nombreux sentiers, aller d'un pic à l'autre par les chemins des crêtes, de difficulté plus ou moins grande. Celle-ci est signalée dans des guides à cet effet, comme les pistes de ski (bleu, rouge, noir). Et ces chemins sont nombreux.

Mais pour les moins endurcis, suivre ces «levadas» est en fait le seul moyen de découvrir réellement cette île.

Nous n'en aurons pas le temps et le regrettons. Ce parcours au coeur de la nature doit être bien agréable.

Il nous faut une deuxième journée pour sillonner le
centre ouest de Madère.

Par la voie rapide, c'est à dire une quantité invraisemblable de tunnels (comme dit Aline, Madère est un vrai gruyère!), nous nous dirigeons vers le Pic de Arieiro (1810 à 1818m selon les sources), le point culminant de l'île étant le Pic Ruivo (1862m).

Nous traversons rapidement Monte - passage obligé pour les touristes en bus, taxi ou téléphérique pour son église et sa vue semble-t-il mais aussi pour ses «Carros de Cestos»


(photo d'un guide)

Sur ces traineaux en osier, sans roue, de «solides gaillards vous poussent le long de la pente abrupte (dixit les guides)».

Nous pénétrons alors de nouveau dans ces routes de montagne, retrouvant les odeurs si agréables de cette végétation exubérante.

Le lierre recouvre, tel un tapis épais, les falaises et les troncs des arbres, des pins pour la plupart mais aussi bien d'autres espèces tels que chênes, eucalyptus,...

Le début de cette journée reflète bien, par ces deux photos, les centres d'intérêt de chacun.

Rémy toujours à la recherche d'une vue, même lointaine, sur la mer.

Moi ayant décidé de ne pas voir la mer de la journée.

Le bleu, ça suffit!

La campagne me manque tellement, et les paysages verdoyants de cette île sont tellement grandioses, j'ai décidé d'en prendre plein les yeux!

Vers Pico Arieiro :

Aucune route ne permettant de traverser (pour l'instant mais vu les travaux engagés sur toute l'île, ça ne saurait tarder, hélas!), nous redescendons sur Funchal (capitale de Madère), pour rallier le centre ouest à travers des couleurs automnales.

Mais il est l'heure de déjeuner.

Et ce déjeuner revêt un air de fête car nous sommes aujourd'hui le 11 octobre.

Et que se passe-t-il le 11 octobre?

Et oui! C'est l'anniversaire de notre Capitaine!!!

Bon, nous n'avons ni les bougies (quoiqu'il s'en fiche), ni le foie gras, ni le vin.
Il ne faut point exagérer. Le gâteau, le grand air et ses 2 femmes préférées (?!), c'est déjà pas mal - Non?!!!

Bon, nous n'avons pas la semaine devant nous!
En route pour
le plateau Paùl da Serra.

A partir d'Encumeada, la route offre une vue à la fois sur la côte est et sur la côte ouest.
Soit la mer des 2 côtés faisant la joie de notre chauffeur qui se tord le cou pour admirer ce qu'il a sous les yeux à longueur de journée, mais se gardant bien de me dire : Regarde!

Ce plateau perché, entre 1400 et 1600 mètres, est un des rares terrains plats de l'île.

«Paùl» signifie non pas le prénom Paul mais «marécage» en portugais. Après les pluies hivernales, des dépressions se transforment en petits lacs, d'où naissent des fleuves de montagne qui descendent dans la vallée. Les levadas conduisent alors cette eau vers les terres cultivables.

Dans ce paysage désolé et grandiose s'élèvent les éoliennes. Ces étendues recouvertes de mousse et de fougères servent de pâturage aux moutons et aux vaches... prioritaires sur la route!

Après quelques kilomètres, il ne faut pas manquer la vue sur la vallée.

La route redescend sur Porto Moniz.
Nous sommes presque à l'extrême nord ouest.

Cette ville moderne n'offre rien de particulier si ce n'est une des piscines naturelles de l'île.

Celle-ci est laissée en l'état naturel. Lorsque la marée baisse, l'eau restée prisonnière de ces rochers, offre une véritable piscine d'eau de mer.

Une autre est hélas bétonnée, pour le plaisir des baigneurs attendant la prochaine vague qui les projettera à l'intérieur.

Nous accordons quelques minutes à Rémy pour admirer la mer
(on ne sait jamais, ça pourrait lui manquer!!!)
et nous rentrons.

Sur la route de Quinta do Lorde, nous analysons notre ressenti quant à cette île il est vrai magnifique.

Nous faisons tous les 3 le regrettable constat que nous n'aimerions pas y vivre, ne serait-ce que quelques mois. Pour nous, celle île n'a pas d'âme.

Même moi qui ai adoré ces routes de montagne, traversant les forêts et dont je garderai le souvenir des odeurs qui m'ont envahie dès les premières heures.

     Sont-ce ces constructions à outrance défigurant cette nature si riche afin d'attirer le touriste avide de confort, oubliant le tourisme rural et loin de privilégier le contact avec la nature? (sachez que si vous souhaitez visiter Madère, la seule solution est le taxi ou la voiture. Aucun bus ne vous y emmènera!)

     Est-ce parce que nous n'avons pas eu le temps de créer quelques contacts avec ses habitants, gentils mais réservés?

     Ou cette population est-elle justement «réservée» parce que trop envahie par les visiteurs et surtout trop déconcertée par ce que l'on «fait» de leur île?

*

Note : Nous ne pourrons, faute de temps - toujours ce temps! - nous rendre au jardin botanique et jardin des perroquets, à Funchal.

Passer une journée parmi ces multitudes d'espèces florales nous aurait pourtant ravis...

Toutefois, si cela vous intéresse, je vous conseille vivement de rendre visite au site de Kundalini, (kundaliniboat.com - page Madère - Funchal (jardin botanique).

Ce jardin des fleurs vaut vraiment le détour.

D'autre part, Aline et Philippe vont demeurer quelques mois sur cette île. Anciens sportifs et adorant la marche, l'on comprend pourquoi. Vous pourrez donc les suivre sur ces nombreux chemins de randonnée et poursuivre ainsi la découverte de cette l'île et des trésors que recèle sa nature.

Vous pourrez même peut-être assister à la célèbre fête des fleurs... s'ils tiennent jusque là... et si nous ne leur manquons pas trop!!!


(Accueil du site)
Retour à Quinta do Lorde