Kelibia encore et toujours !

(mars 2006)


Puisque je n'ai rien d'autre à faire, je vais presque chaque jour chez mes amis où, non contente de me "goinfrer", j'apprends une quantité de choses intéressantes sur leur manière de vivre.

Nous vivons également à Kelibia depuis maintenant plus de 3 semaines.

Nous allons donc tenter de vous en faire profiter :

NB: Peut-être y aura-t-il des erreurs. Ne parlant pas la même langue il est parfois difficile de se comprendre. Je vous prie donc d'avance de m'en excuser et vous encourage à me faire part de vos corrections éventuelles via notre adresse mail.

 

Le travail

Le travail en Tunisie se paie et même se trouve à la journée.

A part dans quelques rares grandes sociétés, il n'y a ni contrat, ni vacances.
                               "Tu travailles, tu es payé, tu ne travailles pas tu ne gagnes rien!".


Le salaire d'un ouvrier varie entre 8 et 15 dinars par jour (240 à 450 euros mensuels s'il travaille 30 jours!).
Par exemple, un policier bénéficie de plusieurs jours de repos et gagne 400 dinars par mois. Hisham, pour peindre un chalutier, est payé 15 dinars par jour de travail (dire que le propriétaire lui-même avait reconnu qu'il valait 10 hommes?!).

Ces femmes avec lesquelles je passe beaucoup de temps, parlent de la France ou de l'Italie comme d'un paradis, rêvant d'y voir partir leurs maris afin qu'ils y gagnent "beaucoup d'argent".

Même si le coût de la vie est bien plus faible en Tunisie, nos conditions de travail sont en effet sans égales avec celles de leur pays.

Mais je me dois de leur faire savoir que chez nous, en ville, des gens vivent dans la rue, seuls, y mourant trop souvent de faim et de froid.
Leurs bouches s'arrondissent alors,… leurs yeux s'écarquillent… et la réaction que j'attendais arrive : "Et la famille?"…!!!

Les prix

A mon sens, dire que le coût de la vie est faible ne signifie pas grand-chose.
Afin que vous puissiez vous rendre compte du pouvoir d'achat des tunisiens avec de tels salaires, voici les prix (convertis en euro) de quelques produits de consommation courante :

1 litre de lait: 0,46 euros - 200 g de beurre: 0,61 euros - 1kg de sucre: 0,38 - 500 g de pâtes: 0,24 euros les spaghettis, 0,40 euros les Farfalles - 4 rouleaux papier WC: 0,78 euros (un peu cher mais ils n'en utilisent pas, alors!!!) - 250 g de café 100% ARABICA: 1,63 euros - yaourts brassés (classiques) aux fruits: de 0,19 à 0,22 euros l'unité, 1 litre d'huile de tournesol: 2,78 euros - 6 œufs: 0,35 euros …

Autres :
Nous avons payé l'antifouling pour le bateau : 27,52 euros le pot de 4 kg alors que 2,5 kg, en France, valent 100 euros (la qualité semble à peu près égale, mais nous verrons à l'usage. Le résultat de la peinture de la coque nous rendant prudents!).
L'Acide Phosphorique (désoxydant), très efficace celui-ci c'est certain, coûte 1,92 euros à Kelibia, 14 euros en France !!!

Au centre commercial Carrefour de La Marsa, nous avons pu constater que les prix des appareils Hifi, vidéo, photo … sont à peu près équivalents, parfois légèrement moins élevés qu'en France.
Et, aux dires des tunisiens, les pièces mécaniques (turbines, joints, …) sont très chères.

Les accès Internet : Alors qu'une heure d'Internet en Espagne coûtait moins de 2 euros puis en Italie 6 euros, à Kelibia les tarifs varient de 1,5 dinars à 750 millimes (0,96 à 0,48 euros).
Par contre alors que 5 euros nous permettait en Italie ½ heure de communication téléphonique avec la France, ici c'est le double.

On ne peut gagner sur tous les plans!!!

Anecdote (pas drôle!) à propos d'Internet :
Pour ceux qui voyageraient, il vaut mieux le savoir!

Nous avons un site à accès sécurisé nous permettant de télécharger les courriers scannés par notre nouvel intermédiaire concernant le CNED… Impossible d'y avoir accès.
Nous apprenons par ce dernier que nous ne sommes pas les seuls en Tunisie!

Rémy souhaitait passer commande d'un livre qui recense toutes les fréquences (officielles et non officielles) utilisées en radio marine. Après essai sur 2 sites différents : accès impossible!

Ce n'est pour nous que la confirmation qu'il y a bien un "filtrage" de certains sites!
... Après ce constat sur les prix, nous comprenons que ces femmes dont les maris travaillent en Italie (beaucoup dans la pêche) sont riches tant qu'elles demeurent en Tunisie.

Mais comment expliquer à ces familles rêvant de vivre en France que leur pouvoir d'achat serait alors bien moindre ?

Le mariage

A ce stade du récit concernant les moeurs tunisiennes, je vous rapportais ce que j'avais appris du rituel du mariage.
Depuis, ayant une petite surprise pour vous, je me suis ravisée. Vous comprendrez un peu plus loin ....
La circoncision

Les garçons sont circoncis à l'âge de 5 ans. "C'est Allah qui le veut!".

Elle est pratiquée avec une paire de ciseau par un médecin après une anesthésie locale et des photographies témoignent de l'évènement (?!).
C'est l'occasion d'une grande fête dont l'enfant assis sur un petit trône et coiffé d'un chapeau rouge, est le roi.

Raoudha me dit que si ma fille, qu'elle trouve "très zolie", voulait bien épouser son fils Braïm âgé de 18 ans (mais bien sûr!), lorsqu'ils auront un fils… (elle fait le geste des ciseaux qui coupent).

La politesse
Pour se dire bonjour, les femmes embrassent les femmes. Les hommes embrassent les hommes. Mais ces derniers ne font pas la bise à une dame.

Ils leur prennent la main, non pas en la secouant comme en Europe, mais juste en la serrant légèrement comme un signe d'amitié.

Les pères saluent ainsi leurs filles, leurs nièces ou une étrangère et les fils font de même à leur mère, grand-mère, tante ou tout autre femme.
La cuisine

Ayant appris quelques recettes tunisiennes, je constate que la plupart des plats est préparée avec la même base :

Purée de tomate, oignons vert (en tige), ail, curry et "poudre rouge" (piment).
Le pilon en cuivre est toujours très usité pour écraser, accroupies à même le sol, le poivre, la coriandre, l'ail…

Je suis surprise de constater le nombre incroyable de "poudres" que, telles des magiciennes, ces femmes sortent de leur placard sous évier.

A part la "poudre blanche"… ce n'est que de la farine(!), la plupart de ces poudres provient en fait de graines diverses et variées vendues sur les marchés qu'elles achètent en grande quantité et font réduire en poudre "là où il y a la machine".
Ne sachant nommer en français la graine concernée, après chaque recette enseignée, elles m'offriront un sachet de la poudre utilisée.

A propos de cuisine, j'ai appris à préparer le "tajine" (omelette aux pommes de terre, poulet et épices). Facile et très bon.
Dès que les travaux m'en laissent le loisir, je vous promets de vous livrer quelques recettes.

La viande

Dans les rues de Kelibia, pas ou très peu de boucherie. La viande s'achète surtout au marché couvert (ouvert tous les jours).
On y trouve, nécessairement, de l'agneau et du mouton, mais aussi du bœuf, un peu de veau et des merguez.

La volaille se vend à l'extérieur, vivante. Pour le poulet "mort", il faut aller chez le "marchand de poulet" qui ne vend que du poulet, des œufs et quelques boites de thon à l'huile de très bonne qualité.

Pour le bœuf et le veau, inutile de demander du jarret, du rumsteck ou de la noix, de l'épaule… ils ne savent pas ce que c'est. Ils ont du bœuf et du veau… point!

Les esses sont accrochées au plafond. Vous choisissez la pièce de viande que vous désirez.

Le morceau sera coupé grossièrement à la hache. Il vous en coûtera 9 dinars le kilo de bœuf, 12 dinars celui de veau, quelque soit le morceau choisi mais gras et os inclus.

Pendent également sur votre tête les panses de mouton et les pieds de vache.
Sur les vitrines réfrigérées (quasiment vides?!), les têtes de ces braves bêtes vous regardent en tirant la langue!!!

Mais cette viande pas très appétissante au premier abord est ma foi très bonne.

Le poisson


Alors que la Sicile n'en offrait que peu de variété, la Tunisie est le paradis des amateurs de poisson.

Au marché également (on peut aussi l'acheter directement au port), les étals sont envahis de toutes sortes de poisson (dorades, rougets, sars, sardines, espadons, calamars, crevettes, et tout ceux que nous ne connaissons pas!).

Les fruits et légumes

Ils sont excellents.

Oranges, citrons, tomates, carottes, fenouils, épinards, salades, oignons, persil, … tous sont goûteux, juteux, sucrés et frais.
Ni traitement, ni stockage; ils sortent directement de la terre pour passer dans votre panier pour le plus grand plaisir de votre palais.

Les épices, condiments et autres
Vous trouvez toute sorte de graines, petits légumes au vinaigre (variantes, olives préparées de diverses manières, poivrons, piments…), fruits sec, poudres diverses et variées (cumin, piment, curcuma, coriandre, "Drre" (cette poudre noire citée plus haut provient en fait d'une graine semblable au blé mais noire; utilisée pour la pâtisserie ou consommée mélangée avec du lait et du sucre), "psissa" (poudre grise pour préparer l'"Hassida"), curry, safran, …), ail, farines diverses, pois chiches, fèves, haricots secs…

Nous passerions notre vie dans ces petites échoppes régalant la vue et l'odorat et ne pouvons guère en sortir sans quelques sachets plastiques de divers produits.

Nous y faisons surtout le plein d'harissa dont nous nous délectons.

Les pâtisseries
Dans les grandes villes françaises, gourmands comme nous sommes, dès que nous trouvions une pâtisserie tunisienne, nous nous laissions tenter par les nombreux petits gâteaux aux amandes, pistaches, miel comme les "makroud", les "Zlebia", les "Graïba" ou les cornes de gazelle.

Surpris de ne trouver ici que les "makroud" vendus dans les rues ou sur les marchés, nous apprenons que tous ces gâteaux sont préparés en famille pour le Ramadan.
Le café

La poudre de café et le sucre sont versés directement dans l'eau. On chauffe le tout et on sert. Même si le marc se dépose au fond de la tasse, ce café est très bon.

Additionné d'un peu de fleur d'oranger il est encore meilleur.

Le thé

Si je ne devais retenir qu'une seule chose ce serait le thé (je ne l'ai toujours pas réussi!).

Noir le plus souvent, qu'ils nomment "thé rouge", on peut aussi le mélanger au vert, plus fort.
Il mijote durant plus d'une heure avec beaucoup de sucre.
On peut y ajouter quelques feuilles de menthe fraîche au moment de servir ou mieux encore des pignons, des cacahuettes grillées ou des morceaux de noix.

. . . Un pur délice!

Les maisons

Les maisons anciennes sont constituées de plusieurs pièces autour d'une cour carrée et carrelée sans communication entre elles.
De la cuisine, on sort dans cette cour pour aller dans le salon ou encore dans la chambre.
La plupart de ces habitations ne comporte pas de salle de bain.

Candice, photos à l'appui, proteste : "La plupart des maisons ne sont pas comme tu dis, toi tu vas chez des riches!"

Dans cette maison la même pièce tient lieu de chambre et de cuisine et le sol est en terre battue ou en ciment.
En effet, rien à voir avec les maisons de mes amies.

Les maisons que j'ai visitées sont donc très jolies…
… certaines le sont moins!
Mais les "miennes" n'ont pas de jardin!

Il est vrai que Candice est allée à la campagne... pas moi.

Les nouvelles constructions sont plus "occidentales".

Au rez-de-chaussée ou à l'étage, un seul niveau avec chambre, salle à manger, cuisine équipée d'un grand plan de travail et de placards, salle de bain avec baignoire, bidet, lavabo et WC...

... Et les WC, c'est quelque chose!
Ils sont surprenants pour nous, européennes :

Pas de papier… on se lave avec une petite douchette au jet puissant accrochée à portée de main.
Si par malheur (et c'est souvent le cas), l'évacuation prévue au sol est bouchée, les toilettes sont inondés. Il ne vous reste qu'à retrousser les pantalons!

Ne me demandez pas comment font ces femmes pour ne pas sortir trempées ?! ... Je me garderai bien de poser la question.
Rémy nous ayant fort heureusement prévenues, Candice et moi ne quittons jamais le bateau sans notre réserve de papier dans le sac à main !
Ceci dit, dans les bars, nous évitons les toilettes tant la propreté est inexistante et l'odeur nauséabonde (j'ai envie d'écrire "nauséeuse")!

Dans ces maisons neuves, les carrelages et sanitaires sont modestes mais splendides, on ressent une forte influence italienne.
L'entrée de la pièce principale est souvent une arcade avec de chaque côté une colonne au
chapiteau sculpté et doré. Les plafonds sont décorés de rosaces.

Les meubles sont rares.

Dans les chambres pas d'armoire.
Dans le salon, un meuble télévision (les antennes satellites fleurissent sur les toits), parfois un grand meuble living et toujours un ou plusieurs canapés ou petits lits. Pourtant personne ne s'assoie jamais dessus.
Des matelas, des petits coussins dans les familles plus aisées, et des couvertures sont installés au sol devant ceux-ci et ils ne servent que de dossier.
Une petite table basse permet d'y prendre les repas ou le thé.

 

Chez des amis de Candice.
Au sol, à leurs pieds : Le "Kanoun"

Pour se chauffer,
ils utilisent le "Kanoun", petit pot en terre avec 3 pieds ronds sur le dessus le tout reposant sur un socle isolant de la chaleur.
On y fait brûler un charbon qui sent très bon.


Le "Kanoun" est alors posé par terre ou sur la petite table devant les matelas et chacun peut se réchauffer les mains autour des braises en buvant le thé.
On en trouve également dans les bars. La braise y est utilisée pour le allumer le "Sissa" (narguilé).
Attention, dans une pièce fermée ce chauffage peut être très toxique.

Les moyens de locomotion
En ville et surtout sur les marchés, nombreux sont les marchands venant accompagnés de leur mule tractant une "carriole" croulant sous les légumes.

Le taxi, peu cher, est très utilisé.

Certaines n'hésitent pas à le prendre pour faire 500 mètres.

Des voitures, mais beaucoup moins qu'en Sicile.

Quelques scooters, et le vélo n'est utilisé que par les plus jeunes et uniquement pour s'amuser.

La Reine de la route est la Mobylette... La vraie... La 89.
Vous souvenez-vous?
N'en avez-vous pas possédé une dans votre jeunesse?
Moi oui !

C'est cette grosse mobylette orange, bien lourde mais rapide et increvable!!!
Les hommes

Oh que oui, ils méritent un chapitre!

Je les classerais en 3 catégories :

1) Ceux qui ne disent jamais bonjour,
2) Ceux qui vous saluent très courtoisement,
3) Les autres.

C'est bien entendu de ces derniers dont je veux vous parler.

Ils ont en moyenne entre 20 et 30 ans (des gamins quoi!) et alors qu'il ne faut surtout pas toucher à leurs femmes (au sens large), dès qu'ils voient une "touriste", ils ne se tiennent plus!

Il suffit que vous les croisiez dans la rue, attendant, très courageux, de vous avoir dépassée de quelques mètres, ils se retournent et vous lancent des "pssst", des "gazelles" (on se croirait déjà au Sénégal) ou pire vous interpellent en arabe avec un sourire qui ne réclame aucune traduction.

Pourtant nous surveillons notre tenue vestimentaire. Pas une épaule, ni même un bras découvert,... il fait encore bien trop frais pour les débardeurs!

Certains, ayant l'autorisation de venir sur le quai des bateaux de voyage (les gardes nationaux par exemple) viennent vous faire un brin de causette dès que votre mari a le dos tourné : "Alors on travaille!... vous n'allez pas boire un p'tit café?… il faut pas toujours travailler comme ça…il faut se reposer aussi…"

Et je t'en pose, moi, des questions!!!!!
Pendant ce temps, il vous regarde porter vos 2 bidons de 15 litres d'eau sans lever le petit doigt… des fois qu'il se le foulerait!!!

Au lieu de ne penser qu'à "Ça",
ne feriez-vous pas mieux de les libérer un peu…. VOS femmes!!!

Dès que nous allons au souk de Tunis, je m'achète un foulard, peut-être attirerai-je moins l'attention?!

Candice s'y est déjà mise . . .

. . . Ceci dit, même sans cela, elle passe encore pour une autochtone.

Chauffeurs de taxi ou jeunes hommes en quête d'âme soeur (?!) s'adressent à elle en arabe.
Elle n'échappe pourtant pas aux "pssst".
Cela l'excède tant qu'elle qualifie ceux dont émanent ces onomatopées "d'attardés mentaux"!

. . .
Mercredi 15 mars
, il fait grand beau temps, nous pouvons enfin reprendre les travaux sur le pont.

Habib fait une brève apparition.
Il retrouve sa chère ponceuse mais dès que le ponçage à la main devient indispensable, il a soudain un rendez-vous et disparaît pour le reste de la journée.
Le lendemain, il nous montre la raison de son "arrêt" de travail subit: une légère brûlure sur la pulpe de l'index gauche (il est droitier!).
Après quoi il ne reviendra plus. Cela dit, vu le rendement, cela ne changera pas grand-chose pour nous.
En plus lui, sa ponceuse et ses conseils, nous ne pouvions plus les supporter!

Anecdote : Si vous riez autant que nous l'avons fait… préparez vos mouchoirs!

Nous retournons chez Mohamed auquel nous avions acheté les peintures.
Rémy lui explique ce qu'il est advenu de notre peinture bleue et lui demande s'il sait :
"Pourquoi ça marche pas?"
Mohamed hausse les épaules et répond:
"Ci bon keu li té!"
,
Rémy, réalisant qu'en effet nous sommes loin d'être en été, est très étonné et réplique :
"Ah bon, il faut qu'il fasse chaud?"...

… En fait Mohamed lui avait dit:       "C'est bon qualité"!!!

Lundi 20 mars, la Tunisie fête l'indépendance.
Quant à nous, la peinture du pont est terminée, restent les finitions!
Mercredi 29 mars, nous rangeons enfin ponceuse, pinceaux et peintures.

Notre , si l'on omet sa robe un peu fripée, est beau comme une fille à marier!
Après cette dernière digression sur nos travaux, voici :
Le mariage

Sachez tout d'abord, Messieurs,
que si vous venez en Tunisie et tombez amoureux d'une jeune fille arabe, ce ne sera pas simple.

Si vous l'emmenez à l'hôtel, pensez à réserver 2 chambres afin de ne pas voir débarquer la police.
Dans la rue, gardez-vous bien de lui prendre ne serait-ce que la main tant que vous n'êtes pas mariés (après, évitez également, ce n'est pas bien vu!).
Puis la loi vous obligera à vous convertir à la religion musulmane afin de vous autoriser à épouser la jeune femme. Pensez aussi à vous faire circoncire! (cf. ci-dessus).

Pour vous Mesdames, aucun problème.

Vous ne serez pas tenue de vous convertir. Le mari transmettant les règles d'éducation à la famille, il va de soi que vous vivrez selon la loi coranique (supérieure à la Loi civile).

Vous avez lu plus haut que les femmes tunisiennes ont une grande liberté. Ceci est bien sûr tout à fait relatif. Le mari restant le chef.
Elles ne peuvent voyager à l'étranger sans l'autorisation de celui-ci. Cela semble assez les ennuyer, ce que l'on peut tout à fait comprendre.

Le grand fils de Raoudha, sachant que sa mère rêve d'aller vivre en Italie où son mari est pêcheur mais refuse sa venue, me demande un jour :
"Tu va emmener ma mère en France avec toi?"

Il semble ignorer que la grande crainte des policiers et la raison de la surveillance continuelle du port et surtout du quai des bateaux de plaisance par les gardes nationaux est justement que l'on "embarque" un tunisien pour le faire sortir du pays.
De même qu'il nous est officiellement interdit de faire monter un tunisien à bord. Nous le faisons à Kelibia mais la police, ici, semble plus souple que dans le reste du pays.

Nous avons tout de même eu quelques ennuis lorsque Raoudha et ses enfants sont venus dîner à bord ...

... Nous devions auparavant en avertir la police des frontières - Encore fallait-il que nous le sachions ??!!
Mais venons-en à La cérémonie :

Cette cérémonie dure 3 jours (ils disent "jours" mais il s'agit plutôt de "soirs" puisque le plus souvent cela démarre vers 20 heures pour se terminer vers minuit/1 heure du matin).

- Le 1er jour, les familles, chacune de leur côté, fêtent l'évènement, calmement, en petit comité.

- Le 2ème jour, … Voici la petite surprise annoncée plus haut :

Alors que je venais de vous relater (avec quelques inexactitudes) ce que l'on m'avait expliqué de cet évènement, j'ai eu le plaisir et l'honneur d'être conviée à assister aux 2éme et 3éme jour d'un mariage tunisien.
Et il fallait le voir pour mieux l'expliquer mais surtout pour le croire!
Je vais donc vous présenter LE mariage dont j'ai pu être témoin. Tous ne se déroulant peut-être pas de la même manière (j'ose l'espérer!). De plus, aux dires des kelibiens, les us et coutumes semblent très différents entre le nord et le sud.


Anecdote : Remerciant Raoudha, à l'initiative de ce qui pour moi fut un cadeau, elle me fit traduire : "tu es tombée du ciel et as atterri dans mes bras!".

… Ce 2ème jour dans la journée, la mariée et les familles sont allées chez le marié (je pense qu'il s'agit de la future demeure du nouveau couple). On peut entendre les klaxons résonnant dans les rues de la ville.
Le soir, la cérémonie la cérémonie à lieu dans un "salon" (grande salle d'un restaurant décorée à cet effet) où seule la mariée est "exposée" aux familles et amis.

Le marié, alors que sa famille est présente, n'est pas concerné (?). Il arrive depuis quelques années seulement qu'il fasse une brève apparition afin de saluer sa future épouse mais ce n'est pas dans les usages.
Ce soir là nous avons effectivement vu le marié pas très à l'aise qui, après un "serre main" très conventionnel, s'en est retourné très rapidement!

La reine de la fête, superbe, porte une jolie robe parfois achetée
mais le plus souvent louée environ 1000 dinars (640 euros), "à la coiffeuse de Kelibia".

Sur ses mains et ses pieds ont été peints, traditionnellement et en présence de la famille, le "Hanê" (henné) et le "Harkhouze" (petits dessins à l'encre noire).
Elle est très maquillée et coiffée d'un long postiche bouclé (très en vogue dans ce pays).
Un orchestre et un chanteur animent la fête avec des chants arabes dont la sonorité est assez forte (comparable à celle d'une discothèque!) et certaines invitées exécutent, sans se lasser, cette danse arabe dont j'ignore le nom consistant à se déhancher légèrement tout en tournant et s'accompagnant de gestes gracieux des bras.
(Pour ceux qui ont Windows Média Player, cliquez sur la photo et regardez plutôt:)
Sollicitée par le caméraman, la mariée tentera de se joindre à elles mais, ne pouvant se mouvoir dans sa lourde robe, elle renoncera.
Elle se change en milieu de soirée pour vêtir une robe lui appartenant, brodée à la main, plus simple mais tout aussi jolie.
Le marié vient de faire son incursion!

Le caméraman professionnel et son preneur de son sont sans cesse présents, cachant trop souvent le "spectacle" aux invités, mettant en scène la mariée dans différentes pauses.

Tout est filmé :

L'assistance mais surtout la mariée : la tête de la mariée, la robe de la mariée, les mains de la mariée (on ne filme pas les pieds de la mariée!), le départ de la mariée lorsqu'elle va se changer, son retour et de nouveau sa robe…
Ce film passe en direct sur 5 ou 6 écrans de chaque côté de la scène.

- Le 3ème jour, les 2 futurs époux sont "exposés" dans un autre grand salon, plus fastueux encore.
On se croirait à Las Vegas… en plus modeste !

L'entrée m'a beaucoup plu !!!
La mariée porte une splendide robe aux paillettes argentées. Elle est parfois tout simplement blanche parait-il!
La signature du contrat, à laquelle les invités n'assistent pas, se faisait autrefois devant un personnage religieux, le mariage pouvant même se dérouler à la mosquée. Aujourd'hui il s'agit simplement d'un homme de droit habilité à le faire.

A l'issue de ce 3ème jour, les époux ont désormais "le droit de rentrer à la maison et dormir ensemble".
La femme porte alors le nom de son mari mais toujours précédé de son nom de jeune fille.

La coutume veut que, le 3éme jour, les mariés descendent de leur piédestal et exécutent une danse, toujours la même, mais en couple avant de remonter sur leur "trône". La mariée ayant toujours des difficultés à porter sa lourde robe qui semblait lui compressait le ventre.

Quelques amis du marié sont montés sur scène et ont exécuté, avec lui, une danse en cercle. Ils ont ensuite embrassé avec affection le marié et serré avec condescendance la main de la mariée.

Alors que les mariés sont sur l'estrade, les invités sont dans la salle. Toutes les femmes sont devant, autour de nombreuses tables rondes, les hommes au fond.

Aucun repas comme nous en avons coutume n'est prévu lors d'un mariage.
Parfois la famille de la mariée prépare un couscous au mouton garni de biscuits et bonbons. Elle peut alors en offrir au marié et aux siens mais jamais le contraire.

Au cours de ces 2 soirées, quelques rares canapés et un jus de fruit nous ont été offerts.

Tous admirent la mariée, puis les mariés toute la soirée.

La caméra est toujours là et ça recommence puissance 10 (!!!), car cette fois il y a les cadeaux, la belle-mère ayant offert un bracelet en or et la belle-sœur une bague.
Et il y a surtout, en fin de soirée, l'échange des anneaux présentés dans un gros coffret argenté et sculpté.

Dans le nord du pays, il n'est pas dans la tradition que les invités offrent des cadeaux.

Cela se fait d'avantage dans le sud du pays (ou le mariage peut durer jusqu'à 7 jours). Le marié peut alors recevoir télévision, électroménager, meubles… mais il ne s'agit que d'un échange. Il devra ensuite rembourser ses amis sous forme d'invitation à des repas.

(N.B.: Vous pourrez découvrir d'autres photos dans la galerie)

Mes impressions :

J'ai été ravie d'assister à ce mariage et de pouvoir vous en faire profiter.

J'ai pu constater que certaines tunisiennes ont des tenues vestimentaires, pas toujours du meilleur goût, qui en choqueraient plus d'un parmi nous, les épaules et les cuisses se dégageant à souhait.

Mais j'ai surtout été très surprise de constater à quel point tout n'est qu'artifice. Il ne s'agit que d'une mise en scène, principalement pour LE film du mariage. Nul ne doit déranger l'équipe qui filme et, par exemple, la remise des présents à la mariée et l'échange des anneaux ont été filmés dans les moindres détails, geste après geste.

Du décor aux "personnages", rien ne semble vrai.
Les invités ne sont que spectateurs mais surtout les mariés ne s'amusent pas.

J'ai employé le mot "exposé" sciemment car c'est vraiment cela. Surtout pour la mariée.

Le premier soir, j'ai vraiment eu pitié de cette pauvre et pourtant ravissante jeune femme.
Ce sourire figé qu'elle se doit d'afficher durant des heures, sans bouger ou presque, devant prendre les pauses que lui demande le caméraman, et ayant pour seul mais éternel souci de veiller à ce que sa robe soit bien mise autour d'elle, aidée continuellement pour cela de sa belle-sœur, et de dissimuler tant que faire se peut à quel point ce carcan la blesse.

Je tiens également à vous dire, non pour m'en plaindre mais pour que vous imaginiez la convivialité (?!) de ces soirées, combien il m'a été difficile de faire des photos.
Il faut pour cela demander l'autorisation à la belle-famille de la mariée ou saisir le moment opportun (je n'ai pas vraiment compris quel était ce moment?!).
Ceci est le cas surtout le 3ème jour, jour du mariage effectif (de plus, ce soir-là, nous étions assises au 1er rang!).
J'ai donc attendu que mes amis m'indiquent le "bon moment" et il semble que ce fut lorsque la mère ou la sœur du marié ne me voyait pas!

J'ai donc eu le sentiment d'assister à un évènement culturel du pays,
mais en aucun cas à une fête!

Alors que nous travaillions comme des forcenés,

Candice s'initiait à la Break Dance (c'est en fait une sorte de Hip Hop),…

Au roller, ...  
AÏE !!!
Avant . . .
. . . Après.

Et visitait la campagne, El Haouaria sur le Cap Bon, dont elle nous offre quelque jolies photos .

(D'autres photos seront dans la galerie - A propos, entre nous, comment trouvez-vous cette galerie?
Notre informaticien préféré a eu droit aux félicitations de son jury féminin pourtant très exigeant!)

Le bonheur est dans le pré!

Hélas pour nous ce bonheur est un enfer.

Amoureuse d'un tunisien, Candice nous donne un choix, enfin si l'on veut!!!
"Ou IL vient avec nous, ou JE RESTE à Kelibia "

Gloups !!! ... Nous restons sans parole, la respiration nous manque…

IL est très gentil, certes, mais de là à accepter l'une ou l'autre "solution"…

Mais connaissant la détermination de notre fille, nous n'avons aucun doute sur la décision qu'elle pourrait prendre sans notre consentement.
Nous envisagions de quitter Kelibia lundi, c'est-à-dire après demain, nous avons donc 2 jours pour réfléchir…

C'est peu de temps, … mais beaucoup d'heures sans dormir!
Nous vous donnerons le résultat de ces heures d'insomnie dans quelques temps…
...si nous nous en remettons!


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