Pantelleria

(mai 2006)

La nuit n’a pas été trop pénible pour Rémy et moi puisque Candice a veillé jusqu’à 7 heures du matin:
Je me réveille à 5 heures (jeudi 18 mai 2006) et constate qu’elle est toujours là :

- « Va dormir, je prends le relais. »
- « Non, j’ai pas envie de dormir ! »
- « Va te coucher, nous aurons besoin de toi pour l’arrivée au port demain midi »
- « Non, j’ai pas sommeil. Demain je me lèverai. Toi, retourne te coucher ! »

A midi, elle est effectivement à pied d’œuvre. C’est l’heure des reproches : « La nuit, je suis tranquille, le bateau est à moi et vous, vous dormez, alors laissez- moi veiller (sous entendu : fichez-moi la paix) ! »

A bon entendeur, salut !

Dans la matinée, nous avons le plaisir de voir une tortue dans cette eau d’un bleu surprenant.
Mais, trop rapide, nous n’avons pu la prendre en photo. Alors à défaut de tortue, …

« Accroche-toi, on arrive bientôt!!! »

1ère baignade de l’année devant Pantelleria !

 

L’île, vous la connaissez déjà, nous n’allons donc pas nous attarder. Voici juste quelques photos de la côte avec cette roche volcanique que vous aviez vue depuis la terre lors de notre précédente escale:

Quant à l’arrivée, cette fois nous allons dans le port en plein centre ville. 3 voiliers sont déjà à quai. Nous faisons une arrivée en douceur. Je suis donc désolée, mais je n’ai aucune sensation forte à vous raconter !

La Méditerranée est vraiment petite !

Trois voiliers sont déjà à quai. Parmi eux, un voilier suisse, des amis de Virflo aperçus à Monastir  et Astuce, un Ecume de mer, petit voilier de 7 m 90, sur lequel voyage un jeune couple breton, Yann et Marie, aussi sympathique que beau.

Puis arrive Odyssée. Je suis sur le quai, prête à les aider. Tout en me lançant les amarres la dame toute contente me demande :

- «Vous êtes Vent de Folie ?»
- «Oui»
- «On vous connaît !»
- «???...
(Comment me connaît-elle, nous n’avons jamais vu ce bateau ? Sommes-nous déjà si célèbre?»)

Mais non ... Quoique !  Aline nous fait tant de pub que ça ne saurait tarder !

En fait, Anne et Alain connaissent Kundalini. Sur leur site, ils ont entendu parler du nôtre et y sont allés peu de temps avant de nous rencontrer… Et nous voilà « pour de vrai » !!!

C’est ça la notoriété !!!

A propos de Kundalini - Règlement de compte entre amis :
Aline, la prochaine fois que je te prête mon vélo, ce sera sans la selle !!! 
Lisez notre Livre d’Or, vous comprendrez. Ceci dit, ceux qui nous connaissent ont probablement beaucoup ri tant sa description était juste !

Vient le tour de Txori Txuri : « Vous êtes de Bayonne ? … Nous, on est d’Hendaye. »
Ça fait plaisir de croiser des gens du pays !
De fil en aiguille, ou plutôt de rosé en pastis, nous apprenons que nous avons des amis communs (au passage : Salut René et Danièle - Salut Laurent et Cendrine. Nous n’avons dit que du bien de vous !).
Ça s’arrose !

Je sens qu’après avoir mangé comme des ogres, nous allons boire comme des trous !
Quand je vous disais que c’était difficile la vie en bateau !

Jeudi 25 mai - Notre quai !

Pantelleria ne devait être qu’une brève escale… En fait de brève, voici 8 jours que nous sommes ici et nous y sommes pas mal du tout.
A vrai dire, nous y sommes même très bien !
Le voisinage étant sympa et le repos quasi-total, nous en profitons.

 

Txori Txuri est parti avec son excellente liqueur de tata Zaza, mais les allées venues sur les bateaux se poursuivent.
Un p’tit coup de patxaran par ci, un p’tit vin de noix par là. Les DVD circulent entre les 3 voiliers et l’on partage aussi les compétences :
Echange de cours d’histoire-géo d’Alain contre un cours de scoubidous de Candice.

Que n’avons-nous connu ce « super prof. » plus tôt pour faire bosser Candice avec tant d’assiduité !
Pendant ce temps, Yann et moi nous lançons dans l’artisanat en confectionnant des dessous de plats.

Les débuts sont difficiles mais ça vient vite !
Je me lance bientôt dans la confection de paillassons...
Si ça vous intéresse, j’organiserai une vente par correspondance avec paiement sécurisé !!!?

La douche est gratuite et même chaude… trop chaude !!!

Comme tous les habitants de l’île, nous avons de l’eau tous les 2 jours. Chacun, en bon voisinage, en profite alors pour aller fréquemment se rafraîchir tant la chaleur est intenable.
Tous les 2 jours également, nous, « les femmes ( !) », sortons avec seaux et bassines : c’est jour de lessive ! (Et ma petite machine tunisienne me direz-vous ? Pas de courant – Pas de machine !)

En fait, au fil des jours, nous ne nous quittons plus, sans pour autant nous envahir, chose primordiale pour nous (et semble-t-il pour nos amis également), qui apprécions aussi notre tranquillité.

Le 22 mai, Apéro-repas  à bord d’Odyssée :
Déménagement et concert sur la «terrasse»:
Le 23 mai, Apéro-repas sur la terrasse ... Nous sommes de mieux en mieux organisés :
Le 24 mai, Apéro-repas toujours sur la terrasse !!!

Des voiliers vont et viennent. Les équipages se joignent à nous, agrandissant le cercle (le nôtre et celui des bouteilles !). Ils ne stationnent guère bien longtemps, mais se souviendront de cette escale.
Puis nous retrouvons de nouveau la sérénité de « notre quai » !

Nous pensons d'ailleurs le baptiser !!!

Ce soir, un fort vent de nord s’est levé. Les bateaux dansent. Les amarres tirent. Entre vin tunisien, lasagnes et «mojito», nous allons vérifier à droite, renforcer à gauche, inquiets de les voir de plus en plus roulés-boulés par la houle, tapant sur le quai. Nous ressortons nos défenses Michelin.

Pour nous tous qui vivons à bord, nos bateaux sont si précieux.
Chacun de nous se tient sur le quai devant sa chère embarcation, la couvant du regard. Comme le fait remarquer Marie :
«On dirait des mamans veillant sur leurs bébés fiévreux».

… La nuit est courte et très agitée. Aussitôt levés, les estomacs signalent leur présence. Certains d’entre nous ne tiennent plus à bord. Le quai devient alors salle de jeu ou de lecture pour les uns et salle d’étude pour Candice.

Vendredi 26 mai, la météo nous annonce que le vent de nord-ouest persistera encore quelques jours.

Tant pis, ce sera du près (allure très inconfortable signifiant que le vent vient presque de face), notre marge diminuant comme une peau de chagrin!

Le départ est imminent.

Dernier verre à bord d’Astuce

Plaisir de cette semaine passée et regret de cette séparation exprimés.
Cette escale s’imprimera parmi nos meilleurs souvenirs en méditerranée.

Souhaitant arriver de jour à Favignana, il est 21 heures lorsque nous quittons Pantelleria…

… Et là, 2 choix s’offrent à vous :

  1) Vous pensez que nous souhaitons vous tenir en haleine en vous racontant maintes péripéties sorties de notre imagination.

ou

  2) Vous nous croyez sur parole si nous vous disons que nous avons vraiment la  POISSE !!!!

Dans ce dernier cas, et dans ce cas seulement, vous pouvez poursuivre :

Les amarres sont larguées. Nous sommes engagés vers la sortie du port.

A droite la digue, à gauche une énorme tonne en acier à fleur d’eau. Tout ceci sans la moindre signalisation mais nous en connaissons déjà les obstacles et bénéficions de l’éclairage du port et de la ville, ainsi que d’une nuit encore claire.

Rémy sent alors que la barre est dure, … de plus en plus dure, … elle ne répond pratiquement plus.

Je prends sa place tandis qu'il descend dans la soute arrière (où se trouvent les drosses de la barre à roue)... L’une d’elle est de nouveau coincée sous la poulie. Candice court chercher tournevis et burin... va droit devant. Nous sortons du port au plus vite.

Rémy est contraint de relâcher au maximum ce fichu câble pour tenter de le décoincer.

livré à lui-même est alors bringuebalé par la houle, tournant et virant sans cesse, les francs-bords dans l’eau (nous qui ne connaissons pas la gîte avec notre 15 tonnes toujours bien à plat!), se dirigeant sans aucun contrôle tantôt vers la digue, tantôt en direction d’un cargo mouillé devant le port… Fangio au plus mal vient se mettre dans nos pattes. Nous l’enfermons dans la salle de bain (où nous l’oublierons un peu trop longtemps ?!).

Ah ! J’allais oublier :
Notre feu de route ne s’allume pas (nous mettons le feu de pont) et la lampe frontale ne fonctionne plus  !!!

   … 1 heure après, épuisé, Rémy abandonne.


Nous installons la barre franche et devons nous décider :
   - Poursuivre ainsi mais naviguer sous voile (puisque pour une fois nous avons du vent) mais avec la barre franche et donc sans pilote automatique sachant que nous avons 70 milles à parcourir, soit 14 heures à barrer.
   - Retourner au port  et risquer une rentrée de nuit, avec cette barre franche que nous ne maîtrisons pas vraiment.

Nous connaissons l’entrée du port et ses obstacles. La nuit est assez claire. La barre franche semble assez maniable. Et ici, nos amis nous aiderons à nous amarrer. Nous faisons demi tour.

Anecdote : A peine entrés dans le port, je hurle à pleins poumons afin que nos amis viennent nous aider: « Yann…    Alain… ».
Marie et Yann entendent « Yann ... à l’aide !!! » et sont fous d’inquiétude jusqu’à notre approche se demandant si l’un de nous n’était tombé à la mer.
Encore pardon les amis pour ces émotions  et merci pour votre aide !

Dès qu’Alain monte à bord pour me remplacer aux amarres, je saute sur le quai. Ma tension se relâche. Je n’en peux plus. Trop c’est trop.

Quant à Candice : Elle devra renoncer à son rendez-vous avec ses amis de Favignana pour faire la fête samedi soir mais l’accepte sans difficulté.
Pour l’instant : Elle a faim !!!!

Voici encore une superstition de marin que nous aurions du appliquer :
Ne jamais partir un vendredi !!!

… Après une bonne nuit bien méritée, Rémy parvient à tout réparer.
Nous convenons de garder quelques temps le contact par VHF et Odyssée prend le départ et nous informe que la houle, assez forte, se calme un peu au large.
Nous accompagnons ensuite Astuce du regard depuis la digue.

17 heures. Nous partons espérant que, cette fois, tout se passera bien.

Nous naviguons au près, comme prévu, et la houle est d’1m50. Mais en modifiant notre cap et le vent étant assez fort, c’est tout à fait supportable.

Anecdote : Nous croisons la route des cargos. Près de Lampedusa, nous avions croisé l’îlot Lampioni, sorte d’énorme et horrible blockhaus.
A 5 milles de Pantelleria, nous apercevons un énorme « truc » qui lui ressemble. L’un d’entre nous (je ne dirai pas qui pour ne pas paraître idiote !!!) demande :
    - «C’est quoi cette île ?»
    - «C’est pas une île, c’est un porte-container !»
Et bien ! En voici un auquel il vaut mieux ne pas se frotter !!!

Notre vitesse est de 5 à 6 nœuds durant 60 milles pour passer ensuite à 3 - 4 nœuds. Au petit matin le vent faiblira et nous devrons nous aider du moteur.

Le câble de la barre se coince de nouveau mais cette fois nous sommes au large donc, moins de danger (et puis, on s’habitue à tout ?!). Rémy, contorsionné dans la soute, parvient à le décoincer.

Aujourd’hui notre petit mousse est fatigué. Rémy et moi dormirons 3 heures chacun . . .


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