Juin 2009

Avant de poursuivre notre récit, ayant bien l’intention de visiter l’Argentine en long, en large et en travers (!), nous vous proposons maintenant un bref découpage géographique du pays.

Suivront, pour ceux que cela interresse, un résumé d’informations (histoire, politique, économie, le « machisme argentin » et quelques personnages célèbres dans le monde).

Note : Ces informations sont extraites, pour la plupart, des guides touristiques Lonely
          Planet et Le Routard, ainsi que de l’encyclopédie Wikipédia. 
          Toutes les photographies, réduites ou retravaillées, sont tirées de Wikipédia.

Géographie 

D’une superficie de 2,8 millions de km², l’Argentine s’étend du nord au sud sur une distance de près de 3500 km et sur 1400 km d’est en ouest.

Elle est le 8ème plus grand pays du monde.

Sur une population de près de 40 millions d’habitants, la moitié occupe les grands centres urbains (Santa Fe, Cordoba, Rosario, Mendoza et Buenos Aires avec à elle seule un tiers de la population soient 12 millions d’habitants).

Les Argentins d’origine italienne, majoritaires dans ce pays,  sont estimés à 25 millions.

La population indigène ne représente qu’environ 1 million d’habitants.

L’Argentine offre un relief très diversifié.

On peut diviser le pays en régions majeures :

La Pampa, les plaines du Nord-Est, la région très élevée de la Cordillère des Andes à l’ouest et le long de la frontière avec le Chili, et la Patagonie, plat pays s’étendant sur un gros quart sud du pays comprenant la région des lacs, la Péninsule Valdés et la Terre de Feu.

 

 

  • La Pampa 

Avec ses grandes plaines fertiles à l’ouest et au sud de Buenos Aires, et ses 4 provinces (Buenos Aires, La Pampa, Santa Fe et Cordoba) la Pampa est le centre agricole et économique du pays.

Il y a la Pampa humide, le long de la côte Atlantique. Et la Pampa aride, dans les terres à l’ouest et au sud du pays.  

Cette région abrite les deux tiers de la population mais aussi 50 millions de bovins et 35 millions de moutons à laine et à viande.

  • Les Plaines du Nord-Est :

      Gran Chaco, plaines situées au nord du pays, à l’est des Andes, dont les saisons humides et sèches permettent l’élevage des moutons et la culture du coton.

      Mesopotamia, entre le Rio Parana et le Rio Uruguay, qui abrite des forêts subtropicales et où l’on entretient le bétail et les Esteros del Iberá, vastes réseaux de marécages et d’étangs.

La province de Misiones, tropicale, est connue pour ses ruines jésuites et ses spectaculaires chutes d’Iguazú provenant du plateau de Paraná, au sud du Brésil.

  
  
  • La Cordillère des Andes  

      Les Andes du Nord-Ouest, comprenant 15% de la population argentine, cette région est le choc culturel du pays.

 
Une population métissée occupe les petites villes coloniales...
 
 
...et la grande vallée encaissée de Humahuaca, à plus de 2000 mètres d’altitude.  
 

Cette région, où vit une petite population indienne fidèle aux traditions, est réputée pour ses cactus, ses lamas et ses villages en pisé.
Entre les montagnes rouges et un ciel incroyablement pur, cette superbe région est aussi celle des plus criantes inégalités sociales.

Côté Chilien, c’est dans cette région que se trouve le désert le plus sec du monde : Atacama.

       Les Andes Centrales correspondent aux provinces de Mendoza, San Luis et San Juan.

C’est la région où culmine les plus hauts sommets...
  l'Aconcagua            
   6960 m
     

... et où l’on trouve le plus de vignobles.

A noter que, ayant déjà goûté quelques vins argentins, nos bons et célèbres vins français pourraient avoir quelque soucis à se faire !

  • La Patagonie 
Avec ses  5 provinces - Neuquèn, Rio Negro, Chubut, Santa Cruz et Terra del Fuego (Terre de feu) - elle comprend la région des lacs (avec la ville de Bariloche), au sud de Rio Colorado.
 

Séparée de la Patagonie Chilienne par les Andes, c’est la plus vaste région du pays et la moins peuplée (moins d’1 habitant au km²).

Elle se caractérise par ses paysages immenses et ses plateaux battus par les vents secs et froids.

C’est à l’extrème sud que se forment les plus gros glaciers de l’hémisphère sud après l’Antarctique.

La Terre de Feu réunit la grande île – Isla Grande - partagée avec le Chili, et de nombreuses petites îles.
Isla Grande et la Patagonie sont séparées par le détroit de Magellan.

En terre de Feu, la ville d’Ushuaia est considérée comme la ville la plus australe du monde.

Là, notre Capitaine n’est pas d’accord.
Et si l’on regarde une carte détaillée, on peut constater qu’il a raison.

En effet, Puerto Williams, petite ville chilienne de la Terre de Feu, est encore plus au sud.
Sa petite marina permet d'ailleurs une dernière escale pour les voiliers avant le passage du Cap Horn.


En Patagonie, sur la Péninsule Valdés et en Terre de Feu, plusieurs réserves côtières abritent d’énormes populations d’animaux : Manchots de Magellan (et non des Pingouins qui sont des oiseaux !), cormorans, lions de mer, guanaco (sortes de lama), éléphants de mer, baleines et orques.

Histoire  

L’Argentine est située sur le Rio de la Plata, le plus grand estuaire du monde.

Occupée jusqu’alors par les Indiens, c’est en 1516 qu’un Espagnol aborde le pays et en prend possession au nom du roi d’Espagne.

De nombreuses expéditions convergent vers le Nouveau Monde, obsédées par la découverte de métaux précieux.

Ce qui donna le nom de Rio de la Plata - Rivière d’Argent.
Et au pays celui d’ Argentine (Argentum).

La ville de Puerto de Nuestra Señora Santa María del Buen Aire...

- Ouf ! -

...est fondée en 1536.

Faute de femmes espagnoles, le mariage interacial avec les indiennes est encouragé.

Chevaux, vaches, moutons et chèvres sont importées par les espagnols et prolifèrent en tout liberté, profitant d’un climat idéal et d’une herbe abondante.

En quelques années, les troupeaux, sans prédateur, s’étendent jusque dans la Pampa jetant les bases de l’élevage en Argentine.

Quant aux mines d’or et d’argent, les espoirs sont déçus.

Les indiens « non utiles » aux conquérants sont massacrés sous pretexte de quelques vols de moutons. L’extermination est totale.

L’essor du pays.


Deux évènements vont permettre l’essor de l’Argentine :

  • L’éradication complète des Indiens, repoussés très loin vers les montagnes, permettant ainsi la création d’immenses domaines, les Estancias.

Ces terrains, parfois grands comme la Belgique, vont prospérer en toute liberté.

Le pouvoir et la richesse sont encore à ce jour entre les mains de quelques centaines de familles richissimes.


Quant au deuxième évènement, il a de quoi nous surprendre :

  • L’invention du réfrigérateur.

Le pays produit une grande quantité de viande. Celle-ci devient alors exportable.

L’essor économique entraîne un grand besoin de travailleurs. La main d’oeuvre arrive principalement d’Europe, colorant ainsi la nouvelle identité nationale.
Les réfugiés basques et irlandais  (en lisant nous-même cette information, nous avons compris la présence de nombreux roux aux yeux bleus en Argentine) deviennent les premiers bergers du pays.

Les Argentins résument ce fait historique en disant :

« Les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens des Incas,
les Argentins des bateaux ! »

Politique - Économie

A la fin du 19ème siècle, l’Argentine est l’une des puissances économiques mondiales.

Au début du 20ème siècle, elle sombre dans le gouffre de la dette internationnale.

Alors que se profile la grande crise de 1929, les militaires arrivent sur le devant de la scène.

La situation sociale est agitée, les conservateurs imposent au pays la « décénie infâme » des années 1930 à 1940, durant laquelle ils donnneront les pouvoirs à des généraux nationalistes.

L’armée monte en force et culmine avec le coup d’état de 1943.

Les années Perón

Le lieutenant Général Juan Perón va devenir à la fois la figure politique la plus aimée et la plus méprisée de l’histoire argentine.

Sa seconde femme, Eva Duarte - « Evita » (voir plus bas) - adulée par les Argentins, jouera un rôle de premier plan et sera à l’origine de nombreuses réformes sociales.

Elu en 1946, porté au pouvoir par les déshérités, Perón mêle populisme, bains de foule et autoritarisme.

Il nationalise de nombreuses entreprises, crée des écoles, des HLM, des hôpitaux et obtient le soutien de tous les démunis sans réserve.

Mais Perón ne supporte pas la contestation. Sans la censurer, il musèle la presse. Et surtout, il ne cache pas ses sympathies nazies(*).
Il développe un fascisme « allégé », tenant de grands meetings, autorisant en même temps les syndicats, étendant les droits politiques à la classe ouvrière, assurant le droit de vote aux femmes et permettant à tous l’accès à l’université.

*Perón a permis, en distribuant 10000 cartes d’identité vierges, à un groupe d’Allemands de s’installer dans son pays. 
Grâce à lui, et avec la complicité de la Croix Rouge et du Vatican, 60000 nazis (dont Mengele, médecin des camps responsable de la mort de 300000 juifs) ont trouvé refuge en Argentine.

Réélu en 1951, les difficultés économiques, l’inflation grandissante et surtout la mort d’Evita, lui porteront un coup fatal.
A peine 4 ans plus tard, un coup d’état le contraint à s’exiler en Espagne.

Débutent alors trois décénies de gouvernement militaire catastrophique.

« Evita » 

Eva Maria Duarte Perón, née dans une famille pauvre de la Pampa, est devenue l’une des personnalités politiques les plus admirées et les plus controversées de la planète.

De 1946 à 1955, elle réussit presque à faire oublier que c’est son mari qui gouverne l’Argentine.

A 15 ans, Eva rêve d’être actrice. Après quelques petits rôles au théâtre et au cinéma, elle se fait surtout connaître à la radio où elle dénonce l’injustice et la misère.

Elle rencontre le Général Perón lors d’une représentation de bienfaisance.
Ils se marient l’année suivante. Eva abandonne alors sa carrière pour se livrer à la défense des pauvres.

Très vite après l’élection de son mari, Evita devient directrice de la fondation sociale.

Perón profite largement de la notoriété de sa femme, notamment parmi les classes populaires.

Evita le pousse à entreprendre des réformes sociales
révolutionnaires pour l’époque.

Elle fait construire des logements pour les plus démunis, développe des programmes d’aide à l’enfance, multiplie les aides, distribue vêtements et nourriture aux nécessiteux.

Elle défend farouchement les peronnes âgées et insiste auprès de son mari pour faire adopter une loi accordant une pension aux personnes âgées dans le besoin.

Grâce à elle, un service de bus et de trains médicaux sera mis en place dans tout le pays pour offrir des soins aux plus pauvres.

Evita réussira même à faire accorder le droit de vote aux femmes argentines avant que De Gaulle ne le donne aux françaises.

 

Lorsque Perón se présente pour un 2ème mandat, des milliers de personnes manifestent pour qu’Evita lui soit associée. Mais l’armée met son véto.

Evita mourra la même année, en juillet 1952, d’un cancer.
Elle a alors 33 ans.

Son passage au pouvoir reste très controversé.

Le régime peroniste est très autoritaire. Le couple jettera en prison ses opposants politiques, interdira les journaux d’opposition.
Si Evita est adulée dans son pays, on lui refusera l’entrée à Buckingham Palace lors de son voyage en Europe.

Pourtant, Evita fut quasiment élevée au rang de sainte par les classes populaires d’Argentine.

Plus de 50 ans après, le peuple argentin, si latin et si macho, cherche encore dans chaque femme proche du pouvoir une seconde Evita.

La « Guerre Sale » - 1976 - 1983

En 1976, c’est le début de la Guerria Sucia ( la guerre sale).

L’armée a recours à tous les moyens pour écraser les groupes armés et exercer une répression à tous les opposants au régime.

Les « subversifs » seront sequestrés, torturés ou tués, et des milliers d’entre eux, les « desaparecidos », disparaîtront mystérieusement.

C’est par les élections de 1983, acceptées par les militaires suite à leur défaite dans la guerre des Malouines (ou Falklands) contre la Grande Bretagne, que le pays connaîtra un retour à la démocratie.

Arrivée du capitalisme et crise sociale.

En 1989, c’est dans un contexte de crise économique, d’hyper-inflation et d’opposition violente des syndicats que...

                            ...Carlos Menem est élu. 

Débute alors une politique économique capitaliste.

Grâce à Corvallo, Ministre de l’économie, l’hyper-inflation est jugulée par le changement de monnaie.
Il faudra 2 ans pour dépoussiérer l’administration.
Mais 3 millions d’emplois seront supprimés, les classes moyennes et basses seront étranglées et la corruption s’intensifiera au niveau gouvernemental.

Après 10 ans de pouvoir, accusé de corruption, Carlos Menem s’enfuit au Chili, laissant un bilan désastreux.

Il a certes jugulé l’inflation et donné au pays une fierté artificielle en alignant le cours du peso sur celui du dollar ( toujours très prisé), mais plus de 10 millions d’Argentins vivent en dessous du seuil de pauvreté, la plupart entassés dans des bidonvilles.

Fernando de la Rúa lui succède en 1999. 

Il rappelle à ses côtés Carvallo comme Ministre de l’économie.
Ce dernier met en place un plan d’austérité et met un terme aux dépenses publiques ( retraitres et salaires des fonctionnaires).

Devant les tentatives du gouvernement d’échanger ses créances et le projet de dévaluation du peso, la classe moyenne commence à vider ses comptes en banque.

De la Rúa impose alors une limite de retrait de 250 $US par semaine (soient 34 pesos, environs 170 euros).

« C’est le début de la fin ! »

Note : Cette limite est toujours d’actualité et s’avère bien gênante pour nous.
Même si le plafond est désormais de 600 pesos (120 euros), le nombre de retraits ainsi rendus indispensables entraîne des frais bancaires supplémentaires.

Fin 2001, le chômage dépasse les 18%, les syndicats entament une grève nationale, les Argentins descendent dans la rue en un gigantesque concert de casseroles – el Cacerolazo – pour protester.
De véritables émeutes font plus de 25 morts à Buenos Aires. Le mouvement s’étend dans tout le pays.

Rúa doit démissionner.

L’Argentine vit une période de crise politique et sociale profonde.

En 2 semaines, 5 Présidents se succèdent.

En 2002, Duhalde, est le 5ème Président à prendre ses fonctions.

Il dévalue le peso et annonce la cessation du paiement de la dette extérieure (140 milliards – la plus importante de l’histoire mondiale).

Le pays est très appauvri, mais la politique menée par Duhalde lui permet de relever peu à peu la tête.

En 2003, L’Argentine est gouvernée par Nestor Kirchner.

D’origine suisse-allemande, ses qualités de discrétion et de rigueur budgétaire sont très appréciées.

Le pays amorce alors un redressement économique notable qui ne demande qu’à perdurer.

En octobre 2007, son épouse, Cristina  Sénateur à Buenos Aires, dont l’image est aussi bonne que celle de son mari mais considérée comme « une véritable militante », lui succèdera.

Elle est actuellement la 2ème femme Présidente de l’Argentine.

Les Argentins

Dans une bonne partie du monde, les Argentins ont la réputation d’avoir un ego immense.

Nous lisons que, persuadés de leur supériorité économique, autrefois réelle, ils sont aussi certains d’être les meilleurs joueurs de « fútbal », d’avoir les plus belles femmes du monde et de savoir danser la danse la plus difficile, le tango.

Nous nous permettrons d’émettre quelques doutes quant aux femmes.
Pour le reste, c’est probablement vrai !

En fait, il semblerait qu'il y ait plutôt deux sortes d’Argentins.

Les Porteños, habitants de Buenos Aires, et les autres.

La réputation qu’ont les Argentins à l’étranger, les Porteños la traînent avec eux dès qu’ils quittent la capitale.
Ils passent pour snobs, peu aimables et ignorant toute danse ( folklore ou autre) en dehors du tango.
En province, le moindre faux pas leur vaut des railleries.
A part « eux », les Argentins passent pour des gens accueillants, ouverts et attachants.

Nous vous donnerons notre sentiment personnel dans quelques temps !

Quant au machisme, même si la situation évolue probablement, il semble qu'il soit bien ancré dans la culture argentine.

Personnages célèbres

Après Evita, d’autres personnages ont marqué l’Argentine.

En voici quelques uns :

Carlos Monzón  12 fois champion du monde de boxe.

Diego Maradona à la sombre notoriété,
                                                         2 fois champion du monde de football.

Gabriela Sabatini    ancienne joueuse de tennis.
        

Julio Cortázar, intellectuel.

Joseph Kessel, écrivain.

Jérôme Savary et Bernard Blier, respectivement acteurs de théâtre et de cinéma.

Impossible pour nous de ne pas évoquer,
                       en mémoire de notre adorable et regretté Minou,
                                    
                                              Fangio
  le fou du volant,

                                                                                   5 fois champion du monde.

Impossible aussi de parler de l’Argentine, sans une pensée pour celui qui fut le symbole de toute une génération, celui qui voulait changer le monde :

Che Guevara

Le Che est né à Rosario en 1928, dans une famille bourgeoise.

Nous concluerons cette présentation de ce grand pays d’Amérique du Sud par une citation de cet homme dont le poster est connu dans le monde entier :

 
«  Dans une révolution, on doit triompher ou mourir ! »

Le Che est mort, exécuté en Bolivie, le 9 octobre 1967.

Cette petite présentation étant terminée,
               nous pouvons reprendre la suite de nos aventures ! . . .


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