Après ces festivités, le travail reprend sur ,
et avec lui les enquiquinements.
1ère semaine de janvier
En ce lundi 3 janvier, Rémy a décidé "d’attaquer" les échelons de mât.
Une heure plus tard, il est de retour avec la pince miracle et commence à poser le premier échelon.
Premiers rivets… l’embout de la pince casse.
M…. ! La poisse !
Une journée de travail perdue et notre caution avec elle !
Retour en ville...
Le quincaillier, qui certes connaît bien Rémy devenu un excellent client, va commander un nouvel embout…à ses frais.
Sa seule préoccupation est que Rémy ne puisse plus travailler.
Sympa notre quincaillier !
Une autre pince est disponible. Elle est plus petite, mais devrait faire l’affaire.
C’est Ok !
Rémy revient avec la nouvelle pince, soulagé de pouvoir poursuivre son travail sans perdre de temps.
Le lendemain, il recommence.
Les premiers échelons posés, il faut ensuite monter afin de fixer les échelons successifs, ce jusqu’en haut du mât.
Pour atteindre la tête de mât haute de 16 mètres, pas moins de 32 échelons devront être fixés.
Pour satisfaire les fans des séquences travaux sur - comme notre cher ami Manu des Poulies, qui en demande toujours plus et que nous soupçonnons d’intention quelque peu sadique à notre égard (!) - voici quelques détails quant au travail que représente la pose de chaque échelon :
Précision importante : chaque échelon sera fixé par 2 écrous à riveter, là où la riveteuse n’a pas la place de passer, et 6 rivets là où elle passe.
Pour chaque échelon, il faut :
5. Présenter l’échelon
6. Insérer des vis dans les écrous à riveter et les serrer très fort afin d’éviter le détachement de
l’échelon et la chute de la bête ( !).
7. Mettre du Sika sur les 6 rivets.
8. Insérer les rivets dans les 6 trous restants à l’aide de la riveteuse.
9. Pour chaque rivet, actionner plusieurs fois la riveteuse afin de compresser le rivet et casser la pointe.
Un échelon est posé... On monte un peu… Suivant !
Mais plus on monte, plus ça se corse.
Car il faut alors manier perceuse, pince, riveteuse, cartouche de joint et autres accessoires …
suspendu au bout d’une drisse.
Chaque fois que Rémy monte, je fais suivre un seau avec tout le matériel nécessaire (perceuse, pince à riveter, riveteuse, cartouche de joint…), et un sac avec les fournitures (marqueur, mètre, écrous, rivets…). Sans oublier le rouleau électrique.
Admirez les belles cuisses de mon Capitaine !
Et avant de marquer l’échelon suivant, il lui faut mesurer l’espace voulu entre celui-ci et le précédent.
De belles grimpettes en perspective et de belles journées de labeur, avec de bonnes courbatures,
pour notre Capitaine !
Quant au second qui devra chaque fois hisser "la bête et le matos" en surveillant que tout se passe bien, cela lui vaudra quelques bons torticolis !
Tout va bien là haut ?
Hein ?... Quoi ?...
Tout va bien ?
Ah… Oui, à peu près !
Danièle... monte moi encore un peu !
Quoi ?...
Tu peux me monter un peu !
Ok !
Et si tu peux redescendre le seau et remettre des rivets, j’en ai 2 qui sont tombés à l'eau
!!!
Ainsi, chaque jour, jusqu’à épuisement, Rémy s’encorde… je le hisse…
Puis je hisse le seau, le sac, le rouleau électrique et les objets perdus…
Et le travail recommence…
En effet, le second jour, une heure après avoir recommencé la pause des échelons avec notre nouvelle pince. . .
Plouk !...
L’embout de la pince à riveter se détache… tombe sur le pont en un petit rebond et…
Plouf !... dans l’eau !
Merde de Merde !
Heueu…il est sympa comment ton quincaillier ?... !
Le pauvre homme risque en effet de perdre sa gentillesse. Et Rémy ne peut plus travailler.
Pendant un temps infini, Rémy tâte la boue avec les pieds car il est impossible d’y voir quoique ce soit.
En vain - Rémy est désespéré.
C’est pas possible d’avoir autant la poisse !
Nous déjeunons puis il persiste et se remet à l’eau. Cette fois, en quelques minutes, il remonte le minuscule embout.
Ouf !
Là c’est pas la poisse. C’est un sacré coup de bol !
Les activités peuvent reprendre.
2 heures plus tard, Rémy n’en peut plus. Il peut à peine descendre. Nous reprendrons un autre jour. Avec la fatigue, ce travail peut devenir dangereux.
Remerciement : Nous tenons à remercier notre ami Christophe, du port de Bayonne qui, cet été, s’est livré à des calculs sur la force, le nombre et la position des rivets afin que ces échelons puissent porter sans risque notre beau nounours acrobate.
Parallèlement, notre petit moteur hors-bord possède une nouvelle hélice. Notre vieille annexe, appréciant les réparations au Sika, se porte de mieux en mieux (merci à Beñat pour cette idée géniale!).
Et les travaux de ponçage, masticage, peinture et autres finitions sur le moteur se poursuivent.
Au fait, je ne vous ai pas montré la jolie plomberie installée par notre vaillant Capitaine !
Cette belle canalisation permet à tous les câbles (des panneaux solaires, radar et autres) de passer de la soute arrière au portique sans "pendouiller" comme c’était le cas avant, et surtout de passer par un seul trou fait sur le pont, proprement et bien isolé.
Comme tout le câblage électrique de , ce projet tenait à cœur depuis longtemps notre skipper préféré. Mais toujours pris par des milliers d’autres bricoles plus urgentes, il n’avait jamais trouvé le temps de s’y atteler.
Une fois ce travail terminé, notre Capitaine inquiet veut l’avis du second.
Et le second trouve ça… très bien !
Ouf ! Il est soulagé notre Capitaine.
Le second aussi d’ailleurs.
Car vous n’imaginez pas la tête que j’ai pu faire en voyant Rémy arriver un beau matin avec ces gros coudes et ces longs et gros tuyaux PVC de 2 mètres de long.
Mais le résultat est parfait. Il ne nous reste plus qu’à peindre tout ça !
Une minute de silence !
Afin de traiter la rouille sur la coque, il nous a fallu ôter les fargues (bois qui protège le haut de la coque tout autour du bateau).
Nous voulons donc en profiter pour leur redonner un bel aspect.
Une fois poncées et huilées, elles seront comme neuves.
Il nous faudra juste trouver un bois similaire pour remplacer celle que nous avons perdue au cours d’une navigation par trop houleuse et faire la rainure nous même, comme le reste (!).
Le meilleur endroit pour ce travail de ponçage, c’est le terre-plein.
Lorsque le niveau de l’eau est trop haut,
on y va avec les moyens du bord.
Rémy ponce chaque fargue, puis je passe une cire de protection recommandée par un commerçant de Tigre et sensée remplacer le vernis.
Je suis sceptique… et le temps me donnera raison. Mais nous ne le savons pas encore!
Notre ponceuse tunisienne, après avoir rendu tant de bons et loyaux services, a rendu l’âme.
Heueu… c’est bizarre…
ça sent le chaud…
La poisse !
Le plus triste est de devoir l’abandonner en Argentine (!?!)
Mais impossible de poursuivre les travaux sans ponceuse. Il nous faut en acheter une neuve.
Il s’avèrera que trouver une ponceuse circulaire, dans la région, ne sera pas une mince affaire et Rémy devra faire quelques boutiques et donner quelques coups de pédale avant de trouver la perle rare.
En parlant de chauffer...
... je me demande parfois si mon mari n’a pas, lui aussi, quelques "court-jus"…
!!!
Il est vrai qu’avec cette chaleur, nous sommes vite assommés. Les degrés montent toujours et, si la balance ne s’en rend pas compte, nous perdons pourtant des dizaines de litres d’eau par jour.
Je sens poindre la question qui tue :
Qu’en est-il de notre installation moteur et de notre cher mécanicien ?
La réponse à cette question est simple : R.A.S. !
Et elle serait probablement « R.A.F. », si Adrian pouvait répondre lui-même.
Car notre "mécano" passe de temps en temps dans le club… nous salue… et va travailler sur un autre bateau.
Gloups !
Anecdote : Le pouvoir de l’argent !
Adrian travaille, entre autres, sur le bateau d’Emilio.
Emilio est un homme tout à fait charmant et cette anecdote ne vise en rien cet homme très sympathique et d’une grande simplicité.
Mais Emilio est « riche, très riche ». Il possède plusieurs yachts et envisage d’acheter une île sur le rio Lujan.
Or, ici, en Argentine, il semble que le respect et la fierté de côtoyer quelqu’un soient directement proportionnels à sa fortune.
Ainsi, nous ne comptons plus, dans le club, le nombre de personnes nous ayant annoncé très fièrement : « Emilio est le parrain de mon enfant ! ». Et Adrian n’échappe pas à la règle.
Et quand Emilio a besoin de quelque chose, on court, on se précipite et on se prosterne presque.
Emilio a vendu l’un de ses bateaux, puis acheté un nouveau. Il a donc très fréquemment besoin des services d’un mécanicien.
Son bateau étant juste en face du nôtre, nous l’entendons régulièrement appeler Adrian.
Etant nous même contraints de le harceler de coups de fil pour obtenir sa présence, nous avons chronométré le temps écoulé entre cet appel d’Emilio et l’arrivée d’Adrian.
Pas plus de 10 minutes.
Et nous alors ?
« Pas assez riche mon fils !!! »
Nous sommes le jeudi 6 janvier
Notre « Gordito »(*) préféré, Adrian, montre son petit crâne chauve à l’arrière de :
Rrrémy, vengo Mañana, temprano ! »
(je viens demain, de bonne heure !)
Ok Adrian. N’oublie pas que nous partons dans 10 jours en Uruguay !
« Si, si no olvido ! »
Bon, tout va bien alors. Nous voilà rassurés !... ?
(*) « Gordito » signifie grassouillet mais n’a pas du tout la connotation que nous lui connaissons. C’est ici un mot affectueux et les personnes concernées se nomment elles-mêmes de cette manière.
On entend aussi « Gordo » (le gros), ou encore « la Flaca » (la maigre) et autres surnoms du même acabit.
Je saute sur l’occasion pour préciser qu’en dehors de la France, les différences physiques entre les Hommes ne sont que des particularités qui ne prêtent à aucune critique malsaine.
Le lendemain… « temprano » ou pas « temprano »…, toujours pas d’Adrian.
Samedi… Idem.
Normal, il pleut. Et lorsqu’il pleut aucun artisan argentin ne travaille.
Et oui ! Vous ne le saviez peut-être pas, mais les Argentins n’aiment pas l’eau !
Sauf quand il s’agit d’en parler.
En effet, « la lluvia » (prononcer « chubia ») est un grand sujet de préoccupation.
« Il a plu… il pleut…et surtout, il va pleuvoir… ». Voici un sujet de conversation important pour les Argentins.
Demain, c’est dimanche, donc, pluie ou pas pluie, Adrian ne viendra pas non plus.
Et lundi, c’est le lendemain de dimanche. Il faut récupérer !!!
Or, dans 10 jours en effet, nous devons encore sortir du pays pour refaire valider nos visas et prendre livraison de notre grand-voile.
C’est pas gagné !
Installation moteur – Suite et fin !
A la veille de partir en Uruguay, nous rappelons Adrian.
Il nous livre enfin le sondeur qu’il nous avait promis d’acheter afin de nous faire profiter de sa remise artisan.
En compensation du délai qu’il nous a imposé, il nous doit bien ça !
En fait de remise, sous prétexte que le prix du matériel a augmenté, celle-ci ira dans sa poche et nous n’en verrons pas la couleur - Merci Adrian !
De plus, le diamètre de la sonde de ce sondeur est trop grand et notre modèle Navman n’est disponible qu’en Europe.
En attente d’une solution, son installation est donc reportée et nous devrons continuer de naviguer sans sondeur.
Et pour l’alternateur, Adrian, tu viens quand ?
Adrian de répondre pour la millième fois : « Vengo mañana a la mañana »
Mais ce jour là, Rémy, qui n’en peut plus d’attendre le bon vouloir de ces messieurs argentins, n’est pas très agréable avec lui.
Le lendemain…
Adrian vient, mais sans sa caisse à outils.
Il pose sur la planche arrière l’échelon supplémentaire commandé et nous dit ne plus vouloir travailler pour nous.
« Rémy m'a parlé mal ! »
N’oublions pas qu’Adrian est Argentin, donc très susceptible.
Ainsi, notre mécano est très vexé.
C’est un comble !
Il nous demande de lui payer les échelons et autres fournitures, et pour le reste, de faire appel à un autre mécanicien. Il nous remboursera.
A savoir qu’Adrian a été payé, gracieusement et en intégralité pour cette installation moteur, voici déjà plus de 6 mois – Nous sommes trop honnêtes et donc trop "cons", certes, mais « on ne se refait pas ! ».
Désormais, Rémy s’en fiche.
Sa gentillesse légendaire a certaines limites : il ne supporte pas que l’on se fiche de lui. Et sur ce point, Adrian est allé beaucoup trop loin.
Il ne veut plus le voir et me dit qu’il installera lui-même l’alternateur.
Mais pour moi, hors de question de le voir encore se contorsionner dans la cale moteur alors que nous avons pris un mécano pour éviter cela.
Je tente de calmer la situation. Adrian me promet qu’il viendra lundi.
Non, lundi, nous partons en Uruguay.
« Listo Daniela, vengo hoy a la tarde ! » (Bon, je viens cet après midi)
En fait, nous ne reverrons plus jamais Adrian.
De retour d’Uruguay, nous le verrons passer régulièrement dans le club, sans un regard vers .
Quelques jours plus tard, Rémy tentera d’installer lui-même, comme prévu, l’alternateur.
Il comprendra alors pourquoi Adrian n’a plus voulu terminer ce travail.
Pour mettre cet alternateur dans le bon axe, le support doit être modifié et Adrian n’avait probablement pas envie de s’enquiquiner à faire ce travail ingrat.
Rémy passera donc de belles heures dans son compartiment préféré, jurant et pestant contre cette ouverture trop étroite.
Si je ne m’étais opposée à commencer tous les travaux en même temps, il aurait déjà tout cassé.
Pour la première fois depuis notre arrivée en Argentine, une promesse a été tenue.
Notre départ pour l’Uruguay est prévu pour ce mardi 18 janvier.
Nous sommes le vendredi 14.
Notre nouvelle grand-voile nous a été livrée.
Grand-voile - Eureka !
Les papiers d’exportation sont prêts à être visés par les services des douanes, lundi, veille du départ, en même temps que toutes les formalités de sortie du territoire.
Nous l’installons aussitôt et avons hâte de l’essayer. Mais pour vérifier si le travail a vraiment été bien fait, il nous faudra attendre un bon coup de vent.
A vrai dire, pour être malmenés, nous ne sommes pas vraiment pressés !
Nous sommes toutefois un peu inquiets car, jusqu’à présent, si l’on en croit plusieurs équipages amis qui ont fait travailler les Argentins, rien n’a été bien fait.
Affaire à suivre . . .
Mardi 18 janvier
Tout notre "bazar" est solidement amarré sur le pont.
De bon matin, comme tous les 8 mois, nous nous préparons à larguer les amarres pour Colonia, en Uruguay . . .
L’est-y pas beau notre nouveau moteur ?... !
Ça donne ceci :