Cette partie du parcours vers Mercedes est magnifique.
Le paysage avec cette végétation, les plages et les barques de pêcheurs est ravissant.
Et nous retrouvons nos amies les vaches.
Le soleil est de plomb.
Difficile d’imaginer que nous sommes en automne.
Nous sommes ravis de naviguer sur ce Rio.
Mais en début d’après midi, les choses se gâtent. . .
Nous commençons à nous demander ce que nous sommes venus faire dans cette galère, et surtout si nous arriverons un jour à Mercedes.
Pour citer nos amis d’Hinayana, que Candice a eu la joie de revoir récemment en Nouvelle Zélande :
Qui ne s'est pas planté sur le Rio Negro n'y est jamais allé !
Mais cette phrase, hélas, nous ne l'entendrons qu’après notre arrivée à Mercedes.
Personne ne nous a jamais prévenus qu’il pouvait y avoir si peu d’eau sur ce Rio (la Prefectura nous apprendra que la hauteur d’eau ce jour là était au plus bas.)
Malgré notre dérive relevable et un balisage correct dans les passages délicats, nous talonnons un nombre incalculable de fois et craignons parfois voir le câble de notre dérive se pulvériser.
Notre premier échouage a lieu à moins d’1 mètre d’une balise.
Nous parvenons à sortir du banc de sable mais pour nous "planter" sur un autre. Jamais nous ne trouvons le passage.
Nous reprenons le chemin depuis la dernière balise... cherchons un autre passage...
La balise est toujours là, à quelques mètres. Nous tournons en rond.
Rien à faire ! Nous n’en sortirons donc jamais !
Rémy se résigne à descendre dans l’annexe avec le sondeur à main.
Qu’il s’éloigne ou s’approche de la balise… il n’y a pas d’eau.
La plus grande hauteur d’eau est de 1 mètre 50, mais le plus souvent elle est inférieure.
Avec notre dérive, il nous faut 1 mètre 20. Nous gardons toujours une marge de sécurité, afin de pouvoir encore relever un peu la dérive pour nous sortir d’un mauvais pas. Il nous faudrait donc 30 ou même 20 centimètres de plus.
Mais ils n’y sont pas.
Nous n’avons donc pas le choix. Nous relevons entièrement la dérive.
Malgré cela, nous continuons à nous "planter" régulièrement.
Ici, ces gens sont debout, les pieds dans l’eau au milieu du rio.
Et s’il n’y avait que du sable.
Lorsque nous entendons un bruit fracassant qui indique une roche ou peut-être un arbre comme il y en a beaucoup sur le rio, et que le câble de la dérive sort de la poulie, notre estomac se noue et le stress augmente.
Nous sommes partis ce matin de Soriano. Nous somme en milieu d’après midi et nous demandons si nous parviendrons à Mercedes avant la nuit.
Malgré le charme incontestable du paysage, nous en avons "Ras le bol" !
La dernière partie du parcours est parfaitement balisée.
Nous passons entre les bouées verte et rouge.
Pourtant, nous sommes une fois de plus pris dans l’un des nombreux pièges de ce Rio Negro.
…Il est plus de 16 heures 30 lorsque, enfin, Puerto Mercedes est en vue.
Tout le long de la rive, il y a foule. En cette semaine Sainte, semaine du tourisme, les Uruguayens s’adonnent à leur loisir favori : la pêche.
Nous nous dirigeons vers le quai de Puerto Mercedes...
Nous lançons les amarres à un homme qui nous rendra chèvre tant il nous compliquera la vie, n’en faisant "qu’à sa tête" avec notre amarrage et nous apprenant, lorsque tout est terminé, que nous ne pouvons pas rester là car le Catamaran pour touristes arrivera dans quelques minutes.
Hélas, des bateaux inoccupés sont amarrés le long du quai et prennent les autres places éventuelles. Il n’y a donc aucune autre place disponible pour nous.
Heureusement, des enfants, nous ayant apporté leur aide avec beaucoup d’enthousiasme, nous assurent que nous pouvons rester à cette place. Le Catamaran ne vient pas aujourd’hui.
Nous verrons avec lui lorsqu’il reprendra sa place sur ce quai.
Ouf !
Les manœuvres d’accostage avec notre 15 tonnes étant toujours sportives, nous sommes soulagés.
Quant à l’énergumène entêté qui s’est permis de monter sur le pont de notre bateau et de larguer des amarres dès que nous avions le dos tourné, sans l’avis du Capitaine – ce qu’il ne faut jamais faire sur un bateau, qui que nous soyons ! – il n’est nullement un employé du port comme nous le pensions, mais simplement un Argentin de passage.
Ah non alors !... Ils ne vont pas venir nous enquiquiner jusqu’ici !!!
Nous sommes enfin arrivés.
est amarré au quai.
Nous pouvons souffler.
Nous remercions les 3 enfants pour leur aide précieuse.
Ils n’ont jamais vu un voilier de l’intérieur. Nous avons compris le message. Une visite du bateau s’impose.
Les enfants attirant les enfants,
ils sont soudain 7.
Après la visite de notre logis, un essaim d’enfants nous escorte à la Prefectura, puis dans une petite « despensa » (épicerie) où le Capitaine espère trouver du pain, denrée dont il ne peut se passer plus de… 4 à 6 heures (!!!)
Le temps d’avaler un morceau et nous devons ressortir et trouver une connexion Internet.
Il y a urgence. Notre fille n’en peut plus.
Elle ne nous a pas parlé depuis une semaine et la liste des « choses à nous raconter » commence à lui brûler la langue (!!!)
Plus sérieusement, pendant ces vacances de Pâques, elle révise la suite des partiels qui auront lieu à la rentrée et elle est très angoissée.
Concernant Internet, nous nous faisons quelques soucis.
Nous avions appris que le centre de la ville était une zone Wifi. Mais sur la place, impossible de nous connecter.
Nous apprendrons, hélas, que les inondations de l’année dernière ont eu des conséquences fâcheuses. Depuis l’accès offert dans toute la ville ne fonctionne plus.
Quel dommage, nous aurions pu capter Internet depuis le port et échapper à ces virées nocturnes en plein hiver !
Nous finissons dans le hall d’un hôtel où nous pouvons enfin rassurer Candice et lui remonter le moral qui, de nouveau, ne va pas fort.
Le lendemain . . .
Après cette dure journée pour atteindre Mercedes, une journée de repos s’impose. Nous irons explorer la ville demain.
Mais les alentours du port nous plaisent déjà beaucoup.
Si la ville nous plait, et si notre problème d’accès à Internet tard dans la soirée peut être résolu, nous risquons fort de passer quelques temps à Mercedes.
Mais après cette journée de récupération sous un soleil printanier, nous reprenons les travaux à l’abri de la pluie et du vent.
Mercredi soir, le baromètre continue de baisser.
La visite de Mercedes attendra donc encore . . .