Chaque après midi, vers 16 heures 30, chacune ouvre sa porte, et nous pouvons alors nous régaler de « tortas fritas ».
Nous avons déjà pris nos habitudes et préférons « la rose ». On y trouve les meilleures tortas fritas du coin, confectionnées avec générosité par la très sympathique Olga avec laquelle j’aime à discuter.
Nous nous empressons alors d'emporter sur le bateau ces succulents beignets ni salés ni sucrés afin de les saupoudrer de sucre glace.
Nos chers amis d’Hinayana (que nous embrassons très affectueusement) les aimaient avec du chocolat.
Nous, nous avons aussi essayé avec du miel et du citron…
En dehors du centre ville, on peut trouver toutes sortes de commerces (coiffeurs, garagistes, soudeurs, boutique de vêtements, laveries…).
Mais, si l’on ne connaît pas la ville, on ne les devine qu’en s’approchant d’une fenêtre ou d’une porte ouverte.
Anecdote : Chaud au cœur !
Nous sommes le dimanche 24 avril. Nous sommes donc arrivés depuis moins d’une semaine.
Ce matin, je décide d’aller dans la "despensa" la plus proche afin d’acheter le pain et quelques pommes de terre.
Aujourd’hui, c’est le patron qui me sert (je ne l’ai vu que 2 fois). Alors qu’il pèse les pommes de terre, il me dit :
Et de m’expliquer comment il cuisine ce plat si appétissant à l’entendre, tout en m’entraînant devant les étagères afin de me montrer les légumes dont il me parle.
Je paie mes achats et le remercie encore. Il insiste pour que, demain, je lui fasse penser de me faire goûter ce plat.
Je reviens sur le bateau et rapporte à Rémy la gentillesse de cet homme. Mais "échaudée" par les nombreuses promesses d’Argentins tout aussi sympathiques mais sans qu’aucun acte ne suive les propos, je reste méfiante.
Quelques instants plus tard, nous nous mettons à table. Un bruit sur la coque se fait entendre. Nous sortons.
Rémy se demande qui est cet homme. Heureusement, je sors également et reconnaîs "mon" sympathique épicier.
Il approche du bateau et nous tend un sachet plastique.
« Vous allez voir, c’est très bon. Vous me direz demain si vous avez aimé ! »
Nous restons cois devant tant de gentillesse et ne savons dire que « merci beaucoup ».
« C’est pour faire connaissance », ajoute-t-il avant de repartir sans nous laisser le temps de réagir.
Non seulement cet homme nous a offert 2 énormes parts d’un plat qu’il a dû mettre des heures à préparer, mais en plus il s’est déplacé pour nous l’apporter.
Nous ne parvenons pas à y croire.
Et pourtant ce ragoût de tripes avec ventrèche, saucisses et légumes est bien réel et délicieux.
Et bien, nous avons la réponse.
Et, si nous l’avions quelque peu perdue, cet homme à lui seul,
par ce geste, nous fait reprendre confiance en la nature humaine.
Cela paraîtra peut-être enfantin à certains d’entre vous, mais si vous saviez comme il m’est agréable d’entendre, dès que j’entre dans une boutique :
« Holà Daniela ! »
Jamais personne ne nous dira : « Vous aimez l’Uruguay ? C’est bien ici, n’est-ce pas ! »
Mais chaque fois, s’assurant que nous avons bien compris la langue :
« Si vous avez besoin de quoique ce soit, dites-le, nous sommes là ! »
Et nous n’entendrons jamais : « Vous êtes ici chez vous ! »
Les choses agréables ne s’arrêtent pas là.
En Uruguay, nous retrouvons aussi le goût pour la "bonne bouffe".
Rémy a retrouvé le plaisir de déguster du bon fromage. Et pour ma part, je me délecte du lait et des savoureux yaourts uruguayens.
Nous déplorons seulement ce goût démesuré de l’Amérique du Sud pour le sucre.
Impossible de trouver des yaourts sans sucre. Nous nous sommes laissés piégés par la mention « sin azucar », trop heureux de trouver enfin la perle rare. Hélas, s’il n’y avait effectivement pas de sucre, un édulcorant le remplaçait !!!
Quant au café, lorsque nous trouvons enfin l’indication « sin azucar » (une seule marque le fait), nous "raflons" le stock en attendant impatiemment le prochain réapprovisionnement.
Nous nous régalons également de la bonne charcuterie uruguayenne. Rôti fumé, Matambre (rôti cuit après avoir été roulé en y insérant herbes, carottes et œufs durs). Et nous avons hâte de trouver les succulents boudins « dulce » que nous avions goûté à Colonia. Il s’agit de boudin noir farci d’amandes, pistaches, miel et cannelle. Une spécialité d’Uruguay – un pur régal.
Nous pouvons manger des rognons (nous adorons !) ou encore du foie (pas toujours coupé avec professionnalisme et je vais finir par passer derrière le comptoir et la couper moi-même !) ou encore de bonnes saucisses artisanales.
Veau, mouton, canard, et jolie bébête aux grandes oreilles, on oublie toujours.
Mais nous ne trouvons pas non plus de porc.
Et le bœuf est plus rose que jamais et n'a donc aucun goût.
Mais comment pourrait-il en être autrement lorsque nous apprenons qu’une vache est tuée à 12 mois alors qu’en France on attend 2 à 3 ans minimum ?!
Après cette digression sur les mentalités et notre estomac (organe qu’un bon Français cherche toujours à contenter !!!), nous pourrions poursuivre la visite de Mercedes en continuant après le port, là où l’avenue se rétrécit.
La route mène alors vers l’extérieur de la ville, toujours séparée du rio par de larges pelouses ombragées, et s’enfonce dans la campagne semble-t-il.
Non pour faire des achats et chercher des matériaux, comme nous le faisons trop souvent.
Mais pour visiter les alentours et prendre une "bouffée de campagne"…
Revenons sur le quai
de Puerto Mercedes
Les premiers jours après notre arrivée à Mercedes, la météo n’était pas vraiment propice à la balade (notons que depuis cette semaine de froid, nous avons la plupart du temps des journées estivales. Et lorsque la température descend à 15°C, toute la population revêt aussitôt parkas, gants et bonnets (!), c’est donc qu’il ne doit jamais faire beaucoup plus froid.).
Les coups de vent et la pluie furent fréquents et, malgré de belles journées ensoleillées, nous sentions nettement le changement de saison.
Pour fêter le Vendredi Saint, nous passions la matinée à doubler les amarres au quai et nous accrocher à une 3ème bouée à l’arrière. Un fort coup de vent étant annoncé.
Tirer, à la rame, contre le vent et le courant, une grosse et longue amarre qui plonge inexorablement au fond de l’eau…
Que du bon pour les muscles d’un Capitaine !
Bref !
Nous découvrions les aléas du port de Mercedes.
Et ce n’était pas le moment de quitter le navire !
Mais rester sur est tellement plaisant. Jamais nous ne nous sentons enfermés.
De plus, même si ce n’est qu’une rivière, nous retrouvons cette sensation d’être sur l’eau qui nous manquait tant durant ces longs mois coincés entre nos 2 poteaux de bois, avec pour seule vue des dizaines de bateaux.
L’eau est verte et non marron. Aucun déchet ne flotte. Et aucune trace de carburant et autre liquide non identifié ne vient polluer l’eau du rio (abstraction faite du jour où un bateau argentin amarré au port a allumé son moteur !)
Terminées donc les traces noires et grasses qui nous obligeaient plusieurs fois par jour à nettoyer, dégraisser et désinfecter la cuvette des toilettes, par exemple.
Si nous sommes toujours là cet été, nous pourrons peut-être même nous baigner !
Sur le quai, le dimanche, les promeneurs, le thermos sous le bras et le pot de maté à la main, sont fréquents et ne passent jamais sans s’arrêter pour photographier les bateaux.
Vu l’état actuel de , nous avons un peu honte. Mais bon !
Ceci dit, cela ne semble choquer personne. Ces visiteurs sont même probablement surpris de voir des voiliers battant pavillon étranger amarrés à Puerto Mercedes en cette saison.
Certains viennent aussi s’installer sur le quai pour pêcher ou encore passer l’après midi sur des chaises pliantes.
Les voisins
Près de , seuls 4 bateaux sont amarrés au quai de Puerto Mercedes.
Deux bateaux battent pavillon argentin.
L’un d’eux est une sorte de barge aménagée, partie depuis (en laissant "sa" grande nappe de gasoil sur le rio !).
L’autre est un voilier (la seule fois où nous avons vu des gens monter à bord, Vent de Folie a tapé le quai, secoué par les vagues provoquées par leur bateau moteur poussé à fond les manettes à quelques mètres de nous – Il faut qu’ils viennent nous em…… jusqu’ici !)
Il faut dire que le quai n'est pas bien grand. De plus, lorsque l’on connaît la difficulté du parcours sur le Rio Negro, on comprend mieux pourquoi.
Le reste du quai est pris par des voiliers de voyage.
Illawong, le premier voisin de , dont les propriétaires sont un couple d’Australiens.
Nous avons échangé quelques propos depuis le pont de nos bateaux et partagé notre avis commun sur l’Argentine (que des gentillesses ?!?) avec Phil et Julia qui semblent des plus sympathiques mais vont nous contraindre à réviser notre anglais (!).
Comme nous, ils travaillent à l’amélioration de leur voilier et nous n’avons pas encore trouvé le temps de boire un verre ensemble. Nous espérons nous rattraper bientôt !
La dernière place est prise par notre bon gros qui se distingue encore par ses jolies couleurs arc en ciel (!?).
Ici, le capitaine du navire, Cesar, se joint aux manœuvres avec les mariniers. Il fait même les vitres.
Je l’ai invité à faire les miennes, mais il n’a pas voulu !
Tout l’équipage est d’une grande sympathie et nous avons eu droit à un coup de trompe en guise de premier salut.
Alors que nous craignions de déranger les manœuvres de ce catamaran en nous amarrant sur cette deuxième partie du quai, le capitaine s’est excusé de devoir enlever notre énorme amarre (ajoutée en prévision du gros coup de vent) pour pouvoir larguer la sienne.
Apprenant alors que nous n’avons pas eu la météo, il court sur son catamaran, redescend avec le bulletin météo du jour et le donne à Rémy.
Lorsque nous devrons nous accrocher à une autre bouée à l’arrière, toujours à cause du vent qui nous rabat sur le quai, Rémy préviendra Cesar que nous ôterons cette amarre dès le coup de vent passé, afin de ne pas gêner ses manœuvres de départ.
Pour le reste du quai, la place est réservée pour le Soriano, le catamaran de la ville de Mercedes.
César lui répondra :
« Laisse ton amarre, c’est plus sûr. Moi je partirai en marche arrière et je ferai demi-tour ! »
Note pour les futurs visiteurs : Petit changement à Puerto Mercedes
Désormais, le port n’est plus gratuit comme cela était le cas avant. L’eau et l’électricité sont facturées selon consommation. Les équipages doivent donc se présenter à l’hydrographie qui procède aux relevés des compteurs.
Nos premières impressions
Comme le dit l’expression populaire : « Au début, c’est toujours tout beau, tout rose ! »
Nous savons en effet par expérience que nous pourrions un jour regretter cet élan d’enthousiasme.
Mais pour l’instant, que ce soit aux alentours du port ou au centre ville, nous n’avons que témoignages de gentillesse et de réelle sympathie dans cette ville.
Le cadre est des plus agréables. Et s’il est une population que l’on peut qualifier de modeste (quel changement !), gentille et « tranquilo », ce sont bien les Uruguayens.
Et ce calme nous fait le plus grand bien, vu le stress qu’engendrent parfois nos travaux.
Ainsi, nous ne sommes à Mercedes que depuis quelques semaines, mais il nous semble que nous allons nous plaire ici.
A tel point que nous appréhendons déjà notre retour en Argentine. Retour qui s’avérera pourtant indispensable pour de futurs achats de matériel et autres nécessités.
Mais en attendant, nous comptons bien en profiter et devrions avancer nos travaux dans les meilleures dispositions possibles . . .
Et lorsque cette amarre le gêne vraiment (quand le vent est trop fort pour qu’il fasse demi-tour par exemple), c’est encore lui qui s’excuse.
En ce qui, nous concerne - pour le pain du Capitaine notamment (!) mais pas seulement - nous allons dans une despensa située dans la rue, en face du port.
Il n’y a pas la moindre vitrine.
Et le plus souvent...
… Mmmm !!!