La cabine arrière est désormais vide de tout aménagement.
Que nous le voulions ou non, il va bien nous falloir en faire quelque chose.
Le plus facile, a priori car elle nous donnera bien des soucis, est la paroi du compartiment moteur.
Pour le reste, il s’avère que le « comment » est bien plus difficile que le « faire »
Nous savons depuis longtemps comment nous souhaitons aménager cette cabine :
Le problème dans tout ça, ce n’est pas tellement la conception.
C’est prendre les mesures.
Ce travail va nous donner bien des soucis et de longues heures passées tous deux assis sur le sol de cette cabine, à réfléchir et prendre des mesures qui ne seront jamais les mêmes ou/et jamais les bonnes (!).
Pour les non initiés, il faut savoir qu’un bateau est à l’intérieur comme il est à l’extérieur.
La coque de est ronde. On appelle cela « coque en forme » – et quelle forme !
Donc dedans… tout est arrondi.
Les murs sont ronds. Le sol est rond.
A l’arrière, la coque se rétrécit, donc le fond de la cabine est rond également.
Quant au plafond, offrant quelques courbes lui aussi, il correspond pour l’extérieur au fond du cockpit dont une partie à été abaissée l’an dernier à Tigre. Dedans, nous avons donc 2 niveaux de plafond côté moteur.
Pour trouver la verticale, il existe un objet très simple à fabriquer soi-même et très utile :
le fil à plomb
Rémy a donc accroché des plombs au bout de 2 ficelles et nous avons tenté de faire tenir ces fils sur ces "chères" plaques d’isolant, au plafond.
Jusque là, tout va bien… ou à peu près !
Mais dans un bateau qui bouge au gré de l’onde et du courant…
Nos jolis fils à plomb ne servent pas à grand-chose.
Ils se balancent tranquillement au gré des mouvements du bateau.
Le plomb tinte gaiement en cognant la coque.
Génial !
Cela nous donne une indication approximative. Mais nous ne pouvons en aucune façon leur faire confiance pour des mesures précises.
D’autant qu’avec la quantité de matériel entreposé sur le pont et tout le contenu de la cabine bâbord entassé dans celle de tribord…
a une très nette tendance à pencher sur la droite – Ah ben mince alors !!!
Si vous avez tout compris, vous voyez un peu ce qui nous attend.
Ça va être facile, ces aménagements !?!
Lorsque, enfin, nous sommes parvenus à tracer sur le mur des verticales à peu près verticales et des horizontales à peu près horizontales…
Il nous faut alors tenir compte de toutes les courbes des sols, murs et plafonds, afin de vérifier si nous aurons partout la hauteur et la largeur nécessaires pour ce que nous voulons mettre dans chaque partie de notre futur meuble.
Vous n’y comprenez rien ?
Et bien, pour êtres francs, parfois… nous non plus.
C’est un vrai casse tête !
Ayant pitié de ceux qui ne connaissent pas le voilier, et souhaitant qu’ils restent avec nous jusqu’à la fin, voici un petit croquis "maison" qui leur permettra de visualiser :
Ça va mieux ? Alors je continue !
Lorsque, enfin, nous pensons avoir trouvé LA solution, une autre contrainte nous saute aux yeux. Il faut alors reprendre le mètre, les tasseaux, cartons, bouts de bois et autres ustensiles qui nous servent de gabarit et tout recommencer.
Ras le bol !
Et pendant ce temps nos planches attendent leur ponçage, masticage, peinture…
Depuis des mois, nous cherchons également une solution pour les revêtements des murs et plafonds. En Argentine, nous avions trouvé un placage stratifié.
Super ! C’est ce qu’il nous faut.
Puis nous apprenions que la plaque de stratifié de 1m 20 sur 3 mètres se vendait seule. Le client devant la coller lui-même sur le contreplaqué.
Sur le pont d’un bateau, c’est très pratique (!?)
« Sinon, vous pouvez faire faire le travail par un « carpintero » (menuisier) »
Ah ça… plus jamais - Non merci !!!
Les connaisseurs se demanderont pourquoi nous ne mettons pas du Komacell (matériau idéal connu en France de tous ceux qui aménagent leurs bateaux).
Nous leur répondrons : Ne retournez pas le couteau dans la plaie.
Nous en avons cherché. Mais le Komacell (ou équivalent), ça n’existe pas ici !
Il nous reste donc comme solution ce que nous voulions absolument éviter vu le travail que cela représente et les conditions dans lesquelles nous devrons le faire : la peinture.
Nous cherchons également un revêtement plastique (du genre de notre bon vieux « Lino » français).
Après renseignements, nous découvrons LA quincaillerie de Mercedes : Caúlin.
La quincaillerie Caúlin ressemble aux quincailleries d’antan; de hauts murs en bois où sont accrochés tous les accessoires, des tiroirs en bois avec des poignées en cuivre...
Chaque coin est utilisé. On y trouve à peu près tout (sauf des vis inox. Heureusement, notre Capitaine prévoyant en avait fait un stock en Argentine).
Dans cette caverne d’Ali Baba pour le bricoleur, nous trouvons en effet du « vinílico ». Mais il ne fait pas plus d’1 millimètre d’épaisseur, et lorsque le vendeur nous dévoile sa gamme de couleurs, nous abandonnons aussitôt l’idée.
Choix : unique - Couleur : beige marbré.
Mais ce marbré ferait plutôt penser à ce qui résulterait d’un lendemain de fête trop arrosé.
Beurk !
Nous poursuivons notre prospection.
Sur le trottoir d’en face, Caúlin vend aussi du bois et autres matériaux de construction.
Nous n’avons toujours aucune solution pour nos plafonds, vaigrages (fonds muraux) et futurs aménagements.
Nous allons donc voir si ce "cher Caúlin matériaux" aurait notre solution miracle.
Prospection à Mercedes
Comme en Argentine, il y a du stratifié.
Couleur au choix : blanc ou blanc (!?). Mais ce blanc se décline en mat ou brillant – Tout de même !
A savoir qu’entre temps, nous avons commencé "nos" peintures.
Et ça se passe plutôt… assez mal.
Les pinceaux argentins laissent des poils, les rouleaux des peluches. Les fournitures en Uruguay sont les mêmes. Et les moustiques, moucherons et autres bestioles viennent finir de saccager le travail. De plus, à la moindre rosée, la peinture colle et ne sèche plus.
Marre de chez marre !
Impossible de faire du bon boulot dans ces conditions !
Après bien des hésitations, nous nous déciderons donc pour la grande plaque de stratifié, qui viendra s’ajouter à tout le "fourbi" qui envahit déjà le pont de et que nous devrons coller nous même (!).
Dans le même temps, nous devons résoudre un autre problème :
Trouver de quoi faire des gabarits.
Car avec toutes les rondeurs de , impossible de couper directement le contreplaqué. Et les cartons ramassés ici et là sont bien trop petits.
Que pourrions-nous donc utiliser ?
La solution, c’est notre Capitaine qui la trouve.
Et oui ! un Capitaine intelligent, ça gamberge.
!?!
Un jour où nous arpentons les rues de Mercedes à la recherche d’ingénieuses idées, nous passons devant une entreprise de publicité.
Devant le comptoir, Rémy remarque une plaque de plastique alvéolé.
Mais c’est bien sûr ! Voilà ce qu’il nous faut !
Pour changer, nous nous faisons encore remarquer déambulant dans Mercedes avec notre grande feuille plastique à bout de bras.
Mais désormais, nous pouvons commencer les aménagements de notre future cabine bureau-atelier.
Petite pause pour “El día de la Madre”
Oups !
Depuis quelques jours, les boutiques affichent des idées cadeau pour la fête des mères.
En effet, ce dimanche 15 mai, ce sera El dia de la Madre.
N’ayant rien vu de tel l’an dernier en Argentine, j’ai alors oublié pour la première fois de ma vie de souhaiter une bonne fête à la mère qui a eu la patience et le mérite d’élever avec tant d’amour une famille nombreuse : la mienne.
Ravie d’être avertie assez tôt, je m’empresse de l’appeler.
« Merci ma chérie, mais c’est pas aujourd’hui. C’est dans 15 jours ! »
Oups !
Tant pis, ici c’est aujourd’hui. Et cette fois, je serai la première !
Anecdote : Adorable mari !
Depuis des mois, je n’ai plus l’heure dans le bateau.
Nos montres font n’importe quoi. Et le vieux réveil du même âge que , après de longs et loyaux services, a rendu l’âme.
Dans la vitrine d’une petite boutique aux articles hétéroclites, j’aperçois un réveil pas trop "voyant" (ici, on aime les breloques. Plus c’est chargé, mieux c’est !).
Ce n’est pas tout à fait ce que je souhaitais, mais pour 3 euros, piles inclues, je n’hésite pas.
L’aimable vendeur me demande alors : « Je vous l’emballe ? » - Non merci, c’est pour moi !
Et Rémy d’ajouter, avec un large sourire :
« C’est pour la fête des mères, pour qu’elle n’oublie pas l’heure du repas ! »
Trop généreux de ta part. Merci Chéri !...?
Quitte ou double ?
Revenons à nos … Travaux – Bravo, vous avez gagné !
Nous en sommes aux traçages et gabarits.
Confortablement installés, comme vous pouvez le constater, dans la cabine d’amis, nous glissons comme sur un toboggan chaque fois que nous nous apprêtons à marquer d’un trait sur le mur la mesure que nous avons mis des heures à vérifier.
Après maintes découpes des arrondis, des angles et que sais-je encore… le gabarit est bon.
Tout au moins, nous l’espérons.
Nous pouvons passer à la découpe du contreplaqué.
1ère cloison du meuble : coupe et ajustage terminés.
Nous vérifions chaque fois le niveau avec l’ustensile du même nom.
Vous savez, cette règle avec une bulle qui, lorsque est elle bien horizontale ou verticale, doit se trouver au beau milieu de sa cavité.
Cet instrument est encore plus pratique que le fil à plomb. Mais encore faut-il tenir compte du "sérieux penchant" de .
Elle est comment la bulle, sur le sol du carré ?
La moitié sur le trait !
Ok !
Et sur la verticale ?
1/3 sur le trait !
D’accord, alors on est bon !...
?!
Rémy, bénéficiant du grand avantage de posséder des jambes à la mesure de sa taille, doit la plupart du temps me caler les pieds afin de m’éviter de glisser dans le moteur.
Et nous nous retrouvons souvent l’un sur l’autre tentant de remonter la pente sans perdre mètre, feutre et niveau.
Les fous rires se succèdent et nous font le plus grand bien, faisant oublier les périodes de découragement.
2ème cloison du meuble : coupe et ajustage terminés.
Dans le même temps, nous avons préparé la paroi moteur sur laquelle Rémy a découpé une porte et fixé un tasseau sur lequel s’appuiera le futur plancher.
Essai de pose...
Quant à la peinture… ... c’est une autre histoire...
Deuxième quinzaine de mai
Nous sommes le vendredi 20 mai
Grosse déprime – Le second craque !
Je travaille "sur" la paroi moteur depuis une semaine.
Mastic, ponçage, sous-couche, ponçage, 1ère couche de peinture…
3 jours plus tard… La peinture colle toujours.
Cette fois, nous avons acheté la peinture, très résistante et à séchage ultra rapide (?), dans un magasin spécialisé de Mercedes.
Le vendeur, très ennuyé, se déplace afin de comprendre ce qui a pu se passer.
Sur ses conseils, nous faisons d’autres essais…
Aucun problème ! La peinture sèche normalement.
Gloups ?!
Il semble que l’humidité et la journée de pluie consécutive à ma première couche soient les responsables de ce résultat. A moins que la peinture et la sous-couche ne soient pas compatibles, mais il n’y croit pas.
« Après avoir peint, il ne faudrait pas laisser les planches dehors pour la nuit ! », nous dit-il.
Ha ! Ha ! Ha !
Je suis bien d’accord avec cet aimable garçon.
Mais je les mets où mes planches... dans notre lit ?... !!!
Un fait certain est qu’il faut poncer cette porte et tout refaire.
Merde !
C’est reparti pour le ponçage…
La peinture colle au papier à poncer.
Des "tas" collants se forment sur toute la surface de la porte.
Je passe du papier le plus fin au plus épais...
Rien à faire !
Après 2 jours de ponçage… à sec… à l’eau… à la main… à la ponceuse…
Ça colle toujours !
Notre vendeur, décidément très consciencieux, revient. Devant le résultat catastrophique, il nous conseille l’essence pour ôter toute la peinture. Il faudra ensuite refaire le masticage et la sous-couche.
RAS le bol ! On ne va pas y passer une semaine de plus !
Je décide de tout stopper.
Nous avons commandé du stratifié. Nous en collerons également sur cette paroi.
C’est fragile et pas très conseillé pour une porte moteur, mais tant pis !
Mardi 18 mai
Livraison du stratifié
Le grande plaque posée contre les haubans est appelée « compensado » et devrait nous permettre de doubler le stratifié pour les murs et plafonds… A voir ?
En attendant, n’ayant que le roof pour travailler à notre aise, elle protègera nos plaques de contreplaqué posées sur ce même roof.
Au boulot !
Et quand le Capitaine cessera de faire l’imbécile…
On trace …
…on coupe…
…nous pourrons coller la première face.
Il faut ensuite araser les bords.
Rémy va enfin pouvoir se faire la main sur sa nouvelle défonceuse (cf. notre journée chez Sodimac -Argentine), tout en essayant de la garder… la main !!!
Heueu… comment ça marche ce truc là ?
!!!
Puis nous recommençons pour l’autre face…
Les 2 cloisons du meuble, ajustées aux formes généreuses de la cabine, sont stratifiées.
Notre apprenti menuisier procède ensuite au rainurage et pose des coulisses qui recevront tablettes et tiroirs.
Tous les chants seront collés, puis coupés et arasés à la lime avec la précision et la délicatesse d’une main féminine (!).
Pour une première fois,
nous sommes fiers de nous !
Le cadre est posé, la porte est coupée en 2 parties articulées par des charnières. Isolant phonique et joint sont collés.
Rémy nous fabrique même de jolis boutons coinceurs en bois.
Opération porte moteur terminée… enfin !
Terminées également la pose des lourdes plaques d’isolant phonique et les cloisons qui compartimentent la cale moteur.
Ouf ! Une bonne chose de faite. Nous pouvons passer à la suite.
A la suivante !
Mais non Chéri, reviens…
on n’a pas terminé !
Bon, et bien si tu t’en vas, moi aussi !
Mardi 24 mai
déménage
Matinée de stress pour le second
Après plus d’un mois de beau temps, la température chute brutalement et une pluie torrentielle s’abat sur Mercedes.
Sur le pont, tout est mouillé. Impossible de travailler dehors. Nous prenons donc 2 jours de repos imposé, cloîtrés dans le carré, emplissant des pages de croquis de nos futurs aménagements.
Dans le port, l’eau monte comme en début de ce mois de mai. Et comme la dernière fois, elle arrive en haut du quai où nous sommes amarrés.
Nous sommes jeudi.
La pluie a cessé. Mais suite aux fortes pluies des jours derniers, le barrage en amont a été ouvert. L’eau monte donc toujours et couvre désormais les poteaux de bois au bord du quai.
Alors que nous prenons notre premier café matinal, nous entendons quelqu’un frapper dans les mains (Il est préférable de le savoir, c’est de cette manière que l’on appelle les gens en Uruguay).
Une employée du port ainsi que Walter, équipier sur le Soriano (le catamaran touristique qui a déjà déménagé) sont inquiets pour nous.
Nous devons changer de place.
Le quai suivant est plus haut. Ils vont écarter un petit voilier. Nous pourrons prendre la bouée à l’arrière et amarrer l’avant au quai, comme ici.
Nous aurions préféré pouvoir terminer notre café avant de déménager. Mais ces gens attendent pour nous aider. La jeune femme, employée de l’hydrographie, est même allée enfiler ses bottes pour ôter nos amarres.
La tête dans un total brouillard (surtout moi avant mon 3ème café !), nous nous préparons donc à changer de place.
Nous procédons à un déblayage ultra-rapide du pont et du cockpit où l’on ne peut plus poser un pied.
Il nous faut ensuite larguer les amarres qui nous retiennent aux 3 bouées (un peu légères pour que nous nous contentions d’une seule) à l’arrière.
Rémy monte donc dans l’annexe et, à la rame, va décrocher la bouée arrière sur tribord. Puis il passe une amarre en double sur celle de bâbord afin de maintenir l’arrière de jusqu’au dernier moment et pouvoir ensuite la ramener depuis le cockpit.
Note : Si vous n'êtes pas marin, vous n'avez rien compris. C'est normal et ce n'est pas bien grave. Mais je me dois de nourrir les "fanas" de manoeuvres !
Ces amarres étant longues et épaisses, elles sont bien trop lourdes pour un premier amarrage. Je n’aurais jamais la force de les lancer sur le quai. Aussi devons-nous utiliser des cordages plus fins.
En même temps, la bouée que nous devrons prendre est loin du quai et aucun de ces cordages ne serait assez long. Il nous faut donc utiliser 2 cordages fins, dont celui qui nous tient pour l’instant à l’avant.
Nous sommes prêts à partir.
Toujours super, les manœuvres de port. J’adore !… ???
Moteur en marche - C’est parti !
Pendant ce temps, je suis déjà repartie à l’avant, au pas de course, afin de préparer le nouvel amarrage.
Il n’y a qu’une centaine de mètres entre notre place actuelle et celle où nous allons. Et, suite à l’ouverture du barrage, le courant est très fort.
Rémy prend la barre.
Je m’occupe dé récupérer nos 4 amarres, larguées par la jeune femme et Walter à l’avant.
Puis je cours à l’arrière afin de donner l’une d’elles à Rémy.
D’une main, il tient la barre, de l’autre il noue les 2 cordages.
Il faut faire vite.
Nouvelle course à l’arrière.
Je me saisis du cordage prolongé, le fixe à la gaffe (perche munie d’un crochet) et, sur les ordres du Capitaine, me positionne sur bâbord.
Ma gaffe et mon cordage sont prêts. Rémy vise la bouée…
C’est bon, je la tiens !
Je récupère rapidement le cordage, pose la gaffe, et cours avec cette amarre vers l’arrière pour la donner à Rémy qui la fixera au taquet ("crochet" sur le pont qui permet d’attacher les amarres) tout en dirigeant l’avant vers le quai.
Moment de concentration extrême pour un Capitaine qui, lui, ne court pas
mais doit tout faire en même temps.
Sans attendre, je cours de nouveau à l’avant afin de me préparer à lancer les amarres à Walter qui attend à terre.
Je me baisse pour prendre les cordages… me relève… Gloups ???
Je constate stupéfaite - et me mettant aussitôt à trembler, car il ne m’en faut pas plus ! - que l’arrière de , poussé par le courant, nous a suivi (!?).
En fait, le nœud entre les 2 cordages a lâché.
Notre cordage est bien accroché à la bouée…mais sans nous !
Nous allons donc nous retrouver parallèles au quai.
Rémy est alors contraint de changer de manœuvre - Facile à dire ! - et nous avons quelques secondes pour préparer un nouvel amarrage sur tribord.
Par chance, nos nouveaux voisins sont absents.
Ils ne verront pas notre 15 tonnes s’engageant dans un créneau serré entre leurs petits bateaux.
Notre delphinière rase le haut d’un petit yacht.
C’est pas bien grave, c’est un bateau argentin (!)
Mais je suis une gentille fille (!!)
Je me précipite donc et, accroupie sur la delphinière, passe les pieds au milieu pour le repousser afin de ne pas l’abîmer.
Dans la précipitation, j’ai même failli y laisser une cheville.
Vous voyez ce dont je suis capable, même pour un Argentin !!!
A l’arrière, nous poussons en douceur le petit voilier qui, heureusement, a de la place pour se dégager.
Et moi, je peste une fois de plus contre les arrivées au port !
Chaque fois, c’est une véritable séance de gym.
Vous l’aviez oublié ? Moi aussi, et ça ne me manquait pas !
Ceci dit, nous avons bien fait de faire confiance aux gens d’ici. Car le lendemain, l’eau continuait de monter. Elle atteignait le bord de notre nouveau quai, pourtant bien plus haut que l’autre,
Sur "notre" ancien quai, n’est visible que le haut des compteurs. Et les poteaux auxquels nous étions amarrés resteront entièrement sous l’eau pendant plusieurs jours.
Si nous avions attendu, nous aurions dû plonger pour ôter nos amarres.
Mais si l’eau monte encore, nous devrons tous quitter le quai et nous mettre à l’ancre au milieu du rio.
Pour l’instant, nous resterons sur ce quai, n’ayant aucune envie de déménager tous les 15 jours.
Hélas ! Car la vue n’est plus du tout la même.
Ici, terminé d’admirer les arbres et les petites barques depuis les hublots de la cuisine. Nous avons maintenant le quai, c'est à dire un mur de pierre pour seule vue sur tribord.
Dommage !
Après l’effort, le réconfort !
Après ce changement de place sportif, nous voulons remercier Walter, dit Pipi, qui vient de nous aider.
Nous l’invitons, lui, ainsi que son Capitaine Cesar et le jeune marinero, Gabriel (qui n’est autre que le fils du Capitaine) à boire – non un café, nous sommes en Uruguay ! - mais un maté.
Nous discutons de choses et d’autres avec ces 3 hommes sympathiques. Rapidement, Walter étant très gourmand semble-t-il, nous en venons à la bonne chair.
Je leur demande alors s’ils savent où nous pourrions trouver du porc.
« Oui, dans la boucherie où je me sers, ils ont du porc et du mouton », nous dit Walter.
Eureka !
« Mais c’est un peu loin, nous dit-il. Et c’est mieux qu’il te connaisse.
Si tu veux, j’amène l’un de vous avec ma moto. »
Aussitôt dit, aussitôt fait !
Rémy se dévoue et nos deux gaillards enfourchent la moto de Pipi.
Rémy revient quelques minutes plus tard avec la viande toute fraîche, coupée devant lui, sur la bête suspendue à un crochet. Il suffit de montrer le morceau que l’on souhaite (!)
Et la prochaine fois, le boucher peut nous la livrer à domicile sur un simple coup de fil.
Merci au boucher. Merci surtout à l’adorable Pipi !
Pendant ce temps, je me rends dans ma despensa préférée pour acheter le pain.
Nous parlons de Candice et Nestor, notre épicier (cf. pages précédente), me demande comment nous faisons pour lui téléphoner et j’évoque le décalage horaire ne coïncidant pas forcément avec les horaires du cybercafé.
« Si tu veux, tu viens ici, j’ai Internet. », me dit-il.
Merci beaucoup, mais ça va, on se débrouille !
Il insiste mais comprend que nous ne voudrons pas abuser de sa gentillesse. Il me dit alors :
« Bon, d’accord. Mais si ça ne fonctionne pas ou quand c’est fermé, venez ici. Pour moi, qu’on s’en serve ou non, ça me coûte la même chose. Et surtout, tu le dis à Rémy. »
De retour de la boucherie, Rémy passe chez Nestor pensant que je ne suis pas sortie. Nestor lui répète que nous avons Internet à notre disposition, chez lui, quand nous le voulons.
Et la journée n’est pas terminée.
Chaque mois, la municipalité offre un concert aux habitants de Mercedes. Ce soir, c’est un concert de jazz.
Nous ayant rencontrés lors du dernier concert, Nestor propose de nous emmener en voiture à ce concert auquel, très mélomane, il compte bien assister.
20 heures - Nous allons donc de nouveau au concert à Mercedes.
Que de sorties depuis que nous sommes ici !
Après le concert, Nestor nous invite tout simplement à partager une pizza.
Tant de témoignages de sympathie en une seule journée.
C’est à peine croyable !
Devons-nous préciser combien nous sommes touchés par tant de marques de sympathie ?
Devons-nous dire combien nous avions oublié que de tels gens pouvaient exister ?
Devons-nous encore expliquer à nos amis Argentins pourquoi nous nous sentions si mal et si seuls dans leur pays ? (Eduardo, qui nous balada sur le Delta à bord de Lena et que nous apprécions beaucoup, nous ayant posé la question avant notre départ)
Dimanche 29 mai
Allez, y-en a marre.
On arrête le boulot et on va se balader !
Nous quittons le port toujours sous l’eau et partons main dans la main dans la campagne environnante.
Je tiens ma promesse !
Et ce jour là, les scooters transportant ainsi 4 personnes étaient nombreux.
Des gens se regroupent sur les pelouses. Ils préparent leurs chiens. Une course de lévriers va avoir lieu.
Mais rien à voir avec nos courses européennes. Ici, tout se passe avec cette grande simplicité que nous apprécions tant chez les Uruguayens.
En Uruguay, comme vous le savez déjà si vous avez lu nos pages sur La Paloma ou Colonia, nombreux sont les véhicules que nous ne pourrions voir ailleurs que chez un collectionneur.
Celle-ci nous plait particulièrement :
Dommage ! Elle arrive un peu tard pour mon poisson d’avril !!!
Nous rentrons relaxés par ce bol d’air et de campagne.
Un petit apéro en amoureux... manger... et au lit !
Demain, c’est lundi. Nous devrons nous remettre à l’ouvrage . . .
Après un "petit" ponçage du vernis qui envahit toutes les parois et dont la poussière marron et collante envahira tout le bateau…
Che peux chortir !
...nous sommes prêts.
Comme nous sommes à Mercedes, c’est doublement ta fête.
Et puisque nous fêterons bientôt tes 85 ans, je suis certaine que tous les lecteurs du site se joignent à moi pour t'embrasser et te souhaiter de rester encore longtemps aussi jeune et aussi belle.