Depuis une quinzaine de jours, l’hiver s’est installé.
Les bottes sont alors indispensables car, très vite, l’eau envahit les places et les routes et il nous faut enjamber non des flaques mais de véritables piscines.
Sinon, la plupart du temps, les journées sont ensoleillées et très agréables. Pour l’instant, la grisaille est exceptionnelle à Mercedes.
Et notre beau et puissant chauffage à gasoil me direz-vous ?
Hors de question de l’allumer en ce moment.
Pourquoi ?
En grande partie à cause de l’efficacité des artisans Argentins.
Tiens, il y avait longtemps !?!
Vous vous souvenez peut-être que notre groupe-frigo est neuf, changé en mars dernier par un frigoriste de Buenos Aires.
3 semaines plus tard, à peine arrivés en Uruguay, nous avons dû arrêter notre réfrigérateur qui fonctionnait sans jamais s’arrêter et risquait de vider nos batteries. Probablement une fuite de gaz.
Nous comptons bien rappeler le cher homme dès notre retour en Argentine. Mais en attendant, nous avons dû remettre en service notre petit réfrigérateur de bar acheté au Sénégal. Et la seule place disponible pour celui-ci est devant notre poêle.
Nous venons également de fabriquer une nouvelle porte anti-froid avec l’énorme rouleau d’isolant qui prend une bonne partie de la cabine de Candice.
Nous n’y avions pas pensé avant.
Preuve que nos neurones ramollissent.
Est-ce l’âge ? Est-ce le froid ?
Nous opterons pour la 2ème raison !
Le matin, après être enfin parvenus à sortir de sous la couette, nos carcasses mettent un certain temps à chauffer (!).
Difficile de travailler sur le pont avec ce froid et nous attendons avec impatience les premiers rayons de soleil.
J’ai trouvé une solution pour mes doigts congelés.
Rémy regrette beaucoup de ne pouvoir en faire autant.
Mais chercher des chaussures, chaussettes ou gants à sa taille, en Uruguay, reviendrait à chercher une aiguille dans une botte de foin.
Peut-être même aurions-nous plus de chance !
Malgré le froid, nous progressons.
De notre petit meuble informatique est née une étagère conçue spécialement pour notre imprimante.
En 5 ans et demi, c’est probablement le seul matériel qui ne nous ait jamais lâchés.
Elle méritait bien ça !
Nous faisons même du stylisé.
« Tu nous fais du Louis Philippe ? », ironise Rémy.
Il veut sans doute se venger de toutes les vacheries dont il fait l’objet dans ce site.
Mais ne dit-on pas : « Qui aime bien, châtie bien ! ».
La suite de ce meuble (tiroir et partie haute) sont en cours de fabrication.
Notre fille arrive dans moins d’un mois. Nous devons nous hâter d’avancer la banquette.
Ce que nous appelons banquette sera en fait un coffre destiné à l’outillage. Celui-ci aurait pu servir de couchage si nous ne l'avions réduit après avoir vu la cabine vide (!)
Il permettra tout au moins, le temps des vacances de Candice, d’y débarrasser tout le fatras entreposé dans sa cabine.
Les séquences gymnastique et glissades recommencent donc.
Rémy a fixé un tasseau qui soutiendra la façade de ce coffre.
Anecdote : l’Afrique de l’autre côté de l’Atlantique !
Rémy se rend dans notre quincaillerie préférée, chez Caúlin, afin d’acheter de solides équerres de charpentier pour fixer notre meuble sur le tasseau installé à cet effet.
Rémy a expliqué qu’il voulait du « costaud ». Or celles que lui propose le vendeur ne le sont pas. Rémy les connaît, il a vu les mêmes en Argentine.
L’équerre est posée sur le comptoir.
Devant le scepticisme du vendeur, Rémy appuie d’un simple doigt sur un côté de l’équerre. Elle se plie immédiatement.
(je dois dire que j’ai essayé, avec tous les doigts des 2 mains, elle n’a pas bougé d’un millimètre !!!)
« Alors, il faut faire comme les charpentiers, la fabriquer vous-même », répond le vendeur.
N’ayant d’autre solution, Rémy demande alors de l'acier galvanisé afin de fabriquer ses équerres.
« Nous n’en avons pas, nous n’avons que du fer classique. »
Mais je suis sur un bateau. Le fer, ça rouille !
« Oui, il faut le traiter et le peindre. »
Rémy est stupéfait : Si j’ai bien compris, je dois couper le fer, le plier, le traiter et le peindre.
Mais j’en ai pour une semaine à faire mon équerre !
En conclusion, chez Caúlin, il n’y a pas d’équerre pour les Eckert !
Nous utiliserons finalement celles que nous avons en attendant de retourner en Argentine. Là bas, Rémy sait où trouver du galvanisé. Il est un peu gros, mais au moins ce sera du costaud.
(Comme quoi, il n’y a pas que du mauvais en Argentine !!!)
Le tasseau est fixé. Nous devons mesurer la hauteur de cette façade, toujours sur un sol on ne peut plus bombé…et glissant.
Qui c’est qui s’y colle ?
Ma pomme bien sûr !
Il faut prendre des hauteurs tous les 10 cm, du tasseau au sol et les reporter sur la plaque de contreplaqué.
Essai. . . C’est pas mal !
Mais il faut toujours raboter 5 millimètres ici, 3 millimètres là…
Monter et descendre avec notre planche nous fatigue davantage que le travail. Le soir, nous nous écroulons.
Y- a pas quelqu’un qui voudrait venir nous faire la tambouille ?... !
Puis ponçage… masticage…
Encore un passage à l’atelier peinture et la façade de ce coffre sera terminée.
Suite à ma récente expérience (cf. porte moteur) j’ai de grandes appréhensions quant à cette séquence peinture. Mais cette fois, tout se passe bien.
Impossible d’éviter les nuées de poussières qui se déposent pendant le séchage, mais la peinture sèche normalement et le résultat est acceptable.
Ouf ! Me voici rassurée.
Il nous reste à poser les étagères.
Coupe des tasseaux qui soutiendront ces étagères…
Pose des tasseaux…
Après de multiples essayages impliquant autant de montées et descentes de la cabine au pont pour raboter de-ci, de-là… nous reprenons l’atelier peinture.
Et pendant le séchage, tandis que le Chef a le dos tourné, un petit coup de vernis sur les tasseaux …
Façade du coffre et étagère du fond terminées.
Le chef : Mais non, c’est pas la peine. C’est qu’un atelier !
Le second : Peut-être, mais on fait du beau boulot, autant aller jusqu’au bout, non ?
Le chef, pour qui certains mots sont imprononçables : Oui, t’as peut-être grhgrhgrh…(!)
Pour qui a connu notre cabine bâbord :
C’est une sacrée transformation, n'est-ce pas ?
Et pour ceux qui se régalaient à voir ceci :
Ils ne le verront plus.
Mais je trouverai bien autre chose pour vous divertir, faites-moi confiance (!!!)
Il nous reste à fabriquer une longue étagère que nous souhaitons installer sur bâbord, au dessus de la banquette-coffre, quelques aménagements à l’intérieur, un couvercle pour ce coffre, ainsi que tous les rebords en bois qui éviteront aux objets de tomber en navigation.
Et les vacances, c’est quand ?...
Séquence rencontre
Dimanche 5 juin
Vendredi, un nouveau voilier est arrivé à Mercedes.
Boumou reste au mouillage, non loin de nous et nous faisons la connaissance de Yves et de ses 2 équipiers occasionnels, Gilbert et Carlos, 3 hommes très sympathiques.
Yves est bruxellois – Nous l’excusons car il nous le demande gentiment (!!!)
Après un échange de menus services, nous prenons un verre, assis au soleil, dans le cockpit de Boumou.
Nous regrettons seulement leur départ si rapide. Nous aurions eu plaisir à passer quelques soirées avec eux.
Mais ce petit moment de détente nous a fait le plus grand bien et nous sommes heureux d’avoir pu renouer avec ces rencontres de voyage, qui, même très éphémères, sont toujours si agréables.
Dès le lundi, nous nous remettons vite au travail.
Car la météo à venir est catastrophique pour nous : 10 jours de pluie.
Nous n’allons plus pouvoir travailler sur le pont.
Et Candice arrive dans 2 semaines.
Alors que nous travaillons, les visiteurs du dimanche nous offrent, à leur insu, quelques petites distractions.
Une bouée de sauvetage est installée sur le quai, juste devant .
L’endroit semble idéal pour une photo souvenir.
Depuis les hublots du carré, nous assistons à des poses pour le moins originales…vues de dos !
Allez Capitaine, on retourne au boulot !
Séquence détente
Dimanche 12 juin
Nos voisins de quai, Phil et Julia, nous convient à passer la soirée avec eux, sur Illawong.
Pizza maison accompagnée d’un bon vin argentin, tout en visionnant de superbes photos de leur séjour dans les canaux de Patagonie.
Nous passons une excellente soirée et faisons plus ample connaissance avec ce couple d’une grande sympathie et d’une grande humilité, malgré une longue expérience du voyage et de la mer. Car Phil et Julia voyagent depuis 19 ans et ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin.
Une autre soirée improvisée sur nous permettra de découvrir leur grand sens de l’humour et une conception commune du voyage et des rencontres.
Et nous attendons la présence de Candice pour "remettre ça".
Elle nous aidera à dialoguer car Phil et Julia sont encore moins doués que moi pour les langues - ce qui n’est pas peu dire !
Et parler anglais, alors que nous nous concentrons sur l’espagnol afin de progresser... Pas évident !
Séquence distraction
En fait de pluie, nous aurons quelques averses, pas mal de vent et un bel orage. Mais de belles éclaircies nous permettront de poursuivre les travaux.
Notons que pendant cet orage assez violent, un employé du port viendra nous demander si nous avons du courant.
Il est alors 20 heures 30 et les bureaux sont fermés depuis bien longtemps.
Nous subissions en effet une coupure d’électricité et craignions de rester sans chauffage pendant toute la soirée.
Aussi sommes-nous très reconnaissants envers cet homme qui eut la délicatesse de penser à nous et de revenir sur son lieu de travail.
Les montants du meuble avancent.
Heu… par où vais-je commencer ?
Pour utiliser le maximum de place disponible, Rémy confectionnera un tiroir sur mesure.
Un sacré boulot pour lequel le Capitaine, même s’il n’est pas content de lui car ce tiroir lui a donné quelques soucis, mérite les félicitations du jury.
Une séance glissade qui finit mal
Mercredi 15 juin
Dans le même temps, nous procédons au "retaillage" des anciens plafonds en fonction du nouvel aménagement.
Depuis le début, nous craignons la chute sur ce sol en pente glissante. Aussi, après quelques dérapages incontrôlés, jamais je n’entre dans cette cabine sans avoir chausser mes "chaussures bateaux" aux semelles très adhérentes.
Mais ces jours-ci, avec l’humidité, la tôle est plus glissante que jamais.
En effet, quelques secondes après cette photo, notre reporter occasionnel assiste à une glissade phénoménale.
Tenant le plafond d’une main, vissant de l’autre, j’ai les 2 bras en l’air lorsque mes pieds glissent à la vitesse de l’éclair vers le compartiment moteur.
Mon sternum rebondit alors sur le tasseau et la façade du coffre et je m’effondre sur le sol, le souffle coupé net et la douleur fulgurante.
Rémy est blême, persuadé que sa chère et tendre moitié a plusieurs côtes cassées et va souffrir le martyr pendant quelques semaines.
Rémy se moque de son apprentie "menuisière" dangereusement armée de sa perceuse.
Il joue alors au reporter tandis que moi…je bosse !
Qui rira bien... ne rira pas longtemps !
Les mauvaises langues diront qu’il a surtout pensé au boulot qui allait lui "retomber dessus".
Mais non ! Il n’est pas comme ça mon Capitaine !
Heureusement, plus de peur que de mal…quoique ?
Une belle frayeur pour le Capitaine.
Une belle et longue douleur, croissant au fil des jours (une côte fêlée et un bel hématome probablement), ainsi que bien des gémissements au moindre mouvement pour le second désormais terrorisé à l’idée d’aller au fond de cette cabine.
Dès le lendemain, Rémy décide de commencer le plancher.
Ce travail étant compliqué, toujours eu égard aux formes d’une coque de bateau, nous comptions nous en occuper plus tard.
Mais désormais, nous prenons conscience qu’il y a urgence. Nous ne pouvons risquer un accident plus grave.
Quelques heures plus tard...
le premier plancher est fait.
Une journée de fou
Mardi 21 juin
Notre fille arrive dans 5 jours. Sa cabine est toujours pleine et il n’y a toujours pas d’isolation sur la tôle côté cockpit.
Juillet étant le mois le plus froid de l’année (la température descend jusqu’à 4 degrés (parfois moins 2) la nuit)…
Elle va se cailler !
Tandis que je commence à vider sa cabine et à entasser tout le bazar dans notre nouvelle banquette-coffre afin de poser au moins une couche d’isolation, Rémy affronte le vent froid et travaille comme un forcené.
Il mesure…coupe…stratifie…
Pour me permettre de mieux ranger le « bazar ambiant » et faire de la place pour les affaires de notre demoiselle, il décide même de faire l’étagère prévue depuis bien longtemps dans la grande niche de notre salle de bain.
Une simple étagère, c’est facile. Ça devrait aller vite !
Et bien pas tant que ça !
Aucun angle n’est droit et, contrairement aux apparences, les côtés ne sont pas parallèles. Ajoutons à cela un renfort en acier qui descend d’un côté et différents quarts de rond dans les coins (ceux qu’affectionnait tant celui qui aménagea notre beau bateau).
Rémy passera - comme d’hab. ! - la journée à monter et descendre
afin d’ajuster au mieux cette étagère.
La nuit tombe. Nous travaillons à la chaîne, éclairés par les lampadaires du port.
Je stratifie une face…
Cette fois, la colle n’a pas vraiment le temps de sécher.
Nous sommes fatigués, mais l’arrivée prochaine de notre fille nous donne du cœur à l’ouvrage.
Lorsqu’elle sera là, nous prendrons un peu de repos.
Nous en avons grand besoin. Mes côtes aussi !
En attendant, nous faisons une petite balade à Gualeguaychu (ville argentine à la frontière avec l’Uruguay), afin de prolonger nos visas qui ne peuvent attendre le retour de Candice en Nouvelle Zélande.
Hélas, pour sortir de Mercedes, c’est assez galère. C’est loin de tout et les bus circulent la nuit ou aux aurores.
Lever 5 heures du mat.
Rien de tel pour récupérer (?)
Retour obligé en début d’après midi, car nous n’avons aucune envie de passer la nuit à Gualeguaychu.
Aujourd’hui, il fait un froid de canard. Nous nous gelons toute la matinée.
Traversée du rio Uruguay
De retour à Mercedes, nous puisons dans nos dernières forces pour faire quelques provisions impossibles à faire en Argentine à cause des denrées interdites au passage de la frontière.
Puis nous nous écroulons.
Ô rage, ô désespoir !
Soirée du vendredi 24 juin
Tout est prêt pour l’arrivée tant attendue de notre mousse.
En Nouvelle Zélande, nous sommes samedi midi et Candice vient de terminer sa première session d’examens.
Le nuage de poussière se déplace.
Le volcan chilien est toujours en éruption.
De nombreux vols sont annulés.
La Nouvelle Zélande, mais aussi l’Argentine et surtout l’Australie sont actuellement très touchés et de nombreux vols en provenance ou à destination de ces villes sont annulés.
Elle est folle de joie à l’idée de nous revoir. Voici 4 mois qu’elle en rêve.
Demain, ce rêve va devenir réalité.
Sans penser le moins du monde être concernée, Candice nous dit avoir entendu parler de l’annulation de certains vols au départ de Nouvelle Zélande.
Nous restons en communication mais lui conseillons d’aller immédiatement sur le site Internet de la compagnie aérienne.
De son côté, Rémy va consulter les actualités sur l’éruption du volcan chilien.
Candice doit prendre un avion de la compagnie Aerolineas Argentinas.
Ce vol arrive de Buenos-Aires, via Sydney.
Notre fille est sur le site. Elle vérifie la liste des vols annulés… Nous l’entendons hurler.
Nous ne pourrons pas serrer notre fille dans nos bras dimanche.
Et nous ne savons pas si nous pourrons le faire avant les prochaines vacances… dans 6 mois.
A bientôt donc, avec meilleur moral nous l'espérons !
Travaux à suivre . . .
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