Cette fois, les touristes sont là. Les véhicules arrivent en masse d’Uyuni. Ils sont une quinzaine.
Une colonne de 4x4 est garée devant le bâtiment dans lequel les cuisinières préparent les tables et le repas pour leurs groupes respectifs.
Pour les "fêlés du ciboulot", c’est l’heure de la baignade.
En effet, au pied du Cerro Polques, les voyageurs peuvent se baigner dans l’eau à plus de 30°C de ce petit bassin.
Tandis que Candice et moi grelottons sous 5 ou 6 couches de pulls et manteaux, certains sont assez fous pour se mettre en maillot sous ce vent glacial et se jeter à l’eau.
Alors, elle est comment ?
HeueuHouhouHâââ…
... Booonne !?!...
Venez les filles.
En fait, une fois dedans, elle est super bonne !
Non, non, non ! Nous, on vous tendra les serviettes !
...et pas assez de bain moussant !
Ils veulent ma mort.
Rien que là, j’ai le doigt congelé !
Mais j’avoue que le décor a été choisi avec beaucoup de goût !
Honte à vous !
Le petit bâtiment près de la piscine est fermé. C’est donc en plein vent, glacial, qu’ils devront tous se dévêtir, puis, à peine séchés, remettre leurs vêtements.
Merci aux gérants du parc dont le prix vient d’être multiplié par 5 pour les étrangers.
Motif : entretien des pistes et équipements.
Mais quel entretien ? Quels équipements ?
Les pistes sont "pourries". La neige s’entasse sur celles-ci sans que nous croisions une seule déneigeuse.
Et les refuges s’avèreront être des taudis, sans eau et avec l’électricité le temps du repas du soir, dans lesquels nous serons reçus sans aucun égard, nos chauffeur et cuisinière autant que nous, par des femmes soi-disant chargées de l’entretien.
Après un repas tiède malgré l’abri qu’offre la salle à manger et tous les efforts d'Ema, nous reprenons la route.
La neige s’entasse toujours davantage et Sergio préfère quitter la piste.
Il tente de se frayer un chemin, guidé discrètement par Ema qui semble connaître parfaitement la région.
Cette Ema est épatante. Elle connaît tous les chemins, tous les endroits à éviter sous la neige. Pendant ces quelques heures pénibles pour Sergio, c’est elle qui le guidera avec beaucoup d'efficacité.
Les Geysers de Sol de Mañana
Nous sommes à 4850 mètres, dans le centre géothermique de Sol de Mañana.
Hélas, aujourd’hui, pas de geyser. Le vent est trop fort.
Nous n’aurons droit qu’à quelques flammèches et une légère odeur de souffre.
Nous marchons avec prudence, la température pouvant approcher à certains endroits les 200°C.
Le temps ne s’améliore pas.
Nous nous approchons de la frontière chilienne et du désert d’Atacama.
Nous sommes sur une piste très enneigée et nous dirigeons vers Laguna Colorada, à 41 km, où nous passerons la nuit.
Laguna Colorada (4278 m)
La superficie de ce lac est de 60 km2 et sa profondeur ne dépasse pas 80 cm. Ici, tout est rose, les flamants, le sol et l’eau.
Entourée de volcans, lorsqu’il n’y a pas ce vent, l’eau de ce lac est rouge vif.
Cette couleur provient des algues microscopiques, dont se nourrissent les flamants roses.
Les importants sédiments du lac sont riches en diatomées, utilisés pour la fabrication d’engrais, de peinture, de dentifrice et de plastique. Ces microfossiles servent aussi pour les produits pharmaceutiques, le kérosène, la bière et le vin.
La rive est couverte de dépôts blancs de sodium, de borax et de gypse.
Les 3 espèces de flamants d’Amérique du sud nichent sur cette laguna.
Ils sont nombreux, mais toutefois menacés par la bêtise humaine.
De nombreux touristes, ne sachant respecter la magie de la nature, se plaisent en effet à faire du bruit afin de voir s’envoler ces oiseaux.
Nous prendrons sur le fait certains de ces "crétins", espèce hélas non menacée.
Dois-je m’étendre sur les conditions d’hébergement dans ce refuge, au bord du lac le plus mythique de la région ?
C’est sale.
La plupart des vitres sont cassées.
Il n’y a pas d’eau au lavabo, ni dans les toilettes.
Et pour ajouter au confort des lieux, la gardienne est d’une antipathie rare dans ce pays.
Important : Nous découvrons la chasse d’eau bolivienne.
Un grand bidon bleu est posé derrière une cloison. Au dessus est suspendu un petit bidon blanc, coupé à la moitié.
Pour « tirer la chasse », il faut remplir le petit bidon blanc dans le grand bidon bleu puis aller le verser dans la cuvette des toilettes. Ce autant de fois que nécessaire.Attention : Lorsque le grand bidon est vide, personne ne vient le remplir. Et comme on ne sait pas où trouver de l’eau… !
Toutefois : Estimons nous heureux qu’il y ait une porte devant chaque WC. Dans certaines toilettes publiques, les WC se succèdent dans un couloir, uniquement séparés par des cloisons.
Les groupes partis d’Uyuni nous ayant rejoints, toutes les chambres sont occupées. De plus, certains touristes ont le mal de l’altitude.
Je vous laisse imaginer l’état des sanitaires quelques heures après notre arrivée et la honte qu’ont pu ressentir les voyageurs malades, vis-à-vis de leurs colocataires occasionnels.Notre gardienne ira jusqu’à refuser le moindre récipient aux malades.
Par chance, comme la plupart des Boliviennes, Ema connaît très bien les plantes.
Nous découvrons le lendemain matin qu’un robinet fonctionne. Il est installé sur le mur des toilettes, mais à l’extérieur uniquement. Personne n’a pris la peine de le raccorder à ceux du lavabo et des WC.
Quant à Ema, nous ignorons comment, dans ces conditions déplorables, elle a réussit l’exploit de nous concocter, encore une fois, un bon repas. Mais elle et Sergio semblaient aussi désabusés que nous.
Lorsque nous demandons à Sergio et Ema le prix des chambres, ils nous apprennent que cet endroit est le plus cher du circuit et sont ravis que nous décidions, avec nos amis, de faire part de nos récriminations aux gardes, à la sortie de la Réserve. Ce que nous ne manquerons pas de faire.
Après cette nuit mouvementée pour certains, nous nous préparons
à passer notre 3ème journée dans le Sud Lípez . . .