Dépêchons nous. Il est 10 heures, la cérémonie va commencer !

Nous sommes devant la cathédrale de Copacabana, à l’heure pour assister aux baptêmes.

Ne cherchez pas les enfants, il n’y en a pas.

Par contre il y a des dizaines de voitures, minibus, camions et même des autobus.

Tous ces véhicules sont ornés de fleurs, de rubans et de banderoles.

Pour ceux qui auraient omis de décorer leur véhicule, pas de problème !

Les nombreux stands installés autour de ce superbe édifice religieux vendent tout ce qu’il faut.

Ainsi parés et rutilants, les véhicules attendent capots ouverts devant la Cathédrale.

Car aujourd’hui c’est leur fête.

Nous allons en effet assister à la

« Benedición de Movilidades »
(la bénédiction des véhicules)

Cette bénédiction est l’occasion d’implorer la protection de la Vierge et de verser en offrande de l’alcool sur les véhicules afin de les bénir.
Ce type de cha’lla (bénédiction ou offrande rituelle) est très courant notamment chez les compagnies de bus.
Et si le prêtre empoche sans réticence les dons des automobilistes, cela coûte bien moins cher qu’une assurance.

Les propriétaires sont accompagnés de leurs familles et certaines femmes ont revêtu pour l’occasion leurs plus belles tenues.

Le prêtre arrive enfin et va procéder au baptême des véhicules les uns après les autres.

Muni d’une baguette rouge terminée par un joli pompon blanc, il fait le tour du véhicule, bénit dehors, puis dedans, un petit coup d’eau bénite sur le moteur et enfin sur les pneus.

La bénédiction de la voiture est terminée.

Puis l’heureux propriétaire, ou le plus souvent son épouse, se précipite sur les roues pour les asperger de bière.

Sans lâcher son joli seau bleu, Monsieur le curé reçoit discrètement son obole.

Puis, pour fêter l’heureux évènement,
Monsieur et Madame vont "s’en jeter un petit coup dans le gosier" !

Les baptêmes se succèderont jusque dans l’après midi. Et, connaissant maintenant le goût des Boliviens pour la fête et la boisson, il est probable que les propriétaires poursuivront les festivités bien plus tard dans la soirée.

La cour des miracles

Nous laissons ces gens profiter de leur bonheur évident et nous dirigeons vers l’arrière de la Cathédrale.

Nous allons alors assister à une scène qui prête beaucoup moins à sourire.

Derrière l’édifice, nous remarquons une petite porte par laquelle des gens entrent et sortent. Tous semblent très recueillis.

En sortant, ils donnent une pièce à des mendiants, souvent très handicapés, voire mutilés.


Souhaitant comprendre ce qu'il se passe derrière ces murs, nous entrons.

Nous sommes dans une pièce longue et très sombre. Les murs et le plafond sont peints en noirs. Aucune lumière n’éclaire les lieux.

De part et d’autres, sur ces murs, des noms, des années ou des vœux sont inscrits avec de la cire.

Devant chaque mur et au centre de la pièce, sur des sortes de comptoirs, noirs eux aussi, des bougies sont allumées.

Devant ces comptoirs, les yeux fermés ou fixés sur ces inscriptions, les gens prient, implorent, se signent, embrassent les murs...

Des frissons nous parcourent le dos.

C’est glauque.

C’est touchant au possible.

Il semble que ce lieu réunisse toute la misère du monde.

Et les mendiants à la sortie renforcent ce sentiment.

Manger à Copacabana… tout un poème !

Copacabana est une petite ville simple, agréable, avec toujours la même gentillesse de la part de la population.

Située au bord du lac, les touristes sont nombreux à venir y séjourner avant d’aller visiter les îles.

Dans les rues, hôtels et restaurants se succèdent donc.                    

Lors de ces deux soirées à Copacabana, nous avons eu l’occasion d’aller dîner dans certains de ces établissements.                   

Nous en gardons un souvenir impérissable.

Anecdote : Boire ou manger, il faut choisir !... ?

Devant chaque établissement, un jeune homme est chargé d’alpaguer le client qui passe.

Chacun tente surtout de nous attirer avec la « trucha », plat typique de la région du lac.

Mais nous savons que la truite du lac Titicaca a fait de nombreuses victimes parmi les touristes. Nombreux sont ceux qui ont dû être hospitalisés.

La truite, nous ne voulons donc même pas y penser !

Nous n’avons pas de but précis, les prix sont sensiblement les mêmes partout, nous entrons donc dans le premier restaurant dont le menu nous convient.

 Nous nous installons dans la petite salle. Le garçon arrive.

Nous avons le choix ente 2 menus (au même prix) avec entrée, plat et un verre de vin.

Candice demande tout d’abord si elle peut avoir un soda à la place du vin.

« Pas possible, au menu, c’est un verre de vin ! »
De l’eau alors ?
« Pas possible, au menu c’est un verre de vin ! »

Rien à faire. On ne peut pas mélanger les 2 menus – Gloups !?

Excédés, nous payons la bouteille, nous levons et partons.

Devant son entêtement, nous n’insistons pas. Nous avons très soif et commandons une grande bouteille d’eau en précisant que nous la paierons en supplément.

 Après quelques hésitations, il apporte notre bouteille.

Tandis que nous buvons, le jeune homme prend la commande.

Nous avons bien des difficultés pour nous faire comprendre. Et ce n’est pas un problème de langue puisque nous avons notre petite traductrice.

Cumulant nos efforts, nous comprenons enfin que l’entrée du menu choisi n’est pas disponible.

C’est pas grave, donnez-nous l’entrée de l’autre menu.

Notre serveur part… puis revient : « Pour l’autre menu, nous n’avons pas le plat. »

C’est pas grave, donnez-nous l’entrée de 2ème menu et le plat du 1er.

Le garçon nous regarde avec un air ahuri…s’en va de nouveau… revient…
« Non -  Impossible ! »

Nous tentons de discuter afin de faire comprendre à ce sympathique jeune homme que nous n’avons pas vraiment le choix.

2ème restaurant :

La carte propose un menu avec une soupe suivie de nombreux plats au choix à base de viande, volaille ou truite.

Avant d’entrer, nous nous assurons auprès du sympathique rabatteur qu’il y ait bien tout ce qui est indiqué sur la carte.

« Oui, oui. Pas de problème ! »

Nous nous installons pour la seconde fois à une table de restaurant.

Nous sommes les seuls clients pour le moment.
Sans attendre, un jeune homme se précipite et pose 3 assiettes de soupe devant nous.

Nous avons très froid. Cette soupe est providentielle et nous la dévorons.

Nous avons choisi le plat principal mais le garçon, qui nous regarde, ne semble pas décidé à venir nous voir.
Nous avons soudain un doute. Va-t-il venir prendre la commande ?

Nous l’appelons et lui indiquons nos choix.
Il nous regarde surpris, nous écoute, et semble ne rien comprendre.

Mais enfin Candice, tu parles quelle langue ce soir ?... !!!

Nous reprenons alors les cartes et lui montrons avec le doigt les plats choisis.

Il se baisse à 10 cm de la carte. De temps en temps il relève la tête, nous lance un regard ahuri et tente de nouveau de lire ce que nous lui indiquons.
Mais il ne semble toujours pas comprendre.

Sait-il seulement lire ? Probablement pas !

Je me lève, m’adresse alors directement à la femme qui cuisine derrière le passe-plat et lui fais notre commande.

A chaque plat demandé, elle fait un signe négatif de la tête et me dit « trucha ».

Je comprends finalement que l’unique plat disponible est cette fichue « trucha » .

La truite, surtout pas !
Nous n’avons aucune envie de visiter les hôpitaux boliviens.

N’en pouvant plus et l’estomac dans les talons, nous demandons si elle peut nous faire des pâtes (j’en ai aperçu un paquet dans la cuisine).

« Ah non, pas de pâtes -  Trucha  ! »
Grrrr !

Pour la 2ème fois, nous quittons la table.

Nous tentons de dîner depuis plus d’1 heure.
Notre repas se limite pour l’instant à une bouteille d’eau et une soupe.
Et nous arpentons toujours les rues de Copacabana à la recherche d’un plat principal qui ne soit pas de la « trucha »… !

3ème restaurant :

Devant la porte, un homme nous tend de nouveau une carte.
Cette fois, nous insistons très précisément, racontant nos mésaventures. L’homme nous assure qu’il a tout ce qui est écrit sauf un plat qu’il nous indique.

Nous n’entrons qu’après avoir choisi et obtenu la réponse favorable du patron et du cuisinier.

Ouf ! Nous allons enfin pouvoir terminer notre dîner.

Cette anecdote peut faire sourire. Mais nous nous posons de sérieuses questions sur le niveau intellectuel de ces jeunes auxquels nous avons eu à faire ce soir.

Important

Ce que nous ignorons encore est que, plus nous avancerons dans notre périple - soit très prochainement le Pérou - plus nous serons confronté à l’illettrisme.

Or nous verrons au Pérou des affiches annonçant :
« Plus d’1 million de Péruviens savent lire et écrire. Rejoignez-les ! »
Les statistiques officielles annoncent pour ce même pays un taux de 96% d’alphabétisation.

Mais quelle alphabétisation ?

(Nous reparlerons de ce problème dans la page de présentation du Pérou, avec des chiffres, hélas, beaucoup plus réalistes).

Toujours le samedi 22 mai – Départ de Copacabana

Nous avons réservé des places dans le bus de 13 heures.

Direction Puno, au Pérou . . .

 

 


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