Le trajet de Puerto Iguazú à San Ignacio dure 5 heures.

Le bus est plein - par chance il reste 3 places – et s’arrête dans chaque village.

 

Au fil des kilomètres et des arrêts, le bus se remplit. En bas comme à l’étage, les passagers envahissent les couloirs.

San Ignacio

Il est 15 heures - A première vue, on ne peut pas dire que San Ignacio soit très animé.

De plus, le temps ne s’arrange pas. Nous avons toujours aussi froid.

Nous arpentons les rues de cette petite bourgade à la recherche d’un hébergement.  Nous optons pour la pousada d’une charmante dame qui nous interpelle sur la place.

Pousada Papillon

Hormis le froid, ce sera le meilleur endroit de tout notre séjour.

Si un seul des hébergements que nous avons connus pendant ce voyage méritait le nom de pousada, ce serait celui-ci. Charme, propreté, gentillesse, discrétion et conseils – Tout y est !

Info : Si vous passez par-là, nous vous conseillons fortement cette adresse : « Hospedaje Papillon » - Nous contacter pour plus d’info ou réserver (en espagnol ou en allemand) sur : hospedajepapillon@hotmail.com

Dans un petit bâtiment, près de leur maison, les propriétaires viennent d’aménager 3 jolies chambres, une salle de bain et une terrasse-cuisine avec vue sur un petit jardin potager dans un quartier populaire où les gens sont très sympathiques.

                    
        
          
Tout est impeccable, les chambres sont décorées avec goût et nous disposons même d’un PC et d’un accès Internet.

Hélas, en cette année exceptionnelle, il ne manque que le chauffage !

Nous partageons la cuisine avec de jeunes voyageurs – Allemands et Belges en l’occurrence – échangeant nos avis sur les lieux visités ou tentant de nous réchauffer avec les moyens du bord.

La propriétaire, est une femme adorable et nous ne saurions que trop la remercier de sa gentillesse.
Sans elle, nous aurions pu renoncer à cette dernière visite, pourtant si intéressante, ou serions morts de froid.

Et je n’exagère pas.
 
Le thermomètre descend en dessous de zéro la nuit et remonte péniblement à 8°C dans la journée.

Nous ayant vus la veille tétanisés par le froid, elle arrivera de bon matin les bras chargés de vêtements.
Pulls, anorak et sous-vêtements polaires pour Candice qui tousse de plus en plus, collants, chaussettes, écharpes, bonnets…
Elle est seulement très ennuyée de ne rien trouver à la taille de Rémy qui devra se contenter de la superposition de ses 3 tee-shirts et d’un sweat.

Heureusement, il n’est pas le plus frileux !

Nous enfilons tout – absolument tout - ce qu’elle nous a donné…

 

…et partons à la découverte de la civilisation guarani, dans les Missions jésuites de San Ignacio.

Les Missions

La région est célèbre pour ses missions jésuites du 17ème siècle.

En 1608, le gouverneur de la province espagnole ordonna aux Jésuites de convertir les populations locales tupi-guarani.

Les Jésuites créèrent 30 missions au Brésil (au nord du Paraná), en Argentine et au Paraguay.

Derrière cette volonté de conversion religieuse, il est aisé de découvrir que le véritable objectif fut avant tout politique et économique. 

Les Indiens ainsi rassemblés répondaient en effet à un grand besoin en main d’œuvre et à la nécessité d’établir une ligne de défense contre les Portugais qui souhaitaient récupérer les territoires occupés par les Espagnols.

Mais, contrairement à ce qui se passait ailleurs en Amérique du Sud,
les Jésuites tentèrent de convertir les Guarani tout en respectant et en préservant leur culture et leur langue.

Les premiers jésuites arrivèrent en parlant déjà la langue guarani.

Les missions devinrent des centres de culture et de pensée, autant que religieux.
L’art y était florissant mêlant dans la musique et la peinture des éléments européens et guarani.

Alors que l’époque était à la monarchie et à l’esclavagisme,  les missions représentaient un lieu privilégié où les richesses étaient partagées équitablement et où l’esprit, la religion et les arts tenaient une place très importante.

Organisation des missions

Ces « reducciones » (colonies) furent d'une grande richesse archéologique. Mais elles furent surtout une expérience sociale, culturelle et religieuse unique au monde.

On estime à environ 100 000 le nombre d’Indiens vivant dans les missions jésuites.

Tous les habitants de la mission travaillaient et possédaient un lopin de terre.

Les missions comportaient 2 sortes de parcelles :
Les unes appartenaient aux familles qui y cultivaient leurs légumes.
Les autres étaient destinées à la collectivité et permettaient de nourrir l’église, l’école et l’asile pour les veuves ou autres femmes seules.
Parmi les cultures, la production de coton et d’herbe à maté tenaient une place importante pour l’économie de la mission.

 

Outre la culture de la terre, les hommes travaillaient comme charpentiers, forgerons ou artisans dans les ateliers de la mission.
Les femmes s’occupaient des tâches domestiques et de l’éducation des enfants et travaillaient dans les ateliers de filature.

Mais les deux participaient au travail artistique et religieux.

Sculpture, métallurgie, céramique ainsi que des instruments de musique très raffinés naquirent dans ces missions.
              

Alors que la coutume permettait aux chefs de posséder 20 à 25 femmes, les Jésuites leur imposèrent la monogamie.
En revanche, un couple nouvellement marié obtenait une maison et un bout de terrain.


Les Jésuites respectaient le pouvoir des chefs indiens et s’en servaient pour maintenir la cohésion des Guarani.


La prison s’avéra vite inutile, les Guaranis ignorant « le mal ». Les locaux prévus à cet effet furent reconvertis en pousada pour les visiteurs.


Des érudits inventèrent la forme écrite du tupi-guarani et des ouvrages dans cette langue furent publiés dès 1704, sur l’une des premières presses à imprimer d’Amérique latine.


Tous les Indiens des missions -  hommes, femmes et enfants - furent alphabétisés.

Fin des missions

Ces missions disposaient d’une autonomie politique et économique vis à vis de la couronne espagnole.

Leur succès fut en grande partie responsable de leur chute.

Ces jésuites à l’esprit indépendant devenaient gênants pour Rome et pour la monarchie.

Les missions furent placées sous le contrôle du gouvernement en 1750 et les Indiens ne furent plus protégés contre l’esclavage.
En 1754, le refus des Guarani de quitter les missions entraîna la Guerre guarani.
Une force armée hispano-portugaise attaqua les missions, tuant plus de 1500 Indiens et réduisant les autres à l’esclavage.

La population guarani fut décimée. Les Jésuites furent expulsés.
Ce fut la fin des missions et de cette expérience socialiste très réussie.

Les missions furent laissées à l’abandon puis entièrement recouvertes par la végétation.

Mission de San Ignacio Mini

La mission de San Ignacio Mini est la mieux restaurée de la région.

A son apogée, elle rassemblait près de 4000 Guarani.

Maquette des bâtiments principaux.

La place centrale est le centre géographique de la mission.

Autour de cette place ont été construits l’église, l’école, l’hôpital, la prison, l’épicerie, les ateliers, le cimetière, la salle du conseil et les habitations des jésuites.

Les Indiens vivent sur les côtés.

                
La mission comporte également des bâtiments destinés à l’hébergement des visiteurs, après que ceux-ci aient subi 24 heures de quarantaine afin d’éviter de contaminer les Indiens.

Bâtiments communs :

      
                     

         
   

       
                       Réfectoire

L’énorme église en grès rouge est le joyau de San Ignacio.

                           

Elle mesure 74 mètres de long et 24 mètres de large. Avec ses murs d’une épaisseur de près de 2 mètres et ses portes finement sculptées, elle forme le cœur de la colonie. 

Près du cabildo (sorte de conseil municipal) se dresse une rangée de colonnes.

Un figuier étrangleur, surnommé  « l’arbre de pierre », a poussé autour de l’une de ces colonnes la rendant presque invisible.

              

La visite de cette mission et du musée à l’entrée des ruines fut passionnante.

Après une visite guidée des plus captivantes (hélas, en espagnol, mais avec un guide passionné et très au fait de l’histoire des missions), nous avons passé la journée à fouler le sol de cette ancienne mission, voir et revoir ces pierres, ces sculptures sur les colonnes et les portes de l’église, à imaginer la vie dans ces habitations ou encore les enfants apprenant la musique ou le chant.

Le musée, outre de nombreuses informations sur la vie dans ces missions, nous a permis de découvrir la culture guarani.
Nous avons pu voir des sculptures, des instruments de musique mais aussi écouter la langue guarani ainsi que quelques chants, superbes, de cette population.

Nous avons ainsi quelque peu appris à connaître cette civilisation Guarani et avons été particulièrement sensibles à la disparition de ce peuple qui vivait dans la paix et le respect de toute chose, chassé de sa terre, contraint de renier sa culture et sa religion, pour être enfin exterminé.

Mais il nous faut poursuivre…
   Tu viens ?!

On va se mettre au chaud (!?!) 

Dernière étape :

La ville de Rosario pour les futurs travaux sur                          
                                     avant notre retour « à la maison » . . .


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