En fin d’après midi, nous nous présentons à l’embarquement sur l’Evangelista, l’un des bateaux de la Compagnie Navimag transportant véhicules et passagers.

Anecdote : Y’aurait pas plutôt un bus pour Puerto Montt ?!

 Alors que nous nous présentons au comptoir de Navimag pour l’enregistrement de nos bagages, un jeune homme très courtois nous reçoit et, étonné de notre ignorance, nous annonce avec quelque prudence que le voyage sera plus long que prévu.
Nous ne débarquerons pas à Puerto Montt vendredi matin mais samedi matin. En compensation, une escale est prévue à Chacabucao, nous dit-il, où Navimag nous offrira une excursion suivie d’un asado.

La nouvelle nous ravit.
Un jour de plus sur un bateau nous ne nous gène absolument pas et, n’ayant fait aucune réservation pour la suite du voyage, nous avons le temps.

Curieux, nous demandons toutefois la raison de ce contretemps.

Soulagé de notre réaction, alors qu’il a probablement essuyé bien des remontrances de la part d’autres clients ayant perdu toutes leurs correspondances, le jeune homme devient très expansif.

Il nous explique que, lors de son dernier voyage, l’Evangelista a perdu sa rampe (porte) arrière.

Gloups !




Celle-ci a été repêchée et attend le ferry à Puerto Chacabuco.

Lors de son discours d’accueil, notre guide donnera beaucoup moins de précisions et parlera simplement de « maintenance ». Il semble que nous ayons été les seuls informés de cet incident.

Nous confions nos bagages à une équipe très sympathique puis attendons, assis dans la salle d’embarquement.
Notre futur guide doit donner certaines consignes et annoncer le programme de la semaine.

Anecdote : Bingo !

La moyenne d’âge des passagers est quelque peu avancée pour notre jeune fille et elle craint le pire « niveau » ambiance à bord.
Elle nous dit : « On va pas rigoler tous les jours. Je sens que ça va plutôt être Bingo tous les après midi. »

Marcello prend la parole : « … Le premier soir, nous organiserons une soirée danse dans le bar du ferry… Dans la semaine, une autre soirée sera organisée. Nous jouerons au…Bingo. »

Je ne puis alors retenir un gloussement qui nous fit immédiatement remarquer par tout l’équipage et les passagers.
                                                    Heueu…Désolée !

20 heures – Embarquement immédiat !


Nous nous installons dans nos quartiers.

N’ayant pas réservé de cabine, nous sommes dans l’un des nombreux compartiments de 4 couchettes. Mais, comme notre gentil réceptionniste nous l’a promis, nous sommes seuls et bénéficions d’un hublot.

Notre première nuit à bord fut des plus brèves.



Mardi 1er décembre – 5 heures du mat.



Une sonnerie tonitruante fait vibrer les cloisons des coursives.

Hein ? Quoi ? Qu’est-ce que c’est ?

5 heures 15 – Rebelote !

Cette fois en triple exemplaire au cas où des matelots n’auraient pas bien entendu ( !?)


Moteur !


6 heures

Un bruit de tonnerre et des vibrations.

L’équipage remonte la chaîne et l’ancre gigantesque du cargo.

Les énormes amarres sont larguées.


Machine avant toute !


C’est bon ! Maintenant, on va pouvoir dormir.


7 heures – Un appel au micro.

Mais c’est pas bientôt fini, non ?

« Tout le monde sur le pont. Nous allons prendre le passage le plus étroit du parcours. »

Nous sommes en effet au milieu des nombreux îlots qui forment ces canaux de Patagonie.

Bon, puisqu’on ne veut pas nous laisser dormir,  on va aller voir ça !

C’est en effet assez impressionnant.

A l’approche du fameux passage, il semble que même raclerait les rochers.

 

Sur bâbord, des dauphins et des otaries semblent guider notre passage.

Le paysage est très beau mais très austère. Il neige et l’air est glacial.

  

Dans l’après midi, l’Evangelista entre dans un fjord.

Nous naviguons au milieu de morceaux de glace, détachés du glacier que nous apercevons face à la proue.

  
    

Le cargo ralentit puis s’arrête. Le zodiac est descendu. Deux hommes d’équipage descendent également.

« Ils vont pêcher les glaçons pour le Pisco ! »

Nous prenons cela pour une plaisanterie, mais il n’en est rien.

Ces hommes, les mains congelées, reviendront avec d’énormes glaçons qui seront hissés sur le pont puis servis dans notre apéritif quelques heures plus tard.

 
   
   

Puis nous repartons . . .



   

Il fait toujours plus froid. Les montagnes semblent noires sous ce ciel très couvert.

Nous tirons immédiatement une conclusion.

Si à Puerto Williams nous avons eu quelques regrets de n’avoir pas imité nos amis d’Hinayana amarré dans ce petit port avec cette vue sublime sur la montagne enneigée, ce temps est révolu.

Car après Puerto Williams, ce qui nous attendait, c’est « ça » !

Nous aurions dû veiller dans le cockpit avec ce froid, parfois sous la neige, dans ces eaux glaciales. Puis, chaque soir, il nous aurait fallu descendre dans l’annexe et aller à terre avec des bouts afin d’assurer le bateau, les vents pouvant être très violents et leur direction inattendue. Ce, pendant des jours et des jours.

Très peu pour nous et bon courage à ceux qui naviguent par ici !

En ce qui nous concerne, nous passerons l’après midi bien au chaud, sous les couvertures, afin de récupérer d’une nuit bien trop courte.

Mercredi 2 novembre – 6 heures du matin

Petite halte devant Puerto Eden

Cette fois, pas de sonnerie pour réveiller les troupes. 

Pourtant, nous aurions beaucoup apprécié de voir, même de loin, ce petit port tout à fait charmant.

Et nous déplorons de n’avoir pu débarquer pour quelques heures dans ce port, comme cela se fait lors des autres voyages du ferry. Mais il semble que notre future escale à Chacabuco en soit la responsable.

Dommage !

N’ayant entendu ni cette lancha prendre livraison de quelques colis, ni même l’Evangelista remonter son ancre, merci à Maryse et Christian, toujours très matinaux, pour ces photos.

Pour notre part, le petit déjeuner aura toujours lieu trop tôt !

Chaque jour, nous retrouverons nos amis pour déjeuner ou boire un café..

Ou encore nous nous croisons sur les ponts du ferry.

En début d’après midi, nous quittons les canaux pour traverser le golfe de Peñas.

Le ciel se dégage enfin.

En effet, les nuages coincés jusqu’alors par les montagnes ne laissaient pas passer le moindre rayon de soleil. Depuis notre départ, nous n’avons donc vu que des îlots et des flancs de montagne sombres sur une eau encore plus sombre.

Désormais, il y a un peu de houle.

Les ponts se désertifient. Certains demeurent affalés dans les fauteuils du bar. D’autres passeront l’après-midi dans leurs couchettes.
Candice, qui supporte toujours mal un 1er jour de navigation en mer, en fera partie. 

Mais elle reprendra vite le dessus.  

Nous sommes le jeudi 3 décembre.

L’Evangelista fait escale à Puerto Chacabuco . . .


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