Patagonie et Terre de Feu

Préambule :

Le touriste en Argentine

(Novembre 2009)

 

Avant de poursuivre notre voyage dans cette merveilleuse région du sud de la Patagonie, tout n’étant jamais parfait, nous allons aborder les « choses qui fâchent ».

Désolés encore une fois auprès de nos amis argentins,
mais ils vont encore en prendre pour leur grade !


*

Commençons par la manière d’aborder le touriste européen.

Chaque fois que nous discutons avec un Argentin,  la première phrase que nous entendons est :

« C’est bien l’Argentine, hein !  » qui n’est pas une question.

Sachez, chers argentins, que ça lasse !

Il est vrai que les paysages et la faune sont extraordinaires. Mais chaque pays ne possède-t-il pas ses merveilles ?...!


La deuxième phrase est systématiquement : « Vous, avec l’euro, vous êtes riches ! »

 

S’il est vrai que notre monnaie est bien plus forte que le peso, tout ne dépend-il pas de la quantité de cette monnaie qui entre dans le portefeuille ?

D’autre part, devons-nous, sous prétexte que nous avons l’euro, payer pour la gestion désastreuse de ce pays.

Il faut savoir que l’Argentine a vendu tous ses parcs, réserves (des chutes d'Iguazu aux parcs des glaciers), musées… à des particuliers.

A tel point que certains argentins perspicaces disent que l’Etat va finir par vendre les hommes.


Notons enfin que, partout (et il en est de même hélas au Chili), les tarifs d’entrée dans les parcs et musées coûtent 3 fois plus cher à un étranger.
Lorsqu’on le leur fait remarquer, ils nous répondent qu’en France aussi, c’est payant.

Oui, mais vous et nous payons tous le même prix !

En résumé, la Patagonie est superbe.

Mais ses occupants nous la vendent à prix d’or.

Nous en arrivons au fait le plus inquiétant et révélateur
du sentiment de supériorité de l’Argentine.

Commençons par une petite anecdote.

Anecdote : La célèbre viande argentine.

Dans toutes les boucheries, il y a des boudins, des saucisses, du foie, mais surtout du bœuf et du poulet.
Difficile de trouver du porc. Quant au veau, lapin, canard,… ils n’en mangent pas.

Par contre la "milanaise" (escalope de bœuf ou poulet panée) ne manque jamais.

Pour la coupe de la viande, difficile de réussir un steak avec une tranche dont l’épaisseur est de plus de 3 centimètres d’un côté et de 3 millimètres de l’autre.

Après quelques mois, envisager de cuisiner de la viande en variant les menus devient donc un vrai casse-tête.

Carnivores malgré tout, nous persistons.

Nous entrons dans une boucherie et restons, comme souvent, en expectative devant l’étal sans pouvoir nous décider.

Heu…Chéri…tu veux du bœuf ou du bœuf ?

Le boucher nous regarde alors avec un sourire narquois et nous dit avec beaucoup d'assurance:

« Vous n’avez pas ça en France ! ».


Cher Monsieur, nous sommes navrés de vous apprendre que
nous avons « ça » et bien plus !


L’homme, vexé, est reparti scier sa viande.

Car  la scie à ruban est le premier accessoire qu’utilise un boucher argentin, même pour couper une seule côte. Et vous ne pouvez éviter de passer la viande sous l’eau pour nettoyer la poudre d’os qui recouvre impitoyablement tous les morceaux.

Mais cette fierté, certes exagérée, peut encore faire sourire.

La Patrie

Impossible de passer quelques jours en Argentine sans savoir à quoi ressemble le drapeau.

Celui-ci flotte quasiment partout et surtout lorsqu’il pourrait y avoir confusion avec les « possessions » d’un pays voisin (près des chutes, près des glaciers, au bord des lacs, sur les montagnes …).

On le trouve même planté sur le toit ou aux fenêtres de certaines villas.

Quant au mot « nacional », il vient sans cesse parasiter les commentaires des guides touristiques.

Les Argentins sont, semble-t-il, très attachés à la patrie et fiers de leur pays.



Et après tout, c’est leur droit !

Jusque là donc, rien de très sérieux.

Notre irritation commence plus sérieusement à Ushuaia.

Dans cette ville, qui vit exclusivement du tourisme, les réflexions sur "notre euro" se multiplient et cette fois non sans agressivité.

Anecdote : Honte à vous, sorcière !  

Nous dînons dans un petit snack.
Au moment de l’addition, nous constatons une erreur (attention aux voyageurs, cela nous est arrivé fréquemment dans cette région et toujours en notre désavantage).

Nous le signalons aimablement – l’erreur étant humaine !

La propriétaire nie l’évidence, puis nous regarde hautaine et nous rend le trop-perçu, ajoutant :

« Tenez, l’Argentine vous l’offre ! »


Ne souhaitant pas voir la situation se dégrader, nous poussons Rémy dehors.


Celui-ci laisse malgré tout un pourboire pour le serveur très aimable.

La patronne prend l’argent et le jette ostensiblement dans la poubelle.


Nous sommes dehors. Mais Candice est très choquée.

Soudain, elle fonce vers la porte du restaurant, entre, et les yeux rouges de rage, et "bombarde" la patronne d’une longue tirade en espagnol, sous le regard approbateur du jeune cuisinier semble-t-il aussi choqué qu’elle.
Pour résumer, elle décrit à cette horrible bonne femme ce que nous voyons chaque jour dans le train de banlieue Tigre-Buenos Aires.  Tous ces enfants qui font la manche, un plus petit sous le bras... Cet argent jeté dans la poubelle qui permettrait à ces gosses de manger…

Et elle reprend le dit pourboire afin de le donner à ces gamins dès notre retour.

Ceci n’est qu’une anecdote. Mais cette attitude nous a profondément choqués et ce moment marquera le souvenir de notre voyage dans cette région.
 
Toutefois, précisons que, fort heureusement, cette femme n’est pas représentative de la population argentine.

Outre ces réflexions sur l’euro, nous avons été stupéfaits à Ushuaia de lire partout :

Pas un panneau, pas une enseigne, pas une carte postale, pas un seul objet souvenir sans l'inscription : « Fin del Mundo ».

Ceci a eu l’art de nous irriter et, pour cette raison, nous avons refusé d’acheter quelque souvenir que ce soit.

Ushuaia abuse d’autant plus de son statut de ville du bout du monde qu’elle ne l’est pas.

Car si, en effet, elle est située au sud de la Terre de Feu et se trouve être l'une des – et non LA - principales porte d’accès à l’Antarctique, elle n’est pas la ville la plus au sud.

Dans nos pages d'introduction sur l'Argentine, nous avions mentionné que la ville la plus au sud du monde était Puerto Williams, petite ville chilienne sur l'île Navarino. Ce qui n'est pas non plus tout à fait jute. Mais nous verrons cela lorsque nous y serons.

Par contre, ce qui est exact est que la population la plus australe vit sur l'île Navarino,

Ushuaia n'est donc pas la ville du bout du monde.

Mais nous avons bien compris désormais que

le mot « plus » associé à ce pays voisin qu’est le Chili

voilà qui est insupportable pour l’Ego argentin !

Mais les argentins vont plus loin encore.

Pour ceux qui ne le sauraient pas, les îles Malouines ou Islas Malvinas ou encore Falkland Islands, situées au sud-est de la Patagonie, sont anglaises.

Un peu d’histoire.

Ces îles, dont le nom provient des marins de Saint Malo qui s’y installèrent en 1764,  n’ont jamais beaucoup intéressé les Argentins.

Les anglais s’y installent en 1765 et cohabitent avec les français.

Ces derniers vendent ensuite l’archipel aux Espagnols, qui chassent les Anglais en 1770 pour l’abandonner en 1811.

Une petite garnison argentine s’y installe en 1820. Mais les Anglais reviennent en 1833 et expulsent sans violence cette garnison.

En 1852, l’essor de l’industrie de la laine en Europe fait connaître l’archipel. La Falkland Islands Company importe les premiers moutons sur l’île. Les immigrés anglais et écossais participent alors à la croissance de la population de l’archipel.

Ce n’est qu’en 1982 qu’un conflit est lancé par les Argentins contre les britanniques pour la possession des îles.

En pleine crise économique, l’Argentine subit l’humiliation de la « guerre des Malouines » dont elle ne se remet toujours pas.

A ce jour, malgré quelques tentatives anglaises afin d’améliorer les relations avec l’Argentine, les échanges entre la Grande Bretagne et l’Amérique du sud passent toujours par le Chili.

*

Incroyable… mais vrai !


Si les îles Malouines sont bien anglaises, pour les Argentins, elles demeurent à jamais argentines.

Voici ce que nous avons vu dans différentes villes du sud de la Patagonie, notamment aux postes frontières entre l'Argentine et le Chili :

Poste de frontière argentine
entre Puerto Natales et El Calafate.

A Ushuaia 
 

Et voici les cartes éditées par l’Argentine :

Vues à Ushuaia
Vue à El Calafate

Cartes affichées sur les murs des hôtels ou des agences touristiques, mais aussi des édifices publics.

Et l'on trouve probablement les mêmes dans les écoles (!?).

Elle s’approprie ainsi toutes les îles anglaises des environs, comme les îles de la Georgie du sud ou les îles Sandwich.

Après cela, faut-il préciser que les relations de l’Argentine avec ses voisins sont tout sauf cordiales.

Elle " jalouse " le Chili qui à le malheur de posséder une partie de la Terre de Feu.
Elle prétend que les chutes côté brésilien devraient être argentines.
Et elle ignore totalement les uruguayens qui, pour elle, sont un « sous peuple ».

Afin de commencer ce voyage en Patagonie sur une note plus positive, nous tenons toutefois à insister sur le fait que, dans l’ensemble, cet orgueil incommensurable n’ôte rien à la sympathie de la plupart des Argentins et que nous avons aussi rencontré beaucoup de gens d’une grande gentillesse.

   

Une dernière information avant d’entamer ce voyage :

La météo

En Patagonie, les prévisions météorologiques sont toujours fiables.

Chaque jour, les météorologues peuvent annoncer, sans se tromper, que le temps sera « variable ».

En effet, en une seule journée, quel que soit le lieu, il pleut, il y a du soleil, il neige, il y a du soleil et il neige ou il pleut de nouveau.

Le plus important est de tenir compte chaque jour de l’indice UV, en raison du trou dans la couche d’ozone.

Vestes polaires, parkas, gants, bonnets et surtout lunettes de soleil dans le sac à dos, nous pouvons donc partir à la découverte de cette région exceptionnelle . . .


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