7 heures 30 – Nous embarquons sur le ferry pour Punta Arenas.

L’équipage nous fait entrer dans un petit couloir de 20 places.

C’est là que nous passerons les prochaines 36 heures.

Autre solution, nous promener sur le pont.

Ce que nous ferons souvent pour admirer le paysage, mais sans pouvoir y demeurer très longtemps car il fait très froid dans ces canaux de Patagonie.

Aussitôt installés, nous testons notre lit pour cette nuit.


   
Les sièges sont très légèrement inclinables et fermes…très, très fermes !

Dans ce petit ferry, seules deux cabines sont disponibles, mais réservées des mois à l’avance.

Ceci dit, après y avoir jeté un coup d’oeil, nous n’avons pas de regret.


Chaque cabine comporte deux couchettes superposées qui permettent certes de dormir confortablement allongé.

Mais impossible de s’y asseoir.

Impossible aussi de tenir debout dans l’espace très étroit entre les couchettes et la porte.


Leurs quatre passagers erreront donc toute la journée dans le ferry, cherchant en vain un abri contre le froid.

Ces français feront une tentative d’invasion, bruyante et très sans gêne, dans « notre couloir », prenant les places laissées provisoirement vides, en écrasant en toute tranquillité livres, lunettes et sans aucune considération pour ceux qui tentent de récupérer d’une nuit sans sommeil sur ces sièges de torture.

Puis ils envahiront la cabine de pilotage qui, jusque là ouverte pour ceux qui voudraient visiter, sera fermée jusqu’à la fin du voyage.

Ce « couloir » est majoritairement allemand et anglais.
Mais après quelques heures, nous parlons tous anglais et l’ambiance est très conviviale.

Nous sympathisons particulièrement avec Flore et Michael, jeune couple français très agréable, déjà rencontré à Puerto Williams.

Nous ne sommes donc que cinq français dans « ce couloir ».
 
Cinq français qui auront honte de leur nationalité chaque fois que débarqueront ces "envahisseurs"( !).

Les repas sont servis dans la petite cambuse du ferry.

Nous devons manger très rapidement afin de laisser la place aux suivants et il nous semble retrouver le rythme de la cantine.

Mais cette bonne et généreuse cuisine de marin est digne de gaver un ours et réchaufferait un iceberg.

                     Et nous en avons bien besoin !

Rémy aura très vite "la côte" avec le "chef cuisto", ravi de voir sa cuisine tant appréciée, et lorsque nous serons les derniers, bénéficiera de quelques avantages (!).

Quant à l’équipage chilien, tous sont d’une grande gentillesse. Pablo, responsable des passagers, sera aux petits soins avec nous durant tout le voyage.

Les portes se referment.

L’île Navarino et ses montagnes disparaissent.

Nous remontons les canaux de Patagonie.

Cordillère Darwin qui prolonge la cordillère des Andes.

 

Un autre monde

Quelques heures après notre départ, le ferry s’engage dans un fjord.



(Note : Un fjord est une ancienne vallée glacière envahie par la mer qui s'enfonce profondément dans les terres.)

Au fond de ce fjord, il ralentit les machines et prépare son approche.

Pourtant, pas de quai ou de plan incliné en vue. Ici, il n’y a que des rochers.

Une seule passagère descend. Cette jeune femme vit ici, avec son mari et ses chevaux.

 

Incroyable !

De temps en temps, nous a-t-elle expliqué avec un grand sourire, elle se rend à cheval chez les carabiniers, à l’autre bout du fjord. Là, elle peut regarder la télévision et disposer d’Internet.

Régulièrement, elle doit se rendre à Puerto Williams pour son visa. La frontière argentine n’est pourtant pas très loin de sa maison. Mais il n’y a pas de poste frontière.

Le ferry s’arrête donc souvent dans ce coin désert, pour cette seule passagère bien connue de l’équipage.

Nous sommes dans un autre monde.

Ce coin ressemble à un paradis.

Mais vivre ici l’hiver, à des lieues de toute civilisation, doit souvent se transformer en enfer.

17 heures – Nous naviguons toujours dans les canaux de Patagonie.

Notre premier glacier   

Cette masse bleutée qui tombe dans la mer est sublime.

Les suivants provoqueront la même admiration.

Le vent est glacial.

Nous allons très souvent chercher la chaleur de notre couloir et notre cher Pablo vient fréquemment remplir le panier de thé ou café soluble.

Mais le paysage qu’offre ces fjords nous appelle irrémédiablement.

 


Nous sommes aux anges !

Heu ... On passe, là ?  

Dimanche 22 novembre

Comment était la nuit ?   No comment !!!

Il fait de plus en plus froid.

Aujourd’hui, le ciel est gris. Il pleut ou il neige selon les heures.

Nous avons quitté les fjords et les glaciers. Nous sommes maintenant dans le détroit de Magellan, large à cet endroit et offrant donc un paysage plus monotone.

La journée semble interminable.

19 heures 30 – Nous arrivons à Punta Arenas.


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