Une traversée 

inattendue !

 

 

 

Mardi 21 août 2007

 

 

 

 

 

Quelques ronds dans l’eau afin de tester notre énième et dernier pilote de barre...

...Rien à faire… Impossible de calibrer le compas.


Conclusion :


Notre pilote de barre fonctionnera SANS compas, mais surtout : N’achetez RIEN chez SIMRAD !!!

     

 

  11 heures 30 – Cap 167  – Direction Dakhla – Maroc

280 milles à parcourir soient environ 56 heures.

                 

             

 

Mer plate – Vent très faible – Grand voile, génois et moteur – Vitesse 4,5 nœuds.

Et ce régime durera toute la traversée.

Qui a dit que le voilier était un moyen économique d’aller d’un point à un autre ?

 

Nous avons mis 56 heures pour atteindre Dakhla, dont 50 heures de moteur, soient environ 150 litres de gaz oil.

La grand voile sera vite affalée. La bôme battant à souhait abîmant le matériel et nos nerfs.

Nous avancerons au moteur, avec trinquette ou génois ou les deux, selon l’inspiration et sans que cela ne change grand-chose à notre vitesse d’ailleurs.


Le soleil brûle.

Le cockpit est intenable.

Comme si nous étions au port, nous installons notre vieux taud.

 
     
 
                   

Candice se lance dans d’ultimes révisions afin d’être prête pour le Maroc !

         
 

Le pavillon espagnol, dont il ne reste qu’un vague chiffon, est remplacé par le pavillon marocain.

 
   

A 20 milles des côtes, une barque de pêche se détourne. Son équipage vient discuter avec nous.

« Marhabâ » (Salut)

C’est certain, nous sommes au Maroc !

Nous hissons cette fois le drapeau jaune pour « demande de formalités ».

 

18 heures - Soient 17 heures, heure locale.

 Dakhla est devant nous - L’eau est vert émeraude – Le vent est fort.

 

             
 

Nous prenons le long chenal qui mène à l’entrée du port.

Disons plutôt que nous le coupons lorsque, enfin, nous l’apercevons.

Et je vous avoue qu’à plus de 7 nœuds, avec 3m50 de fond, je ne suis pas vraiment rassurée !

                     

Et ce n’est pas le regard concentré de mon Capitaine qui va m’aider !!!

Jeudi 23 août – 18 heures - Arrivée à Dakhla

C’est ici que je devrais commencer de décrire notre escale à Dakhla.

Et bien, je ne le ferai pas. Et vous comprendrez pourquoi en lisant la suite.

 

Mais tout d’abord, les réponses aux questions que tous nous ont posées.

Pourquoi Dakhla ?

Suite à notre rencontre avec Nesrin et Christophe sur PASTIS (que nous embrassons) à Tanger, tous deux nous décrivant leur escale à Dakhla, nous envisagions déjà d’y faire un saut.

Dakhla se trouvant sur la route pour le Sénégal, voici un petit détour qui nous permettra de raccourcir notre prochaine traversée de quelques jours. Ce qui, en soi, représente déjà une bonne raison.

 

Mais surtout, comme vous l’aviez constaté, la gentillesse de la population marocaine, le sud marocain et nos rencontres en pays berbère nous avaient profondément touchés.

Nous regrettions alors, pressés par le temps d’une location, de ne pouvoir approfondir ces relations et pénétrer plus avant dans le désert.

Nous espérons que cette escale nous en donnera la possibilité.

 

 

Où est Dakhla ?

Dakhla se situe au nord de la Mauritanie, juste sur le tropique de Cancer, dans le Sahara Occidental.

 

Alors que le Maroc parvint à l’indépendance en 1956, le Sahara Occidental ne fut évacué par les Espagnols qu’en 1975.


Mais, si le Maroc considère cette région comme partie intégrante de son Royaume, l’Algérie et la Mauritanie incitent fortement la population à tenter d’obtenir l’indépendance.

Le Sahara Occidental demeure donc un foyer de contestation.

Vous vous souvenez de notre visite du Haut Atlas en novembre dernier ?

La population marocaine se préparait alors à fêter le 31ème anniversaire de la Marche Verte (« …marche initiée par Hassan II… afin d'obtenir pacifiquement l'annexion du Sahara occidental au Maroc…. »)

 

Et bien, nous y sommes.

Prêts à y passer 3 semaines  !

Hélas, nous n’y resterons pas.

Nous n’aurons même pas l’opportunité de descendre à terre.

 

Anecdote : Nous contactons la capitainerie de Dakhla par la VHF. On nous cherche une place…
      Quelques minutes plus tard, j’entends : « voilii…hxwyz…voilii….hxwyz… »…

 Ce n’est certainement pas pour nous !

Cette phrase étant répétée maintes fois, je donne la VHF à Candice.

Peut-être comprendra-t-elle de quoi il s’agit.

Mais c’est bien sûr !
La capitainerie tente en effet de nous appeler.


Il suffisait de comprendre «voilier…voilier…» !!!

La capitainerie nous oriente donc vers le « nouveau port ».

Ce port est en fait le port de pêche, à une bonne trentaine de kilomètres de la ville.

On nous a trouvé une place contre un petit chalutier.

Les douaniers nous attendent déjà.

Et là, notre arrivée à Dakhla sera semblable à notre départ de Kelibia.

Le tangon de pêche du chalutier en moins et, toute expérience étant positive, notre attention à "sauver notre peau" avant le voilier en plus.

Si vous l’avez oublié, pour nous cet instant restera gravé à jamais dans nos mémoires.

Poussés par le vent, nous sommes plaqués contre le chalutier dont la haute coque en "V" entre allégrement sur le pont de Vent de Folie, couchant 3 chandeliers et frottant douloureusement les haubans.

Marche arrière pour nous dégager.

 

Un chalutier énorme et très haut nous reçoit.

Sa coque atteint le haut de notre mât qui se met à couiner.


STOP !!!

On va tout casser…

  On dégage !

Nous tenterons bien d’implorer le port militaire, près de la ville, où nos amis avaient accosté un an plus tôt.

Au minimum pour vérifier le matériel après cet accostage périlleux.

Impossible !

Celui-ci est désormais inaccessible.


Candice prend la barre tandis que Rémy vérifie rapidement si tout va bien.

Les haubans ne semblent pas avoir souffert.

Quant aux chandeliers, ils seront vite redressés par notre Titan.

                      
  
                              

Il est près de 19 heures locales ce 23 août 2007 lorsque nous remettons les voiles et sortons du chenal dans les mêmes conditions qu’à l’arrivée…mais de nuit (?!).

Nous ne reverrons pas nos amis marocains.

Les pêcheurs étaient pourtant ravis de notre visite, tous ayant tenté de nous aider et chacun nous ayant offert son chalutier pour l’accostage.

Les douaniers ont même fait déplacer l’un d’eux pour nous libérer une place au quai. Mais coincés entre 2 énormes monstres, nous ne pouvions que refuser.

Nous ne verrons pas plus le désert.

« Ila lira » Maghreb ! (Au revoir Maroc !)

Un grand voile de tristesse plane à bord.

Candice est très déçue.

Elle voit s’envoler toute possibilité de pratiquer cette langue qu’elle aime tant et passer la fin de ses vacances scolaires en mer ne la ravit pas du tout.

En route pour le Sénégal ! . . .

570 milles, ...

...soient 1055 km, ...

...soient environ 5 jours de mer.

Suite dans 1 semaine . . .   si tout va bien.

Inch'allah !


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