La  vie à Hann Plage . . . 
Suite
 

Jeudi 6 septembre 2007

 

La tornade

Nous arrosons les 26 ans (!) de Liliane sur Karkaïla.

Une excellente coupe de champagne et quelques chansons paillardes que Jacques, sur nos supplications - pas très longues ! - accepte de nous interpréter - Tirelu-Tirelou ! - et très vite le vent devient fou.

Liliane et Jacques, tout en rangeant rapidement tout ce qui risque de s’envoler et se préparant à démarrer au cas où le bateau déraperait, demeurent stoïques.

« Ce n’est rien, Danièle. Ce n’est qu’une tornade. Dans une demi-heure tout sera terminé ! »

En effet, nous sommes en train de vivre notre 1ère tornade.

Disons plutôt notre premier gros gain, car je vous rassure, ces tornades n’ont rien en commun avec celles dont nous pourrions entendre parler dans les médias. Mais des vents de 50 nœuds, ça secoue.

 Bon… si vous le dîtes !?!

Pas évident d’être loin de son "bébé" dans ces circonstances.

Par chance, sur les bons conseils d’Arona (le plongeur mécanicien du club), est au corps mort depuis hier.

Nous le surveillons de loin.

Pourvu que notre corps mort tienne bon !

Quant aux trombes d’eau, l’intérieur doit ressembler à une piscine !

En fait d’une demi-heure, la tornade dura 2 ou 3 heures.
Le temps qu’il fallut à Karkaila, dont l’ancre céda, pour parvenir à reprendre un mouillage sous les 46 nœuds de vent et la houle se levant dans le mouillage.

Nous avons vu la plage de près. Les pirogues de très près.
Nous sommes trempés comme des soupes.

Jacques a pris quelques bonnes douches salées.

Quant à Liliane, après avoir tenu la barre d’une main de maître tandis que les hommes s’affairaient à l’avant, elle a de quoi ranger dans le carré !

Karkaila est de nouveau ancré.

La tornade perturbe toujours le mouillage.

La houle grossit inexorablement.

      Candice, toujours imperturbable, s’endort. 

 
Quant à Rémy, il reprend…
...là où il en était !!!
« C’est quand même pas une petite tornade qui va nous gâcher la vie, non ! »

Il est plus de 23 heures.

Le service du passeur cesse à 22 heures.

Nous voici coincés sur Karkaila.

Quand je dis coincés...il y a pire comme situation !

(Photos Karkaila)

Mais c’était sans compter sur le sérieux de Sadiou, notre gentil chauffeur du soir, qui bravera la houle de plus en plus forte et prendra tous les risques pour venir nous chercher et même nous rassurer sur notre voiler qu’il est allé surveiller au passage.

Note : Cette nuit là, la grande majorité du personnel du CVD n’a pas dormi (barman, passeurs, employés divers), surveillant les bateaux et tentant, en vain pour l’un d’eux, de sauver les voiliers ayant décroché.

Après maints essais, Rémy parvient de justesse à sauter dans la navette.

Candice et moi refusons d’y descendre.

Celle-ci se cabre contre le ventre de Karkaila – Trop dangereux – Nous dormirons chez Liliane et Jacques.

La nuit est difficile car la houle est forte et les moustiques s’en mêlent.

Mais chez Liliane et Jacques, le petit déjeuner est servi avec tant de gentillesse et de bonne humeur qu’il n’est pas impossible que nous revenions passer une nuit chez eux… sans tornade !!! 

Note : Quelques jours plus tard, nous subirons une 2ème tornade, moins forte celle-ci, puis un gros orage, puis encore quelques tornades, histoire de s’accoutumer !
Normal, c’est la saison !

Par contre, si la pluie pouvait tomber plus souvent, nous en serions ravis tant la chaleur (moyenne 35°C) alliée à un taux d‘humidité de plus de 80% est parfois suffocante.

Nous sommes déjà le 14 septembre

C’est le début du Ramadan

Au Sénégal, si ce n’est que la plupart des gens vont jeûner durant un mois, la vie suit son cours.

Ni manger ni boire de 5 heures du matin à 19 heures 30, nous qui ingurgitons des litres d’eau souffrons pour eux.

Les échoppes restent ouvertes et chacun poursuit sa quête des quelques francs CFA qu’il pourra rapporter à sa famille ou, hélas, au marabout dont il dépend (sujet que nous aborderons ultérieurement).

Il nous faut simplement vivre au rythme des 5 prières journalières, plus respectées que jamais. Les horaires variant chaque jour, nous sommes sans cesse dans l’expectative quant à la disponibilité du passeur et passons ainsi de longs instants à siffler sur le pont du bateau.

Durant les soirées, le son des tam-tam ou celui du rugissant klaxon des trains afin que piétons et chèvres évacuent la voie…

…sont largement couverts par d’interminables et monocordes litanies interprétées par un lecteur des versets du coran qui devrait prendre quelque cours de chant.

Comme si les longues prédications hebdomadaires émanant de la plage et raisonnant dans tout le mouillage par le biais d’un micro probablement puissant ne nous suffisaient pas !

Mais le Ramadan, Candice adore !

Chaque soir, dès 19 heures, les jeunes se retrouvent sur « leur banc » afin de partager l’unique repas journalier.

L’occasion est trop belle pour ne pas en profiter !

Quant à , pas de changement

C’est le chantier !

Un peu de couture.  
Nettoyage, à l’eau de mer si possible afin de limiter les allées et venues perpétuelles avec nos inséparables bidons.
Mais surtout, Rémy entreprend la réfection complète de son tableau électrique.

Les réparations urgentes ayant toujours pris le pas sur le reste, voici 2 ans qu’il en rêvait.

Admirez le résultat:   

Avant :  

       Après :   

Maître Jacques, nous attendons toujours votre note sur 20 !!!

En attendant, nous n’aurons plus à ouvrir la porte du dit tableau afin d’allumer la lampe de la salle de bain, ou encore la fermer pour faire fonctionner le sondeur !!!

On ne rit pas, s’il vous plait !!!
Deuxième étape : Les toilettes.

Réparation de notre fameuse cuvette.  Vous savez ? Celle qui n’avait pas apprécié la traversée Tanger-Madère !

Nous en profitons pour mettre un petit coup de peinture dans les coins inaccessibles.

Puis combat contre le calcaire.

Si les cafards sont un fléau sur un bateau, le calcaire bouchant les pompes des toilettes en est un autre.

Au sujet de ces bestioles, les monstres volants ayant entraîné un branle-bas de combat sur Vent de Folie me font regretter certaines comparaisons évoquées sur ma dernière page.

Inimaginable la vitesse à laquelle cette "cochonnerie" de calcaire se dépose partout, menaçant de bloquer les pompes et imposant fréquemment un démontage complet – véritable exercice de contorsion chez nous, vous le savez - et quelques belles heures à donner de grands coups de marteau, le tout auréolé d’un parfum délicat, afin d’en venir à bout.

Et de un :
Et de deux : 

Souhaitons qu’aucune indigestion ne vienne perturber l’équipage de durant quelques jours !!!

   ?!
Ce pauvre aigle pêcheur, sauvé de la noyade par Rémy, les trouvera tout à fait à son goût.

Profitant de la pluie afin de rincer son pauvre plumage, il s’installera ensuite confortablement sur cette cuvette où il se remettra de ses émotions, y libérant à souhait ses intestins, avant de reprendre son envol.
Que n’eut-il donné quelques leçons d’hygiène à ces messieurs les cormorans qui, quand ce ne sont pas les mouettes, garnissent chaque jour les voiliers de leurs innombrables fientes.

Chéri, on pourrait pas avoir des toilettes comme ça ?
 
Photo Karkaila

Magnifiques toilettes aperçues dans une boutique chinoise au détour d’une rue de Dakar !!!

Ah ! J’oubliais !

Nous avons également résolu notre problème de GPS. Le câble passant dans la soute arrière était totalement sectionné.

    Depuis, il fonctionne beaucoup mieux !

Mais qu’est-ce donc que ce joli taud que Rémy a sur la tête ?
Les «Vent de Folie » ne nous ont rien dit, les cachottiers !


Et bien oui !

Nous avons un nouveau taud, en PVC, confectionné avec talent et ingéniosité par Diego, le voilier du CVD.
Il a même amélioré notre ancien taud de toile afin de couvrir tout le pont.

Nous ne cuisons plus sous le soleil africain et sommes totalement  abrités de la pluie…enfin… quand il veut bien pleuvoir.

Une merveille !
Il paraît même que ça tiendra en cas de tornade - A voir...

La suite du programme consistera en la réfection totale des bancs du cockpit qui tombent en ruine.

Nous sommes d’accord : Gros boulot !

Puis les peintures dans le carré…si nous en trouvons encore le courage.

Quant au changement des plexiglas (hublots fixes) - 12 plaques achetées à Las Palmas ayant fini d’envahir notre cabine "garage" - nous reportons une fois de plus.

Et dans la série « les enquiquinements sur Vent de Folie », c’est le tour de notre matériel informatique. Plus de clavier et un écran sur lequel tout est vert et rose.

Génial !

Et à l’instant où je rédige cette page, notre appareil photo décide de s’inscrire sur la liste des « emm… »: l’écran est zébré et après vérification, les photos aussi, tout ceci dans un ton verdâtre assez horrible.

Super, extra génial !

Un peu de réconfort...tout de même !

Une soirée chez Jean-Yves et Eliane qui nous mijote un plat de son pays, le Thiou boulettes, excellent mélange de riz, de légumes et de boulettes de poisson.
Un mélange de saveur et d’épices digne des plus grands restaurants.

Puis nous accueillons de nouveaux amis.

Le catamaran Goyave est arrivé.

Maryse et Christian, adorable et très sympathique couple toulousain, nous régalent les babines avec une épaule d’agneau au barbecue et une bonne humeur garantie.

 
 

Mmmm… Que c’est bon de manger comme chez soi tout de même !!!

Ou encore quelque anniversaire fêté au CVD où nous découvrirons des danses africaines interprétées avec fougue par ces jeunes « pestiférés » (cf. anecdote page précédente) invités enfin à se « mêler » aux toubabs par Gérard - un Basque de chez nous ! - et sa délicieuse épouse, N’Deye, la reine de la fête.

     
    
    

N’Deye parviendra même – évènement rarissime - à emmener Rémy sur la piste de danse.

J’me demande bien comment elle a fait pour le décider ?… !!!
 
Contrairement à notre fille ravie de cette opportunité de faire la fête, nous n’avons pas veillé.
     

Le rythme africain ayant trop vite fait place à des sons bien moins audibles pour nos vieilles oreilles et les journées bien remplies ayant eu gain de nos forces.

Et toi Jean-Yves… …pas fatigué ?… !!!


Une superbe rencontre
Par un après midi toujours aussi caniculaire, nous aurons le plaisir de rencontrer Aïssatou.
(Photos Jacques, Karkaila...encore !!!)

Aïssatou est coordinatrice au sein de l’ACRA (Association - italienne - de Coopération Rurale en Afrique).
Grâce à elle, nous aurons le bonheur et le privilège de découvrir un des multiples projets de cette association :

Les micro jardins  

Parmi les multiples actions de l’ACRA (Cases pour les petits, Centre de formation qualifiante en informatique, Association des jeunes,… et actuellement un projet d’implantation de réseaux d’adduction d’eau potable en Casamance), il y a les Groupements de femmes.

L’ACRA a en effet constaté que la malnutrition sévissait à Dakar : privés de terrains suffisamment grands, les habitants ne peuvent planter leurs légumes et, ne pouvant non plus les acheter, en sont réduits à consommer uniquement du riz - carence en fibres expliquant paraît-il le nombre important de diabétiques dans les pays sous-développés.

La création de ces micro jardins s’insère donc dans un projet de formation des femmes aux cultures hors sol.

Dans le centre que nous visitons, nous tomberons sous le charme de Mam’Penda, la formatrice.
   

Cette dame souriante et pleine d’énergie nous expliquera avec passion son travail et nous livrera tous ses secrets quant au succès de ses multiples plantations.

Seul équipement indispensable : des tables - des plaques de polystyrène – de l’eau – un peu de compost - quelques minéraux – et surtout des semences (d’où notre appel à générosité auprès de certains d’entre vous).

Et l’on peut affirmer que Mam’Penda a la main aussi verte que sa blouse.
Car ici, tout pousse.

Des carottes, des tomates, des pommes de terre, des courgettes, des radis, des navets, des aubergines, du basilic, du persil, des salades….

 
   

Mam’Penda nous montre même comment récupérer les algues servant à confectionner des masques pour le visage.

Après quelques jours de formation dans ce jardin, ces femmes rentrent chez elles avec une table offerte par l’association.
Elles pourront y planter fruits et légumes, chez elle, sans qu’il soit nécessaire d’avoir pour cela du terrain et tenter de vendre une part de leur production afin de nourrir  leur famille.

Seul inconvénient, le prix des semences et la difficulté de vendre ces produits garantis « bio » au Sénégal.
Mais les idées ne manquent pas et Aïssatou envisage de démarcher les supermarchés fréquentés par des toubabs friands de culture « bio ».


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