Le Sénégal - La vie à Dakar

(Suite 2)

 

Novembre 2007

Autres sujets un peu moins ludiques

 

Plutôt que nous étendre sur des généralités que vous pourriez trouver dans n’importe quel guide si cela vous intéressait, nous avons préféré évoquer des sujets sensibles et, à nos yeux, déterminants quant au fonctionnement de ce pays.
Et surtout parler de ce que nous avons pu connaître d’expérience ou en discutant avec la population locale.

Pour ceux qui toutefois n’auraient pas la patience de chercher dans un tel guide, voici très succinctement quelques informations :

Population

La population dépasse les 11 millions (avec 55% de moins de 20 ans) dont 25% pour la seule ville de Dakar, et devrait plus que doubler d’ici 2020.

L’espérance de vie à la naissance est de 56 ans pour les hommes et 59 ans pour les femmes.

Plusieurs ethnies cohabitent au Sénégal.

Les Wolofs, musulmans pour la plupart, représentent, en nombre, l’ethnie la plus importante.
Mais il y a aussi les Lébous, les Sérères, les Diolas, les Peuls, les Toucouleurs,…

Anecdote : Au sujet des Sérères, le guide sur lequel nous avons pu lire ces informations précise que, sur le plan religieux, nous pourrions les définir comme « des animistes christianisés en cours d’islamisation » .

!?!

Qu’elles soient à prédominance musulmane ou catholique, toutes ces ethnies font cohabiter les superstitions et rites ancestraux (croyance aux sorciers, fétichisme,…) avec leur nouvelle religion.

Économie

Les principales ressources proviennent de la pêche, l’arachide et les gisements de phosphate.

Le tourisme est une activité importante mais les revenus engendrés reviennent principalement aux agences de voyage et autres organismes gérés par des toubabs.

Le secteur industriel est assez dynamique mais son élan est stoppé par les  fréquentes coupures d’électricité (nous pouvons nous même en attester, ici, au CVD !)
Quant au secteur tertiaire, il est très performant grâce au développement des télécommunications et de l’informatique.

Autres

Les saisons : Saison sèche d’octobre à juin – Saison des pluies de juillet à septembre
Décalage horaire : 1 heure en hiver - 2 heures en été

Voilà qui est fait !

Passons maintenant à nos impressions sur cette ville avec une petite visite en photos.

Dakar

Lors de notre première visite dans la ville de Dakar, nous sommes surpris par le peu de monde, ceci étant relatif bien sûr.
Mais nous sommes vendredi, jour de prière. Tous sont à la Mosquée. Nous comprendrons bien vite qu’il n’en est pas de même les autres jours de la semaine où les rues grouillent de monde.

Quant au bruit. Pour nous qui aimons la campagne, c’est infernal.

Notre première impression quant à la saleté des rues diffère quelque peu de celle de la plupart des gens qui visitent Dakar.
En effet certains quartiers mériteraient un grand nettoyage, mais nous ne rencontrons guère ces montagnes de déchets près des conteneurs qui nous avaient tant choqués à Tanger ou Tetouan.

Très souvent, certes, des tas de détritus jonchent les trottoirs ou envahissent les fossés. Dans certains lieux, près du port de commerce notamment, une odeur pestilentielle persiste chaque jour de la semaine, quel que soit le temps.

Des odeurs très similaires embaument parfois notre mouillage de Hann Plage. Les poissons séchant durant des heures au soleil, les rejets des usines et les déchets sur la plage étant les plus grands responsables.

Mais le plus surprenant est la quantité de poussière que l’on respire à longueur de journée et qui se dépose absolument partout.

De retour d'une visite en ville, nos vêtements, nos sacs et notre peau sont marron.
Même après la douche, serviettes et vêtements clairs et propres sont immédiatement maculés de traces « marronnasses ».

Au mouillage de Hann Plage, les bateaux sont dans un état lamentable, à l’extérieur comme à l’intérieur.
Le pont, les cordages, les tauds sont noirs et collants. Cette satanée poussière entre même dans les placards et les coffres.

Tous ayant renoncé depuis longtemps à nettoyer puisque 2 heures plus tard, il nous faudrait recommencer.

Nous dirons donc que Dakar n’est pas une ville propre.

Et pourtant :   !!!

Mais le plus surprenant est l’état des routes, des trottoirs, des voies,…

Tout est cassé !

Visitons plutôt Dakar et ses environs en photos.

Exceptés quelques quartiers chics...
Le reste ressemble à ceci :

Pas terrible tout ça, hein ?!

Mais il ne s’agit là que de la façade de la ville.

En ce qui concerne la vie à Dakar, voici ce que nous avons pu observer ou apprendre.
La vie à Dakar
La gentillesse de la population

La première qualité que l’on constate au contact d’un sénégalais est sa gentillesse.

Notre première rencontre à Dakar en témoigne.

Anecdote :

Après quelques courses, chargés comme des mules (la glace du poisson dégouline au travers du sac !) et un excellent déjeuner dans un restaurant local, nous allons faire fabriquer notre taud, comme convenu la semaine précédente avec un vendeur de bâches de camion (cf. anecdote dans la page « Travail, retrouvailles, célébrations »).

Les conditions ne sont plus du tout les mêmes et la bâche choisie n’est plus.

Nous attendons que les uns ou les autres trouvent chez « leurs cousins » ce que nous souhaitons.

Une ou deux heures passent, mais ici le temps n’existe pas !

Il est environs 15 heures lorsqu’un groupe de jeunes gens arrive. Une vieille bâche est étendue sur le sol du bureau où nous patientons.

Sur cette table improvisée atterrit alors un énorme plat de Mafé (riz et bœuf, sauce arachide – Excellent !).
Ces garçons parlent le wolof et ignorent presque tout du français.
Ils nous tendent chacun une cuiller et nous disent :

« Allez Madame, Allez Papa : Mange ! »

Impossible de refuser.

Nous goûtons ce délicieux mafé préparé par la maman de l’un d’eux, évitant de prendre les rares morceaux de viande, si chère pour eux.

Non contents de nous avoir invités à leur table et alors que nous insistons sur le fait que nous buvons l’eau du robinet, ils iront nous acheter 2 sachets d’eau bien fraîche que vendent  tous les petits épiciers.

 Nous passerons quelques bonnes heures dans cette petite boutique et repartirons bredouilles de tout achat, mais riches d’une hospitalité et d’une gentillesse touchantes, avec quelques mots de wolof dont nous avons grand peine à nous souvenir.

Certes, cette anecdote montre aussi le peu de fiabilité que l’on doit donner à leur parole. Et nous y serons souvent confrontés.

Mais il n’y a pas de qualité sans défaut, n’est-ce pas ?!

Le Wolof

La langue officielle du pays est le français, déclaré langue administrative.
Mais, si chaque tribu a son propre dialecte (le sérère, le diola,…), le Wolof est bien la « langue » la plus usitée à Dakar.

En effet nous constatons que nombre de jeunes, s’ils ne travaillent pas en contact direct avec les touristes, et même certains vendeurs dans des boutiques de tissus, ne maîtrisent pas le français et ne comprennent que le Wolof.

Heureusement, il est toujours un ancien pour servir d’interprète.

Le commerce

En ville, tous font du commerce.

Comme je l’ai dit plus haut, la vie de ces gens et celle de la famille très étendue en dépendent.

Le long des routes, chacun est installé, du matin au soir, sous un abri de fortune. Les uns vendent des fruits ou des légumes, d’autres des tissus, des livres, de l’outillage et toute sorte d’objets les plus hétéroclites.

Aucune liste ne pourrait être exhaustive puisque l’on trouve tout, absolument tout, à Dakar.

Me voici par exemple négociant deux paires de sandales en cuir… dans le hall de gare de Dakar.

!?!

Et oui, c’est comme ça ici !
On trouve tout… n’importe où !

Sans même descendre du taxi, nous pouvons acheter des mouchoirs en papier, des lampes, des tapis, des serviettes, des sacs, des pantalons, des ceintures, des CD, des radios, des chaussures neuves ou d’occasion, des moulins à viande,… et surtout des cartes téléphoniques Orange en « pagaille ».

Lors d’un arrêt au cours de notre retour de M’Bodiene, des dizaines de mains tendant des paquets de mandarines ont envahi l’habitacle en quelques secondes.

A propos de fruits

Ils sont souvent très bien présentés – eux ! – et l’on trouve toutes sortes de mangues, papaye, avocats, pastèques, …

voici des oranges sénégalaises :  

  Et voici des mandarines sénégalaises.
 
A ne pas confondre avec les citrons.
Pour le ti-punch, c’est toujours la surprise !!!
 

Boubous

Les tissus à Dakar sont, comme nous l’avions entendu dire, assez bon marché… quoique !

Il existe différentes qualités (le batik industriel, le batik artisanal, le wax,…) mais surtout il faut discuter, discuter, et encore discuter.

Résultat, alors que nous envisagions de refaire tous les coussins du carré, nous n’avons rien vu, encore moins acheté.

Pourtant, les magasins de tissus ne manquent pas à Dakar.


Mais pour nous, chaque entrée dans un magasin s’est soldée par un départ immédiat tant on nous « sautait » dessus.

Tout se vend donc et dans les lieux les plus insolites.

Pour certains, le service proposé est très clair : 
Comprenez...     Vulcanisateur !
Pour d'autres, c’est moins évident.   
?!

Une "Dibiterie" (boucherie) peut parfaitement jouxter l'atelier d'un garagiste ou d'un menuisier.

Mais elle se situera toujours en bordure de route. Il faut bien attirer la clientèle !

La poussière ? Quelle poussière !

Ne cherchez pas les « frigos ». Il n’y en a pas.
Et même s’il y en avait, avec le nombre de coupures d’électricité que subit la ville…!?

Si ça vous tente !?!

Quant au poisson, il sèche durant des heures en plein soleil. Certains proposent crevettes ou gambas magnifiques certes – enfin, ils devaient l’être – les balançant dans un sac plastique depuis l’aube !

Par chance, il y a un centre Casino en ville où la viande est délicieuse. Le poisson également.

Pour ce dernier, autre solution : l’acheter aux pêcheurs, dès leur retour de la pêche. Les plus petites barques contiennent des caisses de glace…. si elle n’a pas fondu entre la mer et la plage !
Les jeux

Au Sénégal, il y a des chevaux. Chaque fonctionnaire rêve, parait-il, d’avoir son propre ranch. Même si la peste équine qui sévit actuellement les fait quelque peu réfléchir.

Mais, contrairement à ce que pourrait faire croire cette photo :

Il n’y a pas de course hippique au Sénégal.

Les Sénégalais misent sur les courses françaises, retransmises par les médias hippiques !

Certaines scènes évoquent aussi quelques paradoxes et témoignent des grandes inégalités de ce pays.

Cherchez l’erreur !

Malgré cette débandade et au risque de me répéter cela ne nous change guère de la Tunisie ou du Maroc.
Le sourire et la gentillesse accompagnent généralement toute proposition et un refus bien marqué éloigne en principe assez vite les importuns.

Mais parfois la présence de 3 ou 4 hommes, les rabatteurs, accrochés à nos « basques » alors que nous sommes pressés ou avons un rendez-vous, devient insupportable. Surtout s’ils se mettent en tête de nous emmener visiter leur boutique à l’autre bout de la ville (nous précisant tous les 500 mètres que ce n’est plus bien loin !) ou de négocier le moindre seau plastique à notre place.
Et quand nous parvenons enfin à les « semer », nous pouvons être certains de les retrouver au sortir d’une boutique, même à des kilomètres de là.

Car ils sont très physionomistes, les bougres !

Néanmoins, ce problème est très sérieux et pourrait menacer le tourisme à Dakar.

En effet, nombre de touristes se plaignent, ne pouvant entrer ou sortir d’une boutique sans être assailli, renonçant même à tout achat car trop sollicités.
Et il est vrai que, pour l’instant, si ce n’est accompagnée d’une amie sénégalaise, j’ai chaque fois quitté ces rues commerçantes pour cette seule raison, ayant renoncé à tout achat.

Quel dommage lorsque l’on sait comme toute discussion avec ces gens est enrichissante et comme ils se « démènent » pour trouver ce que vous souhaitez... enfin presque !

Certains toutefois nous ont bien fait sourire lorsqu’ils nous avouaient eux-mêmes
être « collants comme des mouches » !

A savoir : Les Sénégalais que chacun peut rencontrer dans nos villes européennes ou dans nos célèbres fêtes locales sont des Baoul-Baoul.
Vendre des lunettes ou des montres est leur métier, que ce soit chez nous ou chez eux.

La mode

Dès notre arrivée au CVD, nous avons pu admirer les tenues des femmes d’une rare élégance amplifiée par une allure et un port de tête très digne.

Cela se confirme à Dakar et nous ne nous lassons pas d’admirer la beauté de ces ensembles confectionnés avec adresse et sur mesure par les nombreux couturiers de la ville, très ajustés, dans des boubous (tissus) de dentelle unie aux couleurs éclatantes, ou aux motifs flamboyants.

Chacune d’elle porte sur la tête un fichu assorti et savamment noué, tel un chapeau de haute façon, sans oublier les chaussures et les sacs aux couleurs harmonisées. 

Petite précision : Si vous souhaitez vous faire confectionner un ensemble, choisissez votre couturier en observant l’envers des modèles qu’il vous présentera.
Certains ont une notion particulière de ce que sont les finitions.

Contrairement à la plupart des européennes, les sénégalaises ont su préserver toute leur féminité et l’on peut comprendre que certains toubabs soient immédiatement séduits.

Et la vie des femmes dans tout ça ?

Récoltes du riz, jardinage, puiser de l’eau, lessives, cuisine, vaisselle, enfants,…
C’est simple… petites ou grandes… elles bossent !!!
Et la relève est assurée !!!

(Encore un grand merci à Dany  pour la plupart de ces portraits de la vie à Dakar.
Avec un gros bisou en passant, en espérant qu’elle ne s’ennuie pas trop dans son bureau !!!)


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