Le Sénégal - La vie à Dakar

(Suite 3)

La sécurité consiste à ne pas avoir d’argent ou autre bien dans les poches, car les pickpockets sont très habiles. Surtout parmi la foule présente sur certains trottoirs où les véhicules ne laissent aucune place pour circuler à pied.

Ce peut être un monsieur prévenant vous signalant une tâche sur votre pantalon ou encore un vieillard passant en sens inverse, le dos courbé, s’appuyant sur une canne, on ne peut plus discret mais très efficace, qui vous fera la poche droite tandis que vous vous demandez pourquoi cet autre homme vous touche la main gauche.

L’expérience a été tentée sur Rémy très vigilant et que je suivais de très près !

Anecdote : Attention aux retraits bancaires.

Un navigateur fait un retrait bancaire puis prend le taxi avec un pseudo guide.
Le chauffeur décide de prendre un raccourci.
Soudain le taxi est arrêté et encerclé par 5 jeunes gaillards.
Notre ami reviendra délesté de 100 000 CFA (150 euros).  

Au Sénégal, les voleurs et les agresseurs de toute sorte sont généralement très mal vus et punis par leurs pairs.
Dans certains quartiers de Dakar, la population a décidé de se défendre elle-même en instaurant des tours de garde.
Les punitions sont alors très sévères. Le voleur ou l’agresseur est enfermé et « tabassé » durant toute une journée sans aucune clémence. Il est ensuite livré à la Police « en l’état ! ».

Anecdote - hélas très révélatrice :
Un de nos amis capverdien s’est fait agresser en plein jour alors qu’il se rendait sur la plage de la Voile d’Or (où l’on peut se baigner), à quelques kilomètres d’Hann.
L’agresseur le menaçant d’un grand couteau lui a enlevé son sac à dos.

Alors qu’il dépose une plainte, un policier lui dit :

« Ici, c’est la légitime défense. Tu te fais agresser avec une arme. Si tu as un couteau, tu le plantes. Après tu viens nous voir en expliquant l’agression. Tu t’es simplement défendu. »

En période de fête (fin du Ramadan ou plus encore approche de la Tabaski), la plus extrême vigilance est conseillée.

Anecdote - qui se termine sans gravité majeure heureusement :
Au village de Hann Plage, un jeune couple récemment arrivé sur un voilier, se rend au Cybercafé, munis de 2 ordinateurs portables.

Il est 21 heures 30 lorsqu’ils prennent le chemin du retour – Grossière erreur !

Ils se font alors agresser par 4 « types » sous la menace d’une lame.

Non contents de leur prendre les 2 PC ainsi que tout le matériel informatique emporté ce jour là, sous l’œil impassible de tous les gens présents sur la place, ceux-ci entraînent l’homme derrière un camion et le rouent de coups.
(Les agresseurs, repérant leur cible au sein même du Cybercafé, sont semble-t-il coutumiers de ce genre de fait.)

Il est fortement conseillé d’être très prudent dans ce genre de situation, de même qu’au sortir d’une banque après un retrait d’argent.
Les agresseurs organisent la plupart du temps une filature, parfois avec la complicité d’un pseudo guide ou d’un chauffeur de taxi.

Nous avons eu la chance, pour l’instant, de ne pas connaître ce genre d’agression.

Même au mouillage de Hann Plage, nous n’avons qu’à déplorer le vol de notre feu à retournement (lampe accrochée à la bouée de sauvetage, obligatoires mais peu efficaces).

La seule véritable agression que nous ayons subie jusqu’alors est celle qui touche notre sensibilité, notre émotivité… notre coeur…

Mais comment ne pas ressentir l’effet d’une flèche en plein cœur à la vue de certains d’entre eux, si jeunes, déambulant dans certaines rues de Dakar, plus nombreux encore le vendredi, jour de prière.

Le Coran prêchant l’aumône à la population.

Ces bouts de chou font la manche, une boite de fer rouge sous le bras, pieds nus, crânes rasés et vêtus de guenilles.
Certains répriment des bâillements d’épuisement, d’autres bravent l’interdit, se cachant derrière un poteau, assis sur leur boite, afin de s’accorder un instant de repos.

Comment rester de marbre devant les yeux ébahis d’un de ces « mômes » lorsqu’il vous arrache des mains une minuscule brioche que vous lui tendez, la cachant aussitôt sous son tee-shirt, pour l’avaler ensuite tel un chien ayant volé sa pitance, afin de ne pas être vu mais ne pouvant retenir un sourire d’une telle intensité que votre cœur se brise.

Mais comment donner à tous ?

Et surtout comment donner "tout court" en sachant ce qui suit ?

Par définition le Marabout est un religieux musulman.

Mais il faut distinguer 3 sortes de Marabout.

Le « vrai » Marabout est souvent à la tête d’une confrérie religieuse, d’un village ou d’un quartier.

D’autres Marabouts sont à la tête de nombreuses sociétés.

Le jour de la fête de la Korité, lors du journal télévisé, nous avons pu voir des gens se prosterner aux pieds de l’un de ces puissants personnages et lui baiser la main sur laquelle scintillaient de grosses pierres précieuses.

Ces Marabouts, hommes d’affaires, monopolisent des pans entiers de l’économie nationale (culture des arachides, commerce) et  occupent une grande place au sein de la vie politico sociale du Sénégal.

Difficile donc de gouverner sans leur soutien et leurs consignes de vote très suivies.

Mais il existe hélas une 3ème catégorie de Marabout. Ceux qui exploitent les enfants.

Certains de ces enfants sont orphelins, d’autres ont été abandonnés volontairement par leurs parents soit pour de l’argent, soit naïvement contre la promesse d’une éducation et d’un enseignement religieux pour leur enfant.

L’enfant « appartient » alors à « son » maître, à « son » marabout dont il devient l’esclave. On appelle ces enfants, ainsi que les adultes travaillant pour le Marabout, des talibés.

Le jeune talibé est alors contraint de mendier sa propre nourriture et de rapporter une certaine somme chaque jour (500 à 1000 CFA) afin d’augmenter la fortune, pourtant déjà bien assise, de son « maître spirituel ».

Quel est l’avenir du talibé, arrivé à l’âge adulte, quasiment illettré, où il ne peut plus rien "rapporter" au  maître ?
A-t-il d’autres choix que d’errer dans les rues… et de voler ?

*

En ce qui concerne la scolarisation, nous sommes surpris par les statistiques déplorables, notamment celle des enfants dans le primaire (55% d’enfants scolarisés et ce chiffre régresse chaque année).
A savoir : lorsque le chiffre de 80% d’enfants scolarisés est annoncé, il ne tient pas compte des petits talibés très difficiles à répertorier.

J’évoquerai encore une fois la Tunisie ou le Maroc, où nous avions côtoyé chaque jour la pauvreté.
Mais en Tunisie par exemple la plupart des gens ont un toit et peuvent se nourrir grâce à une politique de bas prix, surtout concernant les produits de base.

Nous sommes donc surpris de constater à quel point le Sénégal  est un pays pauvre.

Le salaire mensuel varie entre 40 000 (60 euros) et 60 000 CFA (90 euros) pour celui qui a la chance d'avoir un travail. Il est parfois bien inférieur (notamment parait-il pour les gens employés chez des toubabs - sans commentaire !)

Sachant que les prix de tous les produits alimentaires ( y compris les produits de base à part le riz) sont au minimum ceux que nous connaissons en France, comment ces gens pourraient-ils se nourrir d’autre chose que de riz et de poisson ?

Exemple : Au CVD, un gardien de bateau gagne 2000 CFA (3 euros) pour 1 nuit.
Ses deux repas journaliers, s’il ne mange que du riz au poisson,  lui coûtent chacun 500 CFA.

Il aimerait manger parfois des frites mais c’est 1000 CFA (1,50 euros) – Trop cher !

Il est donc très heureux lorsqu’on lui confie la garde d’un bateau. Plus encore s’il trouve d’autres services à rendre (4500 CFA la journée).

Et ces jeunes ont beaucoup de chance. Ils ont du boulot !

Un seul chiffre : l’espérance de vie est d’environ 56 ans !
Il est impossible de quantifier la mortalité infantile et  beaucoup meurent faute de pouvoir payer le médecin.

Je lis dans mon guide que le terme de misère correspond à nos critères occidentaux et ne peut s’appliquer à cette population.

Il est écrit :

« La véritable misère pour un sénégalais est l’absence de relations sociales, l’isolement ».

Oui… Bon… Peut-être !?

A priori, il est difficile pour nous - pauvre femmes ! - d’être POUR la polygamie.

Avouons toutefois que ces messieurs, musulmans sénégalais s’entend, ont trouvé là un moyen subtil de faire admettre par la société une pratique illégale dans nos pays « civilisés » et pourtant assez courante.

La seule différence entre ces 2 cultures ne réside-t-elle pas simplement dans la notion d’honnêteté ?
Hum… Bon… Bref ! – C’était juste un avis personnel !!!

    Au Sénégal, avant tout mariage musulman, la femme déclare, par un acte écrit, accepter ou non la polygamie.
Inutile de préciser que chaque homme, ou presque, se charge de vanter toutes les vertus de cette pratique afin d’influencer fortement la décision de son épouse, quand il ne la lui impose pas tout simplement.

Ensuite, que la femme ait signé ou non pour la polygamie, l’arrivée d’une deuxième épouse fera l’objet de grandes négociations accompagnées d’un cadeau de la part du mari.

    S’il est autorisé d’épouser 4 femmes comme l’a fait le prophète Mohamed, la plupart des musulmans se « contentent » de 2 femmes, parfois d’une seule (quoique ceux ayant cru bon de nous le préciser étaient encore jeunes !).

Certains osent aller au delà en prenant une cinquième épouse (un Marabout de Dakar a dernièrement épousé sa 5ème femme, faisant paraître sa biographie dans le journal local).

    Mais beaucoup d’hommes avec lesquels nous aborderons le sujet - curieuses que nous sommes ! – nous diront que « les femmes, ça coûte cher et les enfants aussi ! ».

Si la jeune femme est vierge ou si la famille appartient à une caste élevée, il va de soi qu’il en coûtera bien davantage au mari.

Le mari devra payer le mouton ou le bœuf à offrir aux invités, la robe de mariée, la dot et la Mosquée.

Une de nos amies, jeune mariée, nous ayant montrer son magnifique album photos, il semble que certaines mariées, outre la robe de cérémonie, arborent plusieurs autres tenues somptueuses, avec chaque fois un maquillage différent et très artistique, ainsi que des coiffures très sophistiquées.

Mais en discutant avec des femmes, nous apprenons que les cadeaux qu’elles sont contraintes d’offrir (tissus et argent), à la famille du mari atteignent une somme largement supérieure aux dépenses du mari.
Il en est de même pour les baptêmes.
« Ils sont cons ces sénégalais - nous dira une amie sénégalaise et musulmane - On n’a pas d’argent pour manger mais on doit dépenser plusieurs mois de salaire pour respecter la coutume ! »

Lorsque le chef de famille décide de se marier une nouvelle fois, il peut choisir de faire cohabiter ses différentes épouses.
Toutefois, afin d’éviter les disputes, il est préférable que chacune ait son foyer. Les jours de visite du mari étant planifiés et en principe respectés.

Comme je l’ai déjà évoqué, le mariage avec une sénégalaise semble être cause d’un réel soucis pour les jeunes sénégalais.
La notion de « réussite » que la plupart des parents inculque à leur fille est d’épouser un homme riche qui pourra aider toute la famille au grand complet.

Un homme riche aura donc toutes les chances de pouvoir choisir son épouse (souvent très jeune).
Un homme pauvre « prendra » celle que l’on voudra bien lui donner !

Mais il semble aussi que ces messieurs paient leur besoin de toujours « courir après la jeunesse ».

Lorsqu’un homme prend une deuxième épouse, c’est toujours une jeune, voire très jeune, femme.

Aussi avons-nous souvent entendu parler de rupture dans des couples jeunes (18 –20 ans), pourtant amoureux depuis des années.
Le jeune homme ne pouvant se décider (ou n’en ayant pas encore les moyens financiers) à épouser sa dulcinée, la jeune fille accepte la proposition de mariage du premier prétendant venu de crainte de demeurer célibataire à jamais.

La religion a toujours tenu une grande place dans la vie des sénégalais. Catholiques, musulmans ou animistes, ayant toujours entretenu des relations de bon voisinage.

Avantage (ou inconvénient !) : Les sénégalais cumulent toutes les fêtes religieuses et la liste des jours fériés est impressionnante.

90% des sénégalais sont des musulmans. Les autres sont chrétiens ou animistes. Souvent les deux.

Dès son arrivée l’islam (9ème siècle) a tenté de respecter les valeurs ancrées dans la culture noire (rites et cultures des différentes ethnies, croyances animistes).

L’arrivée des Mourids (une des confréries de l’islam sénégalais - cf. Petite visite de Dakar) - dont le fief est la ville de Touba - après l’indépendance, n’est pas étrangère à cette forte islamisation.
Alors que l’économie du pays se trouvait dans un état lamentable, les marabouts de l’arachide ont permis une reprise des activités, procurant du travail à la population.

En faire partie assure la solidarité et la sécurité matérielle et morale.

A propos de politique

Il semble que, depuis l’arrivée du Président Wade, un durcissement du régime soit en cours avec des procès politiques à peine déguisés et une forte pression sur les médias.

Anecdote : Si nous en doutions !

Semaine de 19 novembre 2007 - Nous sommes toujours au CVD.

En ville, la police chasse tous les marchands envahissant les rues. Les voitures brûlent, la police tire à balles réelles (en l’air certes mais sans se soucier des habitants des étages supérieurs des immeubles dont certains virent passer les balles très près !)

Nous évitons donc Dakar et suivons l’actualité à la radio.

La radio française bien sûr !

Car si l’on en croit les médias sénégalais, tout va bien :

La police « a procédé au  désengorgement » de Dakar. Pas un mot sur les voitures en flammes, les boutiques dévastées et autres actes de violence.

Les journalistes doivent-ils être incriminés dans cette désinformation ou devons-nous nous demander ce qu’il en est de la liberté de la presse ?

La corruption fait partie intégrante de l’organisation ou plutôt de la désorganisation du Sénégal.

Le principal combat à mener dans ce pays est la lutte contre la corruption, mal chronique à tous les échelons de la société (détournements de fonds à la poste, loterie, Trésor Public, fonctionnaires se servant dans les caisses… même les instituteurs se servent dans les étagères de fournitures scolaires, si rares pour les enfants).

La moindre demande de papiers officiels (identité, jugement,…) est un véritable parcours du combattant.

Un billet glissé discrètement peut  très vite TOUT solutionner.

Anecdote : Nous allons récupérer notre admission temporaire (autorisation de demeurer 6 mois sur le territoire sénégalais).

Le papier n’est pas signé.

Le douanier, sympathique et quelque peu gêné,  fait savoir à Rémy que son chef propose d’activer la démarche s’il reçoit  un « bakchich » - Tabaski approche !

Rémy fait connaître son refus.

Le douanier compatissant et toujours gêné quant à la démarche peu légale de son chef promet de s’en occuper au plus vite.

Lorsque Rémy obtiendra enfin l’admission temporaire, elle ne vaudra que pour 5 mois.

Et notre sympathique douanier  conseille amicalement de ne pas protester.

Nous pourrons demander une prolongation… après la Tabaski et peut-être à Ziguinchor…!?!

Autre anecdote encore plus effarante :

Notre ami Moussa est instituteur. Il a obtenu son diplôme et peut prétendre à un poste dans une école publique.

Sauf que…

Pour travailler dans le public, il fallait payer un bakchich.

Il exerce donc dans le privé, pour un salaire de 60000 CFA par mois ( 90 euros), au lieu de 100000 (150 euros) pour un enseignant en début de carrière dans le public. Et n’aura donc pas droit à une pension de retraite (contrairement aux fonctionnaires).

Les autorités

Nous détaillerons les formalités à accomplir lors des infos pratiques (dès notre départ du Sénégal).
Toutefois, sachez que ces messieurs, qu’ils soient de la police ou des douanes, sont très susceptibles et aiment être écoutés, patiemment, obligeamment, complaisamment, même si leurs propos n’ont rien à voir avec vos questionnements.

Précautions :
- Ne pas se présenter dans les bureaux de la police ou des douanes en short. Ils n’apprécient pas du tout parait-il !

Même si, lors de notre visite à la police, l’un d’eux étaient nonchalamment assis sur un banc, dans l’entrée, la chemise tombant sur le pantalon, des tongs en plastique vert aux pieds !!

- Ne pas répondre lorsqu’ils vous parlent. Ils ont forcément raison.

- Lorsque l’un d’eux vous envoie à l’un de ses confrères. Si vous ne "tombez" pas dans le bon bureau, ne pas dire « pour moi c’est la même chose ! ».

Cela ne leur plait pas du tout car leur tâche importante - apposer l’énième tampon sur un papier par exemple - n’a rien en commun avec le travail de leur collègue - apposer un autre tampon sur le même papier !!!

Anecdote : La police fait toujours son travail !

Nous venons de faire notre petite soirée barbecue au sein même du CVD - Il est minuit .

Adultes (8 à 10 personnes) et jeunes enfants (5) montent dans la navette pour rejoindre leurs bateaux.
3 hommes en civil arrivent et nous demandent sur un ton sans appel de descendre… TOUS !

« Vos passeports ! »

Personne ne les a. Le risque de perte, de vol ou de les voir définitivement sombrer dans l’eau est trop grand.

Nous leur proposons de les emmener à bord de nos voiliers afin de leur présenter nos papiers.
L’un d’eux, très agressif nous répond :

« Vous n’avez pas vos passeports ? Vous n’êtes pas en règle alors ! Vous n’avez pas fait l’entrée à la police ! »

« Bien sûr que nous sommes en règle. Mais nous n’avons pas les papiers sur nous. Nous venons de passer la soirée au CVD, lieu privé, et n’en sommes pas sortis ! »

Le ton s’élève. Rien à faire !

Un troisième homme arrive. C’est le chef.

A savoir que, ce soir là dans la navette, à part les passeurs, noirs, et notre fille, brune, nous sommes tous blond ou châtain clair.

Le chef, plus avenant que son collègue précise : « Nous sommes là pour lutter contre l’émigration. »

(A-t-on vraiment des têtes d’émigrés ?!)

Et de nous expliquer, durant de longues minutes tandis que les enfants, quelque peu affolés, tombent de sommeil, qu’il allait de notre sécurité d’avoir les passeports sur nous.

« Si vous aviez un malaise en ville... »
« Mais nous ne sommes pas sortis ! »
« Oui mais il peut vous arriver n’importe quoi, un malaise par exemple (!?), nous devons pouvoir vous identifier. »
« Mais nous étions au CVD ! »
« Oui mais….. »

Et de recommencer, inlassablement devant un oratoire las. Ce jusqu’à ce que nous lui répondions :

« Vous avez raison Monsieur. Merci beaucoup Monsieur. Bonne nuit Monsieur. »

Conclusion : Entre la sortie plage du CVD et votre bateau, munissez-vous de vos passeports (ou d’une copie conforme)

La plupart des personnes ayant fait un séjour prolongé au Sénégal il y a quelques années constatent un changement très marquant quant à la jovialité de ce peuple.

Après un petit séjour il y a vingt et quelques années, je tendrais vers le même constat.

Une question que tous se posent alors :

Cette forte islamisation en cours et la rigueur dont elle s’accompagne jetteraient-elles un voile de tristesse sur la population ?

D’aucun disent même que dans 2 ans, tout aura changé.

Un fait est que la joie de vivre inhérente à ce peuple n’est plus.

D’autre part, après 3 mois passés ici, nous et nos amis « voileux » de plus en plus nombreux au CVD, n’avons encore assisté à ces scènes de chants et de danses spontanées, improvisées çà et là par ces femmes et ces hommes ayant le rythme dans la peau.
Les seuls chants jamais entendus sont ceux des versets du Coran.

Nous attendons avec impatience notre remontée des fleuves espérant que la population a su y conserver ses usages ainsi que sa joie de vivre.

Au fait ! Sachez que le chanteur le plus renommé est Youssou N’Dour.

Terminons par une anecdote :

La pièce d’identité

En ce moment même, un débat sérieux anime les politiques français quant au bien fondé et au problème d’éthique posés par des recherches ADN afin d’autoriser le rapprochement familial pour les Sénégalais installés en France.

S’il est difficile de prendre position face à ce débat, certains éléments donnent sérieusement à réfléchir.

Au fil de discussions avec des sénégalais, nous apprenons en effet combien il est facile, même si le chemin est long et coûteux, de faire « officiellement » modifier son identité ou son âge dans ce pays.

Anecdote : La fiabilité de l’état civil sénégalais !?!

Une de nos amie se bat pour faire accepter sa fille dans un collège public de Dakar.

Son enfant a pris du retard. Or il est impossible d’intégrer une classe si l’on a dépassé l’âge requis.

Lorsque notre amie nous raconte cette histoire, nous pensons qu’il s’agit de faux papiers.

Pas du tout !

Cela passe par un juge qui, s’il le veut bien, fournira un acte tout à fait officiel, stipulant la nouvelle date de naissance de l’enfant. Et cela se pratique fréquemment.

Plus tard, l’enfant (ou l’adulte) pourra faire modifier ses papiers afin de reprendre sa véritable date de naissance… si il le souhaite !?!