Samedi 4 octobre 2008.

 

Le foot est plus que jamais au cœur des discussions sous l’arbre à palabres.

 

Les cadets de Kachouane sont en finale.

Pas de finale sans supporters.

Tous ceux qui le peuvent sont donc bienvenus. Et qu’ils soient noirs ou blancs ne change rien comme d’habitude.

Les jeunes sont donc ravis que nos amis d’Hélianthe, de Kala Nag et nous même fassions partie du voyage.

Départ prévu 10 ou 11 heures. Départ effectif…midi !

En bonne compagnie avec nos amis d’Hélianthe, nous attendons patiemment sous les airs de djembé.

         

Embarquement immédiat.

On enlève les chaussures et l’on remonte les jupons.

Les joueurs embarquent dans la petite pirogue de Kachouane. Les supporters dans la grande qui, précisons-le, doit être prochainement réparée, l’eau ruisselant abondamment par des trous sur les côtés.


« L’écopeur » aura du pain sur la planche !

Notre pirogue est bondée mais filles et garçons continuent de monter.

 

Les francs bords n’émergent que d’une dizaine de centimètres. L’eau ruisselle de plus en plus et la pirogue est déjà pleine d’eau.

  

Nous cramons sous un soleil de plomb, les doigts de pieds dans l’eau pour ceux qui sont en bas.

Mais l’ambiance est à son comble.

Les filles, parées de leurs pagnes et de plusieurs rangées de « binbin » (collier de perles porté à la taille et objet de séduction que l’on ne montre que dans ce genre d’occasion) chantent et dansent dans le peu de place qu’offre le plancher de la pirogue, et notre ami Ibou ne se fait pas prier pour se joindre à elles et nous « mettre le feu ».

 

Une heure plus tard, nous débarquons à Carabane, sur une plage déserte. Il ne nous reste qu’à traverser l'île pour atteindre le stade.

En Casamance, si l’on n’aime pas la marche, on apprend vite à aimer car on n’a pas vraiment le choix !

          
           

Les femmes ont tout prévu.

Les seaux sur la tête, elles vendent de délicieux beignets au sucre. Les petites filles appellent cela des bonbons. D’autres les « mosdolis », mot qui pourrait se traduire par « reviens-y », et je vous garantie que l’on y revient vite.

Nous atteignons enfin le stade.
Les match devait débuter à 14 heures. Le coup d’envoi est donc lancé à. . . 15 heures.
Normal !

Il fait toujours un soleil de plomb. Nous nous installons à l’ombre d’un arbre.

        

Les gradins !

En attendant le coup de sifflet, les filles dansent et chantent pour leur équipe.

Elles ne cesseront d’animer les deux matchs successifs, sans jamais montrer le moindre signe de fatigue, et poursuivront tard dans la soirée  malgré des conditions pourtant très difficile, vous le verrez.

                                                      
                           

Quel punch !

Durant tout le match, y compris pendant les discours d’ouverture, la sono diffusera, volume à fond, l’incontournable musique du MBalax.

Manque de respect inconcevable pour nous européens. Mais nous sommes en Afrique !

Nos chers cadets ne brillent pas par leur virtuosité, hélas.

Match nul.

Pas de prolongations – Pas le temps - On passe directement aux penalties.

Ah bon ?!

Nos cadets ont perdu.
 
Les séniors d’autres villages se préparent pour disputer le match suivant.


Les officiels ne sont toujours pas arrivés.

Ces chers messieurs, député et autres personnalités, escortés par l’armée, ne feront leur apparition qu’au cours de ce deuxième match.

Tous les spectateurs se lèveront alors. Le match sera interrompu.

Ces messieurs traverseront tranquillement le terrain jusqu’à la tribune officielle (bâche montée sur 4 piquets, visible sur la photo ci-dessus).

Au Sénégal, un titre c’est comme la confiture… ça s’étale !

Quant à nous, les toubabs, nous avons soif.

Et à vrai dire, le foot, on s’en fiche un peu. Nous n’étions présents que pour encourager Kachouane.

Nous laissons Candice avec ses "potes" et nous esquivons, accompagnés de Nicole, Laurent et Nathan.

Nous passerons cette fin d’après-midi à discuter devant un verre pas très frais.

Nathan se fera quelques amis. 
 

Le temps passe…

 

Une tornade inoubliable !
18 heures - Il est temps de rejoindre les pirogues qui attendent à la pointe de l’île.
Nous ne voulons pas faire attendre nos amis.

A peine sommes-nous sur cette plage que le ciel devient noir. Nous pouvons très distinctement voir la pluie sur le bolong se diriger vers nous. Des grondements caractéristiques se font entendre.

Rémy et moi tentons d’extirper les cirés de nos sacs.
Pas le temps d’enfiler une manche, la tornade est sur nous.

La visibilité ne dépasse pas 50 mètres. Laurent et sa famille se précipitent sous un petit palétuvier, seul abri alentour. Nous les rejoignons au pas de course.
                                        
Accroupis, fouettés par la pluie et le vent, en bonne voie de congélation, nos cinq corps recroquevillés passeront là près de ¾ d’heure.

…Les jeunes arrivent enfin, par petits groupes très espacés.

Tous se rassemblent devant les pirogues. La nuit est tombée. La pluie et le vent n’ont pas cessé une seconde.

Nous sommes tous transis de froid.

Certains sont accroupis. D’autres debout se protégeant le visage avec les mains. Rémy et moi, seuls à porter des cirés, tentons de faire paravent aux plus jeunes.

Quant aux femmes, imperturbables, elles continuent de chanter et danser.

Les joueurs – et notre fille ( !) - arrivent enfin.

Nous pataugeons dans le noir le plus total, les jambes s’enfonçant dans 50 centimètres de vase, et tentons d’embarquer toujours sous une pluie battante.

…  « Descendez…descendez… la pirogue prend trop d’eau ! »

La moitié d’entre nous embarque donc dans la petite pirogue.

Et je puis vous dire que je ne fus pas la dernière !


Les piroguiers démarrent les moteurs.

C’est parti ! Direction Kachouane sans aucune visibilité.


Ah…nous ralentissons ! Mais pourquoi donc ?

La grande pirogue a décollé de la vase et nous sommes trop nombreux sur la petite. La première aborde donc la nôtre et des jambes passent sur nos têtes pour monter dans l’autre, faisant tanguer dangereusement notre embarcation.

Maman… je veux descendre !!!

Cette fois, c’est bon. Les moteurs vrombissent.

Seul deux hommes sont debout à l’avant. L’un muni d’un parapluie, l’autre d’une lampe torche. Ce dernier surveille les fonds et la mangrove et fait des signaux au piroguier pour lui indiquer le passage. Inutile de crier, il n’entendrait pas.


Les voir mener ces embarcations dans de telles conditions force l’admiration.

Deux jeunes écopent inlassablement arrosant les voisins les plus proches.

 Dans la pirogue, silence total.
Seule la voix sublime d’un jeune homme monte pour nous bercer d’une chanson diola.

Aucune tête en vue.

Ne sont visibles que des dos courbés, la tête dans les genoux, grelottant de froid, certains sous des sacs plastiques, la plupart en tee-shirt sans aucune protection, alors que nous claquons des dents sous nos cirés.

Le lendemain plusieurs portable, largement lessivés, seront   probablement endomagés. Car si les cirés sont rares, tous - jeunes, adultes et même les femmes - ont un téléphone portable.

 

Régulièrement, une vague vient s’éclater sur la pirogue, nous trempant davantage. Mais l’eau est chaude et nous réchauffe les jambes.

Impossible de dire combien de temps nous avons attendu le reste du groupe sur la plage et combien de temps a duré le voyage.

Nous savons simplement que, lorsque nous avons débarqué à Kachouane… il était plus de 22 heures.

Jamais nous n’avions vécu une aussi longue tornade... en plein air !!!

Nous nous sommes tous séparés sans un au-revoir.

Chaque jeune est parti en courant vers sa case.

Moteurs d’annexes à fond, les équipages de Hélianthe  et de Vent de Folie  ont rejoint leurs pénates.

Un bon bouillon bien chaud et au lit !

Voici une journée typiquement africaine que nous ne sommes pas prêts d’oublier !


. . . Le lendemain, tout est oublié.

Notre fille "remet ça".


Les jeunes sont invités à Nikine pour une soirée dansante.

Impossible de louper ça !

Nous observons depuis le bateau.


La pirogue s’enfonce. Les jeunes continuent de monter.                

La sono est également du voyage. Nikine n’en a pas.

Enfin l’on charge une brouette contenant le sac de riz pour le repas et une énorme marmite en fonte pour préparer le tiep.

    Va-t-elle se renverser ?... !

Non !

Mais impossible de démarrer. La pirogue est collée dans la vase.

Pas de problème. Certains descendent. D’autres arrivent sur la plage. Tout le monde pousse.

Oh ! Hisse !

La pirogue décolle.

Inutile de préciser qui est la « blanchette » sur la pirogue ?... !


Salut les jeunes. Bonne soirée !

Ce que nous ne savons pas encore – car ici, rien n’est jamais prévu d’avance ! – c’est qu’ils passeront la nuit à Nikine, logés chez les habitants du village.

Il sera 10 heures le lendemain matin lorsque la pirogue reviendra et que tous rentreront au bercail.

Juste le temps qu’il faut pour se reposer avant de fêter, de manière traditionnelle :

La fin des plantations. . .


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