Dimanche 12 octobre 2008.

Nous quittons Djogué - Direction Ziguinchor.

Impossible de ne pas s’arrêter à la Pointe St Georges, revoir notre ami Ousman, boulanger et désormais pizzaïolo réputé.
Bientôt, il vous livrera même les petits pains au chocolat à bord.

Nous sommes partis depuis moins d’une heure et Rémy, jusqu’alors, semblait avoir la grande forme.

Soudain, il se met à trembler.

La fièvre monte rapidement et approche les 41 degrés.
Nous pensons immédiatement au palu.

  Le retour de la momie !

                                                  

(Il fait plus de 36°C dans le cockpit!)                                          


Merde alors !

Pas le choix ! Le second doit prendre les commandes.

…La Pointe est en vue. Le ferry aussi…
Une chance !

Nous devons prendre à droite après la pointe.
Voyant l’Aline Sitoë faire un grand détour avant de tourner face à nous, je soupçonne des fonds pas très amicaux dans le coin.

Rémy, toujours grelottant sous la couette, me conseille alors de prendre la carte et les jumelles.

Ah ! C’est vrai ça ! J’aurais pu y penser plus tôt !

En principe, je devrais voir des balises.

Je poursuis, les jumelles collées sur le nez afin de trouver ces fichues balises.
C’est bon ! Je les vois.

Nous arrivons ainsi, sans encombre, à la Pointe St Georges.

Rémy, titubant, devra toutefois se rendre à l’étrave, sous l’étroite surveillance de sa fille, pour jeter l’ancre.
La chaîne prenant un malin plaisir à se coincer, impossible de le faire nous-même.

Merci à l’Aline Sitoé. Sans lui, nous allions droit vers les hauts fonds.

Quant à Rémy, fausse alerte.
Après un test (merci Stellina !), il ne s’agit probablement que d’une bonne grippe.

Une bonne journée de repos – pas plus, le Capitaine est pressé ! - et nous arrivons à Ziguinchor.


(Photo de Philippe - Michka)

Le premier jour sera consacré à une visite au collège français.

La directrice du collège ayant accepté que nous lui fassions parvenir les cours du CNED, nous allons récupérer la pile de livres tant attendue.

Anecdote : A la recherche du colis perdu !

Nous appelons le collège. La secrétaire n’est au courant de rien. L’adjoint à la direction non plus. Il nous faut attendre le retour de la directrice, actuellement à Dakar.

Deux jours plus tard, la directrice nous fait savoir que les cours sont arrivés.
Nous nous rendons au collège.

La secrétaire nous tend alors notre paquet… Candice devient livide.

Le colis comporte 3 bouquins, pas un de plus. Nous en attendons une bonne vingtaine.

Gloups !

Bon, si nous allions voir à la poste !

Nous nous rendons à la petite poste, non loin de là et réclamons nos colis perdus.

Nous sommes reçus avec beaucoup de gentillesse et de bonne volonté.

C’est toujours ça !

Un sympathique employé des postes nous guide, vitesse escargot, dans les dédales du bâtiment.
Nous le suivons, nous promenant ainsi de bureau en bureau afin de trouver trace de nos paquets, nous efforçant de ne pas le doubler au risque de le traumatiser.

Pas de colis en vue.

Il va finalement chercher un autre employé, toujours vitesse escargot – Quoique ? Il a peut-être…ralenti la cadence !

Avec la même nonchalance, son collègue arrive. Il ouvre un bureau, dans lequel se trouve une table, sur laquelle se trouve des paquets du CNED.

Lueur d’espoir dans les yeux de notre petit mousse. . . Loupé !

Ces paquets proviennent bien du CNED, mais de Rouen – niveau collège.

Alors que le visage de notre fille se décompose un peu plus, j’aperçois, sur le sol, derrière le bureau, une autre pile.

Ceux-là proviennent bien du CNED de Rennes.
Adressés à « Collège de Ziguinchor – Elève Candice »
Ouf !

Les livres sont très abîmés par plusieurs semaines d’attente dans ces locaux vétustes et mal entretenus. Mais nous avons les cours.

Raison évoquée : « la boite aux lettres était trop petite ! »

Et il semble que dans ce collège, fonctionnant pourtant également avec le CNED par un système de tutorat, et recevant donc, pour chaque élève, les livres de cours pour une année entière, les responsables ne soient guère plus inquiets que les employés des postes.

D’autres livres du CNED adressés à des élèves dudit collège attendent d’ailleurs toujours que l’on vienne les chercher… 

L’insouciance sénégalaise semble être contagieuse !

Mais notre petit mousse a repris des couleurs et c’est avec un soulagement certain et le sourire aux lèvres malgré une chaleur torride et trois sacs à dos pleins, que nous rentrons à bord.

Les jours passent ensuite à la vitesse de la lumière.

Entre dernières petites tornades et averses fréquentes, nous nous activons pour réparer ce qui doit l’être et faire l’avitaillement.

Le désalinisateur est réparé ou tout au moins en bonne voie.

Notre « frigo » est finalement « kapout » (carte électronique H.S.) mais remplacé provisoirement par un mini réfrigérateur 220 volts – Oui, oui ! - qui sera branché sur le convertisseur, le thermostat au strict minimum pour survivre, voire éteint s’il s’avère que nous manquions d’énergie.

Bref !

Petite inspection du moteur… Vidanges… Serrage d’un boulon par ci… Réfection d’un contact par là . . . pour le Capitaine.

Nettoyage, rangement des coffres, inventaire… pour le second.
Mais aussi cuisine afin de remonter le moral des troupes :
Cures de crevettes, lotte et poulet, ainsi que légumes et fruits frais comme par exemple ces énormes avocats vendus sur le marché – Mmmm !

Et avec la quantité d’eau que nous perdons en transpiration, nous n’avons aucun problème pour éliminer !

Quant au mousse, école pour ne pas changer.
Candice ne sort pas du bateau et, si nous avons quelques heures devant nous, nous nous replongeons dans le programme de terminale S, bien chargé, et nécessitant la présence fréquente de ses professeurs préférés ( ?!).


Puis il nous faut faire les pleins :

Plein d’eau au ponton du Kandiandou… Plein de gaz oil au bidon, sur « la charrette à mule »...
Et achat de « bouffe… de bouffe… et de bouffe ».

Un peu pour aujourd’hui… un peu pour demain... et beaucoup pour la traversée.

On ne sait jamais combien elle peut durer cette traversée de l’Atlantique. 
Manquerait plus qu’on ait faim !!!

Car vous aurez compris que nous préparons une grande étape de notre voyage :

La traversée de l’Atlantique.

Nous sommes fin octobre.

La saison des pluies est arrivée à son terme.

Il ne pleut plus – Dommage ! - Les tornades ont cessé – Tant mieux !

Les après-midi, il fait toujours aussi chaud (34 – 35°C) mais nous savourons la petite brise matinale et quelques courants d’air qui, la nuit, nous obligent à remonter le drap.

Mmmm ! Que c’est bon d’avoir un peu froid !

Note : La saison des pluies en Casamance est très, très longue cette année. Aussi nous demandons-nous, si nous n’avions fait une pause, comment nous aurions pu supporter 2 mois de plus dans ces conditions climatiques très difficiles à supporter.

Les voiliers arrivent de plus en plus nombreux dans ce mouillage jusqu’alors quasi désert. Les anciens reviennent et les nouveaux arrivent.

Aussi retrouvons-nous avec un grand plaisir Philippe sur Michka, ainsi que Christian et Maryse sur Goyave.

Nous faisons aussi, entre autres, la connaissance de Chamicha, sur lequel naviguent la pétillante Chantal et l’adorable Jean-Claude.

Voici des équipages que nous retrouverions avec grand plaisir de l’autre côté si nos routes se croisaient de nouveau.

De même que nos amis d’Hélianthe, Nicole, Laurent et Nathan, venus nous rendre une dernière visite, très appréciée sur Vent de Folie.

Mais très vite, et plus tôt que prévu,
certains équipages mettent les voiles, direction le Cap vert.

En effet, ces jours-ci radio Tam-tam fait courir le bruit que des contrôles douaniers se renforcent sur Dakar, mais aussi en Casamance.
Tous ceux ayant dépassé les 6 mois autorisés pour la présence de leur bateau au Sénégal, souhaitent donc éviter les mésaventures de nos deux amis embarqués et « rackettés » sur le Saloum.

Et les prisons sénégalaises n’étant pas une sinécure, ils font bien de partir !

Aussi, en quelques jours, le mouillage de Ziguinchor se vide complètement.

Souhaitons que ces messieurs les douaniers revoient leur copie. Car dans quelques jours, nous ne verrons plus un seul voilier devant les villages casamançais.

Vent de Folie  est prêt au départ.

Il ne nous reste que quelques « affaires » via Internet.

L’inscription de notre fille aux épreuves du Bac par exemple. Ce qui implique savoir où et comment faire ?
Un vrai casse tête lorsque l’on apprend que les inscriptions, c’est en novembre.

Et nous en novembre, nous serons en plein océan.

Ayant consulté les prix des vols depuis l’Argentine où nous serons probablement en juin, nous optons pour le Brésil et comptons donc sur la responsable du lycée François Mitterrand de Brasilia pour nous aider.

Mais en ce moment, il parait que ce sont les vacances scolaires.

Nous sommes donc bloqués au minimum jusqu’au lundi 3 novembre.
 
A suivre…

L’équipage de Vent de Folie à la veille de cette grande étape.

Rémy ne tient plus en place et n’aspire qu’au départ.

Notre mousse, le nez dans les cours du matin au soir, opte pour suivre le mouvement.

Quant au second : Bof ! Disons que je suis… partagée !

Partagée entre l’envie et l’appréhension.

   Envie de réaliser cette grande étape et de découvrir le Brésil et l’Argentine.

   Appréhension en pensant à ces trois semaines, ou plus, en mer. Trois semaines durant lesquelles je devrai peut-être demeurer assise dans le cockpit, inactive – Oh là-là ! - si les conditions décidaient d’être contre nous. Voire grelottant de peur et bonne à assommer si le stress me prenait  soudainement.

Mais nous verrons bien ! Inch’allah !

Je vous raconterai cela de l’autre côté, en toute sincérité, fidèle à mon habitude.
Promis !

En attendant, nous allons faire nos adieux à nos amis de Djiromaït, de Ehidj et de Kachouane, où nous aurons le plaisir, une dernière fois, de travbaigner dans la vie locale casamançaise.

Un petit tour pour prendre le pain...                               

                   ...et un petit tour pour prendre le linge...

On ne s'en lasse pas !...?
Adieux à Ehidj.
   Sortie police à Elinkine.
Adieux de nos petits amis à Kachouane. 
Mais dans les villages, point d’Internet !

Aussi vous disons-nous d’ores et déjà :

A bientôt sur d’autres horizons !

En attendant notre retour sur le Web, vous allez pouvoir lire notre petit hommage à cette merveilleuse région, la Casamance, et à son peuple adorable, les Diolas . . .


(Accueil du site)