Après les festivités...

 

Les Travaux

 

 

 

Mars 2007     

 

 

* * *

Avant de poursuivre ce récit, nous souhaitons intercaler

ce message de soutien pour l'équipage du voilier


BADAOU

 

Partis du Cap Vert pour Salvador de Bahia (Brésil), Badaou a fait naufrage le 8 mars dernier, à 60 milles de Fernando de Noronha qu’ils ont pu atteindre sains et saufs après 16 heures à bord de leurs survie et annexe.
Ayant fait, trop brièvement, la connaissance d’Henri et Danielle à Las Palmas avant notre départ pour la France, alors qu’ils « bichonnaient » leur beau voilier, nous avons une pensée émue pour ce couple si sympathique.

Nous leur souhaitons de parvenir au plus vite à surmonter cette épreuve afin de pouvoir
« rebondir sur un nouveau projet »
comme ils le souhaitent et espérons qu’ils se remettent au mieux de ce traumatisme.

Que cette épreuve nous fasse aussi relativiser tous ces petits soucis quotidiens du bord, dont nous sommes les premiers à nous plaindre fréquemment.

Lorsque nous évoquons notre nouveau mode de vie, on nous parle souvent de « courage ».
Face à ce genre d’expérience, il est pour nous plus évident encore qu’il ne s’agit pas de courage !

Henri et Danielle, eux, ont fait preuve de courage
et nous ne pouvons que tenter de leur en insuffler d’avantage pour poursuivre.

Merci pour eux!

* * *

Alors que notre fille studieuse (Hum !) travaille,…  
  … nous nous attelons aux dernières corvées avant travaux.
Nous venons, entre autres, de passer 10 jours à nettoyer et bien sécher tous les fonds du bateau afin d’enlever toute trace de sel, de gaz oil et d'huile et les préparer pour une couche éventuelle de protection.

Nous sommes dimanche 4 mars.
La mise à sec de est prévue pour mardi.

Nous profiterons donc du lundi pour ranger tranquillement tout ce qui traîne sur le pont.
Tout est ok - Nous sommes invités chez nos voisins - Nous pouvons y aller.

Et bien, cela ne s’est pas du tout passé comme prévu !

Cathy et Alain sont nos voisins. Au fil des discussions, il s’avère que Nouk II et , sans le savoir, se suivent depuis Madère.

Nous étions déjà voisins à Agadir, sans avoir d’autre contact que "bonjour - bonsoir", chacun occupé avec ses amis ainsi qu’à découvrir ce peuple marocain si chaleureux.
De même pour Graciosa où, il est vrai, Rémy et moi avons quelque peu hiberné, profitant pleinement de cette escale tranquille (une fois n’est pas coutume) pour ne rien faire ou presque tandis que Cathy et Alain festoyaient à l’envi.

Malgré tout, nous nous souvenons parfaitement d’eux et surtout de leur fameux groupe électrogène qui résonnait dans notre cabine et Cathy et Alain n’ont pas oublié "celle ( ?!)" que cela empêchait de dormir.
Ben oui, quoi ? J’ai le sommeil fragile, moi !!!

Il nous a donc fallu attendre leur arrivée à Las Palmas pour faire plus ample connaissance, partager d’excellents moments ensemble et découvrir un couple adorable. Des êtres généreux, naturels et gais comme on les adore.

Quel rapport avec nos fonds, me direz-vous !
Nous y venons !

Nous passons donc notre soirée du dimanche dans le rire et la bonne humeur, dégustant un excellent plat de thon pêché et mijoté par notre coq Alain. Cathy et Alain nous quittant dans quelques jours pour le Cap-Vert, nous espérons vivement les retrouver à Dakar ou encore en Casamance.

«Bon, Alain, la prochaine fois qu’on se retrouve sans bénéficier de l’électricité, nous serons ravis de te savoir là… mais loin de nous. Ce qui ne nous dispensera pas de partager l’apéro !
Salut et bon vent à vous deux et surtout…restez comme vous êtes…"Natures" !!!»

Nous rentrons de cette petite soirée à une heure correcte.

Heureusement !!!... Car…

Avant de quitter le bateau, une petite envie urgente m’avait prise. Probablement hélas, trop pressée d’aller prendre l’apéro, j’ai alors omis de fermer la manette d’arrivée d’eau.

Que se passe-t-il dans ces cas là ?

Et bien l’eau de mer entre, déborde de la cuvette et emplit les fonds à volonté…
Tout simplement ???!!!

Rémy et moi avons passé la journée entière du lundi à vider les quelques 200 litres d’eau de mer  répartis dans tous les  fonds et tenter de faire sécher tout ce que contiennent les coffres de notre cabine.

C’est donc bien reposés (?) que nous allons attaquer nos travaux !


Mardi 6 mars

Nous y sommes ! … Le jour "J" est arrivé.

s’apprête à quitter le ponton 17.

Nous nous levons bien courbaturés de la gymnastique de la veille - 10 heures - Tout est rangé, arrimé, prêt à subir la levée de notre 15 tonnes.

Zen, comme à mon habitude, mon estomac se noue au fil des heures.

« Heu… Chéri, t’es sûr que le carnaval est terminé ?! »

Pas évident de se préparer à voir sa "maison" suspendue en haut d’une grue - Je déteste ce moment - Et il nous faut encore patienter – La sortie est prévue à 12h 30 – Insupportable - Heureusement il fait beau – Pas de vent - Tout devrait bien se passer...

Nous entrons dans la cale.     

L’expert appelé pour l’adhésion à notre nouvelle compagnie d’assurance(*) nous attend, l’appareil photo prêt à tirer. Il tient à voir le bateau dès la sortie.

* Avis aux navigateurs : Nous étions jusqu’alors assurés chez Armanien. Comme prévu, nous les informons par mail que nous allons quitter les Canaries et les prions de nous communiquer la nouvelle prime.
Réponse directe sans avertissement préalable :

                             "Nous ne vous assurons plus au-delà des Canaries"……Gloups !                                                                       

Comme rien n’est jamais simple avec , la sortie se révèle un peu plus compliquée que prévue… une fois encore !

La grue est trop courte et ne peut nous lever suffisamment pour nous hisser sur la terre ferme.

Les pataras (câbles tenant le mât sur l’arrière - cf.lexique) touchent. Ils risquent de casser. Nous devons les lâcher, espérant que le mât ne bouge pas. Par chance, toujours pas une once de vent.

commence à monter . . . Stop !

Impossible de poursuivre.
Cela ne suffit pas, il faut remonter la dérive.
Et comme par hasard, le moteur du treuil ne veut pas fonctionner.

Nous devons alors enlever complètement les pataras. Cela implique arracher la connection du câble d’antenne BLU (émetteur récepteur à longue portée) à l’un de ces pataras, celle-ci ayant été soigneusement et longuement mastiquée par Rémy avant notre départ.

Et oui - Ça ne rigole pas à bord !

s’envole enfin…
… sous haute surveillance ( !)
Mais ce n’est pas terminé…

C’est l’heure de déjeuner. Les employés nous laissent sur la grue  au beau milieu de la zone technique. En fait, nous comprenons vite qu’ils envisagent de nous remettre à l’eau dès 14 heures.

« Comment, nous remettre à l’eau ?… Mais nous avons demandé à sortir, pas à retourner à l’eau…
Nous devons travailler sur nos safrans, repeindre la coque… ! »

Tout ceci dans notre meilleur espagnol ( ?)

Il semble que le patron n’ait pas bien compris notre demande.

Nous devons attendre son retour, vers 15 heures. 
Sans perdre de temps, laissant Rémy, quelque peu énervé, avec l’expert sur notre arbre perché, nous commençons à gratter ces fichus coquillages envahissant la coque.

Il y a pire, je vous l’accorde. Mais venez gratter, vous verrez !
C’est un boulot auquel nul navigateur n’échappe et dont tous se passeraient bien !

Le patron fait son entrée sur la zone technique.

Candice (ma traductrice) et moi  allons voir ce colosse qu’il est préférable de prendre "dans le sens du poil" et le supplions de trouver une solution.

Problème : Pas de ber disponible (disons plutôt en état !). Cherchant une solution pour répondre à notre besoin, on nous pose sur des étais, prenant bien soin de caler la dérive (relevable, je le rappelle ?!).

est posé - Le grutier relâche les sangles - se met à bouger.

Il est trop lourd et sa quille relevable ne permet  évidemment pas de le soutenir.

Notre colosse surgit : « Impossible. Vous relevez la quille ou on vous remet à l’eau ! »

Nous ne pouvons relever la dérive puisque le moteur ne démarre pas. De plus, nous devons changer les anodes* (pièces en zinc évitant la corrosion, présentes sur la dérive, les safrans et l’hélice) et  l’expert nous demande de changer le câble du treuil*.

(*) Afin que vous ne puissiez me reprocher de n'y rien comprendre et au cas où vous ne consultiez pas régulièrement notre petit lexique (mis à jour de temps en temps), je vous donne ces photos faites après quelques heures de travaux acharnés et sur lesquelles vous avez tout :
La dérive, le puits de dérive, les anodes ainsi que le treuil et son câble tout neuf installé par...devinez qui ?... Et oui toujours le même! :

Le patron accepte de nous laisser sur les sangles jusqu’à demain midi.

Ouf !

Il est plus de 17 heures - La course contre la montre démarre.

Trouver du câble et le changer – Gratter, traiter, peindre la dérive et son puits, et changer les anodes.
Sans oublier : Réparer le moteur du treuil.

Pour ce dernier, ce fut vite réglé par notre électricien du bord. Un simple contact à refaire.
Pour le reste, nous n’avons pas chômé.

Nous passons cette première nuit perchés sur la grue et dormons comme des souches !

D’ici, nous avons une large vue sur le port, la ville et la plage.

Pour ceux que cela intéresse, voici aussi la zone technique.

Celle-ci, très sérieusement gardée chaque nuit, est cadenassée de 21h30 (ou 22 heures…ou 21 heures selon le gardien) à 7 heures du matin. Horaire durant lequel il est préférable de s’abstenir de quitter le bateau sous peine de se faire "bouffer" par le chien ?!

Si vous comptez sortir le soir et rentrer tard, il suffit de prévenir ledit gardien de votre heure de retour. Son travail consistant aussi à surveiller le club nautique voisin, il n’est pas toujours là.

Ces gardiens sont au nombre de 3. Pris eux aussi dans le sens du poil, ils sont très gentils !

Anecdotes : Le premier soir, alors que nous sortons (les sanitaires se trouvant de l’autre côté de la route), le gardien nous informe des heures de fermeture et de l’efficacité du chien de garde (voir ci-dessus). Impossible d’aller aux toilettes donc, dans cette tranche horaire ( ?!).
Il propose alors de revenir nous ouvrir à une heure convenue par avance.
Lors de notre retour, le fameux chien de garde, un beau berger allemand, dans un seul élan, saute sur Candice, pose ses pattes sur ses épaules et la gratifie d’une belle "léchouille". Il voulut même monter l’échelle pour obtenir d’avantage de caresses.
Toutefois, nous ne nous aventurerions pas à le prendre par surprise !

Avec ces 3 gardiens successifs, le plus pénible fut le petit…enfin le grand… Celui qui a un petit chien. Celui-ci, le chien, a aboyé toute la nuit, rétrécissant comme peau de chagrin des nuits déjà si courtes. Nous l’aurions bien donné à manger au grand… chien !

Le lendemain, dès 8h30, les soudeurs sont là, munis de marteaux et burin, pour s’occuper de nos fameux safrans grippés depuis bien longtemps.

Nous leur apprenons la bonne nouvelle :  Même s’ils parviennent à décoincer nos safrans auxiliaires, il sera impossible de les sortir. Le bateau va être posé au sol, trop bas pour les faire descendre.

En fait, après plusieurs heures d’infructueuses tentatives et une belle plaie au chalumeau,…

…les bagues de ces fichus safrans étaient tellement grippées qu’il fallut couper l’axe et passer encore quelques heures pour les extraire.

Problème résolu... quoique coûteux !

Mercredi, 11h50 – Tout est terminé
La dérive est relevée – La grue peut enfin nous poser.

Pour la suite des travaux, vous savez déjà comment cela se passe… Éreintant et sale.
Seule la tenue s’est perfectionnée.

A l'attaque !!!       
      « Coâ… J’suis pas sexy ?! »

Après le gommage, on passe au maquillage.

Un jour rouge, un jour bleu et un jour blanc.
Dans le désordre mais les 3 couleurs quand même, s’il vous plait !

Quant au chef,…

...donnez lui sa trousse à outils et...
           
…il se croit à la corrida !

« Et que j’te démonte par-ci, et que j’te remonte par là ! »

Nous voici avec un nouvel échelon nous évitant désormais le grand écart depuis l'échelle de bain, pour regagner le bord lors de nos baignades ou des remontées d’annexe.

Merci papa ! Merci chéri !

. . .

Quelques jours et quelques courbatures plus tard, notre « pied à mer » (expression appartenant à Jaap, le sympathique hollandais rencontré lors de nos soirées ponton et qui m’a beaucoup plu, l’expression bien sûr !) est à nouveau beau comme un camion !

Au fait, vous n’avez pas vu Candice durant ces travaux. La voici en tenue de travail (!?!)

 

Allez, soyons sympas.

Nous la remercions malgré tout pour son aide lors de la première journée de grattage.


Je déplore seulement l’absence de photo. Elle était bien plus séduisante… sale comme elle aime (?) avec un charmant foulard bariolé sur la tête !!!
Ensuite, son retard pour les cours du CNED était tel qu’elle a été dispensée de travaux - la « veinarde » - et comme par hasard, elle a "bossé" plus que jamais… Tiens, tiens !

. . .

Lundi 12 mars, 15 heures précises, nous sommes prêts pour la mise à l’eau.

Allez ! En route Capitaine !

Note : Nous  tenons à remercier notre gentil grutier toujours disposé à nous trouver le petit rien qui nous faisait gravement défaut avant même que nous le demandions.
De même que Françoise et Fabrice pour leurs visites et leurs encouragements quasi quotidiens.

. . .

C’est éreintés mais heureux, que nous retrouvons notre ponton 17, face à notre ancienne place
(celle-ci était libre, mais on nous a piqué notre pendille ?!).

Nous voici tout juste amarrés.

Et oui ! Après l’effort… le réconfort !???

Nous avons tellement hâte d’en finir que 2 heures plus tard, les haubans sont à nouveau fixés et tendus.

est impeccable, prêt pour la suite de l’expertise demain, aux aurores (gloups !).

Quant à nous. . . nous sommes Morts !!!  


Allez… Salut la compagnie et à bientôt…

…peut-être !!!
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