Samedi 4 août 2007

 

 

Alors que nous pensions prendre le bus pour Vallehermoso, au nord de l’île, nous réalisons que pour 4 personnes, louer une voiture serait plus judicieux.
Souhaitons simplement que, nous y prenant un peu tard, il y en aura une disponible.

La démarche chaloupée ( ?!) et enthousiaste de nos "hombres" nous laisse à penser qu’ils ont obtenu satisfaction.

C’est bon ! En route pour le marché !

Commençons toutefois par quelques généralités sur cette île de La Gomera.

Le nom de cette île serait d’origine biblique et proviendrait de « Gomer - Petite fille de Noé ».

D’une superficie de 378 km2, nous sommes surpris de lire que sa population est de 17000 habitants alors qu’un guide de 1984 en annonçait 25 000.

Ce dépeuplement rapide serait-il dû en partie aux conditions difficiles qu’impose le relief accidenté où les seules terres cultivables sont les terrasses gagnées à force de labeur sur les pentes raides des volcans ?

Sans route de front de mer, le relief abrupt de cette île rend les liaisons interminables entre les villages (Valle Gran Rey n’est par exemple qu’à une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau, et à plus de 50 km de lacets par la route).

Mais ceci ne nous dissuade guère d’aller découvrir ce fameux marché de Vallehermoso .

La route offre une jolie vue sur la vallée mais la végétation est rare.

 
   

A l’approche de Hermigua, nous sommes surpris par le contraste entre ces vallées  verdoyantes et l’aridité des pentes où quelques plants de vigne tentent de résister.

Allant du fond de la vallée jusqu’au sommet des pitons, ces terrasses constituant l’un des traits marquants du paysage de La Gomera sont impressionnantes.

 

Plus impressionnant encore d’imaginer combien ces terrasses ont dû coûter de travail acharné et combien de courage il doit falloir pour en tirer quelque culture.

Une première réponse, peut-être, à notre questionnement.

Souvent, au bord des routes, nous avons pu observer la présence de gros câbles descendant les pentes des ravins. Une sorte de  gros sac y était suspendu.
Probablement le seul moyen de descendre les outils  mais surtout de remonter le produit des cultures.

Nous entrons dans le charmant village de Hermigua.

Ce week-end, Hermigua est en fête.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Candice n’est pas avec nous aujourd’hui.

Danser la salsa, c’est fatiguant !

Et ici, la salsa on ne connaît que cela  -  C’est la danse des canaries par excellence.

Toute soirée dansante se déroule quasiment exclusivement au rythme de la salsa que tous, « de 7 à 77 ans », dansent sans jamais se lasser.
Hermigua est un village minuscule et adorable perdu dans cette grande vallée agricole
 

Il semble qu’ici, les fruits et les fleurs n’aient besoin de personne pour évoluer dans les jardins.

Le tourisme est l’activité la plus importante de l’île alors que l’agriculture est en régression. Mais la culture de la banane destinée à l’exportation reste pour La Gomera, comme pour ses voisines, un élément essentiel de l’économie.
Les produits maraîchers et la vigne n’étant destinés qu’à la consommation locale.

 

Nous passons par Aguro, zone beaucoup plus sèche, au nord-est de l’île.

Nous devinons le Teide masqué par la brume.


D’innombrables terrasses, abandonnées depuis longtemps semble-t-il, dévalent les pentes.

        
Puis de nouveau la végétation ranime les vallées encaissées de ses couleurs.
        
Et nous arrivons à Vallehermoso.
         
 

Coiffée par les montagnes, cette ville est assez jolie mais rien d’extraordinaire.


Notons simplement l’antipathie du serveur auquel nous avons eu le malheur de commander nos cafés.

Comme sur La Gomera, tous sont adorables, ce monsieur fait « tache » !

  

Heueueu…Pour un jour de marché, le moins que l’on puisse constater est qu’il n’y ait pas foule.
Qu’en penses-tu Nicole ?!!!

En effet, point de marché à Vallehermoso.
Nous sommes quelque peu déçus mais rien n’entachera notre bonne humeur.

Nous profiterons de cette belle journée ensoleillée pour poursuivre la visite de l’île.

Cette commune de Vallehermoso, la plus étendue de l’île, est réputée pour ses terrasses. Les gomeros ayant su tirer parti du peu de terre disponible en y cultivant des céréales ainsi que la vigne.

Quant aux palmiers, dans toute cette région, point besoin de terrasse. Ils poussent en tout lieu, quelle que soit l’inclinaison du sol.

     
Dommage que les dates ne soient pas mûres !

Favorisées par le climat, c’est de ces véritables oasis de palmiers qu’est tiré le traditionnel et succulent Miel de Palme de La Gomera.

Orientés vers El Cercado pour son artisanat local et bien décidés à occuper le reste de la journée,
nous descendons vers l’ouest, dans la région de Valle Gran Rey.

   
   

Cette route traverse en partie le célèbre Parc de Garajonay où se situe le point culminant de l’île, l’Alto Garajonay (1487 mètres).

Nous n’avons hélas pas le temps de pénétrer plus avant dans ce parc de près de 4000 hectares, déclaré patrimoine mondial de l’humanité.

Grâce aux nuages et à la brume persistant la majeure partie de l’année et réduisant la perte d’eau par évaporation, ce parc abrite une forêt de feuillus, avec une grande variété d’arbres et une présence importante de bruyères,  et fournit l’île en eau.

Cette forêt primaire - appelée dans le langage populaire « Monteverde canarien » pour son caractère verdoyant ou "laurisylve" dans le langage académique (forêt bien conservée d’arbres à feuilles du type laurier) - date de l’ère tertiaire et a persisté ici alors que d’autres ont disparu après l’ère glaciaire.

Elle serait la plus importante et la mieux conservée de ce type d’écosystème dans les îles canariennes avec une flore et une faune  remarquables, uniques au monde.

Mais il est l’heure d’une petite collation.

Nos amis ayant ouï dire que l’on mangeait très bien chez une certaine mamie non loin de là, nous prenons la petite route de Las Hayas, à la limite du parc.

Le nom de ce petit et modeste établissement, le Bar La Montaña, pourrait bien correspondre à la description.
Mais lorsque sous le toit nous découvrons le nom de "Efigenia", nul doute, il s’agit forcément de notre petite dame.

Si ce n’est pas ici, tant pis. Nous avons faim !  

. . .

Nous n’avons pas vraiment fait un repas.

       
Nous dirions plutôt un festin !

Non qu’il s’agisse de "grande cuisine", tout au contraire.
Seules la simplicité, l'originalité et la générosité de cette cuisine nous ont séduits.

Et partager et apprécier avec autant de plaisir ces valeurs simples entre amis n’ont fait qu’augmenter notre bonheur.
 
Impossible de partir sans immortaliser chaque instant, tels ces chers japonais que tout français aime tant à parodier.

Alors..."Photos !!!"
 
Recettes maison, purement canariennes et spéciales Efigenia.

Purée de légumes au gofio et salade sucré-salé.

Sorte de potée de légumes.

Quant au contenu de ces petits verres…Mmmm !

Nous avons passé un moment inoubliable dans ce cadre modeste et charmant.

La gentillesse alliée au calme surprenant de cette petite mais Grande Dame - qu’aucune notoriété, à en lire les coupures de presse allemandes ou anglaises affichées sur les murs, n’a su ébranler - a fini de nous émouvoir.

 

En voici qui devront faire un peu de diète en rentrant…

...N’est-ce pas " hombres"  ?!!!

Nous ?…

...Toujours la ligne !

Nicole, nous n’avons pas vu "ton fameux" marché, mais tu es déjà largement pardonnée !

Nous profitons de la vue sur les îles de Hierro et La Palma perçant au-delà les nuages, nous rappelant notre récente visite de cette dernière, pour digérer un peu.

 

 

 


A El Cercado,...

...outre une superbe vallée et de charmantes petites maisons aux murs incrustés de pierres,…



 


           
         
…nous trouvons en effet un échantillon de l’artisanat local.

Sur le bord de la route, trois petites boutiques où nous assistons à la fabrication de la poterie en terre de lave.

Aucun tour – Aucun bruit  - Un simple billot de bois et surtout des mains agiles et précises.

 

 

 

 

 
 

 

 

 

Pour obtenir ceci :  

La terre servant à fabriquer ces poteries est rouge. Elle est tournée et lissée à la main. La couleur noire est obtenue en recouvrant la poterie encore humide de poudre de lave.

La poterie est ensuite polie à l’aide d’une petite pierre ronde mouillée.
Interviennent alors avec vélocité et précision les manches de couteaux pour creuser un col ou un pied, et le ciseau pour incruster de fines entailles qui orneront le pot.

Prenant la route de Chipude, nous découvrons hélas les stigmates du récent incendie.

Nous sommes toutefois soulagés de constater que, même si certains foyers ont probablement eu très peur, l’incendie n’a pas fait trop de dégâts et la nature devrait reprendre vie assez vite.

Au loin, sur les hauteurs, un énorme roc s’élève tel une forteresse.

Nous approchons par cette route sinueuse, persuadés qu’il s’agit de l’Alto Garajonay, oubliant que ce dernier se situe au cœur de la forêt.

Nous sommes devant La Fortaleza, à  1243 mètres d’altitude.

 

 

Ce mont n’en est pas moins magnifique et mérite une halte.

 

A noter que sur cette île, contrairement à Gran Canaria ou La Palma, point de « cube ».
Les maisons sont toutes jolies, s’intégrant magnifiquement au paysage. Certaines plus que d’autres mais chacune typique et charmante comme celles d’El Cercado ou d’ailleurs.

Nous optons ensuite pour la pointe sud, direction Playa Santiago.

Sur les coteaux, beaucoup de vigne cultivée en terrasses. Puis nous traversons la forêt où le lichen recouvre abondamment les arbres et où la senteur des pins est si forte qu’elle vient même embaumer notre véhicule.

 

 

Mais dès notre descente sur Playa Santiago, la montagne pierreuse reprend son droit.

 

 

Seuls les palmiers et les superbes aloès en fleur résistent.

Nous sommes dans le petit port de Playa Santiago,
que nous avions observé depuis la mer lors de notre arrivée sur La Gomera.


Le calme de cette petite ville semble menacé par les nombreuses constructions en cours près du golf, sur la colline.

  
Nous lisons sur un dépliant touristique qu’à Playa Santiago, outre une activité touristique importante grâce à la proximité du nouvel aéroport de l’île, la pêche représenterait une bonne part de l’économie.

Pourtant, nous ne voyons là, comme dans les autres ports canariens, que quelques petits chalutiers.

Il faut savoir que, autour des îles canariennes, il n’y a pas de plateau continental. Les fonds descendent donc rapidement.
Exemples :
- Entre La Gomera et Tenerife, il n’y a que 30 km à vol d’oiseau. Les fonds atteignent pourtant plus de 1600 mètres, ce qui est énorme sur une distance si courte.

- Côté sud de La Gomera, à seulement 25 km de la côte, on atteint les 3000m de fond.

La plupart des poissons vivant sur les plateaux continentaux et non dans les grandes profondeurs, vous comprendrez que l’activité de la pêche ne peut intéresser que quelques passionnés.

Lorsque l’on navigue entre ces îles, peu de risque de croiser des chalutiers ou même des barques de pêche.

Dans les marchés, le poisson se vend d’ailleurs en grande majorité congelé. Mais peut-être en est-il autrement à Playa Santiago.

Point d’élevage non plus, si ce ne sont les chèvres pour le fromage. A part quelques productions locales, la viande vient essentiellement du Brésil.

Devant déjà penser à prendre la route du retour, l’un de nous observe que nous mettrons plus de temps en voiture qu’en voilier.

C’est bien la première fois !

En effet, pour rallier San Sebastian à moins de 10 kilomètres à vol d’oiseau et 1 heure en voilier, nous devrons reprendre une longue route de lacets vers l’intérieur de l’île, pour rejoindre l’est de l’île.

Mais cette route est très belle et le point de vue de Degollada de Peraza est grandiose.

Voici le Barranco de La Laja,
avec ce petit village tout au fond de la vallée et la cascade de nuages descendant sur la montagne.

Dernières terrasses sur ce curieux rocher .  
  
Et San Sebastian et son port sont en vue.

Notre visite imprévue de La Gomera est terminée.

Au grand dam de Nicole - que nous avons taquiné toute la journée sans parvenir à lui ôter son sourire - nous n’aurons pas vu le grand marché artisanal et culturel, mais avons passé une journée exquise sur cette charmante petite île.

N’est-ce pas Chéri ?!!!  
Avec un grand merci à Alain  pour son humour, mais aussi pour avoir contribué à l’illustration de cette page par ses talents de photographe.
 

Merci à tout deux d'avoir illuminé cette journée de votre bonne humeur permanente.


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