Mardi 18 décembre 2007 - 9 heures.
 
Nous levons l’ancre. 
Départ pour Kachouane.

 

 

 

Kachouane se situe à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Elinkine et à l’est de Djembering, au bord du bolong qui sépare l’île de Carabane.

Nous optons pour l’ouest, contournons Karabane, puis entrons dans le bolong Kachouane.

Sur notre droite, la Pointe de Nikine et sa plage de sable blanc.

Nous entrons dans la mangrove.

Impressions du second :

Contrairement à mon cher Capitaine je rêvais autrefois, non pas de naviguer en mer sur un voilier - loin  moi cette idée saugrenue !!! - mais le long des fleuves, sur une péniche.

Et oui !

Ce rêve toujours présent se réalisera peut-être lorsque nous serons devenus de vieux croulants !

Pour l’instant, nous n’avons pas une péniche – quoique parfois nous pourrions nous poser la question !

Mais nous sommes sur un fleuve.

Cette nature sauvage à proximité, ces nuances de vert, cette étendue d’eau paisible, éveillent en moi un sentiment  de bien être total.

Je suis comblée.

Dans la mangrove, à quelques mètres à peine des flancs de Vent de Folie, les palétuviers trempent le bout de leurs racines.
Sur la plage, des singes courent d’un palmier à l’autre.

C’est Grandiose !

11h30 – Nous sommes à Kachouane.

Selon Babakar, dont nous ferons bientôt la connaissance, inépuisable quant à l’histoire et la culture de son pays, Kachouane viendrait de « keke ».

Avant la création du village, des pêcheurs venaient y attraper de petits poissons au bord de l’eau à l’aide d’une petite épuisette.

On disait qu’ils faisaient « Keke ».

Au fil du temps, ce mot aurait donné naissance à Kachouane.

Nous avançons le plus près possible de la plage.

Un peu plus et nous entrions directement dans le restaurant du joli campement Sounka appartenant à Papis et Aurélie.

Vent de Folie se retrouvera d’ailleurs échoué à chaque marée basse et Rémy en profitera pour nettoyer la carène (constatant combien le travail fait à Dakar aura été quelque peu bâclé - Mais bon !).

C’est paradisiaque...

...Nous sommes dans une carte postale.
   Superbe piogue arabe de Papis.

A peine ancrés, nous ne résistons pas longtemps.

Nous enlevons le moteur hors-bord inutile et plutôt gênant et descendons visiter le village.

 

Bienvenue à Kachouane !

Chaque personne rencontrée, homme, femme, enfant, nous salue gentiment :

" Kassoumaï..." (Ça va ? )

" Kassoumaï Baré !" (Ça va bien !)

Les gens s’arrêtent pour nous serrer la main, nous demandant chaque fois : 

« Kadiai bou ? » ( Comment tu t’appelles ?)

A Kachouane comme à Karabane, on parle diola. Mais la plupart des gens maîtrisent également le français.

 
L'école primaire
L'église
La mosquée
  
Restaurant où viennent déjeuner les touristes du Club Méd. de Cap Skiring. Leurs quads étant les seuls véhicules que l’on puisse entendre chaque semaine à Kachouane.

Incroyable ?      Pas tant que cela !

Monsieur Bocuse, notre célèbre restaurateur français, présent lors de l’inauguration de ce restaurant, a simplement accepté de donner son nom – mais non quelques unes de ses recettes - à l’établissement.

Le village se partage un peu en deux.



Une partie sur le front du bolong.   Une autre derrière les rizières.

  

Nous observons, toujours attendris par nos amis les bêtes, les vaches paître nonchalamment.

« Elle est pas mimi, celle-là ?! »
*

Nous sommes donc en charmante compagnie lorsque nous croisons l’équipage de Lili, ou plutôt la moitié de son équipage.

Nous faisons enfin la connaissance de Magdalena, sa fille Géraldine puis son fils Sylvain. Dominique, skipper et chef de cette belle famille étant provisoirement absent.

Voici presque 2 ans que nous entendons parler d’eux et communiquons par mail. Arrivant toujours trop tôt ou trop tard dans les ports ou les mouillages pour nous croiser, nous ne nous étions encore jamais rencontrés.

Voilà qui est fait. Et nous en sommes ravis !

*

Nous passons devant le jardin des femmes où celles qui le souhaitent peuvent cultiver une parcelle moyennant 1000 CFA pour la location.

La ferme principale est basée à Djembering. Michel, formateur, vient régulièrement prodiguer ses conseils et encourager les femmes qui le souhaitent.

Bientôt les parcelles se couvriront de salades, persil et oignons dont nous profiterons lors de notre prochain passage. Puis, en février et mars, ce seront les concombres, tomates, aubergines….

  L’eau courante ( ! )

Ce système est privé.

Pour la plupart, l’eau est disponible dans les puits creusés çà et là dans le village et sur Vent de Folie la corvée de bidons recommence malgré notre petit déssalinisateur qui ne chôme pas.

Note : Nous avons souvent croisé, à cette fontaine, des petites filles (5/6 ans) portant des seaux remplis d’eau, dont le poids devait être 3 fois le leur, se faisant aider par un garçon pour le hisser sur la tête.

Malik, le chef du village, nous permet de nous servir où nous le voulons puisque « nous faisons partie du village ».

Et nul doute que tous les navigateurs faisant escale à Kachouane s’y sentent chez eux.

Nous sommes en pleine campagne.

Et nous sommes sous le charme.

Nous savons immédiatement que c’est ici que nous passerons Noël.

Ce pour le plus grand bonheur de Candice qui, le soir même, passera une des nombreuses soirées organisées dans la maison des jeunes par tous les étudiants (collégiens ou lycéens dans les villages alentours ou à Ziguinchor) revenus chez eux pour les vacances.

Pour varier, ses soirées seront :
Discussions interminables devant le traditionnel et interminable thé et danse "à gogo".

De l’autre côté se trouve
le mouillage Ebounkoute sur le bolong de Djembering.
(cf. carte plus haut)

La plupart des voiliers y élisent domicile. Certains y laissent même, en toute quiétude, leur bateau le temps d’un retour au pays.

Nous y retrouverons Goyave, Brimbelle, Kundalini et d'autres.

*

Nous y découvrirons surtout le petit frère de Vent de Folie.

  
Voici Balilaï.
(photos prises à Ziguinchor)

Balilaï  est un oxygène, le numéro 12 de la série. Vent de Folie étant le numéro 6.

Grâce à nos beaux camions, nous ferons la connaissance de François, voilier de métier et passionné de photographie.

François vit depuis de longues années en Casamance. Outre de précieux conseils pour notre future capote et des idées d’aménagement pour Vent de Folie (dans un avenir lointain !), il nous donnera des informations  des plus intéressantes sur cette région, ses coutumes et sa culture.

*

Ce mouillage est superbe et très calme.

Mais nous avons choisi la proximité du village et des villageois et ne le regretterons jamais.

Toutefois nous irons fréquemment « de l’autre côté ». Car si les voiliers sont là, ce n’est pas tout à fait par hasard.

C’est à Ebounkoute que se trouve la douche !

Et la douche à Kachouane, ça se passe comme ça :

Douche avec chauffe serviette naturel - S’il vous plait !

Après une marche d’une vingtaine de minutes (si l’on ne se perd pas) des plus agréables dans la campagne et une bonne suée lorsqu’il fait très chaud (c’est à dire la plupart du temps), cette douche vivifiante au coeur de la nature est un régal.

Tentant de trouver le plus court chemin, nous sommes très vite pris en charge par nos jeunes amis qui, eux, connaissent la route par cœur sans avoir nul besoin de nous demander où nous allons (même si aucune serviette ou autre accessoire de bain ne paraît – petits futés qu’ils sont !).

Lors de notre premier "décrassage en plein air", ce sont Abd’laye, Abd’laye et Salio, 3 des 8 enfants de la famille Diouf, aussi discrets que gentils, qui nous guideront.

Jeu du "rincé de seau" à grand renfort de fous rires, avant de le replonger dans le puits.

Notons que, même s’il  se garde bien de le faire savoir, nous devons tous, navigateurs, ce relatif confort à François de Balilaï qui, ayant élu domicile dans ce mouillage, a creusé et construit ce puits lui-même, il y a plusieurs années.

Lors de chacune de nos sorties, des enfants du village nous accompagneront. Et c’est avec une joie de vivre et une gentillesse touchantes, qu’ils ne cesseront de nous instruire.

Grâce à eux, nous apprendrons quelques mots diolas :

Kadiai bou : Comment tu t’appelles ?
Kadia om … : Je m’appelle…
Motasum : Bonne nuit
Bocadiom : A demain
Danka danka : Doucement

Nous mangerons le pain de singe ou découvrirons le Néouw, fruit à l’odeur de figue ou d’ananas et au goût sucré, assez proche de celui du pain de singe.

   

Depuis la plage, dès que nous pointerons le bout de notre nez dans le cockpit, nous entendrons appeler :

« Candice… Danièle… Rrrrémy… »

Au fil du temps, petits et grands nous toucherons d’avantage, témoignant d’une grande curiosité, d’une grande gentillesse et d’une éducation sans faille.


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