A Kachouane, il est très aisé de faire des économies. Et cela tombe à point pour Vent de Folie.

Dans l’unique épicerie du village  il y a :

 

Du thé et des sucettes (!)… toujours.
De l’huile ou du café soluble… parfois.
De la farine… rarement.
Du beurre, des œufs, des fruits, des légumes… jamais !

Certaines femmes peuvent faire le pain, délicieux, sur commande… quand il y a de la farine.

Heureusement le stock de notre amie Djyenaba n’est jamais en rupture - son courage non plus  d’ailleurs - et son tapalapa est délicieux.


Notez les conditions de travail de ces femmes, toujours courbées, quelque soit le travail.

A Kachouane, comme dans chaque village, nous constaterons combien il est préférable d’avoir les coffres bien remplis.

A Kachouane, il semble également très difficile d’obtenir du poisson, à moins d’aller soi-même à la pêche.
Les pêcheurs sont donc rares. Certains passent, paraît-il, du côté du mouillage d’Ebounkounte. Mais devant le campement, même si on nous en a signalé un, nous ne l’avons jamais vu.

Serait-il en congé durant ces fêtes de fin d’année ?

En fait, chaque famille souhaitant garnir son plat du jour doit aller poser ses filets dans la mangrove.

Pour les amateurs, il est possible de trouver un petit cochon grillé - très grillé ! – toujours apprécié lorsque l’on n’a pas mangé de viande depuis… Houououou !… trèèèèèès longtemps.

Mais si l’on aime la viande à point ou plus encore saignante, sachez que cette envie demeurera dans le  domaine du rêve.

Au Sénégal, on mange la viande bien, bien…bien cuite. Et c’est certainement bien mieux ainsi.

Les denrées commencent donc à manquer sérieusement sur Vent de Folie.
Les repas "pâtes/riz" - un jour sur 2 - commencent à lasser l’équipage.


Pour l’avitaillement en produits frais, la ville la plus proche est Elinkine.

A la veille de Tabaski, les villageois doivent faire quelques approvisionnements.

Notre jeune ami Babakar nous propose très gentiment de nous embarquer avec eux sur la pirogue de Moussa, son père. Ceci sans vouloir accepter le moindre centime.

En route pour Elinkine !

Nous sommes 19 adultes et 3 enfants.

Tous munis de notre gilet de sauvetage (obligatoire, sous peine de quelques heures de prison, depuis le drame du Joola) et du passeport.

La pirogue reste à peu près stable et Babakar est un garçon très sérieux et très prudent.

Nous arrivons à Elinkine, véritable comptoir local.

Halte !...     ...Police !
Le premier arrêt a lieu obligatoirement ici.
Chaque embarcation doit y faire halte, à l’arrivée comme au départ.

L’un des passagers descend avec l’ensemble des passeports afin d’aller les présenter aux militaires dans ce petit local caché derrière les arbres.

Aucun agent ne se déplaçant pour venir vérifier, ni même compter le nombre de passagers.

Puis l’on repart afin de se poser sur la plage, devant la ville.

A Noter : En voilier, il faut faire de même. Jeter l’ancre. Prendre l’annexe et aller voir ces messieurs munis des passeports de l’équipage.
Parfois un simple ralentissement et une demande par gestes peut éviter cette corvée.
Autre solution : Éviter Elinkine comme nous le ferons pour aller à Ehidj.

 
L’épicerie d’Elinkine 
Dibiterie

Il s’agit de la boucherie locale où Rémy décidera de tenter sa chance – disons plutôt notre santé ! – avec un morceau de bœuf coupé au petit bonheur la chance.

Si je parviens à rédiger ces lignes, c’est que nous n’en serons pas morts - Ouf !

Nous trouvons quelques légumes de base (pomme de terre, carottes, tomates, navets, salade) que nous tentons, avec l’aide de Babakar, de négocier à prix correct mais tout est plus cher qu’à Dakar.

Quant aux fruits ou laitages, inutile de chercher. Il n’y en a pas. Ce sera pour Ziguinchor…plus tard.

Vous aurez pu constater que, si vous n’avez besoin de rien, à part la ballade en pirogue et le majestueux fromager trônant sur la plage, cette ville ne mérite vraiment pas le détour.

Nous attendons quelques heures au pied de l’immense fromager que chacun ait terminé ses emplettes.

Une voiture se gare...

...Je ne rêve pas...
  Il y a bien un mouton ligoté sur le toit.

Deux hommes descendent ce curieux paquet et le libèrent de ses liens.

Nous montons dans la pirogue.

Chacun trouve sa place au milieu des seaux, cartons et autres sacs en plastique.

Cette fois nous sommes 20 adultes, 5 enfants… et le mouton !!!

N’oublions pas que demain, c’est Tabaski - Notre pauvre mouton vit là ses dernières heures !

La pirogue s’enfonce. Elle n’émerge plus que d’une dizaine de centimètres lorsque nous repartons.
Quelque peu tendue cette fois, je prends place sur le banc, bien au milieu et me cramponne, retenant ma respiration à chaque virage.

Seul le mouton jouit d’une belle et large place à l’avant de la pirogue.
Nouvel arrêt au poste de contrôle.

Et, M’sieur l’agent ! Il a pas de gilet, lui !!!

Et c’est reparti !

Rémy assis sur le franc bord se mouille les fesses. Moi, je serre les miennes !

Omar vide régulièrement les fonds à l’aide d’un bidon. Ce dernier est toujours plein.

Mais elle est trouée cette pirogue ?! C’est pas possible !!!

Nous arrivons finalement à bon port et le mouton débarque sain et sauf !

Nous ?…   Oh, ça va ! …

Juste quelques belles auréoles d’eau salée sur le short pour Rémy et quelques crampes pour moi !!!


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