Ayant capitulé trop tôt devant la chaleur hier et ayant ainsi manqué une partie de la fête, nous décidons cette fois de nous rendre directement chez les parents de Papis.

Il est 10 heures moins – comme on le dit ici ! - ce dimanche matin, 20 janvier 2008, lorsque nous arrivons sur la plage, devant la maison familiale.

Sous un arbre, les femmes préparent le Foundé. Mélange de mil, sucre et pâte d’arachide ou lait, selon les goûts.

Nous sommes aussitôt invités à goûter.

Mmmm... Succulent !

Bon à savoir :
Sachez qu’au Sénégal, si un homme vous appelle :
« Diaï Foundé »
Cela signifie «  gros popotin ».

Mais ici, ce n’est pas du tout péjoratif.
C’est un compliment.

Ce terme vient du fait que les vendeurs de ce met délicieux mais très riche, assis toute la journée devant leur marmite, ne résistent pas à la tentation en attendant le client et ont ainsi une fâcheuse tendance à grossir… du derrière !

Nous entrons dans la maison familiale.

Surprise !
Nous sommes arrêtés par un véritable comité d’accueil.

Les femmes sortent d’une pièce en chantant et dansant, sans jamais s’interrompre, et envahissent le couloir freinant notre évolution.

Nous sommes cernés !
L'accueil des femmes (Film 1,3 Mo) :

Après avoir interprété un chant en l’honneur du nouveau venu, Rémy en l’occurrence, elles m’entraînent dans "leur" pièce sombre où l’ambiance est à son comble.

La coutume veut que l’on remercie ces femmes en ajoutant quelques CFA à leur cagnotte.

Plus tard, elles iront poursuivre sous un arbre, devant la maison.

Cette fois pour s’amuser - pour elles - avant de retourner à leurs fourneaux.

  

La joie de ces femmes est extraordinaire et très communicative.

Elles « s’éclatent ».

  La petite Mami assurera un jour la relève.

Nous parvenons finalement à traverser le couloir.
Les invités ne sont pas encore arrivés.


Derrière un rideau, les jeunes prennent leur petit déjeuner. Rémy va les rejoindre.

Mmmm ! Encore du foundé.

Ça tombe bien… Rémy a encore une petite faim .
Il est quand même 11 heures 30 !?!

Midi.

La mariée et son témoin arrivent la tête couverte d’un grand tissu de couleur crème.

Le mariage diola a évolué.

Autrefois, personne ne pouvait voir le visage de la mariée avant le soir du 2ème jour. Ce voile symbolise un peu cette ancienne tradition.

En route pour l’incontournable concours de lessive.

Trois bassines emplies d’eau sont disposées sur le sol. La mariée se tient d’un côté, une autre femme de l’autre. Chacune tient un chiffon à la main.

Lavage – Rinçage – Essorage.

3 manches.

La plus rapide gagnera.

Le top départ est donné.

On laisse généralement gagner la mariée parait-il.  Mais aujourd’hui, Aurélie semble avoir été bien rapide.

Bravo ! La mariée sera une bonne épouse !

Les femmes ont suivi le cortège. Des groupes semblent s’être formés comme pour un concours entre villages voisins.
Dès la fin de la lessive, elles reprennent leur danse avec plus de frénésie encore.

Chacune s’exhibe au son du djembé, tandis que les autres, en cercle, rythment la danse avec leurs bouts de bois.
Certaines, excellentes danseuses, lèvent très haut et très rapidement les genoux.

Dernier combat !

Nous repartons vers la maison.

Les lutteurs entrent en scène.

Certains portent des vêtements ou sous-vêtements féminins et se sont aspergés de poudre.

Ici, Chérif, toujours prêt à plaisanter, en tenue "sexy" !.

Ou encore Idi
ou
notre ami Modou 


   

Comme le veut la coutume, des anciens sont complètement travestis, profitant de la moindre occasion pour placer quelques pitreries.

Fréderic, oncle de Papis et chef du village d’Elinkine.

C’est la tradition. Nul ne se prend au sérieux.

« C’est la fête. On est là pour rigoler ! »

Dans la plus grande bonne humeur et une joyeuse débandade, Econcone, la danse traditionnelle, commence.
Puis les danseurs courent après le mari pour le porter jusqu’au terrain de lutte.

Aujourd’hui, Papis combattra pour la dernière fois.

Demain, il sera un homme marié.

Terminés les combats lutte – Place aux jeunes !

Son rôle sera éventuellement d’accompagner les jeunes lors de tournois entre villages, habillé en femme.

Les différents villages s’affrontent, en plaisantant. Les femmes courent en tout sens, frappant le sol avec des bâtons pour encourager les combattants.

Lessive - Danses - Lutte (Film 1,82 Mo) :

Il est presque 16 heures. Il fait une chaleur torride.

Mais les spectateurs insatiables, assistent au spectacle, les uns à l’ombre d’un arbre, d’autres sur les marches de la grande maison familiale.

D’autres encore prennent leurs aises sur le tapis des femmes !   

Puis nous irons déjeuner sous les arbres où les femmes installeront leurs énormes bassines de riz au mouton.

Tard le soir, la fête se poursuit.

Les mariés sont assis sur un banc dans la cour.

Dans la tradition, c’est le moment où chacun peut découvrir le visage de la mariée. Puis celle-ce devra danser avec les autres femmes.  

  

Anecdote : Ah ces femmes !
                     Il est plus de 22 heures.

Les femmes se sont retirées dans une pièce de la maison mais elles continuent de danser, chanter et s’amuser.
Quelques curieux comme nous se sont avancés pour les admirer et partager leur gaieté, navrés de ne pas comprendre leur langue afin de partager aussi leurs rires.

Subitement, l’une d’elle s’exclame : « Allez ! Fini danser ! »

 

Nous les retrouverons très vite dehors, devant les dizaines de marmites, attendant d’être remplies puis distribuées ici ou là, par terre, aux invités toujours nombreux.

Nos amis Ibou (Ibrahim) et Djeynaba posent pour une photo.

  

Ibou - ceinture noire de judo… quand même ! – se présente comme le plus noir de Kachouane.

Mais c’est vrai qu’ t’es drôlement noir, Ibou.
Un peu plus et on ne te voyais pas sur la photo !

Pendant ce temps, après avoir été embauché à tourner l’énorme louche dans l’énorme marmite, Rémy pour son plus grand plaisir, est convié par toutes ces femmes adorables à s’asseoir pour manger.

Ne me demandez pas si ce "plus grand plaisir" est lié aux femmes adorables ou au fait de manger.
Je ne répondrais pas !!!

On lui fera même choisir :
Couscous sénégalais ou couscous toubab ?

Si vous ne connaissez pas le couscous toubab, sachez qu’il s’agit de vermicelle, cuisiné comme le riz.

Excellent et puis… ça change un peu !!!

La fête se poursuivra le lundi.

Nous sommes cordialement invités par le père du marié.

« C’est le premier de la famille à prendre épouse et en plus c’est l’ainé - nous dit-il - Alors, c’est important ! »

Désolés, nous sommes épuisés et ne voulons pas nous imposer plus longtemps (même si ici cette notion n’a aucun sens).

Mais un grand, immense merci à toute la famille de Papis et surtout…aux femmes de Kachouane d’avoir contribué, ô combien, à la réussite de cette grande fête.

*
A l’issue de ces 2 pages, j ’espère que vous comprenez mieux ce que je vous disais de ces femmes.

Nous avons vraiment eu le sentiment que le mariage était la fête des femmes. Récompense ô combien méritée pour les longues heures de labeur qu’elles assument tout au long de l’année.


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