Vendredi 22 février 2008.

Nous quittons Ziguinchor pour Affiniam et Djilapao.

  

Je peux vous montrer encore et toujours la mangrove, décor incontournable en Casamance.

   
Certains pêcheurs passent une grande partie de l’année, parfois l’année entière, dans ces tristes cabanes que l’on croise parfois le long des bolongs.
 

 Mais peut-être les palétuviers commencent-ils à vous lasser ?

Une petite photo du point de Vent de Folie, pour varier les plaisirs ?

Et oui ! C’est toujours le bazar. . . mais un nouveau bazar.

En ce moment, nous sommes en travaux et ça se voit !

Cette navigation vers Affiniam durera 4 heures, lentement mais sûrement, les yeux rivés sur le sondeur qui désormais semble fonctionner mais ne nous préserve pas de quelques fonds vicieux.

La preuve, à l’entrée du bolong d’Affiniam :
"Touché… mais pas coulé !"
Profondeur indiquée au sondeur : 1m70

Nous aurons juste le temps de faire un peu de ménage, voire un peu d’exercice.

Nettoyage des panneaux solaires.

Corvée journalière que Rémy semble affectionner (?!)

Quant à Candice…
...toujours au boulot ! 

Et moi ?

Je barre, voyons !!!

Il est 19 heures lorsque nous arrivons à Affiniam.

Que dire d’Affiniam ?

À première vue :  Bof !

Vous êtes certains que vous voulez rester ici ?… !

Hormis cette petite cabane qui souhaite  la bienvenue aux nouveaux arrivants, l’endroit est totalement désert.

Et nous trouvons la remarque spontanée de Rémy très appropriée :
« On dirait que la voie s’est arrêtée et que le train nous a déposés en plein désert. »

 Affiniam donc, on aime ou on n’aime pas.

Ce lieu nous semble vraiment glauque.

Un point positif : matin et soir, il y a du vent.

Après la chaleur étouffante que nous venons de subir à Ziguinchor, nous apprécions. De même que le calme.

Un seul voilier pour voisin dans ce mouillage désert.

Nous retrouvons Christophe, Isabelle et leurs 2 petites filles.

Cet adorable et très serviable équipage de Stellina qui, après avoir livré le pain à domicile à Ziguinchor, chaque matin, sur chaque bateau, va nous donner moult conseils pour passer l’été en Casamance, n’oubliant pas de nous préciser :

"La saison des pluies en Casamance, c’est super… mais une seule fois !"

Nous nous préparons donc courageusement à souffrir !!!

Nous dormons comme des bébés, surpris que les cris et bruits indéterminés se faisant entendre dès le coucher du soleil n’aient pas hanté notre nuit.

Le village.

Nous savons que le village se trouve au bout de cette longue piste et qu’il nous faudra marcher quelques kilomètres sous un soleil de plomb pour découvrir Affiniam.

Mais le pire est de débarquer là dedans : 

« Heueueu, j’vais p’t’être aller chercher les bottes, moi ! »

Après une vingtaine de minutes sur cette longue route déserte, la découverte de ces cases abritées sous une forêt de fromagers et une foule d’autres espèces d’arbres est surprenante.

  Le jardin des femmes.

 

Case à impluvium 

Dès l’entrée du village, Mamadou vient vers nous pour nous proposer une petite visite guidée, vite rejoint par son ami, comme ils le font, semble-t-il, dès qu’un toubab pointe le blanc de son nez à Affiniam.

A la fin de la visite, même si une telle requête ne nous a jamais été formulée durant ces quelques mois en Casamance, nous ne serons pas surpris lorsqu'ils nous demanderont :
« Une petite pièce pour payer le mois d’école ? ».

Nous admirons l’unique calebassier du village. Mais aussi le premier qu’il nous est permis de voir.

Dans ce local se trouve la machine à décortiquer le riz paddy.

Malgré une population importante*, nous croisons peu de monde à Affiniam.
Quelques enfants devant l’épicerie du centre, une femme, très aimable, avec laquelle nous discutons quelques instants avant de poursuivre notre visite.

*Nous ignorons la démographie actuelle mais un guide datant de quelques années indique une population de 2500 habitants.

Nombre d’associations ont permis ici un certain développement et apporté une aide précieuse (construction d’écoles, par exemple).
Une maison appartenant à une association a même été construite au centre du village, permettant à ses membres de mieux cibler les besoins locaux en demeurant sur place quelques semaines par an.

Mais toute médaille n’a-t-elle pas son revers ?

Il en résulte peut-être qu’être « blanc » et venir à Affiniam implique que nous allons pouvoir les aider.

Le fait est que nous ne ressentons pas cet accueil désintéressé des autres villages de Casamance dans lesquels nous avons séjourné.

Affiniam est très étendu et très vite nous sentons que des tensions altèrent les rapports entre les nombreux quartiers de ce village.

Ici, « l’entente africaine » n’est peut-être pas ce qu’elle devrait être !

Mamadou explique par exemple avec une certaine rancoeur que le seul collège actuel, financé par une association, a été construit à l’autre bout du village imposant ainsi 4 kilomètres de marche, 4 fois par jour, aux enfants du centre.

Au coeur du village, il y a l’ancienne école primaire qui sera bientôt abandonnée pour cette nouvelle construction, prévue sur 3 niveaux.

Nous sommes surpris par la grandeur de ce bâtiment, mais pensons aussitôt à ces enfants qui auront - eux - la chance de ne pas demeurer toute la journée sur un tapis.

Et ce projet est très honorable.

Cette école verra bientôt le jour grâce à un garçon d’Affiniam travaillant maintenant en Espagne et ayant trouvé des financements.

Il y a aussi une école privée, payante celle-ci. L’effectif de 16 à 18 élèves par classe, comparé aux classes du public surchargées, fait des jaloux.

A droite, sur le même terrain, c’est le dispensaire où plusieurs médecins aidés d’une religieuse prodiguent des soins.

Mais « c’est payant - nous dit Mamadou - 5000 CFA (7,50 euros) la consultation. Et il faut payer aussi les médicaments. La première fois, on peut obtenir un crédit. Mais si on ne paye pas, la deuxième fois, on n’est pas soigné ! »

A savoir :

D’après nos informations, ce tarif semble être celui pratiqué à peu près dans tous les dispensaires catholiques de la région.

A priori, pour nous européens, 7,50 euros la consultation, ce n’est pas excessif.

Sauf que… !

Si l’on prend le temps de comparer avec un salaire local, le coût s’avère alors exorbitant.

Exemple :

- Pour une personne, privilégiée, dont le salaire est de 60 000 CFA mensuels (90 euros) - un enseignant dans le privé en milieu de carrière par exemple - une consultation représente 2,5 jours de travail.

- Pour un petit salaire - environ 30 000 CFA (45 euros) et celui qui les gagne ici est bienheureux - une consultation représente 5 jours de travail.

Dans ce dernier cas, nous vous proposons de faire un parallèle avec ce que nous connaissons :

Prenons un petit salaire français, soient 1000 euros mensuels.
5 jours de travail pour régler une consultation représenteraient une somme de 165 euros.

Sans autre commentaire !

Pour revenir à des choses plus gaies, voici l’incontournable  maison des jeunes.

Dans ces « maisons » présentes dans la plupart des villages, les soirées sont organisées et animées par les jeunes eux-mêmes lorsqu’ils sont de retour pour les vacances scolaires.
A Kachouane (pour parler de ce que nous connaissons), elles sont la plupart du temps gratuites. Si  l’entrée est payante (100 CFA - 15 centimes d’euros), c’est souvent pour une bonne raison (sirop de bissap offert ou déplacement en pirogue prévu dans un autre village par exemple).

Les plans de cette belle maison des jeunes ont été dessinés par une jeune architecte pour servir à l’obtention de son diplôme. Cette jeune femme appartenait à l’association présente dans le village.

Mais cette jeune femme n’est plus.
Elle était dans le Joola le jour du naufrage.

(Nous nous excusons auprès des personnes qui nous ont si gentiment ouvert leur porte à Affiniam pour nous faire visiter les lieux, d’avoir oublié le nom de leur association).

Nous terminons cette visite par la jolie place du village avec l’arbre à palabre et, derrière ces arbres, la grande église d’Affiniam.

Le soleil est au zénith lorsque nous reprenons la longue piste déserte pour retrouver notre mouillage...

...toujours aussi glauque !

Au programme de demain : Le barrage d’Affiniam.

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