Nous aurions aimé faire la route avec les enfants, mais ils partent un peu trop tôt pour nous (!).

Aussi Dada propose-t-il de nous accompagner. Il doit justement aller chez le coiffeur.

Pour couper quoi ?  Tu as un demi-centimètre de cheveux sur la tête… !

Nous partons de bonne heure malgré tout. Tout au moins à notre goût !

Direction Mlomp.

 

La route commence par une piste de sable mais très vite, nous nous retrouvons dans les rizières.

Nous traversons le beau village de Kadjinol, enfoui sous les arbres.

Aussitôt les enfants courent vers nous.

Nous remarquons ces rouleaux suspendus aux arbres. Il y en a aussi accrochés aux toits des maisons.

Ce sont des ruches car en Casamance, l’on fabrique du miel.

Des hommes construisent une case en banko.
L’église :
L’école :
 
 

Encore des enfants passant leurs journées sous des abris !

Ce village est charmant et ici aussi les fruits alourdissent les branches des arbres (bananiers, papayers, manguiers).

Il est à peine 9 heures 30. Déjà il fait très chaud.
Certaines ont été prévoyantes !
Par chance, en chemin, un pick-up s’arrête.

Nous nous installons à l’arrière, tentons de résister aux nombreux cahots que nous fait subir l’état de la route et la vitesse du véhicule et, cheveux au vent, profitons pleinement du paysage.
 
Merci à ce chauffeur providentiel qui, malgré un incognito absolu – les vitres teintées ne laissant rien deviner des occupants du véhicule (un homme politique nous dit Dada !) – nous a évité quelques kilomètres à pied sous cette chaleur.

Après moins d’une heure de marche au rythme effréné de Dada et 10 minutes de "tape-cul",

nous sommes donc à Mlomp.


(Panneau devant les bâtiments d’une ONG à l’entrée du village.)
Mlomp se situe entre Elinkine et Oussouye.

Un régime de banane et une citerne d’eau pour nous « requinquer » de cette matinée sportive...

...et nous allons voir les cases à étage.

Un petit coup d’oeil en passant sur ces charmantes maisons dont les terrasses sont soutenues par des colonnes en banko.

Les cases à étage

La famille vivant dans cette case à étage nous permet très gentiment de visiter et photographier sa maison.

Une grand-mère sans âge descend l’escalier.

Cette case a été construite par son défunt mari, aidé d’amis et de ses frères possédant eux aussi une case à étage non loin de là.

Ces cases sont toujours intactes malgré les années.
L’architecture est surprenante et la solidité évidente.

Des poutres en rônier soutiennent la charpente et les plafonds. Ces derniers sont en palétuvier. Les murs sont en banko.

N’osant pas déranger plus longtemps cette charmante famille, nous les remercions pour leur accueil si chaleureux et dénué de tout intérêt.

 Il nous faut maintenant trouver un moyen de transport pour Oussouye.

Un minibus s’arrête. Dada se renseigne.
Il va à Elinkine. Nous pourrons le prendre au retour.

Nous avons donc un peu de temps devant nous.

L’arbre sacré.

Dada l’ignore mais, bien renseignés pas notre jeune informateur Jeandidas , nous savons qu’un arbre sacré trône quelque part dans le village.

Nous ne cherchons pas longtemps.

   
  

Ce fromager a plus de 400 ans.

Souhaitant en savoir plus, nous allons interroger des vieillards assis devant leur porte.

Nous apprenons que le féticheur est décédé. Son fils, encore très jeune, sera bientôt intronisé. Ceci avant la saison des pluies afin que prières et sacrifices en faveur d’une grande pluviosité puissent avoir lieu.
Le nouveau féticheur sera initié par les anciens mais surtout par les esprits qui viendront, la nuit, lui enseigner tout ce qu’il devra savoir.

Attendant patiemment notre bus, nous observons la vie locale tout en discutant avec Dada :

  
 
Les jeunes sortent du collège. 
Les femmes vaquent à leurs occupations
    
   

Une religieuse descend de voiture. Dada nous confie qu’elle s’occupe du dispensaire de Mlomp.
Sœur Joëlle gère ce dispensaire depuis plus de 20 ans et ne semble pas faire l’unanimité.

On raconte qu’elle vit très bien et que ses comptes sont bien remplis.

Les soins qu’elle procure aux habitants ainsi que les médicaments, pourtant offerts par des associations humanitaires, sont vendus et chers.
Une femme passant une seule nuit au dispensaire pour accoucher doit payer 5000 CFA (7,50 euros).
Pour celui qui n’aurait pas les moyens de payer ces soins, la seule issue serait la porte.

Elle ferait même payer le voyage dans son 4x4 à qui souhaiterait profiter du véhicule pour se rendre  à Oussouye.

 « En plus,  elle est très sévère...Hououou ! »

Demeurant cois devant ces propos confirmés par plusieurs personnes prises à témoin par Dada, nous osons espérer qu’ils ne sont que le fruit de la médisance.

Il est maintenant 11 heures.

Quelques minibus passent.

Tous sont combles.

5 ou 6 personnes sont accrochées à la portière arrière. Des femmes voyagent même sur le toit entre cartons, chèvres et paniers.

Un chauffeur, privé sans aucune autorisation, nous propose de nous transporter pour 15000 CFA (23 euros).

Il repart "à vide" et…très mécontent !

1 heure 30 plus tard, un taxi providentiel passe. Nous lui sautons dessus.

Nous négocions avec ce brave monsieur. 1000 CFA (1,50 euros) par personne.

Voilà qui est tout à fait honnête.

Adjugé, vendu ! 
On y va !

Le Paris-Dakar !

Notre chauffeur décide de passer par Loudia.

« C’est pas la route mais de l’autre côté, la route elle danse trop...Houououou ! »

La route pour Loudia est en fait une piste. Mais une piste très étroite.

Notre chauffeur roule "pied au plancher". Le klaxon retentit à chaque virage. C’est à dire tout le temps.

Nous parcourons à la vitesse de l’éclair cette piste sinueuse, à peine visible sous les branches des arbres.

Notre adorable chauffeur aurait eu toutes ses chances au Paris-Dakar !

Malgré une grande et indispensable concentration, il nous indique d’immenses plantations d’arbres le long de cette piste.

« Avant la guerre, il y avait plein de jardins ici, avec des oranges, des mandarines… »

Après quelques kilomètres, nous quittons la piste pour une large route en terre rouge.

Le klaxon résonne toujours. Nous roulons à plus de 130 km/heure.

Enfin, nous le supposons puisque le compteur n’existe plus !

Non loin d’Oussouye, notre chauffeur freine soudain pour négocier une bosse.

La bosse est passée - Il accélère…
Rien…
La voiture s’arrête et ne redémarre plus.

« Aaarghrr… Z’ai perrrdu le câble de l’accélérrrateur ! »

 « C’est pas grave. C’est pas grave. Z’en ai un de ressanze ! »

Il ouvre le coffre arrière. Rémy descend pour l’aider, suivi de Dada.
  
 

A notre avis, il ferait bien d’en avoir plusieurs en réserve!!!

Un minibus s’arrête. Dada nous fait remarquer combien est grande la solidarité dans ce pays.

Notre chauffeur, la tête dans les pédales, réagit :

« Han! Ze l’ai déza dépanné en pleine brousse.
Les zeunes, y connaissent pas la mécanique. Les zeunes y connaissent plus que l’arzent ! »

Le nouveau câble est passé. Tout est rangé dans le coffre arrière.
Ce brave monsieur ferme le coffre.
Un nuage de poussière envahit alors l’habitacle.
. . .

Nous arrivons à Oussouye . . .


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