Samedi 29 mars 2008.

 

 

À longueur de temps, nous entendons parler de « tiéboudienne ».
Mais « Tiép » signifiant « riz », je ne sais comment orthographier le nom de ce plat.
Est-ce   « tiéboudienne », « tiépboudienne », … ?
Je n’ai et n’aurai probablement jamais la réponse !

Aujourd’hui, nous sommes invités à manger cette fameuse tieboudienne chez Djeynaba et Mariama.

Laissez-moi tout d’abord vous présenter la famille Traore dans laquelle nous passons de délicieux moments lors de nos visites à Kachouane, désormais accueillis comme faisant partie des leurs.

Mariama, près de Rémy.

Djeynaba et Mariama.

Fatou, sœur de Mariama et Djeynaba, et sa petite fille Maguette.

 

Elles ne vivent pas dans cette maison mais viennent chaque jour en visite, boire le thé ou chercher le linge propre.

Mariama est l'aînée.Elle est aussi le chef de cette belle famille.

Car - fait exceptionnel, les frères vivant à Elinkine ou Ziguinchor et les filles n’étant pas mariées - dans cette maison, il n’y a pas d’homme.

   La maman de Mariama, Fatou et Djeynaba.

Elle est peut-être aussi la maman des garçons que nous ne connaissons pas, mais nous n'en sommes pas certains.
Comprendre les liens réels de parenté est toujours très complexe pour nous européens.

Au-delà d’un certain âge, il semble que la maman n’ait plus son mot à dire.

Cette femme, encore superbe et très coquette, passe ses journées assise sur ce perron. Elle y prend même ses repas, seule, tandis que les enfants mangent dans la cour et les femmes dans la maison.

Les garçons, Yenkouba, Momodou et Modou, pleins de vie et espiègles à souhait. 
Les filles, Mariama et Rhadi, âgées de 11 ans.

 

Très timides lors de nos premières visites, osant à peine nous saluer, elle se sont vite dévoilées affectueuses et adorablement malicieuses.
Le petit Amate, fils de Djeynaba, qui nous fait désormais de grands sourires dès que nous arrivons.

Amate, coquin et très têtu, est âgé d’un an ½ (après réflexion de la part de sa maman) et pèse plus de 11 kilos. Il tète toujours sa maman, quand il ne la mord pas, et celle-ci le porte toujours sur son dos.

Certains jours, Djeynaba craque un peu et supplie les filles d’emmener son fils loin d’elle. Et l’on peut vite la comprendre.
Amate réclame sans cesse le sein de sa maman qui travaille comme une forcenée pour faire vivre cette grande famille.

Djeynaba est la cadette. Elle n’a qu’un fils. Mariama n’en a pas.
Mais la maison est pleine d’enfants.
Rhadi, Mariama, Momodou, Yenkouba et Modou sont des neveux, confiés à Mariama.

« Peut-être ses frères et sœurs ont eu pitié d’elle parce qu’elle n’a pas eu d’enfant » nous dit-elle.

Mais... je sens comme une odeur appétissante.

Dans la cuisine, la marmite mijote sur le feu de bois.

Rémy donne un coup de main.
Notre Capitaine se mettrait-il à la cuisine ?… !

Il n’est que 13 heures, nous avons le temps de prendre une petite douche.

Chez Djeynaba, la douche, c’est le confort.

Douche au seau, certes, mais à volonté et abritées du vent.

Moi, j’ai même droit à la porte !

Le grand luxe !

Il nous faut juste nous battre pour que les filles – Rhadi et Mariama – nous laissent puiser l’eau et porter nous-même les seaux.

Djeynaba commence à préparer le plat de service. C’est donc prêt.

Avant. . .

 

 

Après. . . !

  

À savoir :

Lorsque les filles portent un verre d’eau à un adulte, elles posent un genou sur le sol et devraient même attendre que nous ayons bu pour se relever, nous dit Mariama.
C’est une marque de respect.

Après avoir si bien mangé, nul besoin d’insister pour que certains aillent lézarder.

Rrrraaan. . .

. . . Pfffuuuu. . .

Pendant ce temps et comme chaque jour, les filles se chargent de la vaisselle.

Si ce n’est pas la vaisselle… 
…c’est la lessive.

Les garçons travaillent également. Une fois n’est pas coutume !

Momodou et Yenkouba assemblent la paille pour le toit du papa de Momodou et seront très fiers de nous montrer comment ils positionnent la paille, tendent le fil et nouent solidement chaque tas au précédent.

Ceci n’empêche nullement les jeux de petits diables.

Ensuite, en attendant le thé, nous aurons droit à une petite démonstration de danse.
Le petit Modou et Yenkouba, sourd-muet, s’exécutent tandis que Mariama et Fatou chantent et tapent le rythme.

Rémy adore le mafé, plat de riz et viande de bœuf, sauce arachide.

La cuisine n’étant pas son passe temps favori, il tente depuis quelque temps de m’inciter à apprendre à lui mijoter ce bon plat.

Que nenni – La cuisine, ras le bol !
À toi l’honneur !!!

Djeynaba et Mariama, mises dans la confidence, lui proposent un cours de cuisine.

Dès le lendemain, nous repartons donc chez nos amies.

Rendez-vous 9 heures précises.

Djynaba cède les commandes…ou presque !

Tap - tap - tap . . .
La préparation du mafé est terminée. Le riz cuit à la vapeur sur la sauce.
Nous avons quelques heures devant nous. . .

C’est pas moi qui l’ai fait !!!

Note : Le mafé est un plat de bœuf mijoté avec oignons, tomates, poivrons et bouillon, auquel on ajoute de la pâte d’arachide - pâte de mafé - vendue dans toutes les petites épiceries.
Sans oublier une bonne poignée de lalo, feuilles de Baobab (bien choisies et au bon moment) séchées et pilées qui aromatisent aussi bien que nos herbes de Provence.

Ce plat est délicieux mais très lourd.
Il ne fait donc pas l’unanimité chez les toubabs.

Ces deux journées furent extraordinaires.
Des instants en famille avec ces 2 femmes adorables et gaies, et ces enfants toujours aussi touchants d’affection, de gentillesse et de joie de vivre.

Ils nous font vraiment craquer !

Nous sommes le lundi 7 avril.

Chaque soir, après la prière, le micro de la mosquée est branché.
L’Imam et depuis quelque temps une voix d’enfant - peut-être la relève ! –  nous font très généreusement profiter de leurs litanies.

Mais depuis ce lundi 7 avril, les chants redoublent de force et d’enthousiasme.

Heueueu… l’enthousiasme, il n’est qu’à la mosquée.
Parce qu’ ici, sur
Vent de Folie, on s’en passerait !
Un peu rébarbatif à force !

Mais si l’Imam se donne tant de mal, c’est que le 12 avril approche.

Et le 12 avril, c’est le Gamon.

Gamon, ou encore Maouloud en arabe, est la fête musulmane la plus importante puisqu’elle célèbre la naissance du prophète Mohamed.

Nous nous renseignons afin d’en savoir plus sur le déroulement de cette fête dont tout le monde parle avec ferveur.

Sur la petite place du village, des piquets ont été plantés contre une palissade et des bancs arrivent d’on ne sait où.
On prépare l’abri  sous lequel s’installeront tous les musulmans du village.

Toute la nuit, les versets du coran seront psalmodiés par les musulmans ainsi que par l’Imam dans le micro de la mosquée .

En cette occasion exceptionnelle, des bœufs seront tués.

À Kachouane, 3 bœufs seront sacrifiés et permettront aux habitants de partager les repas durant 3 jours.

Les femmes et leurs marmites ont donc de belles journées de cuisine devant elles !

Les jeunes ayant repris l’école après la fête nationale du 4 avril, feront de nouveau le voyage .

Car ce samedi 12 avril sera un jour férié pour tout le pays.

Mais cette fois, point de soirée à la maison des jeunes.
Le Gamon, c’est sérieux !

Candice, qui voyait là une dernière occasion de faire la fête avant notre départ pour la Gambie perd toute illusion.

Quant à nous, entendre ce cher Imam durant toute une nuit et peut-être davantage…
…Bof… faut voir !

En attendant, c’est décidé, nous allons passer notre dernière semaine en Casamance à Ehidj. . .


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