Serrekunda

 

 


        Jeudi 17 avril 2008

 

 

 

Grand nettoyage du pont à l’eau de mer en attendant l’eau douce et un complément de gaz oil au bidon à la station service.

Et nous sommes prêts à affronter notre deuxième journée en ville.

Vous pourriez pas les faire un peu plus grands vos "Galê-galê" ?!
(C’est ainsi que l’on nomme les taxis-brousse en Gambie.)

Finalement, celui d’hier était très spacieux !!!

Si Banjul est la capitale de la Gambie, Serrekunda en est le centre commerçant.

Nous sommes à Westfield Junction.

Autour de ce carrefour, divers « super-market », des banques, des marchandes de fruits et légumes, des épiceries…

Mais un accès Internet digne de ce nom.

Nous avons bien tenté Banjul, mais dire que le temps de connexion est long serait un euphémisme.

Plus d’une demi heure pour recevoir 5 mails aussitôt perdus suite à un arrêt inopiné de la machine….ceci…5 fois de suite !!!

Le prix à payer à la sortie (10 GMD – 30 centimes - la demi-heure. Dérisoire, certes !) ne tenant pas compte de cet inconvénient majeur !

 

À un angle de Westfield Junction, un grand bâtiment bleu et blanc annonce « Gamtel ».
Voilà qui est plus sûr !

Rémy se lance dans l’envoi des nombreux devoirs au CNED, résultat du travail acharné de notre fille ces dernières semaines.
Il y passera la matinée, sur fond sonore de chants, de Djembé et de coups de sifflet d’un groupe de femmes vêtues de pagnes et foulards d’un vert éclatant.

Elles attendront ainsi, toute la journée, le passage du Président, convoi qui bloquera les routes durant plus d’un heure dans la soirée.

Pendant ce temps, je progresse dans ces rues recouvertes d'une épaisse couche de sable rouge, écumant les nombreux « Super Market », afin de venir à bout de ma liste de courses. 

Si les étagères de ces petits magasins offrent l’essentiel, les prix sont les mêmes voire supérieurs à ceux du Sénégal.

À savoir :
Pour la farine, si vous ne souhaitez pas vous lancer dans un élevage des petites bêtes affectionnant particulièrement ce produit, je vous conseillerai de la prendre au détail, dans une petite épicerie du marché.
Un débit probablement plus important en assure, en principe, une meilleure qualité.

Après 2 passages à la passoire, inefficaces tant sur les vers que sur l’odeur de moisi, j’ai jeté les 4 kilos achetés dans l’un de ces supermarchés.

Après avoir fait,  en long en large et en travers, à peu près tout le quartier Westfield Junction, nous rentrons chargés... comme des mules. Vous l'auriez deviné!

Mais nous devons encore garder la forme.

Demain, on remet ça !

Le grand marché de Serrekunda.

Vendredi 18 avril 2008.

À la sortie du mouillage, au bout du chemin de terre, passe la route allant de Serrekunda à Banjul.

Nous y attendons de  nouveau le galê-galê en compagnie des policiers qui, chaque jour, occupent les lieux où ils contrôlent les automobilistes ou se reposent, assis sous un arbre (voir à droite de la photo centrale).

Quand ils n’occupent pas leur temps en enquiquinant les touristes.

Anecdote : Qui ne tente rien n’a rien ! - ou - Le plaisir de faire ch… le monde !

Un jour, Rémy se rendit seul en ville.
Arrivé sur la nationale, un policier vint vers lui et réclama ses papiers. Apprenant qu’il était en voilier avec d’autres équipiers – nous ! - il exigea les 3 passeports.

Rémy dut donc faire demi-tour sur le chemin menant à la plage, reprendre l’annexe et revenir au bateau.
De retour sur la route, le policier prétendit que nos papiers n’étaient pas en règle.

« Il manque un tampon… vous devez payer le droit d’entrer en Gambie… »
Une manière comme une autre de tenter d’arrondir les fins de mois !

Une petite demi-heure plus tard, nous sommes au marché.

Ah !
Cette bonne vieille Renault 5.
Que de souvenirs !

Le « market » de Serrekunda, à quelques centaines de mètres du centre ville, est un grand « market ».

Anecdote : y a-t-il des profiteurs en Gambie ?

La réponse est non….sauf… 
Sauf les exceptions qui confirment toujours la règle.

Nous déambulons dans les rues du marché depuis quelques heures.
Lamine vient vers nous en plein marché.

« Et bonjour, on s’est vu à la sécurité, comment ça va… » et blablabla… le tout en anglais même si Lamine parle quelques mots de français.

Je pense que Rémy le reconnaît et ne souffle mot. Rémy fait de même.

Lamine nous apprend qu’il s’est marié hier et veut nous présenter sa 4ème  femme.
Ne voulant pas l’offenser, malgré la fatigue qui entrave déjà nos pas, nous le suivons dans les ruelles du marché dans les odeurs mêlées de légumes et poissons.

« Ce n’est pas loin ! »
Heureusement, nous savons ici ce que cela signifie !

Assez de temps, c’est certain, pour que Lamine nous assomme de ses "salamalèques".

Un peu trop poli pour être honnête, pensons-nous.

Nous traversons plusieurs rues du marché, profitant de la présence de Lamine pour faire quelques photographies supplémentaires, d’ordinaire peu appréciées par ces dames.

Allez Lamine…        souris à la caméra !?!

À savoir que Rémy n’est en rien responsable de ce sourire édenté… mais cela aurait pu !!!

Nous entrons alors dans la cour d’une maison.
Une femme et des enfants sont assis. On nous donne des sièges et nous attendons sans que quiconque nous adresse la parole.

Étrange !!!

Nous attendons quelques instants, mais il se fait tard et Rémy a faim.

Nous nous levons donc, prétextant devoir rentrer au plus vite pour retrouver notre fille restée seule sur le bateau.
 
Avant même que nous ayons le temps de saluer ces gens, Lamine nous explique que la tradition veut que : « Quand on a des invités, ils paient une boite de lait en poudre »

?!?

En fait, nous ne sommes pas vraiment surpris. Juste révoltés.

Nous lui présentons, peu amènes, notre manière de voir les choses et Lamine part à grandes enjambées.

Une question nous vient immédiatement à l’esprit :

Étions-nous réellement dans sa famille ?
Cela expliquant peut-être la raison de cet air un peu abasourdi de ces femmes.

Nous abandonnons notre quête de tissu pour les coussins du carré (cf plus loin) et cherchons les épiceries pour notre stock de sucre et farine.

Il est 14 heures. Nous déambulons dans ce marché depuis plusieurs heures.

Soudain… Surprise !

Les boutiques ferment leur portes. Des tapis sont posés les uns près des autres, sur la rue principale.

Taxis, voitures, bus… Tous s’arrêtent et attendent.
Les plus pressés font demi-tour

Nous sommes vendredi - C’est l’heure de la grande prière.

Les Gambiens sont très pratiquants. De plus, à l’entrée du marché trône la grande Mosquée.

Anecdote : Y a-t-il des gens charmants en Gambie ?

La réponse est oui !

Dès le premier jour, cherchant une petite épicerie, j’entre chez Omar. Omar est mauritanien et parle très bien le français. Tant mieux ….ça m’arrange !!!

Ayant abandonné Rémy dans un état second, son estomac criant famine, devant le supermarché, je demande à Omar s’il fait des sandwiches.

« À quoi tu veux : Corned beef, sardines, œuf dur ? »

 (Ici, les gens parviennent à avaler un pain entier avec pour unique garniture… un œuf dur écrasé et un peu de Jumbo – équivalent de nos cubes Maggi, très salé, dont aucun sénégalais ou gambien ne pourrait se passer pour cuisiner).

Va pour sardines, c’est combien ?

« Alors…le pain c’est 3 , la boite de sardines c’est 15… - Omar prend sa calculette - … ça fait 18 dalasis (50 centimes)  »

Il propose de mettre du beurre. Mais ça, c’est gratuit !!!

Aujourd’hui nous retournons chez Omar. Il parle français, est adorable, et ses sandwiches sardines ont convaincu Rémy, toujours affamé.

Vive les gens qui arrêtent de fumer !!!

Je sais  Maman, je ferais bien d’en faire autant !

En attendant...

 

 

 

 

 

 

. . . à la vôtre !

Car aujourd’hui,Omar nous offre le thé.
Mais, comme faire le thé c’est long, en attendant il nous offre un soda (!)

Nous réglons notre dû.  Impossible de lui faire accepter le moindre supplément.

Omar, tu es un ange !

À part les exceptions comme Lamine et autre halluciné qui repère ses proies, ne les lâche plus et tente de négocier à leur place dans l’espoir de toucher sa commission – celui-là s’est vu expédier avec perte et fracas par Rémy dès notre première sortie à Banjul.
Sans aller jusqu’à la l’extrême gentillesse d’Omar, qui nous dit de nous méfier des gambiens qui ne travaillent pas.

Nous trouvons pour l’instant les gambiens très sympathiques.

Les marchands  (tissus et autres) font leur "boulot". Ils vantent leurs produits espérant toujours en retirer un bon bénéfice.

Certes, le « tarif blanc » est toujours une tentation irrésistible.

Nous ne négocions que si la marge appliquée nous semble raisonnable.

Le temps de réflexion que prend le vendeur avant de nous indiquer « 150 ou 200 Dalasis » le yard (le "bon prix" variant entre 35 et 50 !) est souvent très éloquent.

Si la marge nous semble exorbitante, nous avons pris pour principe de quitter les lieux immédiatement.

Mais ici, comme au Sénégal, il faut souvent diviser par 3 pour trouver le juste prix et les filous savent très vite à qui ils ont affaire.

Mais surtout, ces vendeurs sont nettement moins "collants" qu’à Dakar.

En ce qui concerne les denrées alimentaires, les prix semblent fixes. Pas vraiment de marchandage, même au marché.
Un chou vaut 25 Dl - 3 petites carottes 10 Dl - 5 bananes 25 Dl - un ananas 25 Dl (50 Dl s’il est gros)… - sensiblement les mêmes tarifs qu’à Ziguinchor.

Depuis notre arrivée au Sénégal, tous nous ont dit :
« Pour les tissus, il faut aller en Gambie. »

Et bien, nous… nous avons capitulé.

Les prix proposés au Marché Boucotte de Ziguinchor sont sensiblement les mêmes.  

Note : Nous verrons, hélas trop tard, que pour les tissus, c’est à Banjul qu’il fallait aller. La rue des fournisseurs offrant choix et prix défiant toute concurrence.

Mais surtout, nous avons pris une overdose de couleurs…

Tous ces mélanges très chargés de vert, marine, marron, orange, jaune….
Dans chaque boutique, toujours les mêmes…

Ceux-là même que nous avons pu voir à Dakar ou à Ziguinchor.

Après 3 jours de ville, nous disons :

Assez !!!

Nous en avons plein les yeux !
Et nos coussins risqueraient d’être éjectés par les hublots avant 3 mois.

Nous devons réfléchir.

La décoration du carré est donc reportée et les chiffons qui tiennent lieu de housses à nos coussins ont encore de beaux jours devant eux.

En attendant…Rémy a faim … !!!

Un "p’tit"  sandwich sardines chez notre ami Omar…

Derniers envois au CNED…

Nous rentrons les sacs chargés de choux, salades, carottes, et surtout de quelques kilos de sucre et farine…

...pour le pain de l’équipage durant ce mois sur le fleuve Gambie, loin de la ville.
OUF !!!

Note : Le prix du sucre est très intéressant comparé au Sénégal : 13 Dl = 260 CFA.
La farine également : 18 D = 360 CFA.
Moitié prix ! 

Tandis que nos dalasis fondaient comme neige en Afrique, nos amis de Goyave, exempts de toute contrainte scolaire à bord, prenaient le large.

Nous les rejoindrons quelque part sur le fleuve.

Pour nous remettre de ces folles journées en ville, nous nous offrons une soirée chez Tom,
au Bamba’s Harbour Café.

Un succulent poulet aux légumes, emmailloté dans du papier aluminium et mijoté tranquillement sur le barbecue, nous y attend.

Enfin… c’est nous qui l’avons attendu……longtemps.
Mais c’est la faute du Président qui a bloqué les routes !

Non contents de nous délecter de ce buffet royal. . .

Il y avait bien longtemps que nous ne nous étions régalés de la sorte !
. . . nous avons pu savourer la culture et l’inégalable humour anglais de Roy.

Notez que, le soir, on se caille. Mais, cela ne va pas durer…hélas !!!

Anecdote : T'en veeeux ?...!

Roy vit sur un voilier depuis 30 ans.
C'est un homme charmant qui partage ses connaissances et sa culture avec une grande humilité, sans jamais se départir de son humour.

En fin de soirée, Tom se joint à nous après avoir probablement abusé d’un tabac qui n’est pas tout à fait du tabac.

Discutant avec Roy, il se lance soudain, en anglais, dans quelques explications incompréhensibles.

Roy, pourtant anglais, ne semble pas tout comprendre et s’exclame :

« Hein ? Je ne comprends pas ce que tu me racontes.

Je n ’ai pas fumé alors... je ne suis pas sur la même longueur d’onde !!! »

Après cette excellente soirée, nous sommes prêts à affronter chaleur et moustiques sur le fleuve Gambie.

Souhaitons simplement que la mouche Tsé-tsé qui sévit dans ce pays dormira durant notre séjour ! . . .

Au cours de ces quelques jours au mouillage d’Oyster Creek, nous avons eu quelques nouvelles personnelles et surprenantes qui nous ont beaucoup touchés.

Aussi, avant de partir à la découverte du fleuve Gambie, je me permettrai une petite digression dans la page qui va suivre :  "La famille des Oxygènes".

Si nos petits potins ne vous intéressaient pas, il vous suffit de cliquer directement  sur « Suite… » ci-dessous .


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