Nous sommes le vendredi 25 avril.

Dans 5 jours, nous serons le 1er mai.

Pour le monde entier c’est la fête du travail.

Pour nous et surtout pour Candice, c’est l’épée de Damoclès qui se lève.

Pourquoi ?

Au CNED, le règlement prévoit que, si les ¾ des devoirs n’ont pas été reçus avant cette date, le passage en terminale pourra être compromis.

S’il nous est impossible de trouver un accès Internet en haut de ce fleuve, Rémy devra donc redescendre à Banjul par la route.

Durée estimée : 10 heures pour l’aller…10 heures pour le retour … !!!

À Georgetown, il est possible de se connecter. Mais le matériel est archaïque et il est impossible de brancher une clé USB ou d’insérer un CD comportant les dits devoirs.

Une cassette éventuellement… !?!

Quelqu’un se souvient-il de ces vielles petites cassettes que l’on insérait dans l’unité centrale ?!

Sachant que, chaque devoir (mathématiques ou physique notamment) nécessite environ 3 heures de retranscription, il est inenvisageable pour Candice de recopier de nouveau tous ses contrôles en ligne.

Sachant que le Safari Camp possède une adresse e-mail, nous espérons pouvoir utiliser leur matériel.
Nous faisons la connaissance de Sam (cf. page précédente), lui exposons notre problème et lui demandons s’il connaît une autre possibilité plus…moderne qu’à Georgetown.

Sam nous propose alors de contacter son "boss".

Les bureaux du camp sont à Georgetown.
Son patron y dispose d’un accès Internet via une ligne téléphonique. Nous pourrions y emmener notre PC portable et utiliser cette ligne.

Le patron est d’accord.

Thank you Boss !

Rendez-vous est pris demain matin.

Un peu précipité  mais nous devons saisir cette opportunité.

Tous au boulot !   

Candice parachève les derniers contrôles –  Rémy tente de déchiffrer les hiéroglyphes de notre fille afin de retranscrire le dernier devoir de mathématiques – Je fais de même pour les sciences.
C’est l’école sur Vent de Folie  jusqu’à… tard dans la nuit !

Nous réaliserons alors combien ce travail de "recopiage" est long et fastidieux et combien les brouillons de notre fille sont des torchons… !!!

Ma chérie, nous te félicitons d’ores et déjà pour tes excellents résultats.

Mais pas pour le stress de ces derniers mois et plus encore de ces derniers jours.
 

Samedi matin - 26 avril – Retour à Georgetown.

Sam n’est pas encore là… mais les « pots de colle » sont au rendez-vous !

Tous veulent nous conduire à Sam. Même si aucun ne sait où il se trouve !?!

Sam arrive... 

Nous découvrons les bureaux du Bird Safari Camp.

 

 

 

Hum…!?!

Si ça marche, on aura de la chance !

Rémy branche le portable et connecte la ligne téléphonique…
Sam tape le mot de passe…
On attend…

1ère tentative… 2ème tentative… 3ème tentative……… 10ème  tentative…

Échecs répétés !

Nous allons chez le voisin.

Le propriétaire de ce télécentre veut également nous aider.

« L’école, c’est très important ! »

Il nous propose d’essayer sa ligne téléphonique.

Échec !

Sam appelle les bureaux de Banjul et apprend que la ligne Internet est déjà occupée par le personnel.

Tant pis ! Nous aurons essayé. Merci beaucoup Sam !

Mais Sam veut absolument nous aider. Il propose une autre solution.

Un de ses amis gère un centre Internet, au sein de l’hôpital de Bansang, à une vingtaine de kilomètres de Georgetown.

Il le contacte.

Pas de chance. Le matériel est en réparation. Mais mardi matin tout devrait être terminé.

Or, selon nos calculs, pour poursuivre notre visite de la Gambie, mardi matin, nous serons à Kassang, à une soixantaine de kilomètres de Bansang.

Soit ! J’irais - Décide Rémy.

Sam nous fait un plan de route, nous indique tous les tarifs (bac, taxi,…) et nous donne toutes les explications nécessaires.

Une journée en Afrique...

 

 
... par Rémy.
Mardi 29 avril - Nous sommes devant le petit village de Kassang.

Nous avons eu Sam par téléphone.
Son ami Bays, responsable du cybercafé dans les murs de l’hôpital, vient de lui assurer que le matériel fonctionne.

Rémy peut donc se rendre à Bansang, à  une soixantaine de kilomètres.

Mais ceci avant 12 heures.
Car à 12 heures le courant est coupé jusqu’à 18 heures.

Il vaut donc mieux être à l’heure !

Pour aller à Bansang, c’est simple (?!)

Il suffit :

  1. de rejoindre Wassu,
  2. de prendre un taxi brousse jusqu’à Laminkoto,
  3. prendre le bac pour traverser le bras nord du fleuve et arriver à  Georgetown,
  4. de là, prendre un taxi brousse pour traverser l’île de Mc Carthy,
  5. prendre le bac et arriver à Sankuleykunda sur la rive sud,
  6. pour enfin prendre un taxi jusqu’à Bansang…

Départ donc au lever du jour – 7 heures 30.

Je commence par 2 km à pied pour rejoindre la grande route où je trouve un taxi.
Celui-ci  s’arrête malheureusement à Wassu.

J’attends donc un autre taxi pour Laminkoto.

Départ vers 8 heures 30 - Arrêt au bac de Laminkoto - Passage du bac.

Là, un taxi brousse, plus petit, me fait traverser la petite île de Mac Carthy sur laquelle est située Georgetown.

Deuxième bac pour atteindre la rive sud -  et - attente d’un taxi brousse qui tarde à venir.

Au bout d’un très long temps, en voici un qui arrive.

C’est la ruée. Tout le monde se précipite. Moi aussi. Seul moyen d’avoir une place.

Après quelques palabres du style :  « J’étais là avant lui, M’sieur »

Nous partons enfin vers Bansang à environ 15 km.

La route est moins bonne que celle du nord, mais on a vu pire !. . .

Soudain, un grand bruit, des craquements…
Le taxi brousse s’arrête sur le bas-côté.

On a évité l’accident, c’est déjà ça !

Tout le monde descend et regarde sous la caisse.
Verdict : le cardan de l’arbre de transmission a cassé.

Chacun part à pied. Comme je n’ai rien de mieux à faire, je fais de même et apprends que l’hôpital n’est qu’à 3 km.

J’y arrive enfin. Je demande Bays et le cybercafé.

J’attends… j’attends… j’attends...

Quelqu’un me dirige finalement vers la bonne adresse et je trouve Bays au milieu de 3 ordinateurs.

Mais Bays a un problème :

Son modem ne fonctionne plus. Il en attend un autre qui doit venir de Banjul (300 km) le lendemain.

« Vous devez revenir » !!!

Non, impossible !

Je commence à enrager, lorsqu’il me soumet une autre solution : utiliser un ordinateur de l’école d’infirmière qui se trouve juste à côté. 

Après quelques palabres, c’est bon, je m’installe - Il est 11 heures 50…

Pour terminer avant la coupure de courant de midi, ça va être très juste !

Effectivement, j’envoie quelques devoirs et là… Crac… Coupure.

Il m’en reste encore 2 à envoyer… je reviendrai donc à 18 heures !

Je mange et trouve la "cabane à sieste" *.

*Dans chaque village on trouve une petite terrasse en ciment abritée d’un auvent de paille ou de tôle sous lequel les hommes font la sieste après manger !

Je tue le temps puis décide de revenir vers 17 heures pour visiter le quartier.

Je retrouve Bays qui m’attendait.
Il a eu une autre idée.
Je le suis.

Nous arrivons au poste de la police de l’immigration qui termine une partie de dames (!) puis nous véhicule avec son fourgon jusqu’en ville.

Là, nous entrons dans un central téléphonique.
Nous sommes dans le bureau climatisé de l’ingénieur en chef régional de GAMTEL (équivalent de France Telecom).

Rien que ça !

Cette fois, si ça ne marche pas, ça ne marchera nulle part !!!

Celui-ci me prête très généreusement son PC portable avec son accès internet.
Je termine mes envois.
Tout se passe parfaitement…enfin !

Retour à la maison.

Une nouvelle course contre la montre s’engage alors.

Il est 18 heures 20 - Les bacs s’arrêtent de fonctionner à 20 heures.

Arrivé au 2ème bac ( reliant Georgetown à Laminkoto), il est 19 heures.

Le bac est en face. Il revient mais, hélas… ne repart pas.
Il n’y a plus de véhicule à transporter… !?!

Les jeunes de Georgetown cherchent une solution.
L’un d’eux me propose très gentiment de dormir chez lui.

« C’est mieux d’attendre demain. Il n’y a pas d’autre solution »

Je ne peux accepter. Ma femme va s’inquiéter.

D’autres appellent un piroguier, puis un autre, et encore un autre…

Je parviens à louer une pirogue pour traverser, accompagné de Chérif et Chérif (!), espérant trouver un taxi-brousse de l’autre côté.

Arrivé en face : Plus de taxi jusqu’à demain matin !

Je me renseigne sur la distance à parcourir : 22 kilomètres.
Bon, à pied, c’est faisable !

« Non, ce n’est pas possible, me dit Chérif (le propriétaire de la barge qui nous garda l’annexe lors de notre précédent passage à Georgetown).
Tu vas te faire attaquer par les hyènes. »

Je suis sceptique…quoique !

Malgré tout, je décide d’y aller.
Chérif et Chérif préfèrent alors m’accompagner.

Le plus jeune d’entre eux se dévoue.

Je le soupçonne d’être ravi à l’idée de revoir Candice qu’il badait déjà lors de notre visite de Georgetown !

Après un kilomètre, nous sommes stoppés par un contrôle de police.

Les agents m’apprennent que la ville de Wassu est distante, non pas de 22 mais de 30 km. Mais ils me préviennent surtout du risque d’être attaqué par des bandits.

Quant à trouver une voiture susceptible de nous prendre en stop – rien n’est moins sûr. Pour les mêmes raisons, aucun chauffeur ne s’arrêtera.

Ils nous proposent d’attendre avec eux.

Ils arrêteront un véhicule se dirigeant vers Wassu et lui demanderont de nous y emmener.

Le premier véhicule est un camion. Un énorme camion benne.

Le même que celui-ci :


Nous montons dans la benne et…  Roulez jeunesse !

Le camion nous dépose à Wassu. Il nous reste 2 à 3 kilomètres jusqu’à Kassang…sans lampe torche.

Il fait nuit noire

Heureusement, à Wassu, nous rencontrons Samba (encore un !) , un habitant de Kassang qui nous guide sur le sentier.

Il est plus de 21 heures.

Sur la plage de Kassang m’attend mon annexe toute propre (cf. Kassang).

Un bon plat de pâtes pour nous réconforter.
Une bonne nuit pour récupérer de cette journée « pas comme les autres » !
Et un petit déjeuner gargantuesque pour Chérif avant de repartir chez lui, à Georgetown.

Les devoirs de Candice sont arrivés à bon port.
Elle "attaquera" bientôt les révisions pour l’épreuve de français.

Chaque personne rencontrée en Gambie n’a eu de cesse de nous venir en aide avec une immense gentillesse et un total désintérêt.
Nous les remercions très sincèrement.

Malgré une fâcheuse tendance à « sauter sur tout blanc qui bouge », nous ne sommes pas prêts d’oublier cette population gambienne.


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