Mesdames et messieurs, veuillez attacher vos gilets, nous amorçons notre descente vers Banjul !

La température extérieure varie toujours entre 35 et 50 degrés.
Celle de l’intérieur est intenable.

Nous avons vidé des litres d’eau et transpiré comme des bêtes.
Nos corps sont infestés de piqûres de moustiques.

Mais des images superbes de cette faune et cette flore gambienne sont gravées à jamais dans nos têtes.

Dimanche 4 mai 2008 - Nous quittons Deer Islands.

Après une dernière halte en eau douce pour une dernière lessive et un nouveau carénage, une brève escale  devant la petite ville de :

Kau Ur
A Kau Ur, la différence avec les villes précédentes est frappante.

Les gens sortent des cabanes sur la plage.

Tous viennent vers nous, les enfants les premiers. Mais simplement pour nous saluer avec beaucoup de sympathie.

Des femmes nous disent « bonjour », heureuse de nous montrer ce qu’elles connaissent de notre langue.

Nous souhaitons trouver du pain.

Les jeunes nous indiquent le village, là bas, au bout de la piste de terre rouge.

Au loin, nous apercevons en effet des maisons aux toits de tôle et aux murs de ciment. Comme les autres, cette ville n’a aucun charme.

La nuit va bientôt tomber.

Passant devant la première maison, un homme nous interpelle.

Parmi les bribes de phrase que nous parvenons à entendre, il nous semble comprendre :

« …Police…..police… »

Un jeune homme approche, un pantalon marine à grandes poches et le torse nu.

Nous nous arrêtons très sceptiques.

Il nous explique que, si nous souhaitons aller plus loin, il nous accompagne en voiture.

Devant notre air dubitatif, il nous montre la voiture sur laquelle est inscrit « Police » afin d’attester ses dires.

Ce jeune policier nous explique que la région est dangereuse.

Fréquemment, des milices armées errent dans les parages et attaquent les épiceries.

Nous pensons immédiatement aux coups de feu entendus la nuit dernière depuis le mouillage.

Malgré sa gentillesse, nous restons méfiants et refusons.

On ne sait jamais, il serait bien capable de  nous demander une  « petite compensation ».

Ce sont les occupants des cabanes qui prendront le pain pour nous, le lendemain matin, lors de la livraison sur la plage.

Aucun d’eux ne nous demandera quoique ce soit. Même pas un paiement d’avance.

Mardi 6 mai.

Mohamed nous a livré ses crevettes succulentes pêchées durant la nuit.

Nous avons le pain.

Goyave nous a rejoint.

Nous remercions chaleureusement ces hommes, ces femmes et ces enfants et quittons Kau-Ur en échangeant de grands signes d’adieux.

En route pour l’île aux éléphants.

Nous retrouvons la mangrove gigantesque.

 

Partout, des pirogues et leurs balanciers pour la pêche aux crevettes.

 

Juste le temps d’un petit casse-croûte et nous mouillons de nouveau.

Le lendemain…

Escale à Farafenni.


Embarcadère rive gauche

Farafenni est une ville importante.

« Ville carrefour sur la Transgambienne reliant Dakar à Ziguinchor par un bac » nous dit le guide.

En effet, plusieurs bacs font la navette d’une rive à l’autre, transportant du matin au soir passagers, voitures et camions.

 
Passez par la Sernam - Livraison rapide assurée  !?! 

La ville de Farafenni se trouve dans les terres, à 16 km de l’embarcadère de la rive droite.

Avec Christian, Maryse et Gaëtan, nous prenons donc un taxi 7 places pour aller en ville par cette longue et très cahoteuse piste rouge sur laquelle notre chauffeur roulera "à fond la caisse".

Farafenni, une ville africaine type, est très animée et très colorée.

 
      

Les commerces occupent chaque trottoir. Nous trouvons des épiceries très bien approvisionnées et dans les petites rues transversales, des femmes vendent de beaux légumes.

Pommes de terre, choux, aubergines, carottes, navets…

Il y a bien longtemps que nous n’avions eu un tel choix !

Et si vous souhaitez vous faire « tirer le portrait », c’est ici :

 
 
Nos achats terminés, nous attendons Gaëtan parti, une fois encore, en quête d’Internet.
  
  

« Prends tout ton temps, Gaëtan, on n’a que ça à faire !… ?! »

À savoir :

En Gambie, comme vous l’avez constaté avec notre « course contre la montre », non seulement il est très difficile de trouver un accès Internet qui veuille bien fonctionner, plus encore avec une clé USB, mais il faut compter avec les coupures d’électricité.
De manière tout à fait officielle, il est prévu que le courant soit coupé chaque jour de midi à 18 heures.

Avantage, comparé au Sénégal, ici les horaires sont connus d’avance !

Et notre pauvre Gaëtan reviendra une fois de plus bredouille de tout message… !?!

Mais pour l’instant, Gaëtan ne revenant pas, nous décidons de l’abandonner à son triste sort (!)

Nous en serons punis !

Notre chauffeur du matin, passant par là, nous demande de l’attendre. Il va déposer ses passagers et revient nous chercher.

Anecdote : Tel est pris qui croyait prendre !

Le matin, ce sympathique jeune homme nous demande 200 dalasis que nous parvenons à négocier à 150 pour le trajet.

Ce qui nous fait 30 personne.

Nous trouvant peut-être sympathiques pour des toubabs (!?), avant de nous déposer à Farafenni, il nous indique où prendre le taxi pour le retour et nous prévient que le prix est de 15 dalasis par personne.
Prix qu’il sera donc tenu d’appliquer pour ce trajet retour.

Vive l’Afrique !

Nous patientons donc. Notre taxi arrive.

Nous ne sommes que 4 passagers mais chargeons sur le toit 2 piles de grandes bassines en plastique et dans le coffre, quelques cartons et des marmites entourées de foulards qui dégagent une odeur très appétissante.

Nous roulons. Et ce qui devait arriver arriva !

Notre chauffeur semble avoir ralenti la cadence… heureusement pour nous !

Comme à l’aller et comme tous les véhicules empruntant cette piste, il roule sur le bas côté pour éviter les voitures doublant les camions sur la voix opposée, mais surtout les ornières énormes qui jonchent la route.

Soudain, il passe la tête par la fenêtre pour vérifier si les bassines sont toujours sur le toit.

Et Paf !
Un muret protégeant une canalisation passait justement par là.
Et qui c’est qui s’est cogné la tête ?
C’est encore notre pauvre Rémy bien sûr !

Si vous saviez comme les pieds et le crâne de Rémy sont déjà soumis à rude épreuve sur les voiliers – le sien comme celui des autres ! -

Acceptant, comme chaque fois, la place à l’avant que chacun lui offre avec compassion pour sa grande carcasse, il fut le premier à amortir l’arrêt brutal du véhicule.

Christian déplore la perte de ses lunettes dans la bataille.

Maryse, ayant vu le choc arriver, n’a heureusement pas bougé.

Quant à moi, je dois à la solidité de ma robe et aux excellents réflexes de Maryse de n’avoir pas fait un vol plané sur Christian assis devant nous.

Ma plus grande frayeur a été d’imaginer « ma moitié » passant au travers du pare-brise.

Une chance :
nous avons évité les marais et la mangrove qui longent la route un peu plus loin.

Finalement, après une bonne peur, un bonne secousse et une nouvelle cicatrice pour Rémy, tout le monde va bien.

Anecdote : Qui n’ose rien n’a rien !

Nous attendons, nous remettant de nos émotions sous 45 degrés Celsius qu’un véhicule veuille bien nous transporter à l’embarcadère où nos voiliers et notre fille nous attendent.

Un « galê-galê » s’arrête. Nous montons.

Alors que dans cette région le tarif, pour ces minibus, est de 10 dalasis par personne, notre chauffeur nous demande de lui régler les 15 dalasis par personne, comme convenu.
Il paiera lui-même le chauffeur du minibus.

Gloups !

M’entendre évoquer les blessures de mon pauvre mari et les poursuites éventuelles dont j’aurais pu le menacer, puis observer le regard très éloquent de Christian, feront aussitôt cesser ses velléités.

Non mais ! Faudrait pas exagérer quand même !

Vent de Folie  porte-t-il la « poisse » ?

Je ne connais pas la réponse à cette question stupide et préfère ne jamais la connaître.

Le fait est que, depuis quelques jours, il semble que nos amis de Goyave l’aient… la « poisse » !

Une succession de petits enquiquinements qui n’est pas sans nous rappeler quelques mauvais souvenirs.

 

Aujourd’hui, alors que nous quittons ce mouillage de Farafenni…

…impossible pour Goyave de relever son ancre.

Tout sera tenté.

Manœuvrer de tout côté – Faire tirer la chaîne par de Vent de Folie, moteur à fond.
Gaëtan, t’as rien de mieux à faire que de promener les annexes ?…!

Rien à faire. L’ancre est toujours coincée.

Goyave devra abandonner tout son mouillage (chaîne et ancre) coincé dans les racines énormes de la mangrove s’étalant, sous l’eau, à plusieurs mètres du rivage.

A Farafenni, éloignez vous donc de la mangrove - A bon entendeur, salut !

Nous sommes désolés de ne pouvoir aider ces amis toujours présents lorsque l’on a besoin d’aide.

Mais Christian garde toujours le moral.
Et si ce n’était pas le cas, Gaëtan est toujours là pour remonter le moral des troupes !

Allez ! On va pas s’laisser gâcher la vie tout d’même !

Nous disons adieux aux moustiques, abeilles et autres moucherons qui semblent enfin avoir oublié notre existence.

Nous sommes soulagés de constater que, chaque jour, le thermomètre descend un peu.

Et c’est avec le sourire que nous reprenons notre route le lendemain matin de bonne heure.


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