Traversée Madère-Agadir...en bref !

Salut tout le monde.

Nous sommes le 18 octobre 2006 et, à l'heure où je rédige ces lignes, nous sommes arrivés sains et sauf à Agadir!

   Notre navigation à été accompagnée par un vent assez fort mais régulier et grand largue (càd parfait) pour les 3 premiers jours avec une bonne houle d'arrière et une petite de travers, nous permettant de maintenir une moyenne de 6 noeuds..

Dommage que des averses cinglantes nous aient trempés jusqu'à la moelle et que le vent ait tourné la dernière nuit jusqu'à notre arrivée nous gratifiant, pour cette fin de traversée, d'un près serré (vent de face) si fort qu'il nous semblait reculer malgré le moteur à fond.

Malgré ces dernières 24 heures, cette traversée aurait donc pu être,
quoique très «mouillée», quasi parfaite...

...SI...?!

Et là, vous pensez : «ENCORE!!!».

Et bien, sachez que nous aussi !!!

...Si, alors que j'étais de veille, dès la première nuit, vers 6 heures du matin, une rafale n'avait provoqué un départ au lof (en voiture on appelle cela un tête à queue!)...

En résumé :

Le vent a forci, le pilote a forcé, les drosses ont lâché !!!

En clair :

   Ce stade de la traversée ne demandant que peu de vigilance car peu de cargo et point de chalutier, je suis confortablement installée dans le carré lorsque je sens le bateau «partir» (et pour cause, un départ au lof... ça se sent, je vous le garantis!).

Je sors précipitamment dans le cockpit, entend l'alarme du pilote (nous ignorions qu'il y en avait une?!) et, devant l'urgence, appelle Rémy.

Celui-ci, levé avant même que je n'aie le temps de prononcer son nom, comprend immédiatement que, non seulement nous partons au lof, mais surtout que la barre ne répond plus.

Il installe aussitôt la barre franche.

 

Nous tentons alors de maîtriser en furie.

   Rémy enroule le génois. N'ayant pas la force de tenir la barre, je fais mon baptême de «lâché de grand voile»: Harnachée, me voici, la rage au ventre, affalant celle-ci en tentant de ne pas m'affaler moi-même, sautant pour compenser les 10 cm qui me manquent, grimpant un pied sur le balcon de mât, un pied sur le winch alors que le bateau s'en donne à coeur joie.

Un certain temps (une demi heure selon Rémy, une heure selon moi) plus tard, tout est rentré dans l'ordre.

Nous avons dompté la bête... SAUF QUE... nous n'avons plus de barre à roue et plus de pilote!!!

Explication technique du Capitaine : Lors du paramétrage du pilote, nous lui avons donné le nombre de tour de barre d'une butée à l'autre, comme indiqué sur la notice. Ce qui lui indique la course maximum qu'il peut effectuer.
Lors du départ au lof, le pilote à mis la barre à fond pour rattraper le cap, mais celui-ci n'en faisant déjà qu'à sa tête, est arrivé en butée et a continué de forcer sur la barre. Les drosses (câbles qui relient la barre au safran) ont donc lâché (ou cassé?).

Les fidèles de ce site auront deviné la suite :

Après 65 heures à barrer entre Tanger et Madère, et 20 jours de galère pour obtenir un nouveau pilote,
nous voici repartis pour 60 heures de barre.

La prochaine fois, ce sera quoi ?

70 heures à la rame pour parfaire nos compétences d'humbles navigateurs??!

Et à part ça?

   Et bien, à part ça, nous (enfin Candice et moi,... et Candice surtout) avons été trempées comme je l'ai dit plus haut. Des averses violentes s'amusant à se déverser sur nous dès que nous prenions la barre (tout ce que nous possédions de vêtements de pluie est sorti des coffres. Nous avons évité de justesse les sacs poubelles... et c'est très sérieux!).

Durant les 3 premiers jours notre vitesse moyenne était de 6 noeuds, pour descendre à 3 noeuds ces dernières terribles 24 heures où nos quarts se sont vu réduits à 1 ou 2 heures. Manoeuvrer ce bateau à la barre franche s'avérant beaucoup plus dur qu'avec la barre à roue.

Candice a plus qu'assumé son nouveau grade de petit second en barrant aussi bien qu'elle le faisait jusque là, malgré la barre franche, sous voile, trempée, fatiguée, affamée mais gardant (la plupart du temps) le sourire.

Sa volonté de nous venir en aide n'ayant eu pour limite que le froid et l'épuisement.

Ah! une bonne nouvelle toutefois (?!)

Nous avons pêché un maquereau (rejeté car pas envie de s'en occuper) et une énorme défense rose venue tout droit d'Angleterre!!!

   Mercredi, fin d'après midi, dans un état second, nous approchons du port d'Agadir en slalomant comme dans un champ de mines. Entre les filets dérivants et les dizaines de perches, drapeaux et autres bidons oranges non identifiés, la plus grande vigilance est de mise.

Fin de cette traversée.

Si vous trouvez ce récit quelque peu laconique (comparé à mes habitudes), c'est qu'à l'instant présent, nous sommes réellement usés et devons faire le point sur TOUT ÇA . . .


(Accueil du site)