Le Haut  Atlas

C'est à bord d'une Hyunday Atos, que nous vous déconseillons fortement de louer un jour si vous ne voulez être transformés en Orangina même sur les routes goudronnées, notre bourreau de chauffeur ajoutant à notre torture en prenant des pistes pour tout-terrain, que nous partons à la découverte du sud du Maroc.
Note : Et ce ne sont pas les «lits berbères» bien bourrés, durs comme de la pierre et parfois même bombés, qui nous auront relaxés!

Nous dirigeant vers Ouarzazat, nous reprenons la route de Taroudant.

Dans chaque village, tout le monde est à pied d'oeuvre. Les uns balayant, les autres rebouchant les trous, nettoyant les fossés, repeignant les murs.

Les drapeaux marocains fleurissent sur chaque rond point, devant chaque maison, chaque boutique.

Plus un sac plastique ne défigure le paysage. Jamais rues et trottoirs n'ont été aussi propres.

Pourquoi?

Pour honorer l'imminent passage de Mohamed VI (dit M6).

Mais surtout car demain, lundi 6 novembre 2006 - 14 choual 1427 selon le calendrier de l'Hégire – le peuple marocain fête

le 31ème anniversaire de la Marche Verte.

Cette marche, initiée par Hassan II, mobilisa 350 000 personnes afin d'obtenir pacifiquement l'annexion du Sahara occidental au Maroc.

Nous traversons les villes, spectateurs de la vie locale.

L'entrée et la sortie de chaque province ou de chaque village est marquée par ces tours, entre lesquelles il n'y a parfois aucune habitation.

Ces hauts murs protègent parfois des plantations ou un terrain de foot. Mais souvent, la grande porte n'ouvre sur rien. Cette enceinte est juste utilisée pour le souk hebdomadaire.

A 200 km de Ouarzazat, nous sommes dans la région du safran.

Nous passons Sidi Hissaine et apercevons au loin les sommets enneigés du Haut Atlas dont le point culminant s'élève à 4170 mètres.

Nous réalisons soudain que la neige, nous ne sommes pas prêts de la revoir.

50 km plus loin, plus un arbre, plus un buisson. A des kilomètres à la ronde, même plus une maison en vue.

Pourtant nous croisons des gens à pied ou à dos d'âne. Un berbère vêtu d'un burnous (grand et épais manteau de laine marron à capuchon) nous arrête, en secouant une petite bouteille d'eau vide.
Nous lui demandons où est le Bled - «Pas de bled, habite dans trous!».


Nous apercevons en effet ces troglodytes où vivent les berbères de la région.

Arrêt à une fontaine...sans eau!

Puis nous retrouvons de nouveau ces petits villages, au coeur de grands plateaux riches en calcite et autres minéraux.

Allez! Pour vous détendre un peu, nous vous emmenons en «Arizona»!

Et oui. Nous en avions marre du Maroc!!!

Nous sommes en fait à Anzal, à environ 60 km de Ouarzazat, célèbre pour ses studios de cinéma et ces paysages où sont tournés de nombreux western.

Nous traversons encore quelques villages dont les maisons sont construites en pisé.

Il fait nuit lorsque nous arrivons à

Ouarzazat

Nous entrons dans cette ville nouvelle aux petits immeubles roses décorés de colonnes blanches.
Nous sommes surpris de ne pas y rencontrer plus de touristes. Mais en poussant un peu plus loin, nous découvrons la vieille ville, sa Kasba et ses fortifications.

Kasba neuve et TRÈS touristique

Ancienne Kasba

Semant une fois de plus les guides potentiels, nous entrons dans la vieille kasba, véritable labyrinthe avec de nombreuses portes, permettant autrefois de protéger les réserves.

Sur une porte est inscrit: «Centre multi Fonctionnel des femmes».

Les femmes sont bien là, rémunérées nous l'espérons, pour vivre dans ces ruines sous l'oeil curieux des touristes auprès desquels elles tentent d'obtenir quelques dirham.

Elles cuisent le pain ou font la lessive à la fontaine. Les enfants jouent dans les ruelles. Les téléviseurs et lecteurs DVD sont cachés derrière la porte de ces logements misérables.

Tout ceci , afin de rendre plus réel aux yeux des touristes cette vie dans la kasba, nous donnant la désagréable impression d'être des voyeurs!

Toujours dans cette kasba, nous passons devant la mosquée. Sensés faire la prière, de l'intérieur, les hommes nous appellent.


Chaufferie du Hammam

Nous quittons Ouarzazat.

Cette ville touristique et culturelle semble perdue au milieu de nulle part. A la sortie de la ville, 2 Kasba neuves, des hôtels, puis de nouveau le désert!

Direction Boumalen, à l'est de Ouarzazat,
et
la Vallée des Roses

Si vous faites des mots fléchés, vous connaissez le mot signifiant «désert de pierres» en 3 lettres.

Et bien, il semble que nous ayons devant nous, non pas en 3 lettres mais en quelques hectares, le Reg qui est d'ailleurs un terme arabe. A moins que ce ne soit la Hamada.

Les oasis se succèdent autour des oued avec ces villages fortifiés, véritables châteaux forts que sont ces kasba.

Si certaines d'entre elles sont restaurées ou neuves, pour servir d'hôtel devant lequel vous attendent des dromadaires pour une petite promenade, beaucoup sont en l'état, en ruine, mais habitées.

Anecdote :
Après avoir mis quelques litres d'essence à la bouteille chez le garagiste d'un petit village, nous trouvons enfin une station service.
Nous sommes sur la seule route traversant cette région, on ne peut plus rectiligne, sans aucun carrefour, ni piste à droite ou à gauche.
Après le plein et un nettoyage énergique de nos vitres qui seront plus sales après qu'avant (sa lavette étant noire!), ce sympathique pompiste nous souhaite bonne route et nous dit«C'est tout droit»...!

Plus nous allons vers l'est, plus la population est noire, nous rappelant que les arabes pratiquaient l'esclavagisme.

Les tenues diffèrent. Beaucoup de femmes portent des jupes aux couleurs chatoyantes et des boubous sur la tête. Les sourires de celles-ci s'offrent également plus facilement. La femme marocaine n'étant pas des plus extravertie!

Mais nous sommes avant tout en pays berbère.

Ici, tous parlent cette langue bien différente de l'arabe «classique» et ayant depuis peu son propre alphabet. La dureté de la vie dans ces zones arides et sauvages leur ayant probablement permis de lutter, là où les arabes ne le purent.

Un arrêt à Boumalen nous permet de rencontrer le jeune Nourdine qui connait le mot «milesker» («merci» en Basque) et a rencontré Brigitte par l'association Irrintzina d'Espelette, qui habite notre village.

Tout heureux de rencontrer des Basques, il nous propose un whisky berbère (thé local!) dans la boutique de son ami.
Nous craignons qu'il tente de nous vendre quelque objet du pays mais acceptons malgré tout.

Nous passons alors un moment des plus intéressants avec ce berbère si sage et érudit, qui à aucun moment tenta de nous vendre un de ses articles.
Après avoir philosophé sur l'origine des peuples et des mots, la tolérance, le pourquoi des us et coutume de chacun,... il nous propose simplement de venir chez lui, faire connaissance avec sa femme et ses enfants, et devant notre refus pour manque de temps, nous répète cette phrase chère aux marocains:

«Vous les Européens, vous avez l'heure. Nous, nous avons le temps!».

Il nous dit également que les français ont toujours peur de déranger. Et nous précise, avec humour, qu'eux les marocains «AIMENT être dérangés!».

Il a hélas raison et nous aurions bien pris «ce temps» pour le «déranger» si nous ne dépendions du loueur de voiture...

. . .

Arrêt pique-nique sur un muret en pisé dans un petit village.


Une maman appelle son petit garçon installé près de nous, lui demandant semble-t-il de nous laisser tranquilles. Ce gamin mangera des yeux autant que de la bouche le chocolat, le pain et les biscuits que nous lui donnerons. Nous sympathisons avec des jeunes . Rémy est invité à faire une partie de football.

Puis nous prenons la piste vers
les hauteurs de la Vallée des Roses.

Ravitaillement en eau d'un troglodyte.

La vallée des roses ne tient pas son nom du fait de sa couleur mais car on y cultive, en plaine au bord des routes, des roses très parfumées. Hélas nous n'en verrons pas. Peut-être n'est-ce plus la saison.

Arrivés en haut, cette piste détrempée par la pluie devient impraticable pour notre petite voiture. Nous ne pouvons poursuivre et sommes contraints de faire demi-tour. Mais ne regrettons pas cette ascension dans ce paysage exceptionnel même plongé dans la grisaille.

Nous repassons par Ouarzazat
et c'est de nuit que nous traversons la haute montagne et ses lacets pour faire halte à

Agdz, dans la vallée du Draa.

Nous apprenons que dans la Kasba de Agdz, ont été tournés Lawrence d'Arabie et plus récemment Babylone.

Notre pacha est bien fatigué ce soir!

Agdz est une jolie petite ville.

Les berbères y sont souriants et heureux que nous leur rendions visite, venant vers nous sans la moindre arrière pensée.
Nous sentons très vite la différence avec les régions plus touristiques.

Nous dévorons un tajine de boeuf, choisi en cuisine s'il vous plait, chez cet homme simple et souriant qui s'avère un fin cuisinier.

Et nous faisons la connaissance de Hamid.

Hamid a une famille «de coeur» dans le sud ouest de la France. Lui aussi connait quelques mots de Basque, se souvient du foie gras, du Montbazillac et des huitres. Pour ces quelques points communs, il nous témoigne une amitié incroyable.

Il tient à nous emmèner dans sa boutique afin de nous offrir un «whisky berbère» (nous en boirons des litres durant ce périple dans le sud du Maroc, sans jamais nous lasser. Seule Candice en a un peu marre de «toujours boire du thé!»).

Il nous montre comment mettre le chech et nous entraine ensuite dans son dépôt, sans jamais, comme à Boumalen, la moindre allusion à ce qu'il pourrait nous vendre.

Hamid regrette que nous n'ayons le temps de venir manger avec sa famille (Hamid a 9 soeurs et 3 frères!!!) et insiste pour que nous l'appelions dès notre retour à Agadir si nous souhaitons prendre plus de temps pour visiter cette région avec lui. Il viendrait nous chercher en voiture et nous dormirions dans sa kasba.

Nous sommes de plus en plus touchés par la gentillesse de ce peuple, surpris de rencontrer des gens toujours plus chaleureux,
offrant tout... alors qu'ils ont si peu!

Contrairement à ce que nous craignions, nous n'avons pas perdu «de temps» avec Hamid.
Grâce à lui nous avons pu trouver la piste des dromadaires et ainsi pénétrer
dans cette immense palmeraie.

Depuis la route il est impossible d'imaginer qu'une telle fourmilière se cache dans ces palmiers.

Des dizaines de familles vivent dans cette oasis. Nous les saluons constatant leur surprise de nous trouver là. Les enfants nous crient «bonjour». Ils courent devant et derrière la voiture et se précipitent pour ôter de grosses pierres barrant le passage.

FILM 340 kO - Cliquer sur la photo

Fête du village en l'honneur de la venue du gouverneur de Zagora.

Les petites filles au large sourire nous demandent des stylos et nous avons de la peine de n'y avoir pas pensé.

Vivant dans des conditions on ne peut plus précaires, ces gens semblent pourtant si heureux.

Nous sortons de ce havre de paix et allons remercier Hamid et lui faire nos adieux.

Direction le sud ouest, dans la région de l'Anti Atlas.


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