Il
est l'heure de vous parler de ce cher Président Ben Ali. Ah! - Il a une prédilection
pour les ronds points. Je ne manquerai donc pas d'illustrations pour le récit,
peut-être un peu long, qui va suivre. Mais si ces multiples portraits prêtent plutôt à rire, le sujet, lui, est très sérieux. Rémy, Candice et moi ne saurions en aucun cas clore ce voyage en Tunisie sans informer ceux qui ne le seraient pas encore de la politique menée dans ce pays. |
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Dans le port de pêche de Kelibia. | |
Ce n’est pas son meilleurs profil ! |
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Pour commencer, un bref rappel historique : Lorsque que Ben
Ali prend le pouvoir, il tient (?) à renforcer la démocratie et
instaure des élections
quinquennales. Si l'on y ajoute le contrôle
de la presse, les centaines d’arrestations au motif le plus souvent
fallacieux de soutenir le parti « Ennahda » (mouvement
islamiste) suivies de condamnations arbitraires, le harcèlement
et les arrestations des défenseurs des droits de l’Homme,
d’avocats, d’étudiants jugés au seul motif
de leurs opinions ou de leurs engagements pour les libertés (9
ans de prison ferme d'un membre d'un autre parti en 1999 – expulsion
dès son arrivée en 1996 du président de la Fédération
Internationale des ligues des Droits de l’Homme, …),
la pratique de la torture dans les locaux du ministère de l’Intérieur
et j'en passe, … cela ne fait plus de doute. |
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Toujours au port de Kelibia. |
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Ces pratiques dénoncées par
le comité de la torture des Nations Unies et systématiquement
condamnées par Amnesty International, Monsieur Ben Ali poursuit
toutefois sa politique "démocratique".
Un petit exemple de l'exercice de cette démocratie: Un étudiant sait que son diplôme lui permettrait d'accéder à une
excellente situation, mais les salaires en Tunisie étant très
bas, il cherche un emploi à l'étranger. Nous comprenons beaucoup mieux pourquoi ces jeunes tunisiens
rêvent de partir. Certains d'entre eux prennent même le risque
de fuir à bord de petites barques, à la rame, dans l'espoir
de rallier l'Italie… Ils sont la plupart du temps rattrapés
par la police. Et plus simplement, je citerai cette remarque de Candice : "Si la vie en France était ce qu'elle est, mais en sachant que l'on ne pourra jamais quitter son pays, on n'aurait qu'une envie, celle de fuir!" |
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Dans les rues de Monastir. | |
Voici encore
ce que nous avons pu vivre de cette pseudo démocratie en Tunisie. Nous invitons un de nos amis à venir passer quelques
jours avec nous.
Ce règlement impose aussi qu'un visiteur tunisien, chaque fois
qu'il monte à bord d'une embarcation, de jour comme de nuit et
quelque soit la durée de sa visite, dépose sa carte d'identité au
poste et la reprenne en partant. Cet ami pourra donc passer la journée avec nous mais devra quitter le port à 19 heures sous peine d'être débarqué pour être "embarqué" (Ils oublient juste une petite chose : Sur le bateau, nous sommes en territoire français. La police ne peut donc monter à bord sans notre consentement. Ceci est réservé aux douanes. Mais, … nous n’allons pas chercher querelle, notre ami en pâtirait!) Motif invoqué : Notre sécurité (?!) … mais alors pourquoi cette personne s'est également vu refuser la possibilité de dormir sur le bateau pirate (celui-ci ne faisant que des excursions de 3 ou 4 heures sur la côte avant de revenir au port)? Est-ce donc la crainte de voir fuir un tunisien et ce souci de sécurité sans cesse invoqué ou tout simplement une terrible appréhension que la population se mêle trop étroitement aux étrangers? |
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Sur un rond point à Monastir. | |
Allez, celle-ci
vaut bien un plan rapproché !
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Anecdote sur la courtoise
de la police tunisienne : |
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Le soir, notre ami dépose
ses papiers. L'équipe de nuit n'est pas au courant. L'autorisation
du chef n'est pas dans notre dossier. Alors que Candice et moi tentons de lui faire garder son
calme, je prends la parole. |
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Ce pays vit principalement du tourisme
procurant plus de 10% des emplois. Quelque soit leur motivation, la majorité de ces gens est d'une grande gentillesse... |
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Dans une boutique de journaux et boissons à Sbeïtla. | |
… Mais cette entrave à toute relation avec un autochtone, cette incursion dans la vie privée, cette suspicion frôlant la paranoïa et cette persécution sournoise imposée par cet État policier, ne pourraient-ils pas à terme réduire à néant tous leurs efforts. Qu'adviendrait-il si les touristes savaient ce que l'on sait? Se contenteraient-ils d'ignorer la chose, profitant du soleil, de prix dérisoires, d'une population trop servile parce que pauvre et trop longtemps colonisée? – Boycotteraient-ils cette destination, appauvrissant ainsi d'avantage une partie de la population? – Ou décideraient-ils d'agir? Nous connaissons hélas la réponse. Mais si notre expérience peut simplement donner lieu à réflexion, alors ces quelques lignes ne sont pas vaines! |
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Venant de visiter le
sud, nous remontons via Gabès. Tiens donc ! Après des centaines de kilomètres sans une seule affiche du Président (pas très aimé dans le sud semble-t-il), le re-voici et c’est bien la meilleure: |
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Affiche pour
le Sommet Mondial
sur la société de l’information - novembre 2005. |
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La
main sur le coeur aussi, probablement, faisait-il ce jour-là interdire de descendre
d’avion le président de Reporters Sans Frontières,
et emprisonner un journaliste … ??!! |
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A noter : Nous ne publierons ces lignes qu'une fois sortis du territoire de crainte d’avoir des ennuis. Au minimum d'être contrôlés plus que de coutume (si c'est possible?!) et systématiquement fouillés tout le temps qu'il nous restera à passer dans les eaux tunisiennes. Pour ceux qui penseraient que nous exagérons,
une petite preuve, s’il en fallait, de cette censure : Un article du journal Le Monde y est cité : «Une bonne demi-douzaine de pays pratiquent la censure politique en utilisant des techniques plus ou moins perfectionnées de filtrage. Exemple : impossible d’accéder aux sites d’Amnesty International et de Human Rights Watch (Observatoire pour les droits de l’Homme) depuis la Chine ou la Tunisie. Un laconique «Impossible d’établir la connexion» pour toute explication….» La paranoïa nous a-t-elle contaminés ? A vous de juger ! |
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Mais
je ne voudrais en aucun cas clore ce périple en Tunisie sur
une note pessimiste. Nous avons adoré ce pays et sommes bien tristes de le quitter. La gentillesse et la bonne humeur des tunisiens, leur faculté à trouver une solution à tout problème, les superbes paysages du sud, la chaleur des Kerkenniens, … . Tant de facteurs ont réchauffé notre âme et nous poussent, plus encore, à découvrir d’autres horizons. |
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