Derniers jours au CVD

Après ces merveilleuses journées passées à M’Bodiene, revenons à la vie courante sur et dans ce cher CVD que nous avons hâte de quitter malgré (ou à cause de) tout le confort dont nous profitons.

Kundalini puis Karkaila nous ont quittés.

Les premiers sont en Casamance où, semble-t-il, ils se régalent.

Quant aux seconds, Liliane et Jacques sont arrivés au Brésil où ils se sont mis immédiatement dans l’ambiance !

Brimbelle (Gaëtan) et Goyave (Christian et Maryse) sont revenus passer quelques jours au CVD pour  repartir bien vite et nous les comprenons.
Nous les retrouverons probablement eux aussi en Casamance.

Nous avons également eu l’immense plaisir de retrouver notre ami Manu, des Poulies mais sans Les Poulies, et son adorable dulcinée, Isabelle.

Mais nous aurions préféré les retrouver dans de bien meilleures circonstances.

Anecdote dont nous nous serions bien passés : Les douanes de Foundiougne.

Notre ami Manu revient de France où il vient de passer quelques mois. Son bateau, Les Poulies, l’attendant tranquillement sur le Siné Saloum.

Après une agréable journée à Hann Plage en notre compagnie et celle de Karkaila – entre Basques quoi… "Gaixoa !" – Manu et Isabelle profitant de quelques jours de vacances, vont rejoindre Les Poulies.

Quelques jours plus tard, nous apprenons que Manu est en garde à vue.
Les Poulies est saisi.
Isabelle a trouvé refuge chez les villageois.

Il est vrai que Les Poulies, après un séjour de 6 mois au Sénégal, devrait avoir quitté ses eaux territoriales.
Nombre de bateaux sillonnent pourtant les eaux sénégalaises sans être tout à fait en règle et sans avoir jamais, pour autant, avoir eu de problème de la sorte.

Mais un nouveau douanier en poste à Foundiougne, faisant preuve de beaucoup de zèle, sévit sur le Siné Saloum.

Celui-ci, non content de saisir le bateau comme le règlement le prévoit, met aussitôt Manu en garde à vue. 
Nous passerons sur les tentatives d’intimidation faites par ce cher monsieur auprès d’Isabelle alors qu’elle se retrouve seule dans un pays qu’elle ne connaît que depuis quelques jours.

Ils ont 24 heures pour régler une amende de 5 millions de CFA.
Faute de quoi Manu sera déféré à la prison de Thiès.

Et l’on peut imaginer ce que représente un séjour en prison au Sénégal !

Les négociations et interventions diverses commencent.

C’est après 48 heures de garde à vue, dans des conditions acceptables grâce à la gentillesse des villageois et des policiers très embarrassés de cette situation, et après le versement d’un somme de 1 millions de CFA (1500 euros !) que Manu sera enfin libéré.

Il lui faut maintenant se présenter aux douanes de Dakar afin d’obtenir le « papier » lui permettant de récupérer son bateau.

Précisons qu’entre temps, les douaniers de Foundiougne ayant entrepris de déplacer Les Poulies hors la présence de son propriétaire, l’ont endommagé.

C’est ainsi que Manu et Isabelle passent le week-end sur Vent de Folie.

Hôtel grand luxe me direz-vous, car vue sur les étoiles !

Le seul endroit suffisamment spacieux pour installer notre ancien matelas étant le pont de Vent de Folie que nos amis semblent toutefois avoir fort apprécié.

Et nous espérons que ce week-end entre amis les aura quelque peu réconfortés de cette si désagréable aventure.

Depuis, Manu heureux d’avoir enfin récupéré son joli petit voilier, nous a rejoints au CVD.

Quant au douanier de Foundiougne, nous espérons que les instances désormais largement informées de cet abus de pouvoir et de ceux qui suivront (d’autres voiliers, en règle eux, ayant été également  inquiétés), sauront lui faire « payer » sa suffisance.

En attendant : « Qu’on se le dise ! »

Forts de l’expérience de notre ami, nous effectuons toutes les démarches nécessaires afin d’être en règle.

Le mois de novembre touche à sa fin

Nous avions trop chaud. Désormais nous avons trop froid.

« Jamais contents ces navigateurs ! »

Depuis quelque temps un vent souffle continuellement sur le mouillage d’Hann Plage.
Impossible de prendre les repas dans le cockpit. Le soir dans la navette, le vent nous glace le sang.
Nous avons dû ressortir les pulls et la couette.

La nuit la température descend parfois à 16°C.

En France, nous aurions encore plus froid – Nous sommes d’accord !

Mais nous sommes en Afrique.

Nous n’avons tout de même pas avalé tous ces milles pour nous geler ?!

Aussi lorsque nous constatons, sur la fenêtre météo du site, qu’en Casamance il fait 32°C le jour et 19°C la nuit, nous avons encore plus hâte de partir.

Que devient notre triste adolescente qui se morfond sur son bateau en compagnie de ses vieux parents ?

Notre lycéenne, après un long week-end à M’Bodiene (photo prise le soir de son retour alors qu’elle nous raconte son week-end), a retrouvé ses cours mais aussi sa place sur le banc de la voilerie où ses amis se languissaient de son retour.

Il est vrai que ce long travail, c’est de l’art.

Pour certains, elle est « la princesse ». Tellement princesse qu’elle ne porte plus un bidon depuis bien longtemps trouvant toujours un prince charmant et surtout dévoué pour les porter à sa place.

Et ne comptez par sur elle et son flegme légendaire pour s’en plaindre !

Pour Safi, notre adorable vendeuse de boubous et bijoux…

...elle se prénomme Oussa, comme sa propre fille.

Elle connaît tout le monde, les nommant chacun par leur prénom, ce avant et après le portail, et les «Salam aleikum » ou les « Nangadef ? » et autres bribes de discussion en wolof vont bon train dès qu’elle met un pied hors du bateau.

Tous nous disent que jamais ils n’ont vu une toubab comme elle.

Occasionnellement, La princesse, Oussa ou encore Blanche Neige prend même la place du passeur.

Et quand la navette ne vient pas c’est sur Les Poulies, qui change de place aujourd’hui, que Candice  se promène dans le mouillage !!!

Anecdote :  Une nouvelle navette au CVD !

Au mouillage du CVD,  tous ceux qui prennent la navette montent à bord de leur bateau ou s’ils sont sur leur bateau, descendent dans la navette.

Un seul d’entre nous doit descendre dans son bateau ou encore monter dans la navette.

Devinez qui ?

C’est Manu, sur Les Poulies !

Les Poulies est surnommée la pirogue du CVD !

Pendant ce temps, ses heureux parents vaquent à leurs occupations

Un peu de détente, loin du bar et de sa clientèle d’habitués.

« Plus personne ?  Bon ! Je range mes instruments »
« Qu’est ce qu’il faut pas faire pour gagner sa vie, ici ! »

Nos skippers sont beaux comme des camions.

Hélas, notre bon vieux camion ne peut en dire autant.

Une espèce de suie noirâtre s’est accumulée sur le pont, les hublots, les écoutes, les balcons…
Bref !
Tout est noir et pas seulement à l’extérieur.

Cette poussière collante émanant des usines, ajoutée à l’harmattan, ce vent de terre chargé de sable, a pénétré jusque dans les placards.

Inutile de nettoyer. Tout serait à refaire à peine une heure après.
Voici donc une promesse de belles heures bien occupées en Casamance !

Notre génois toutfois a retrouvé une première jeunesse grâce à Diego et son collègue Baba.

Après un petit séjour prolongé (très prolongé !) dans l’atelier de Diego, il aura bien meilleure mine. 

Diego, adorable et très compétent malgré cette petite note d’humour, nous offre même la réparation de notre taud de voile ainsi que des housses de winchs confectionnées avec notre vieille bande anti-UV.

Depuis quelques jours, Vent de Folie est  également paré de nouveaux attributs : 2 panneaux solaires sur les balcons arrières qui devraient désormais fournir l’énergie nécessaire à une vie au mouillage.

Voici près de 15 jours que nous l’attendons.

La patience de notre Capitaine ayant atteint sa limite extrême et tout l’équipage n’aspirant qu’à se rendre en Casamance pour les fêtes de fin d’année.

Nous décidons de partir.

Samedi 5 décembre

Les coffres sont pleins  grâce à l’adorable Fara, propriétaire de l’épicerie en face du CVD, auquel il suffit de passer commande pour être livré au bateau (tarif spécial bon client et une honnêteté incroyable en prime).

Tout est prêt - Il nous reste à faire le plein de gaz oil.

Pour ce faire, 2 solutions :

  - Faire quelques allers et retours en taxi, chargés de bidons, dans la station service la plus proche puis transporter les quelques 300 litres de carburant manquant sur Vent de Folie, via la navette.
           Ou
  - Nous rendre au port de commerce.

Nous avons choisi la deuxième option.
Celle-ci présente certes quelques contraintes mais nous verrons bien.

Serait-il difficile de quitter le mouillage du CVD ?

Lors de notre dernière tentative de quitter notre corps mort pour nous rendre au port de commerce, nous avions dû jeter l’ancre en urgence.

Impossible d’avancer.
L’hélice ne parvenait pas à brasser l’eau tant elle était infestée de coquillages.

Cette fois, tout devrait bien se passer.

Le brave Tcherno, pêcheur mais aussi spécialiste local de la plongée en apnée, d’un âge probablement avancé et qu’aucun gramme de graisse ne vient protéger du froid et que nous gaverons de sandwiches au fromage et autres calories accompagnés  de cafés bien chauds et bien sucrés tant nous redoutons qu’il n'épuise ses dernières forces sur .

Notre ami Mola, gardien de bateau au CVD et je l’avoue un de mes « chouchou », adore naviguer.
Il nous accompagne pour cette petit virée durant laquelle, à son grand regret, le vent ne sera pas suffisant pour sortir les voiles.

Et tout se passa bien…  SAUF… !

Sauf qu’après quelques mois sans naviguer, il semble que l’on perde tout réflexe de vigilance.

Je suis à la barre - Rémy et Mola lâchent le corps mort.

« C’est bon ! On peut avancer ! »

J’avance alors, oubliant que le bout (corde) et le bidon flottant dudit corps mort sont toujours devant.
Je passe tout simplement dessus !

Rémy occupé jusqu’alors à remettre l’ancre en place se redresse.

« Vous voyez le bidon du corps mort ? »

Tout le monde scrute alentour.

Que nenni ! - Point de bidon à l’horizon !

Le bout a cassé. Le corps mort est au fond de l’eau. Le bout et le bidon sont solidement ficelés à notre safran auxiliaire.

Hum ! …Heueu… Désolée !

Heureusement Moussa Coulibali, dit Couli, n’est pas bien loin avec la navette.

Il s’approche et permet à Rémy, à bord de la navette, de dégager le bout du safran.

Cette fois, nous pouvons y aller.

Nous passons devant la plage de la voile d’Or… Gorée au large…

Tandis que les hommes se présentent au bureau pour effectuer les démarches nécessaires, Candice et moi "papotons" avec les employés ravis d’échanger quelques mots wolof avec notre mousse.

Le plein prenant un certain temps, voire un  temps certain - l’embout du tuyau étant prévu pour de gros cargos ou chalutiers, le débit doit être très, très réduit - nous aurons tout le loisir de partager encore des instants très chaleureux avec nos deux jeunes et sympathiques pompistes.

Retour au CVD

Les adieux

En fait d’adieux, ce ne sont que des « au revoir » puisque nous devons revenir au plus tard fin mai. Notre lycéenne devant présenter le BAC de français et les fameux TPE (*) au lycée français de Dakar en juin.

* TPE = Travaux Personnels Encadrés - Sorte d’exposé sur un sujet choisi réunissant 2 matières au choix, dont le but principal est « une production collective (!?!) élaborée,  à partir d’une recherche documentaire ».

L’élève doit tenir un carnet de bord. Il présentera à l’oral un dossier (pouvant revêtir différentes formes, originales si possible) accompagné d’une synthèse personnelle.

Le dossier doit être rendu en janvier et la note sera prise en compte pour le BAC.
 
Ces TPE nécessitent de nombreuses recherches sur Internet et, pour ces enfants du voyage, se font bien évidement seuls et sans autre encadrement que quelques conseils par mail, très laconiques, d’un professeur (« Faites au mieux ! » par exemple - !!!).

Pour ceux que cela inspirerait, Candice a choisi : 
 « L’apport de la civilisation arabe dans les mathématiques »

Ça ne s’invente pas !

Mais connaissant la passion de notre fille pour tout ce qui peut concerner la culture arabe, cela ne nous a guère surpris.

A la veille de partir, nous acceptons de participer à une petite soirée barbecue.

Occasion pour nous de faire connaissance avec d’autres équipages. Chose rare ces derniers temps. Non seulement à cause du travail mais aussi, nous l’avouons, d’un besoin de tranquillité et d’isolement.

Devant la voilerie, une autre soirée a lieu.

Candice fête son départ.

Ne vous leurrez pas, ce n’est pas Candice la cuisinière, fort heureusement pour ses amis !!!

Le repas sera d’autant plus apprécié qu’actuellement, la fête de Tabaski approchant, ces jeunes, pour la plupart, ne font qu’un seul repas journalier, souvent composé uniquement de riz nature, afin d’économiser l’argent du voyage dans la famille, souvent en Casamance (10000 CFA aller-retour en bus).

Quand ils ne doivent pas, sous prétexte qu’ils ont un travail, acheter le mouton.

Certains d’entre eux n’iront d’ailleurs pas fêter  cet évènement, trop honteux d’arriver les mains et les poches vides.

Repas - Musique - Danse - C’est la "teuf " devant la voilerie !

Dernier tour pour dire au revoir à nos amis.

« Ououououh, c’est long 6 mois (et comptant sur ses doigts) 1…2…3…4…5…6. Ça fait 1 an ! » - regrettera Fatou, notre adorable lingère, avec sa si charmante candeur.

Mais tous nous précisent aussi que nous allons adorer la Casamance.

Alors puisque c’est si bien, on y va !

*

Salut les jeunes !

 

Au revoir et merci pour tout Sadio, notre fidèle et dévoué passeur du soir et gardien de Vent de Folie à l’occasion.

Au revoir « Mamadou, mon fils ! », ma copine Fatou , chère Safi, Fara, Mamadou, Batch, Dominique, N’Deye.

Savez-vous chers amis que, n’ayant pas pensé à mettre le flash en plein jour, je dois éclaircir toutes les photos afin que l’on discerne vos visages ! …Et ça vous fait rire !!!

Nous n’oublions pas Gérard et sa séduisante et si sympathique épouse N’Deye.

Si vous passez au CVD, vous le trouverez installé devant une petite table dans la cour, derrière le bar.
Il sera probablement très concentré sur son ordinateur, seul… si " les Vent de Folie " ne sont pas là pour l’envahir (N'est-ce pas Jean ?!).

Allez vers lui et vous découvrirez combien cet homme est sympathique et plein d’humour.

Salut Jean !  Bonne chance et à bientôt !

Même Moussa, notre généreux ami pêcheur, que nous sommes allés saluer et remercier une dernière fois sur la plage, viendra nous retrouver au CVD, un paquet de seiches à la main.

Décidément, nous n’aurons donc jamais le dernier mot avec toi !

Legui - Legui !
(A bientôt!)

Rendez-vous en mai.

Vous allez tous nous manquer mais nous sommes tellement heureux d’aller en Casamance !

Grand nettoyage du pont qui est immonde - Installations des écoutes - Vérification des winchs – Rangement des tauds – Dernier petit tour à terre.

Le départ était prévu à midi. Il  sera repoussé - Départ vers 17 heures.

En effet, en discutant avec un habitué de la Casamance, Guy originaire du Pays Basque, Rémy réalise qu’il avait oublié de tenir compte du retard de la renverse.

En l’occurrence, l’horaire de la marée basse en Casamance est 16 heures. Mais la renverse de courant n’a lieu qu’à 18 heures.
Il nous faut donc arriver 2 heures plus tard afin de rentrer avec le courant qui monte.

Cela nous fera une nuit de plus en mer, sans lune.

Beurk ! Je déteste les nuits sans lune !

Mais Candice sera ravie de reprendre ses nuits de veille.

17 heures - Nous sommes prêts – L’ancre est relevée.

Environ 150 milles à parcourir – 30 heures théoriques.

Mais nous devrons ralentir un peu.

Nous sommes en effet contraints de partir plus tôt afin de nous éloigner des côtes avant la nuit. Puis attendre la marée de 5 heures du matin et le lever du jour (7 heures) avant d’entrer dans le fleuve Casamance.

Nous mettrons donc en fait 38 heures.

Nous n’avons plus de feux de mouillage, ni de feux navigation.

Ne me demandez pas pourquoi. Encore un mystère sur Vent de Folie !

Aucune importance, nous avons trouvé mieux. Les feux à éclats vendus pour les pirogues sont sensationnels et bien plus efficaces.

Rouge… Blanc… Rouge… Blanc…