Afin de grouper les lieux de nos escales tout en respectant, comme d’habitude, la chronologie de notre livre de bord, je vous propose un bref petit retour en arrière afin de nous resituer dans le temps.

Nous sommes le mercredi 9 janvier 2008.

Après un premier séjour à Kachouane, nous venons de découvrir Ehidj que nous devons, hélas, quitter pour remonter au plus vite sur Ziguinchor que nous vous présenterons ultérieurement.

Si la navigation dans les bolongs n’apporte pas vraiment de surprise hormis le spectacle de la nature, celle-ci nous laissera le souvenir d’un bon fou rire.

Il fait froid.

Nous partons avec un vent contre et fort. Le courant est contre, lui aussi.

         Nous ne dépasserons pas 2,5 nœuds de moyenne.

Tout ceci sans sondeur puisque, le carénage n’ayant pas encore eu lieu, Rémy ne s’est toujours pas plongé - ou n’a toujours pas plongé - Au choix ! - sur l’origine de la panne.   

L’information la plus fréquente que nous donne le petit écran de notre sondeur est donc celle ci:

C’est à dire RIEN !!!

Fort heureusement nous pallions cette défaillance en baissant toujours légèrement la dérive, afin de pouvoir la relever si besoin et nous sortir ainsi de ces pièges.

Nous quittons donc, en aveugle, le bolong de Ehidj.

Je suis à la barre. Rémy et Candice sont dans le carré, très occupés par un cours de mathématiques.

   Entre-nous, je me gèle ! 
Le passage délicat se situe juste avant Elinkine qui est en vue.

Le sondeur se met soudain à fonctionner - Trop tard.

Nous sommes "plantés" !

Il nous faudra relever toute la dérive pour nous dégager.

Rémy ayant omis de me signaler que le passage se situait en face  - Hum ! – me demande alors de traverser le bolong afin de naviguer de l’autre côté. Puis il reprend ses cours.

Soudain j’entends de gros éclats de rire émanant du carré.

Candice est "écroulée". Quant à Rémy, il rit aussi… quoique !

Plongés dans leurs équations et autres paraboles, mon capitaine et son mousse avaient complètement omis de regarder la carte sur l’ordinateur trônant devant eux.

Reprenant leur place dans le carré, ils daignent jeter un coup d’œil rapide sur l’écran, avant de me laisser de nouveau seule à la barre épier la moindre tâche marron à fleur d’eau à en perdre la vue.

      

Et voici le trajet de Vent de Folie qui apparaît sur l’écran, provoquant ces éclats de rire :

J’entends pouffer d’ici nos amis navigateurs.

Quant aux néophytes, figurez-vous que nous venons de nous planter sur le seul et unique banc de sable signalé sur la carte !!!

Allez, sans rancune mon Capitaine !
On ne peut être partout à la fois !

Nous passons devant Elinkine et apercevons au loin le cours principal de la Casamance.

Il est près de 15 heures. Nous avançons toujours contre vent et courant à 2,5 nœuds.

Il ne reste que 7 milles pour rallier la Pointe St Georges.

Soit 1 heure 30 si notre vitesse était de 5 noeuds. Mais à ce rythme, il nous faudrait encore près de 4 heures.

Or il est l’heure de la sieste pour notre Capitaine... Probablement fatigué d’avoir trop regardé la carte !?!

Nous décidons de jeter l’ancre et attendons la renverse de marée, vers 17 heures,  pour reprendre notre route.

Vent de Folie  barbote alors dans une " bouillasse marronnasse" indéfinissable.

 
 

Il fait déjà nuit lorsque nous arrivons à la Pointe St Georges.

Dommage, cet endroit semble bien joli.

Depuis la plage, un homme crie, nous demandant si nous voulons du pain.

C’est Ousman dont Rémy fera la connaissance le lendemain matin avant de reprendre la route pour Ziguinchor.

Le lendemain . . .

Il est 7 heures du matin – Le jour se lève.

Nous sommes prêts au départ lorsque nous découvrons la Pointe St Georges de jour.

  
   

Des pêcheurs près desquels nous avions jeté l’ancre sans même apercevoir leurs barques, retirent les filets posés la veille.

  
 
Rémy, curieux, va voir de plus près.  

Ils pêchent la crevette.

Ousman tient absolument à ce que Rémy prenne quelques petits pains qui, dorés et gonflés à souhait, s‘avèreront excellents et lui fait promettre de revenir le voir.

Et comme nous tachons de toujours honorer nos promesses…

En ce lundi 11 février 2008 . . .

. . . nous quittons Ehidj pour la 2ème fois et arrivons . . .

. . . à la Pointe St Georges.
Vent de Folie  est toujours seul dans ce mouillage assez exposé

Et Rémy, heureux, a hâte de me présenter son ami d’un jour.

Il m’entraîne sans tarder dans le village, Candice ne daignant toujours pas lâcher ses cours.

Nous sommes en période de grande marée et devons mettre pied à terre dans une vase noire et gluante. . . Je déteste !

Mais je suis heureuse de découvrir enfin St Georges et ses habitants.

A peine sommes-nous à terre qu’une voix appelle :

« Rémy !».

C’est Ousman qui accourt.

Ravi de nous revoir, il nous présente sa femme Diatou, ses deux petites filles Mignone et Nicoletta, et nous fait aussitôt la visite des lieux.
  
    
L’église
Ancien campement, avec une petite piste d’atterrissage.

Comme nombre de beaux projets en Casamance, depuis les "évènements" (les affrontements) ce campement est désaffecté.

   
 

Mais le point de vue y est superbe.

   
   
    
        

Note : Évoquant la chute du tourisme en Casamance depuis les affrontements, Ousman nous apprend que tous les habitants du village ont, à l’époque, été contraints de fuir durant 2 ans la Pointe St Georges.

Comme nous le constaterons bien des fois au cours de discussions avec des jeunes gens, ceux travaillant notamment dans l’hôtellerie, les casamançais sont tout à fait conscients de l’impact qu’eurent ces affrontements sur le tourisme et donc sur l’économie locale qui ne s’en est toujours pas tout à fait remise.

Aussi sont-ils décidés à faire tout ce qui est en leur pouvoir, sans aucune aide de l’État, pour que l’on se sente bien chez eux et que les visiteurs reviennent nombreux en Casamance.

A Pointe St Georges, nous découvrons des cases dont les toits sont ouverts sur le dessus, permettant ainsi une meilleure aération.

 


Plafond intérieur   

 

 

 

 

Ousman nous montre le "pommier cajou" - ou encore "acajou", comme l’on dit ici ! – que nous apprécions tant lors d’apéritifs entre amis, mais si chers en France.

 

 

Ici, on en ramasse "à la pelle".

La pomme est également utilisée. 

Pleine de jus, les casamançais aiment à la sucer pour se désaltérer si les oiseaux ne l’ont pas déjà fait. Et cette pomme est en effet très juteuse et très bonne.

J’apprendrai plus tard que ces pommes font également une excellente confiture.
Pour l’avoir testée depuis, nous pouvons confirmer.

La confiture de cajou, c’est délicieux ! Merci à Isabelle de Stellina pour l’info !

Attention :

Si la noix de cajou se mange grillée, nous vous implorons de ne pas faire ce genre d’expérience dangereuse chez vous, encore moins sur votre voilier.
Un feu, loin de toute habitation, est fortement conseillé (voir explications dans la page Pâques).

Entre le campement et la maison d’Ousman, le "coin" des récolteurs de bounouk. 

 

 

 

Nous terminons cette visite dans la future maison d’Ousman.

Cette petite case face au fleuve, est adorable.

Il s’agit de l’ancien dispensaire qui lui a été promis pour lui et sa petite famille. Pour l’instant, comme la plupart des gens dans ce pays, ils partagent une maison avec les frères et sœurs.

Quelques heures passent…( !)… le temps que notre ami nous prépare le thé…

 La marée est haute.

Nous rentrons, trempés jusqu’aux cuisses, mais nos petits pains tout frais et tout chauds, sont sains et saufs !



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